L’évangile du jour nous interpelle car il y est question de loi et de l’affirmation provocante de Jésus : « Je ne suis pas venu abolir la loi, mais l’accomplir » (Mat 5, 17-19). Le dominicain Yves Congar a livré une belle réflexion sur le sujet. Écoutons-le :« L’homme libre est celui qui s’appartient à soi-même; l’esclave, lui, appartient à son maître. Ainsi quiconque agit spontanément agit librement; mais qui reçoit son impulsion d’un autre, n’agit pas librement. Celui-là donc qui évite le mal, non parce que c’est un mal, mais en raison d’un précepte du Seigneur, n’est pas libre. En revanche, celui qui évite le mal parce que c’est un mal, celui-là est libre. Or c’est là ce qu’opère le Saint Esprit qui perfectionne intérieurement notre esprit en lui communiquant un dynamisme nouveau, si bien qu’il s’abstient du mal par amour, comme si la loi divine le lui commandait; et de la sorte, il est libre, non qu’il ne soit pas soumis à la loi divine, mais parce que son dynamisme intérieur le porte à faire ce que prescrit la loi divine. » (CONGAR, Yves. Je crois en l’Esprit saint. Tome II. Cerf, 1979, p. 166).
Quel paradoxe que cette liberté dans l’Esprit Saint ! Guidé par une loi d’amour, le baptisé devient vraiment libre pour assumer toutes les exigences de la suite du Christ. Comme le rappelait le Père Yves Congar, o.p. : « Le christianisme n’est pas une loi, mais il en comporte une, il n’est pas une morale, bien qu’il en comporte une. Il est, par le don de l’Esprit du Christ… un mouvement de la grâce qui entraîne en nous, comme son produit ou son fruit, certains comportements appelés, exigés même par ce que nous sommes. C’est à la fois extrêmement fort et extrêmement fragile. » (p.167)
L’avantage d’une loi bien codifié peut donner des résultats efficaces; l’on sait ce que l’on doit faire et ce que l’on ne doit pas faire. Mais la loi de l’Esprit Saint en nous est une loi non par pression mais par appel : « C’est à la liberté que vous avez été appelés. Seulement que cette liberté ne donne aucune prise à la chair ! » (Ga 5,13-14).
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