L’évangile selon Judas? Ne jetez pas vos évangiles.

Pâques approche et c’est l’occasion pour les médias de se poser l’éternelle question: « Mais qui est donc cet homme? » J’avoue que les motivations des journalistes ne me semblent pas toujours relever d’un grand souci de vérité, car l’approche utilisée est toujours de s’arrêter aux thèses les plus loufoques et, faut-il le dire, offensantes parfois pour le christianisme. Et naturellement ces « découvertes » se font toujours à Noël et à Pâques!Il y a deux ans l’on affirmait avoir découvert le sarcophage de l’apôtre Jacques, pour se rendre compte un an plus tard qu’il s’agissait d’un faux. Il y a une semaine un scientifique nous expliquait le plus sérieusement du monde que Jésus avait probablement marché sur les eaux gelées du lac Tibériade lorsqu’il fut aperçu marchant sur les eaux par ses disciples.

Après l’évangile selon Marie-Madeleine et le Da Vinci Code (voir l’article suivant pour une analyse du roman), voici donc l’évangile selon Judas. Suivront sans doute l’évangile selon Pilate et l’évangile selon Barrabas, à pareille date bien sûr… Le texte appelé « évangile selon judas » semble néanmoins authentique et mérite donc qu’on s’y arrête.

Sans nier l’intérêt scientifique de cette découverte, comme pour tous les documents des premiers siècles de l’église, il faut savoir que cette nouvelle présentation de l’apôtre Judas, comme le souligne le spécialiste de la Bible Rodolphe Kasser, est « une interprétation postérieure, imaginée au IIe siècle ap. J.-C. Vous ne trouverez ici aucune information historique nouvelle sur le véritable Judas l’Iscariote.  »

Cet évangile se situe dans la mouvance des évangiles gnostiques des premiers siècles de l’église, qui cherchaient à faire contrepoids à l’incarnation du Fils de Dieu, mouvements que l’église qualifiait d’hérétiques à juste titre.

« De petits groupes d’initiés, les gnostiques, inspirés par certaines idées philosophiques grecques et par les Ecritures bibliques, réinterprétaient à leur façon le christianisme. Ils pensaient que le véritable Dieu était inconnaissable et incréé hors de toute matière. »

Comme dans tous les autres documents gnostiques, l' »évangile de Judas » présente une négation de l’incarnation, un mépris du corps. Judas devient donc celui qui libère Jésus de cette enveloppe charnelle en le livrant aux Romains. Il fallait y penser, c’est lui le véritable héros des évangiles…

Les sceptiques feront leurs choux gras de cette « découverte » alors que l’église, elle, se tournera « résolument vers Jérusalem » à compter du Dimanche des Rameaux.

Pour en savoir plus je vous conseille l’excellent article de Sophie LAURANT du journal La Croix.

Bon week-end à vous tous. Je prends congé! Bonne Semaine Sainte!