Le dimanche des Rameaux, avec sa lecture de la Passion, invitait déjà les disciples du Christ à se tourner vers sa croix, vers ce rendez-vous que l’évangéliste Jean appelle « l’Heure de Jésus ». Nous sommes au coeur de ce mystère en ce Vendredi saint.
C’est Catherine de Sienne qui propose cette intuition merveilleuse : « Ce ne sont pas les clous qui retiennent le Christ sur la croix, mais l’amour. »
Au moment d’entrer dans la contemplation de ce chemin de croix que nous allons revivre cette semaine avec Jésus en Église, il est bon de se rappeler que la croix, malgré sa laideur et la cruauté qu’elle évoque, est le lieu ultime que Dieu a choisi afin de nous dire combien il nous aime. C’est pourquoi, avec saint Paul, nous pouvons nous écrier : Oui, notre fierté c’est la croix du Christ!
Jésus a dit oui à la croix, il l’a acceptée courageusement, mais peut-on dire qu’il l’a recherchée? « Père, si tu veux éloigner cette coupe de moi… » disait-il à Gethsémani. Et pourtant, ailleurs en saint Jean : « Comme il me tarde de boire à cette coupe… »
Mais il n’y a pas de contradiction ici. Le oui de Jésus est un oui à l’épreuve de l’Amour, amour pour nous et amour pour le Père, où Jésus ne saurait s’esquiver. Il sait que ce don ne peut que nous apporter la vie, il est venu pour cette Heure, et c’est sur la croix qu’il va affronter le Mal dans ses derniers retranchements. C’est le grand mystère de la foi chrétienne, « scandale pour les Juifs, folie pour les païens », comme dira saint Paul.
Jésus a dit oui à la croix, cette croix qui évoque la méchanceté des hommes, symbole de notre péché, et pourtant, Dieu dans son amour de Père, en a fait le lieu de notre réconciliation. C’est sur ce bois que l’amour du Fils de l’Homme s’est livré jusqu’au bout, au point de saisir dans son offrande toute l’humanité, toutes les générations à venir qui mettraient leur foi en lui, lui le grand vainqueur de la Mort.
Oui, nous aussi nous proclamons un Messie crucifié. C’est là notre honte, parce que cette croix est l’expression de notre péché, et c’est là aussi notre fierté, parce qu’elle est le lieu de notre relèvement.
Yves Bériault, o.p. Dominicain
Filed under: moineruminant |


Laissez un commentaire