Ces chrétiens qu’on assassine de René Guitton

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En Orient, les persécutions croissantes poussent les Chrétiens à fuir les pays où est né le christianisme. Au Maghreb, en Afrique subsaharienne et jusqu’en Extrême-Orient, parce que chrétiens, ils sont contraints au silence et parfois assassinés par centaines. Des églises, des habitations sont saccagées, des cimetières profanés. À nos portes, des fatwas sont édictées, des Chrétiens condamnés. Et ces agressions insoutenables se heurtent au silence de la communauté internationale, oublieuse de ce que « la liberté de pensée, de conscience et de religion » est inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme.

Juifs et Musulmans sont aussi persécutés. Mais la reconnaissance de leurs souffrances ne doit pas se faire au prix de la négation de celle des Chrétiens. Y aurait-il de bonnes et de mauvaises victimes? Des victimes dont on doit parler et d’autres qu’il faut passer sous silence?

Avec Ces Chrétiens qu’on assassine, René Guitton dresse le « livre noir de la christianophobie « , cri de révolte, appel à la mobilisation de tous et leçon de fraternité: qu’il soit juif, chrétien ou musulman, quand un groupe est menacé, c’est le signal que d’autres pourront l’être à leur tour.

Taire les douleurs du présent, c’est s’exposer à les banaliser quand elles doivent interpeller l’humanité tout entière. Ce livre nous oblige à rompre avec l’indifférence qui comble d’aise les bourreaux et tue une seconde fois leurs victimes.

Biographie de l’auteur

Passeur infatigable entre l’Orient et l’Occident, René Guitton milite pour le dialogue des cultures et des civilisations, contre le racisme et l’antisémitisme. Il est l’auteur, entre autres livres, de Si nous nous taisons, le martyre des moines de Tibhirine qui a obtenu plusieurs prix. Il est membre du réseau d’experts de l’Alliance des civilisations des Nations Unies.

Pour conclure la Semaine de l’unité des chrétiens

Jésus disait à ses Apôtres : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. »

Nous sommes de ceux-là. Nous sommes les héritiers de la prédication des Apôtres de Jésus. Nous croyons à cause de leurs paroles, à cause du témoignage de leurs vies, ainsi que de tous ceux qui leur ont succédé. Nous croyons surtout parce que l’Esprit de vérité a été répandu dans nos cœurs à notre baptême, et il nous a amenés à reconnaître que Jésus a vraiment les paroles de la vie éternelle.

Jésus est le parfait adorateur du Père et seul le Fils de Dieu pouvait nous montrer ce qu’est le cœur de la véritable prière, le sens profond de l’amour de Dieu et du prochain. C’est pourquoi nous proclamons sans cesse en Église, et à la face du monde, que Jésus est véritablement le « resplendissement de la gloire du Père, l’expression parfaite de son être. » Vrai homme, mais aussi vrai Dieu, son amour pour nous ne pouvait pas être un amour de demi-mesure. C’est pourquoi il demande pour nous au Père : « Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. »

Voilà de désir profond de Jésus, et qui est le désir profond du Père. Jésus est allé au bout du don de lui-même afin que les enfants du Père soient un avec Lui et le Père, uni dans une même communion, uni dans un même amour, uni dans un même Esprit. Comme il est grand le don que Jésus nous fait de lui-même dans son obéissance au Père. Comme il est beau!

C’est pourquoi saint Augustin célèbre le Christ en disant de lui : « Il est beau, le Verbe auprès de Dieu […]. Il est beau dans le ciel, beau sur la terre […]; beau dans ses miracles, beau dans le supplice; beau quand il appelle à la vie et beau quand il ne s’inquiète pas de la mort […]; beau sur la Croix, beau dans le tombeau, beau dans le ciel […].» Oui, le Père se complaît en son Fils, lui en qui il a mis tout son amour, lui qu’il a glorifié en le ressuscitant des morts.

Cette gloire de Jésus, les Apôtres en ont été les témoins privilégiés le matin de Pâques, afin qu’ils parviennent ainsi à cette unité dans la foi et la charité, et qu’ils vivent ainsi dans cette communion qui existe entre le Père et le Fils, et ce pour l’éternité. C’est là l’héritage que Jésus vient nous léguer au nom du Père. L’unité des disciples rend témoignage à cette action puissante de Jésus sur les cœurs, et atteste ainsi qu’il est vraiment l’envoyé de Dieu. « Que leur unité soit parfaite, demande Jésus; ainsi, le monde saura que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »

Voilà le rêve de Dieu pour nous, un rêve qui comporte bien sûr des exigences, mais surtout une grande joie, car c’est là que se trouve la véritable liberté, puisque cet amour de Dieu est la source de toutes les joies et sur cet amour nous pouvons construire nos vies avec assurance, puisque Jésus lui-même nous y invite. Il nous invite à être un reflet de sa gloire pour notre monde. Comme l’écrivait l’auteur Jacques Breault : « Vivre jusqu’au bout l’Évangile. Rien n’apparaît aujourd’hui plus généreux, et plus inventif ». 

Les chrétiens de France au service des chrétiens d’Orient

Fondée en 1856 par des laïcs, professeurs en Sorbonne, l’Œuvre d’Orient est la seule association française entièrement consacrée à l’aide aux chrétiens d’Orient. Œuvre d’Église, elle est placée sous la protection de l’Archevêque de Paris.

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Grâce à ses 100 000 donateurs, elle soutient l’action des évêques et des prêtres d’une douzaine d’Églises orientales catholiques et de plus de60 congrégations religieuses qui interviennent auprès de tous, sans considération d’appartenance religieuse.

L’Œuvre  se concentre sur 3 missions — éducation, soins et aide sociale, action pastorale — dans 22 pays, notamment au Moyen-Orient. Son action s’inscrit dans la durée mais son organisation et ses contacts sur le terrain lui permettent une très grande réactivité en cas d’événements dramatiques.

Faire mieux connaître les chrétiens d’Orient, témoigner de leurs difficultés auprès de tous est également au cœur de ses missions. Son rôle est essentiel dans ces régions du monde où les chrétiens sont souvent considérés comme des « citoyens de seconde classe ».

Site internet de l’Oeuvre de l’Orient

Mon ami Clovis

L’amitié est un thème important chez les saints et les mystiques. Et s’ils n’en ont pas tous parlé, ils en ont certainement vécu la réalité. Pensons à Thérèse d’Avila et Jean de la Croix, Catherine de Sienne et Raymond de Capoue, Claire et François d’Assise… Bien sûr, il s’agit ici de l’amitié qui trouve sa profondeur dans un amour commun pour le Christ, pour Dieu, où deux amis trouvent leur joie à partager ensemble sur ce bonheur de connaître Dieu, de l’aimer et d’être aimés de Lui. J’ai été comblé dans ma vie chrétienne jusqu’à ce jour en amitiés chrétiennes des plus diverses, c’est l’une de mes plus grandes joies. C’est pourquoi j’aimerais maintenant vous parler d’un homme qui a joué un rôle très important dans ma vie de foi. Il fut un véritable guide spirituel pour moi. Il s’appelait Clovis. Il était le père de Pierre, mon meilleur ami depuis maintenant 27 ans. Une amitié sans faille, et qui dure toujours, parce qu’une foi commune donne sa plénitude à notre relation.

J’ai connu Clovis à peu près au même moment où j’ai connu Pierre. Mais notre amitié spirituelle a véritablement commencé avec ma conversion. Il en était enthousiasmé et avec sa bonne mine d’un Jean XXIII, il m’inspirait confiance. Clovis avait été admis chez les Franciscains à l’âge de vingt ans, mais les rigueurs de la vie religieuse à cette époque, et sa santé, plutôt fragile, ne lui avaient pas permis de poursuivre cet engagement. Il était alors sorti de communauté. Il s’était marié. Et de ce mariage étaient nés trois enfants. Tout au long de sa vie il a été animé d’une soif spirituelle constante, intense, qui a fait de lui, à la fois un homme de prière, un sage et un chrétien très cultivé, car il lisait beaucoup.

Clovis a été pour moi un père spirituel et je me souviens avec plaisir et nostalgie, de ces longues heures passées en sa compagnie, soit dans la cuisine familiale ou dans son beau jardin, qu’il entretenait avec tant de soin, et où, tous les étés, une place d’honneur était réservée à une statue de la Vierge Marie. Nous discutions de théologie, de l’histoire de l’Église, de la vie des saints et des saintes, qui étaient des familiers pour lui. Et jamais je ne me lassais de ces heures passées ensemble.

À 78 ans, Clovis a été hospitalisé. Son diabète devenait incontrôlable. Il lui restait peu de temps à vivre. J’étais allé le voir à l’hôpital à Joliette. Je vis là, un homme diminué, épuisé par la maladie, mais toujours aussi lucide. Un homme qui savait qu’il ne pourrait pas retourner dans sa maison, qu’il ne reverrait plus son beau jardin, où il passait la plus belle partie de ses étés. Sa santé ne lui permettait plus de vivre seul à la maison. Et dès qu’il aurait reçu son congé de l’hôpital, il irait rejoindre « sa » Thérèse qui vivait dans un Centre d’accueil depuis plus d’un an, maman Thérèse que j’aimais beaucoup.

Clovis était un homme de foi, et lorsque je suis allé lui rendre visite, il est vite allé à l’essentiel. Il m’a parlé de Dieu, de sa foi en ce moment d’épreuve. Il m’a parlé de la mort, de sa mort prochaine, me disant que sans vouloir être prétentieux, cette mort ne lui faisait pas vraiment peur. Que l’idée de rencontrer Dieu n’éveillait pas vraiment de crainte en lui. « Je n’ai pas peur de Dieu » me dit-il. « Peut-être devrai-je avoir une certaine crainte », a-t-il poursuivi, « mais Dieu est avant tout un ami pour moi. Je me sens en confiance, il va m’accueillir tel que je suis « .

En écoutant mon ami Clovis, il me venait en mémoire ce passage de la seconde lettre de Paul à Timothée où il lui dit : « Me voici déjà offert en sacrifice, le moment est venu. Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n’ai plus qu’à recevoir la récompense du vainqueur : dans sa justice, le Seigneur, le juge impartial, me la remettra en ce jour-là, comme à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation dans la gloire « . Tout en me remémorant ce texte, je voyais en cet homme alité, la figure du vieil apôtre Paul, terminant sa course, et moi, j’étais Timothée, poursuivant sa course, écoutant les réflexions et les recommandations d’un homme au terme de sa vie, contemplant déjà le destin qui serait le mien. Je me sentais rassuré de me tenir auprès d’un homme qui semblait aussi serein à l’idée de la mort. Avant de le quitter, il me demanda de le bénir, car j’étais alors prêtre. Il était d’ailleurs venu à mon ordination ainsi qu’à ma profession religieuse. Je le bénis avec émotion, et je sortis de la chambre, jetant un dernier regard vers lui et il m’envoya tout simplement la main, comme un voyageur sur le quai d’une gare qui s’apprête à prendre le train. Le train pour l’éternité…

Une semaine plus tard avaient lieu les funérailles et la famille me demanda de prêcher à cette occasion. Je rappelai essentiellement ce qu’avait été ma relation avec Clovis, sa grande dignité, sa grande paix face à la mort et je me souviens que j’avais partagé un sentiment qui m’habitait avec l’assemblée, en leur disant que, pour la première fois de ma vie, j’avais vraiment l’impression d’assister aux funérailles d’un chrétien. Non pas que je n’aie vécu cette expérience auparavant. Mais c’était la première fois que je perdais un ami dans la foi, et où j’étais convaincu de l’attachement profond du défunt pour le Christ. Un chrétien venait de mourir et nous célébrions son départ vers la maison du Père en l’accompagnant de nos prières.

À la fin de la célébration, après l’aspersion de l’eau bénite sur le cercueil, les porteurs s’avancèrent, prirent le cercueil et se dirigèrent vers la sortie de la cathédrale, alors que tous les participants demeuraient dans leurs bancs. J’étais donc l’un des seuls à voir s’éloigner la dépouille de mon ami Clovis, me tenant debout face à l’allée centrale. Nous étions au mois de janvier, je crois, et je me souviens que l’intérieur de la cathédrale était plus ou moins bien éclairé à cause du peu de fenêtres. Lorsque les porteurs arrivèrent à l’arrière de la cathédrale, ils ouvrirent les portes et là, une lumière aveuglante m’éblouit et envahit tout le hall arrière de la cathédrale. C’était le soleil d’hiver sur une neige fraîchement tombée qui brillait de tous ses feux. Je vis alors le cercueil disparaître dans cette blancheur éclatante. Mon ami Clovis était parti. Il ne restait plus que ce puits de lumière ouvert sur l’infini…

La conversion

Quand l’Esprit fait un don, il l’enracine. Il nous fait passer dans le feu de son attraction puissante, en nous laissant pressentir, mais le mot est sûrement trop fort, la Lumière souveraine de la Trinité. Comme le pensait Joubert : « La lumière et le feu seront notre éternel partage : la lumière de Dieu, le feu de son amour ». Nous sommes tous destinés à la lumière et au feu. Appelés à devenir des êtres de lumière et de feu. En somme, la conversion nous fait changer de champ de gravitation. Conversio veut bien dire « action de se tourner». Prendre une autre direction. Être déraciné pour mieux être ré enraciné. Décoller d’un passé sans présence, des pièges du sommeil. Soumettre son âme aux repeints patients, dirait un peintre. Entrer dans l’attraction puissante de l’Astre unique… On a dit que la conversion religieuse est « une chute dans l’autre monde de l’amour». Ce n’est plus l’heure de tergiverser, c’est l’heure d’une réponse, d’un fiat profond, d’un début d’exode, d’un abandon, d’un don total : « Que Ta volonté soit faite! » C’est ce que Thérèse de Lisieux avait ressenti au moment de sa propre conversion. Elle avait retrouvé sa force et s’était donnée entièrement à Jésus Christ.

Il n’est plus question dès lors du danger de la conversion, mais du risque terrible de ne pas l’accepter, de ne pas correspondre au don de Dieu, c’est-à-dire au don de Celui qui par essence pardonne et se donne. « Si tu savais le don de Dieu » ». Fin du texte

Ouellette, Fernand. Le danger du divin. Fides, 2002. pp. 119-120

Lettre à Dieu de l’abbé Pierre

«Père, je vous aime plus que tout. Je ne supporte de vivre si longtemps que par cette certitude en moi : mourir est, qu’on le croit ou non, Rencontre. (…) Trop de mes frères humains restent au bord de vous aimer. Pitié pour eux et pitié pour l’Univers. Père, j’attends depuis si longtemps de vivre dans votre totale présence qui est, malgré tout, Amour.»

Pour en savoir plus sur l’Abbé Pierre

« Qu’ils soient un! »

Le mouvement oecuménique, est une réalité toute récente dans l’histoire de l’Église. Non pas qu’à travers les siècles, il n’y ait pas eu de tentatives de rapprochement entre les parties divisées du Corps du Christ, mais l’oecuménisme est un mouvement qui s’est développé en-dehors d’une décision d’autorité ou de rencontres entre chefs d’Églises. C’est un mouvement qui a ses racines dans le peuple de Dieu. Il s’est imposé comme une nécessité aux yeux d’un grand nombre de chrétiens et de chrétiennes, pour qui l’oecuménisme est un fruit de l’Esprit. Ce mouvement vise à rendre actuelle la prière que Jésus faisait à son Père, peu de temps avant sa passion :  » Qu’ils soient un comme nous nous sommes un ! »Bien sûr, il y a encore loin de la coupe aux lèvres et l’idéal de l’unité dans l’Église demeurera toujours un défi, et ce, jusqu’à la fin des temps. Mais Jean-Paul II lui-même a fixé l’arrivée du troisième millénaire comme un moment privilégié à saisir pour l’Église, afin qu’elle s’engage plus résolument sur la voie de la communion. Cette recherche est un devoir moral qui incombe non seulement à toutes les Églises, mais à tous les chrétiens et chrétiennes. Comme le soulignait Mgr Pezeril :  » Il n’y aura jamais de désaveu plus sévère par Dieu de nos désunions que cette grâce, répandue en nous tous par son Esprit, de l’invoquer, de le chanter, de l’aimer, de nous perdre en lui.  » (tiré de Congar, Yves. Je crois en l’Esprit Saint. Tome II. Cerf, 1979. p. 261).

L’on dit que le plus long des voyages commence par un pas.

Semaine de l’unité des chrétiens

A chaque année, partout dans le monde, cette semaine est consacrée à l’unité des chrétiens. C’est une semaine de prière, de rencontres et de réflexions, visant à permettre un rapprochement entre les différentes confessions chrétiennes. Il serait tentant d’appeler cette semaine « la Semaine de prière » pour l’unité des théologiens et des chefs d’Église. Car il serait aisé d’affirmer que nous n’y sommes pour rien si les Églises sont séparées et que c’est en haut lieu que ces questions se sont décidées, entre chefs d’Églises, entre rois et chefs de guerre. Les peuples ont tout simplement suivi. L’on pourrait nous comparer aux enfants du divorce qui, sans être responsables du divorce de leurs parents, doivent continuer à vivre avec l’un des deux, entre les deux. Naturellement, en rester à une telle vision serait un peu simpliste, car nous avons un rôle à jouer vis-à-vis l’avenir, et ce serait s’illusionner que de penser que les germes de divisions qui déchirent l’Église ne sont pas aussi en nous.Cette semaine de l’Unité des chrétiens n’est donc pas tout à fait une fête. On ne peut quand même pas célébrer une blessure, surtout lorsqu’elle atteint tout le corps du Christ et qu’elle devient un scandale pour plusieurs, qu’ils soient chrétiens, incroyants ou membres d’une autre religion. Mais nous pouvons quand même à l’occasion de cette semaine prendre la mesure de la distance parcourue sur le chemin de l’unité et constater à quel point le XXe siècle a marqué un tournant majeur et irréversible dans cette recherche de l’unité perdue. La détermination d’un Jean-Paul II ou d’un Benoît XVI ne fait qu’illustrer à quel point l’Église prend au sérieux ce défi de retrouver la pleine communion avec nos frères et sœurs dans le Christ.

Cette semaine de l’unité est paradoxale puisqu’elle nous invite à nous ouvrir davantage au dialogue avec les autres confessions chrétiennes, ce qui est réjouissant, et, en même temps, cette semaine n’a de sens que si elle est vécue en quelque sorte comme un mini-Carême, un temps de pénitence et de prière pour l’unité, un temps pour se reconnaître à la fois pécheurs et blessés par cette situation. Le manque d’unité entre les chrétiens ne peut que nous faire souffrir si nous aimons véritablement l’Église.

Paul VI disait : »L’on ne peut aimer le Christ si l’on n’aime pas l’Église ». Et il me semble que cette semaine de l’Unité est une semaine idéale pour réfléchir non seulement sur notre attitude à l’endroit des chrétiens des autres confessions, mais aussi sur notre manière d’appartenir à l’Église. Car les divisions ont leur source au coeur même des hommes et des femmes qui forment l’Église, et qui oublient trop souvent que d’être appelés Peuple de Dieu veut dire aussi être membres d’un seul Corps qui est le Christ.

Nul n’est croyant pour lui-même. Ce n’est pas uniquement à titre d’individus que nous sommes croyants, mais c’est avant tout à titre de Peuple de Dieu, dont chacun de nous est un membre essentiel et indispensable. Le croyons-nous vraiment que nous sommes une part indispensable du Corps du Christ ? Et si nous le croyons, il nous faut en arriver à la même conclusion pour tous nos frères et sœurs du monde entier.

Cet idéal nous échappera toujours ici-bas dans sa pleine réalisation, car nous sommes pécheurs. Mais en cette semaine de l’Unité, nous nous tournons vers Dieu, vers son Christ, afin de nous rappeler que c’est en lui et par lui que se fera notre unité définitive en Église, une Église une et universelle. Car comment pourrions-nous aimer le Christ si nous n’aimons pas l’Église et tous ceux et celles qui en sont les membres.

Le problème du mal

Dans son magnifique volume « L’évangile intérieur » Maurice Zundel aborde la question du mal. Il a ces paroles belles et profondes:

« Il y a des douleurs si grandes qu’elles vous laissent sans paroles. On éprouve devant elles une sorte de honte de sa propre sécurité. On voudrait oublier tout ce qui n’est pas en harmonie avec la détresse dont on est témoin, on voudrait se cacher dans l’ombre d’une prière silencieuse, pour envelopper les êtres qui souffrent de la seule Présence qui n’est jamais étrangère. »

Lettre de captivité de Dietrich Bonhoeffer

« Le Dieu qui est avec nous est celui qui nous abandonne (Mc 15, 34) ! Le Dieu qui nous laisse vivre dans le monde, sans l’hypothèse de travail Dieu, est celui devant qui nous nous tenons constamment. Devant Dieu et avec Dieu, nous vivons sans Dieu. Dieu se laisse déloger du monde et clouer sur la croix. Dieu est impuissant et faible dans le monde, et ainsi seulement il est avec nous et nous aide […] Voilà la différence décisive d’avec toutes les autres religions. La religiosité de l’homme le renvoie dans sa misère à la puissance de Dieu dans le monde, Dieu est le deus ex machina. La Bible le renvoie à la souffrance et à la faiblesse de Dieu; … L’évolution du monde vers l’âge adulte dont nous avons parlé, faisant table rase d’une fausse image de Dieu, libère le regard de l’homme pour le diriger vers le Dieu de la Bible qui accomplit sa puissance et sa place dans le monde par son impuissance. » (D. Bonhoeffer, Dietrich. Résistance et soumission, Lettres et notes de captivité. Lettre du 16 juillet 1944, Genève 1967, p. 162-163.)


Qui est Dietrich Bonhoeffer?

« Né à Breslau en 1906, fils de la haute bourgeoisie allemande, docteur en théologie à 23 ans après de brillantes études, tout semble destiner Dietrich Bonhoeffer à une haute position dans la société. Il voyage en Europe et aux Etats-Unis et est ordonné pasteur en 1931.

Le 30 janvier 1933, Hitler arrive au pouvoir. Dès le 1er février, Bonhoeffer dénonce, dans une allocution à la radio, la prétention de souveraineté totale du Führer. Son émission est immédiatement interrompue. Il publie ensuite un article contre l’antisémitisme et participe à l’organisation de l’Eglise confessante, avec Karl Barth et Niemöller. Chez ce « théologien de la réalité » (selon André Dumas), la vie, l’oeuvre, la foi, sont indissolublement liées.

En 1935, il est responsable du séminaire de Finkenwalde dont les activités sont rapidement interdites, et se poursuivent dans la clandestinité.

« Nachfolge » (Le prix de la Grâce) – 1937 – « Gemeinsames Leben » (De la vie communautaire) – 1939 – Ethique – paru en 1949 – Résistance et soumission, lettres de prison publiées en 1951 : l’oeuvre de Bonhoeffer a marqué son époque. Comment être croyant dans un monde qui semble ne pas avoir besoin de Dieu, quelle peut être l’action de l’Eglise dans le monde ?

En 1940, Bonhoeffer s’engage dans la conjuration contre Hitler. Arrêté par la Gestapo le lendemain de l’attentat manqué de 1943, il est condamné à mort et pendu le 9 avril 1945 sur l’ordre personnel de Hitler. » (Source)


Une biographie récente de D. Bonhoeffer

Schlingenspien, Ferdinand. Dietrich Bonhoeffer 1906-1945. Salvator, 2005. 438 pp.

« Sur la base de nouvelles sources (oeuvres complètes, correspondances diverses), l’auteur nous décrit l’itinéraire exemplaire et courageux du pasteur luthérien allemand, Dietrich Bonhoeffer. Dans cet ouvrage, il fait preuve d’une très grande maîtrise pour présenter en Dietrich Bonhoeffer l’homme, l’écrivain, le résistant à Hitler, le théologien d’exception qui ouvre de nouvelles voies au christianisme contemporain. Après une longue période – puisque le livre de Ebehard Bethge remonte à 1967 – cette biographie devient l’ouvrage de référence sur Dietrich Bonhoeffer. »

Mourir d’aimer

Lors de l’ouverture du concile des jeunes, en 1974, frère Roger de Taizé avait dit :

« Sans amour, à quoi bon exister ? Pourquoi vivre encore ? Avec quel but ? Là est le sens de notre vie : être aimés pour toujours, jusque dans l’éternité, pour que, à notre tour, nous allions jusqu’à mourir d’aimer. Oui, heureux qui meurt d’aimer. »

Dans notre culture occidentale, « être aimé » devient souvent l’obsession fondamentale, où l’on a absolument besoin du regard de l’autre, regard exclusif sans lequel on pense ne pouvoir vivre. C’est alors l’amour fou et consumant qui mène à la déraison, et parfois même à la violence. C’est éros qui se déchaîne et qui puise dans les passions les plus vils de l’Homme afin de trouver son dû.

L’amour dont parle le frère Roger s’inspire d’une toute autre dynamique, que développe admirablement bien le pape Benoît XVI dans son encyclique « Deus caritas est ». Oui, nous avons besoin d’être aimé, mais l’amour ne saurait jamais être captif du regard d’autrui. Nous sommes appelés à un amour de réciprocité, qui est fait pour construire; il est fait pour donner et il puise dans cette réserve de charité insoupçonnée qui nous habite et qui repose en Dieu. C’est ainsi que toute personne peut s’accomplir en vérité quand elle se met à l’écoute de cet appel intérieur. Saint Bernard de Clairvaux affirme ce qui suit:

« L’amour se suffit à lui-même, il plaît par lui-même et pour lui-même. Il est à lui-même son mérite, à lui-même sa récompense. L’amour ne cherche hors de lui-même ni sa raison d’être, ni son fruit. Son fruit, c’est l’amour même. J’aime parce que j’aime, j’aime pour aimer. Quelle grande chose que l’amour, si du moins il remonte à Dieu son principe, s’il retourne à son origine, s’il reflue vers sa source, pour y puiser toujours son jaillissement. (Homélie sur le Cantique des cantiques)

Jésus vient accomplir la Loi

L’évangile du jour nous interpelle car il y est question de loi et de l’affirmation provocante de Jésus : « Je ne suis pas venu abolir la loi, mais l’accomplir » (Mat 5, 17-19). Le dominicain Yves Congar a livré une belle réflexion sur le sujet. Écoutons-le :congar.jpg« L’homme libre est celui qui s’appartient à soi-même; l’esclave, lui, appartient à son maître. Ainsi quiconque agit spontanément agit librement; mais qui reçoit son impulsion d’un autre, n’agit pas librement. Celui-là donc qui évite le mal, non parce que c’est un mal, mais en raison d’un précepte du Seigneur, n’est pas libre. En revanche, celui qui évite le mal parce que c’est un mal, celui-là est libre. Or c’est là ce qu’opère le Saint Esprit qui perfectionne intérieurement notre esprit en lui communiquant un dynamisme nouveau, si bien qu’il s’abstient du mal par amour, comme si la loi divine le lui commandait; et de la sorte, il est libre, non qu’il ne soit pas soumis à la loi divine, mais parce que son dynamisme intérieur le porte à faire ce que prescrit la loi divine. » (CONGAR, Yves. Je crois en l’Esprit saint. Tome II. Cerf, 1979, p. 166).

Quel paradoxe que cette liberté dans l’Esprit Saint ! Guidé par une loi d’amour, le baptisé devient vraiment libre pour assumer toutes les exigences de la suite du Christ. Comme le rappelait le Père Yves Congar, o.p. : « Le christianisme n’est pas une loi, mais il en comporte une, il n’est pas une morale, bien qu’il en comporte une. Il est, par le don de l’Esprit du Christ… un mouvement de la grâce qui entraîne en nous, comme son produit ou son fruit, certains comportements appelés, exigés même par ce que nous sommes. C’est à la fois extrêmement fort et extrêmement fragile. » (p.167)

L’avantage d’une loi bien codifié peut donner des résultats efficaces; l’on sait ce que l’on doit faire et ce que l’on ne doit pas faire. Mais la loi de l’Esprit Saint en nous est une loi non par pression mais par appel : « C’est à la liberté que vous avez été appelés. Seulement que cette liberté ne donne aucune prise à la chair ! » (Ga 5,13-14).

Testament spirituel du frère Christian

QUAND UN A-DIEU S’ENVISAGE…

S’il m’arrivait un jour – et ça pourrait être aujourd’hui – d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNEE à Dieu et à ce pays.

Qu’ils acceptent que le Maître unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu’ils prient pour moi : comment serais-je trouvé digne d’une telle offrande ? Qu’ils sachent associer cette mort à tant d’autres aussi violentes laissées dans l’indifférence de l’anonymat. Ma vie n’a pas plus de prix qu’une autre. Elle n’en a pas moins non plus. En tout cas, elle n’a pas l’innocence de l’enfance. J’ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde, et même de celui- là qui me frapperait aveuglément.

J’aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cour à qui m’aurait atteint.

Je ne saurais souhaiter une telle mort ; il me paraît important de le professer. Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j’aime soit indistinctement accusé de mon meurtre.

C’est trop cher payé ce qu’on appellera, peut- être, la « grâce du martyre » que de la devoir à un Algérien, quel qu’il soit, surtout s’il dit agir en fidélité à ce qu’il croit être l’islam. Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement. Je sais aussi les caricatures de l’islam qu’encourage un certain islamisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes.

L’Algérie et l’islam, pour moi, c’est autre chose, c’est un corps et une âme. Je l’ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j’en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit-fil conducteur de l’Évangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première Eglise, précisément en Algérie, et, déjà, dans le respect des croyants musulmans. Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m’ont rapidement traité de naïf, ou d’idéaliste : « Qu’il dise maintenant ce qu’il en pense ! » Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec lui ses enfants de l’islam tels qu’il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de sa Passion, investis par le don de l’Esprit dont la joie secrète sera toujours d’établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences.

Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l’avoir voulue tout entière pour cette JOIE-là, envers et malgré tout. Dans ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d’hier et d’aujourd’hui, et vous, ô amis d’ici, aux côtés de ma mère et de mon père, de mes sours et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis !

Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux, ce MERCI, et cet « A-DIEU » envisagé de toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. AMEN !

Incha Allah !

Frère Christian de Chergé
Alger, l décembre 1993.
Tibhirine. l janvier 1994.

Nuits de la foi en agonie…

Le doute est là, et la folie
d’aimer tout seul un Dieu absent et captivant.
« Mais la souffrance que je préfère,
dit Dieu, c’est quand la femme attend
avant la joie d’enfantement.
Car ces douleurs où l’on espère,
Mon Fils les prend dans sa Passion,
et les soumet à ma Patience. »

Il prie encore dans mon silence
le Bien-Aimé abandonné
dont la détresse et l’espérance ont pris ma voix.
Ce que j’espère, je ne le vois…
C’est mon tourment, tourné vers Lui.
Toute souffrance y prend son sens,
caché en Dieu comme une naissance,
ma joie déjà, mais c’est de nuit !

Christian de Chergé (prieur de Tibhirine), L’invincible espérance.

Journal de la Trappe

Il y a quelques années, à l’occasion d’une année sabbatique, j’ai fait un séjour d’un mois chez des trappistes. Je relisais ce journal aujourd’hui, en panne d’inspiration pour mon blogue, et je me suis dit, tiens! pourquoi pas partager ces réflexions avec ceux et celles qui fréquentent mes prés virtuels!Donc, dès demain, je commencerai à vous livrer ce journal, une fois par semaine.

Marie-Joseph Lagrange

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Par ailleurs, je viens de terminer la biographie critique de Marie-Joseph Lagrange, dominicain, illustre fondateur de l’École biblique de Jérusalem, et de l’introduction de la méthode historico-critique dans l’étude de la Bible dans l’Église catholique. Un grand pionner! Un livre très bien documenté, ce n’est pas un roman!, mais d’un grand intérêt pour tous ceux et celles qui s’intéresse à l’exégèse et à l’histoire des études biblique.

Je retiens cette phrase qui exprime bien la grande simplicité du P. Lagrange:

« J’aime entendre l’Évangile chanté par le diacre à l’ambon, au milieu des nuages de l’encens: les paroles pénètrent alors mon âme plus profondément que lorsque je les retrouve dans une discussion de revue. » (Revue biblique, 1892).

Voici ce que l’on a écrit à son sujet dans la Documentation catholique du 3 mai 1992:

« Les évêques se réjouiraient de voir reconnue officiellement sa sainteté. En effet, dans la vie sacerdotale et religieuse, il a su allier, avec un rare équilibre, la vigueur intellectuelle et la vie religieuse. (…) Il a donné aussi un exemple magnifique de liberté et d’humilité dans la recherche de la vérité; il a laissé enfin un témoignage héroïque d’obéissance à l’Église qui en a été constitué la gardienne… Nous pensons que son exemple mérite d’être proposé dans l’Église d’aujourd’hui. Sa béatification inciterait certainement de nombreux chrétiens à se nourrir plus largement de la Parole biblique, à la recevoir dans l’esprit de l’Église et à la faire fructifier dans l’actualité de leur existence. »

Pour en savoir plus: Montagnes, Bernard. Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique. Cerf, 2004.

Et les spirituels maintenant…

« L’unité de deux saints qui ne se connaissent pas est plus réelle et plus intime, incommensurablement, que celle d’une branche à une autre branche du même arbre nourrie de la même sève… » (Jules Montchanin, Écrits spirituels, Paris, 1965, p.120). »…la prière personnelle, même accomplie dans les secret, n’est pas un acte purement privé. Cette démarche que personne ne peut faire à ma place, n’est absolument pas celle d’un isolé; elle s’enracine et s’épanouit dans la communion. Quand je dis à Dieu : « Père », je me situe en fils, mais quand je dis : « Notre Père », je me situe aussi et du même coup en frère de tous ceux qui le disent également – et même de ceux qui ne savent peut-être pas le dire. « Il y a beaucoup d’âmes, disait Paul Claudel, mais il n’y en a pas une seule avec qui je ne sois en communion par ce point sacré en elle qui dit Pater Noster » (Paul Claudel. Cantique de Palmyre, Conversation dans le Loir-et-Cher, éd. Pléiade, p.9).

« L’on ne se sauve pas tout seul. Nul ne retourne seul à la maison du Père. L’un donne la main à l’autre. Le pécheur tient la main du saint et le saint tient la main de Jésus » (Charles Péguy).

Coming out spirituel

Le « coming-out » désigne habituellement la sortie publique d’une personne qui cachait son homosexualité. Depuis un an environ l’expression est aussi employée pour qualifier « la sortie » de personnes qui n’osaient pas afficher leur foi ou qui décident tout simplement d’en faire une affirmation publique. L’on parle aussi de « coming out religieux ». Une illustration de ce phénomène est la récente tournée de Gérard Depardieux avec ses lectures publiques des « Confessions » de saint Augustin.

L’on constate que dans certaines émissions de télé, les vedettes osent de plus en plus parler ouvertement de leur foi en Dieu et de leur spiritualité. Naturellement cela passe mieux quand il s’agit d’une foi sans référence à aucune institution ou tradition. Cela fait moins « ringard », moins « kétaine ». Une sorte de génération spontanée de la foi sans aucun antécédent. Du moins le pensent-ils… Néanmoins, le phénomène est intéressant et annonce peut-être un nouveau printemps.

Bonne et Heureuse Année! Que le Dieu de toute grâce et de toute bonté vous guide et vous garde tout au long du Nouvel An.

Lettre de Bolivie

Dominique, une jeune catholique de 29 ans, originaire de Montréal, s’est envolée vers la Bolivie dans le cadre d’un projet missionnaire laïc sous la responsabilité des Missionnaires de l’Immaculée Conception (M.I.C.). C’est un engagement de deux années. Dominique illustre bien cette nouvelle jeunesse de l’église qui n’a pa froid aux yeux et qui ne recule pas devant l’engagement et le service des autres. À sa manière Dominique évoque pour moi la figure d’une Madeleine Delbrêl. Déjà elle est confrontée à la question de la pauvreté qui l’entoure et elle partage la réflexion suivante avec ses amis:

« Ce qui est aussi très confrontant pour moi est de m’apercevoir que je mange trois bons repas par jour, que je vis dans une maison comfortable avec toutes les commodités pendant que des personnes à quelques 100 mètres de la maison doivent mendier pour survivre et faire vivre leur famille. Cette confrontation quotidienne est difficile à vivre parfois, car je sais bien que la misère est une situation qu’il faut éradiquer et non pas épouser, mais le contraste entre ma vie et la leur est parfois tellement flagrant que la culpabilité me gagne.

Il est clair que durant mes deux ans ici, j’aurai tout un processus de croissance à vivre par rapport à cette réalité. Comment passer de la culpabilité à la compassion? De l’impuissance à la conscientisation et à l’action? Je suis venue ici pour connaître un autre peuple et vivre en solidarité avec lui. Mais jusqu’où suis-je prête à aller dans cette solidarité? Voilà quelques questions qui m’habitent ces jours-ci…

Je passerai ce temps de Noël dans différents villages reculés de la région du Chaparé à 5 heures au nord de Cochabamba. Nous sommes quelques laïques et religieuses M.I.C à aller animer des catéchèses et des célébrations de la parole pour des communautés chrétiennes plutôt isolées. »

Chère Dominique ma prière t’accompagne.Fin de l'article

P.S. Pour aider Dominique vous pouvez faire parvenir votre don au nom de :
Procure des missions M.I.C.
Projet laïcat missionnaire : Bolivie
121, ave Maplewood
Outremont, Qc. H2V 2M2
Canada

Des témoins parmis nous

Imperceptiblement l’on est passé, il y a quelques semaines, des décorations de l’halloween à celles de Noël. Pour plusieurs, ce n’est qu’un changement d’ambiance qui n’a rien avoir avec l’enfant de la crèche, et encore moins avec une profession de foi. Nos contemporains ont besoin d’enchanter leur quotidien, de se laisser éblouir. Bien sûr, il y a un certain sentimentalisme qui reste attaché à cette fête de Noël, un sens du don dont on a perdu l’origine, mais qui se traduit par cet appel à la générosité et au partage dont on entend l’écho tout au long de ces semaines qui précèdent Noël. Quoi qu’on en dise, ce sont là des traces d’évangile qui ont marqué notre culture et qu’il fait bon voir, même si le sens de la fête semble relégué aux oubliettes pour bien des gens.

Entre temps, je reviens d’un week-end où j’ai rencontré des chrétiens et des chrétiennes à pied d’oeuvre au coeur de leurs engagements et de leur foi. Voilà qui me réchauffe le coeur à l’approche de Noël et qui lui redonne son vrai sens.

Il y a cet ami malade Stéphane, atteint d’un cancer, qui tenant ferme dans la prière, est entouré d’amis et de sa famille, porté par leurs prières et leur dévouement. Il y a ces trois amies, Anick, Céline et Christine, que j’ai croisées samedi, et qui, en compagnie de leurs enfants, emballaient les centaines de cadeaux à distribuer lors de la fête de l’Association Cigogne qui se consacre aux étudiantes enceintes ou avec nourrissons, sur le campus de l’Université de Montréal. Les enfants de mes trois amies sont à la bonne école.

Samedi soir, il y a eu ce souper de Noël des membres de l’Association Le Tandem, où j’ai rencontré cette femme médecin, âgée de trente cinq ans environ, et qui a adopté trois enfants handicapés au nom de sa foi. Il y a Luc, 42 ans, qui est veuf et qui m’a parlé du choix que lui et son épouse avaient fait de choisir de se marier même si le cancer de sa femme était connu avant le mariage. Une belle histoire d’amour dont est issue un beau garçon. Il y a Mona qui se dévoue bénévolement pour cette association et dont la générosité m’épate sans cesse.

Et ce soir dimanche, c’est Mario et Céline que j’ai revu lors de la rencontre de notre fraternité dominicaine, et qui consacrent tous leurs loisirs à s’occuper de l’accompagnement de personnes éprouvant des difficultés d’ordre affectif et qui voient cette mission comme faisant partie de leur engagement comme laïcs dominicains. Bref, un week-end qui me remplit d’espérance et qui me fait toucher du doigt à la vrai joie de Noël.