Nouveau livre : Etty Hillesum – Témoin de Dieu dans l’abîme du mal

Tel est le titre du livre publié par le dominicain Yves Bériault aux éditions Médiaspaul. Jean Vanier, qui a rédigé la préface de ce livre, écrit :

Beaucoup de personnes en difficulté avec l’Église vont trouver une lumière et un chemin vers Dieu à travers Etty. Dieu n’est pas lié aux structures d’une Église. Dieu est souverainement libre. (Jean Vanier)

Etty Hillesum est une jeune juive néerlandaise qui a disparu tragiquement dans la nuit de la Shoah, à l’automne 1943. Le journal intime et les lettres qu’elle a rédigés durant la Deuxième Guerre mondiale comptent parmi les documents spirituels les plus signifi catifs du XXe siècle. Au coeur de l’horreur, elle parvient mystérieusement à une joie profonde, arrive à percevoir la beauté de la vie, persévère à croire en l’homme et choisit d’être solidaire de son peuple jusqu’à le suivre dans les camps pour y apporter toute l’aide possible.

Exceptionnelle par sa force d’âme, Etty se révèle aussi très moderne par son cheminement atypique. Puisant à la fois au judaïsme et au christianisme, mais sans jamais pratiquer ni adhérer à une confession religieuse, elle découvre au plus intime d’elle-même un Dieu que reconnaissent sans peine juifs et chrétiens. Ainsi, toute personne peut trouver en elle une compagne sur les chemins non balisés de l’aventure humaine.

Yves Bériault dégage ici l’essentiel de l’histoire et de la vie spirituelle d’Etty Hillesum, pour la présenter aux non-initiés comme pour éclairer la lecture de ceux qui apprécient déjà ses écrits. Son désir est de mieux faire connaître cette figure qui suscite de plus en plus d’intérêt et dont le monde n’a pas fi ni d’entendre parler.

Pour se procurer ce livre, suivez ce lien.

Le saut dans l’inconnu

Un correspondant me demande : « Pourquoi certaines personnes n’ont-elles pas le don de la foi? » La question comporte déjà sa propre réponse. Il s’agit bel et bien d’un don et l’homme est bien impuissant à se donner la foi. Je parle de la foi qui fait vivre et aimer, celle qui nous dépasse. La foi chrétienne affirme que Dieu ne fait pas de distinction entre les personnes. Toutes sont appelées à le connaître et à l’aimer. Dieu n’est pas chiche et il n’a pas de préférés. Ou s’il en a, comme nous le voyons dans les évangiles, ce sont toujours ceux et celles qui sont les plus loin de lui.

Jésus montre une attention toute particulière pour les pauvres et les exclus, pour ceux et celles que l’on considère perdus. Mais la démarche de foi implique un saut dans l’inconnu. Tous ne le vivent pas ainsi. Certaines personnes semblent être tombées dans le « bénitier » dès leur tendre enfance et la foi ne semble jamais leur avoir fait défaut.

D’autres doivent chercher de manière plus laborieuse et je ne doute pas que ce soit parce que Dieu les attend ailleurs. Non pas que Dieu se refuse à eux, mais parfois notre histoire personnelle nous a fait fermer la porte à Dieu. Mais comme le dit Jésus au livre de l’Apocalypse : « Je me tiens à la porte et je frappe, celui qui m’ouvrira, je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi. » Ailleurs dans les évangiles Jésus dit : « Frappez et l’on vous ouvrira, demandez et vous recevrez. »

Le don de la foi et la plus belle demande qu’une personne puisse faire, car la foi illumine tout notre existence et lui donne une direction assurée. Et c’est ici qu’intervient la notion de l’amour. Car la foi, c’est vouloir entrer dans l’amour de Dieu. C’est accepter de se laisser aimer par lui, de remettre entre ses mains toute notre vie, tous nos espoirs, nos peines et nos projets. Il y a là une dimension de confiance. Si quelqu’un veut croire en Dieu, il doit tout d’abord lui faire confiance, le prier et lui demander cette foi. La quémander! C’est cela le saut dans l’inconnu, mais dont on ne revient jamais les mains vides.

Priez pour le pauvre prédicateur

J’ai toujours aimé prêcher depuis mon appel à ce ministère par le Seigneur. C’est ma plus grande joie, bien que l’enfantement soit toujours douloureux, et ce après des années de prédication. C’est là un signe qui me rassure. Je ne voudrais pas qu’il en soit autrement.

Quand il se donne vraiment à sa mission, le prédicateur fait l’expérience à la fois de sa pauvreté et du don de Dieu. C’est pourquoi, même après des années, il peut toujours tirer du neuf de ce vieux trésor qui lui est confié. C’est là le défi. Et à chaque fois c’est l’étonnement, l’émerveillement devant ce que peuvent receler des textes lus et relus des milliers de fois.

Le prédicateur est appelé à puiser à cette source de la Parole et à s’en abreuver, afin de pouvoir la partager aux autres. Il doit se laisser toucher lui-même s’il espère toucher les autres. Heureusement, Dieu est plus grand que nous et ne saurait se restreindre à nos seules capacités. Dieu veut avoir besoin de nous, d’où l’importance d’être fidèle à sa grâce et de prendre au sérieux son appel. Et là on se tient devant un grand mystère qui nous laisse bouche bée.

Le prédicateur est appelé à faire cette expérience de plus grand que lui dans cette expérience de communication. C’est parfois bouleversant, c’est toujours une grâce.

Il faut donc prier pour le pauvre prédicateur afin qu’il soit toujours un instrument docile entre les mains du Seigneur. C’est sans doute là la première tâche de ceux et celles qui l’écoutent.