Homélie pour le quatrième dimanche du Carême (B)

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DE L’EXIL À LA JOIE DU RETOUR

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3,14-21. 
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;
mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

COMMENTAIRE

La première lecture nous présente le drame d’Israël, près de six siècles avant Jésus-Christ, alors que le roi Nabuchodonosor envahit la Judée et la ville de Jérusalem. La ville et son temple sont détruits, sa population est déportée à Babylone. Près de 80 ans plus tard, un nouveau roi, le roi Cyrus, permettra aux descendants de ces exilés de retourner dans leur pays et de reconstruire leur Temple. Voilà pour le contexte historique.

Mais cette histoire tragique nous parle aussi d’un peuple pécheur, captif de ses fautes et de sa méchanceté, qui lui font perdre la terre promise. Le psaume nous décrit sa peine pendant son exil. Il est à perte d’espérance, il pleure et soupire au souvenir de Jérusalem. La joie s’est éteinte dans ses maisons, le peuple est devenu muet, incapable de répondre à l’invitation de ses vainqueurs, qui lui demandent des chansons : « Chantez-nous disaient-ils un cantique de Sion. » Mais Dieu est fidèle, et il va agir en faisant du roi Cyrus le libérateur de son peuple. Cette première lecture pourrait s’intituler « de l’exil à la joie du retour », alors qu’Israël retrouve la terre promise. Et nous avons là une belle clef de lecture pour notre évangile.

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Car c’est un nouvel exode que le Christ nous propose quand il affirme dans l’évangile : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. » Cette évocation du serpent de bronze rappelle le séjour d’Israël au désert, alors que le peuple était aux prises avec une invasion de serpents venimeux. Plusieurs souffraient des morsures brûlantes infligées par ces serpents, et devant la plainte de son peuple, Dieu va proposer à Moïse d’utiliser une pratique païenne, soit un serpent de bronze monté sur une perche, comme signe de salut. Tous ceux qui regardaient vers lui étaient guéris. Toutefois, ce n’était plus le serpent qui guérissait, mais la foi de celui qui levait les yeux vers le Père céleste.

Cette pratique visait une guérison physique, et ce, uniquement pour le peuple hébreu, alors que Jésus, qui nous invite à regarder vers lui, annonce une guérison spirituelle pour toute l’humanité : « afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle ». Si Jésus évoque cet épisode du serpent de bronze, c’est afin de faire comprendre à ses disciples que tous pourront trouver la guérison dans son élévation, à la fois son élévation sur la croix, et son élévation auprès du Père.

Par ailleurs, Jésus affirme qu’il n’est pas venu dans le monde pour le juger, mais pour le sauver. Il déclare que la personne qui se perd à cause de son péché se condamne elle-même, et devient ainsi son propre juge. Jésus la compare à quelqu’un qui refuserait la lumière, refermant ainsi un à un les volets de sa maison intérieure, pour se plonger dans la nuit. C’est de cette nuit que Jésus vient nous tirer. Il se présente à nous comme la lumière véritable. Il veut nous ramener de l’exil où nous tient le péché, afin de nous faire entrer dans la pleine lumière de l’amour de Dieu.

Par analogie, il me revient le souvenir de ma rencontre avec une jeune étudiante de 21 ans. Elle m’avait raconté qu’elle était aveugle à sa naissance et que suite à une intervention chirurgicale, subie à l’âge de 14 ans, elle avait recouvré la vue. Elle m’a décrit sa joie devant ce monde qu’elle découvrait pour la première fois. Je lui ai dit : « Mais ce devait être merveilleux! » Et elle de me répondre : « Mais ce l’est toujours! » En écoutant son récit, je sentais monter en elle cette joie renouvelée de la découverte de notre monde, les yeux grands ouverts, dans la pleine lumière. Je voyais qu’il y avait en elle une joie indescriptible que rien ne pouvait lui ravir, puisqu’elle voyait maintenant.

Si cette découverte de notre monde peut susciter une telle joie, que dire du Christ révélé par son Père! Il est le sommet de la révélation que Dieu fait de lui-même. C’est pourquoi ce dimanche de la joie nous invite à le contempler dans son élévation et dans son offrande. Il prend sur lui nos péchés, nos détresses, et il s’associe pour toujours à notre pauvre humanité blessée, nous entraînant avec lui vers la Terre promise.

C’est saint Augustin qui écrit au sujet de Dieu : « Tu nous as fait pour toi et notre cœur est sans repos jusqu’à tant qu’il repose en toi ». Nous sommes faits pour trouver Dieu, et le refus de Dieu dans une vie est un drame. C’est l’exil à Babylone qu’évoquait notre première lecture. Mais Dieu a tellement aimé le monde, qu’il nous a donné son Fils unique.  En Jésus Christ, Dieu est venu élargir à l’infini l’horizon de nos attentes et de nos joies, car il aime chacun et chacune de nous, comme s’il n’y avait que nous seul au monde.

Comme l’écrit le théologien Karl Rahner, Dieu confie « au monde sa dernière parole, la plus belle et la plus profonde en son Fils fait chair. Cette parole nous dit : je t’aime ô monde, homme et femme. Je suis là. Je pleure vos larmes. Je suis votre joie. N’ayez pas peur. Quand vous ne savez pas comment allez plus loin, je suis avec vous. Je suis dans vos angoisses, parce que je les aie souffertes moi aussi. Je suis dans vos besoins et dans votre mort, parce qu’aujourd’hui j’ai commencé à vivre et à mourir avec vous. Je suis votre vie. Et je vous le promets : la vie vous attend vous aussi. Pour vous aussi, les portes vont s’ouvrir. »

Yves Bériault, o.p.

La parabole de Lazare et le mauvais riche

220px-Fedor_Bronnikov_007Dans l’imaginaire populaire, lorsque l’on parle de cette parabole, on va habituellement la désigner sous le nom de la parabole de Lazare et du mauvais riche. Pourtant l’Évangile ne qualifie pas cet homme de mauvais riche. Une fois mort, dans le shéol, dans cet enfer qui symbolise la séparation d’avec Dieu, cet homme riche pense même à ses frères : « Envoi quelqu’un les avertir afin qu’ils changent de vie », demande-t-il à Abraham. C’est un homme qui a le sens de la famille, qui pense au bien des siens. Alors, faut-il parler de lui comme d’un mauvais riche ? Le sort de cet homme dans la parabole semble bien donner raison à cette interprétation. Car ce que Jésus lui reproche, c’est que ses biens le rendent aveugle. Les hommes ne sont pas tous des siens.

Alors que Lazare gît par terre dans le portail de la maison de l’homme riche; alors que ce riche et les siens ont sans doute dû enjamber bien des fois ce Lazare encombrant, tellement il vit proche de la maison, il y a pourtant un abîme qui sépare cet homme du pauvre Lazare. Ce riche qui aime ses frères, sa famille et ses amis ne fait pas de tous les hommes ses frères et ses sœurs. Son cœur reste insensible à la misère de certains. L’on croirait réentendre ici, dans cette parabole, le cri de Dieu à Caïn qui a tué son frère, quand il lui demande : « Qu’as-tu fait de ton frère? » La question nous est lancée comme aux Pharisiens à qui Jésus s’adresse, « eux qui aiment l’argent », nous rappelle saint Luc.

Cette parabole chez Luc, s’inscrit dans une charge à fond de train où Jésus s’en prend à l’amour des richesses, et où il invite ses auditeurs à ne pas servir deux maîtres : Dieu et l’argent, mais plutôt à se faire des amis avec ce qu’il appelle l’argent malhonnête.

Car pour Jésus, l’argent n’a de sens que s’il est humanisé, que s’il permet de faire le bien, de faire le bien non seulement à nous-mêmes et à nos proches, mais à tous ceux et celles que Dieu place sur notre route, devant le portail de nos maisons, car l’argent, les possessions, les talents, s’ils ne sont au service des autres, ne peuvent qu’endurcir le cœur. C’est le drame de l’homme riche.

Tour à tour dans la vie nous sommes parfois cet homme riche ou Lazare, selon les saisons de la vie, et c’est pourquoi cette Parole de Dieu est pour nous tous. Elle est là pour nous faire vivre, non pas pour nous condamner. Que l’on se reconnaisse un peu plus dans Lazare ou dans l’homme riche, de toute manière, c’est un appel à la conversion qui nous est fait.

Pour le Lazare que je suis dans mes épreuves, l’Évangile me rappelle que Dieu est fidèle, et, parce qu’il m’aime, il veille sur moi, il me protège, il me soutient dans la nuit de mes épreuves. La Parole de Dieu nous redit que le mal et le méchant ne peuvent triompher en dépit des apparences. Elle invite les Lazare que nous sommes, quand l’épreuve s’abat sur nous, à la confiance absolue en Dieu. Première conversion à laquelle nous appelle la parabole de Jésus.

Et quand je suis l’homme riche qui parfois établit un gouffre entre lui et certaines personnes, certaines situations, la Parole de Dieu est pour moi aussi. Elle nous dit : écoute le cri de tes frères et de tes sœurs. Ne sois pas dur de cœur devant l’humanité qui est à ta porte. Entends l’indignation de Dieu devant les excès que l’on commet partout, à l’endroit des pauvres et des démunis. Entends l’indignation de Dieu devant le gouffre grandissant entre pays riches et pays pauvres, entre les riches et les pauvres de notre société.

Que cette indignation de Dieu soit aussi la tienne. Laisse-toi toucher par les autres. Ne pense pas qu’à ton seul bonheur. Ne remets pas constamment à demain ta générosité qui est sollicitée, car c’est maintenant que ton frère a faim, que ta sœur a besoin de toi. Voilà la deuxième conversion à laquelle nous sommes invités.

Si nous acceptons de faire un pas dans cette direction où Dieu nous invite, alors c’est une parabole vivante et nouvelle qui s’écrira dans nos vies : c’est Lazare qui sera invité à la table du riche; c’est le riche qui pansera les plaies de Lazare; c’est Lazare qui donnera à boire au riche. Il n’y aura plus ce pauvre et ce mauvais riche, mais deux frères qui marcheront ensemble avec la grâce de Dieu.

Yves Bériault, o.p.

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Homélie pour le 2e dimanche du Carême. Année B

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Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 9,2-10. 
En ce temps-là, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».

COMMENTAIRE

Abraham est l’un des personnages majeurs de la Bible, et son histoire nous est bien connue, tout particulièrement le récit du sacrifice d’Isaac, qui a le don de nous provoquer à cause de l’image terrifiante de Dieu qui s’en dégage. Pourtant, ce n’est pas là le visage de ce Dieu Père que Jésus vient nous révéler. En rester à cette image insoutenable de Dieu, qui prend plaisir à nous mettre à l’épreuve, serait faire non seulement une lecture fondamentaliste du sacrifice d’Isaac, mais ce serait en faire une lecture païenne.

Les récits bibliques, avant d’être l’exposé d’un événement historique, sont avant tout des enseignements porteurs de grandes vérités sur Dieu et sur nous-mêmes. Et si ces récits s’écartent souvent de l’exactitude journalistique d’un reportage, ils sont néanmoins théologiquement vrais en ce qu’ils nous révèlent de Dieu et de nous-mêmes. La Bible, c’est à la fois l’histoire du dévoilement progressif de Dieu qui veut se faire connaître de nous, et c’est aussi l’histoire de notre propre recherche de Dieu. C’est ce qu’évoque un passage du psaume 26 qui nous est proposé comme chant d’entrée pour ce dimanche. Le psalmiste s’écrie : « Je cherche ton visage Seigneur, je le recherche; ne détourne pas de moi ta face. »

Cette prière ne pouvait qu’habiter le coeur d’Abraham, celui qu’on appelle le père des croyants, et qui, le premier, met sa foi dans le Dieu unique. Mais Abraham ne connaît pas vraiment le Dieu qui l’appelle. Le récit du sacrifice d’Isaac constitue une étape déterminante dans cette rencontre de ce Dieu en qui Abraham a mis sa foi, et ce, dans une culture où l’on offrait en sacrifice son premier-né aux divinités.

Le Dieu d’Abraham, s’il demande la remise totale de nos vies entre ses mains, représentée ici par Isaac, n’est pas un Dieu qui demande des sacrifices humains. À Abraham, il est proposé de reconnaître qu’Isaac, le fils de la promesse, est un don de Dieu. Et Abraham fait l’expérience que l’on ne peut véritablement entrer dans la dynamique du don, qu’en le remettant à Dieu, qu’en reconnaissant que tout vient de Lui, que le fruit de nos travaux et de nos luttes reste toujours fondamentalement un don de Dieu.

Par analogie, je pense à l’exemple du baptême d’un enfant. Chaque fois qu’un enfant est baptisé, il y a ce moment fort émouvant à la fin de la liturgie, où j’entoure l’autel avec la famille pour prier le Notre Père. L’enfant est alors déposé sur cet autel, comme une offrande, comme un don fait à Dieu, comme on le fait pour le pain et le vin. Par ce geste, nous reconnaissons que Dieu est non seulement l’auteur de la vie, mais que toute vie lui appartient, et qu’elle ne peut véritablement se réaliser et s’accomplir que si elle est confiée à Dieu. Voilà l’offrande que Dieu demande à Abraham. Le reste de l’histoire, avec son style propre aux contes orientaux, n’est là que pour évoquer le passage, la conversion que Dieu demande à Abraham. Il doit quitter le monde des idoles et des sacrifices humains afin d’entrer dans la dynamique du sacrifice spirituel. C’est la remise à Dieu de toute sa vie qui est demandée à Abraham.

Par ailleurs, quand Dieu lui apparaît la première fois et lui demande de quitter son pays, Abraham fait confiance et il part vers l’inconnu. C’est là une illustration très évocatrice de chacune de nos vies. Nul d’entre nous n’aurait pu tracer le parcours de la vie qui l’attendait quand nous étions enfants ou adolescents ou même jeunes adultes. Nous portions des rêves, des projets, le monde nous souriait, et sans nécessairement chercher à accomplir de grandes choses, nous voulions tous être heureux. Peu à peu notre vie d’adulte a pris son envole avec ses joies et ses peines, ses réalisations et ses déceptions. Aucune vie n’est à l’abri de l’épreuve, mais le secret d’une vie réussie, c’est de pouvoir la recevoir comme un don de Dieu, sans cesse offert à Dieu. L’offrir à Dieu avec ses grandeurs et ses misères, afin de réaliser en nous le répons du psaume de ce dimanche qui évoque la foi d’Abraham : « Je marcherai en présence de Dieu sur la terre des vivants. » Quoi qu’il m’arrive.

Le récit d’Abraham et de son fils Isaac évoque aussi pour nous chrétiens et chrétiennes, le don que nous fait le Père en son Fils, où c’est Dieu lui-même qui se remet entre nos mains. Le récit de la Transfiguration est d’une portée extraordinaire afin de nous aider à entrer dans ce mystère.

Jésus est en marche vers Jérusalem. Sa passion se profile à l’horizon et déjà les disciples semblent incapables d’accepter le destin tragique qui attend leur maître. L’événement de la Transfiguration servira de rappel aux disciples, après la mort de Jésus, afin qu’ils comprennent que sa passion le conduisait à la gloire de la résurrection; afin qu’ils se souviennent de cette voix du Père proclamant dans la nuée: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. »

De la vie d’humilité et de renoncement de Jésus, de son obéissance à la volonté du Père, jaillit une lumière nouvelle pour le monde. C’est Dieu qui se manifeste à nous et qui réalise la promesse faite à Abraham de rendre sa descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et le sable de la mer. Cette lumière du Christ, qui illumine les trois apôtres, est déjà une anticipation de la gloire de Jésus qui se révélera le matin de Pâques. C’est cette lumière qui est donnée lors du baptême et qui est évoquée lorsque l’on remet un cierge au nouveau baptisé, en lui disant: « Sois illuminé! Reçois la lumière du Christ. »

Le récit de la Transfiguration proclame que Jésus est la lumière du monde et qu’elle brille au plus profond de nos ténèbres et de nos souffrances. Cette lumière est déjà porteuse de la promesse de Pâques, où le mal et la mort seront vaincus par la croix du Christ. Cette lumière, qui enveloppe Pierre, Jacques et Jean, vient nous rappeler que toute éternité nous sommes appelés à participer à la vie du Christ, et à ressusciter avec lui. Par sa victoire sur la croix et le témoignage de sa vie donnée, nous savons désormais que le bien est plus fort que le mal, que l’amour est plus fort que la haine, et que la vie est plus forte que la mort.

À la fin du récit de la Transfiguration, Jésus nous invite à redescendre dans la plaine avec lui. Tout comme l’a fait notre père Abraham, nous sommes invités à quitter nos pays de solitude et à marcher avec le Christ dans la foi.

C’est ainsi qu’au terme de cette eucharistie, où la grâce nous est faite de nous tenir debout avec le Christ sur ce sommet de notre foi, nous pourrons retourner dans la plaine de nos occupations et de nos engagements, sûrs de la présence de Dieu et de sa force au coeur de nos vies. Comme l’affirme saint Paul dans sa lettre aux Romains : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout? »

Yves Bériault, o.p.