Le véritable musée est plutôt du côté du camp Auschwitz, alors que le second camp, Auschwitz-Birkenau, présente les vastes étendues de baraques, avec les longs barbelés, ainsi que les ruines des crématoires détruits par les SS allemands avant d’abandonner le camp en 1945. Les fours ont alors été démantelés et renvoyés en Allemagne, histoire de laisser le moins de traces possible. Une grande partie des archives ont aussi été détruites.
A la mi-janvier 1945, comme l’armée soviétique approchait du complexe de camps d’Auschwitz, les SS commencèrent à évacuer Auschwitz et ses camps satellites. 60 000 prisonniers furent contraints de marcher vers l’Ouest. Des milliers d’autres furent tués dans les camps quelques jours avant que ces marches de la mort ne commencent. Des dizaines de milliers de prisonniers, juifs pour la plupart, furent contraints de marcher jusqu’à la ville de Wodzislaw, dans la partie occidentale de la Haute-Silésie. Les gardes SS abattaient ceux qui ne pouvaient plus avancer. Lors de ces marches, les prisonniers souffrirent également du froid et de la faim. Plus de 15 000 d’entre eux périrent pendant le voyage. (Source : Internet)
Ma surprise fut de trouver les deux camps en très bon état malgré les années, surtout celui d’Auschwitz, alors qu’Auschwitz-Birkenau a peut-être conservé le tiers de ses baraques, qui pouvaient loger jusqu’à 90, 000 prisonniers. L’ensemble et son étendue sont impressionnants. Le premier camp, Auschwitz, était prévu pour environ 19, 000 prisonniers et lui aussi semble assez bien conservé. Ses bâtiments sont tous faits de briques rougeâtres, bâtiments qui ont été transformés en salles d’expositions.
Plus l’on progresse dans cette visite et plus mon cœur se serre et je retiens mes larmes. Je ne suis pas le seul… Un silence s’empare peu à peu d’une foule que je trouvais un peu trop dissipée au début, car je voulais y entrer un peu comme on entre dans une église, silencieux devant une certaine présence, la mémoire de toutes ces victimes à qui il faut savoir rendre hommage. Il faut dire que beaucoup de jeunes étudiants visitent ce « musée » et qu’ils ne saisissent pas immédiatement ce qu’il représente vraiment. Mais impossible de ne pas se laisser émouvoir.
Successivement, nous voyons défiler devant nous la première chambre à gaz et le premier crématoire, où l’on nous explique avec quelle duplicité les nazis convainquaient les gens d’y entrer afin de se doucher. « Nous avons besoin de bons ouvriers » disaient-ils. « Y a-t-il des menuisiers parmi vous? Oui? Mais c’est très bien! Nous avons besoin de vous tous. Mais avant il faut vous laver. Déshabillez-vous, accrochez vos vêtements à ces crochets numérotés, retenez bien le numéro, et maintenant à la douche. Vous retrouverez vos vêtements à la sortie ». Les victimes se sentaient rassurées puisqu’on leur octroyait un numéro. Elles entraient dans la salle des « douches » et alors on verrouillait les portes. Quinze minutes plus tard, d’autres prisonniers juifs, les Sonderkommandos, les mêmes qui aidaient et encouragaient les prisonniers à se dévêtir, étaient chargés de sortir les corps inertes entassés les uns contre les autres, et de les brûler dans les fours crématoires; les cendres mises dans des camions qui allaient les jeter dans la rivière tout près ou jetées dans un étang. Pas de traces.
Ensuite, l’on nous présente les salles d’interrogatoires, la salle d’un tribunal fictif où les condamnations étaient presque toujours la peine de mort. Les causes jugées : mal tenir son rang, avoir volé un morceau de pain, un bouton détaché… Nous voyons la cellule où est mort le Père Maximilien Kolbe, le mur des exécutions, les salles où sont consignées les montagnes de valises, de cheveux, de lunettes, de souliers, de vêtements pour bébés… Il y a surtout cette scène qui me revient en mémoire : une petite vitrine au milieu de laquelle se trouve une poupée de porcelaine en miettes, quelques bottines de bébés, des petites vestes… C’était donc cela Auschwitz! On ressort avec le besoin de reprendre son souffle. Plus beaucoup d’entre nous parlent à haute voix. L’heure est venue de prendre le bus pour le camp d’Auschwitz-Birkenau.
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J’en ai les frissons dans le dos et les larmes aux yeux.
Se souvenir. Merci de partager cela avec nous.
Se souvenir, c’est tellement important.
Pour que jamais plus cela n’arrive.