Homélie pour le 6e Dimanche de Pâques (B)

C’est le théologien Jean Galot qui disait : « Le Christ est venu sur la terre pour provoquer un attachement à sa personne, pour attirer à lui l’humanité et l’univers. Mais avant de réclamer cette adhésion et pour l’obtenir, il s’attache lui-même aux hommes ». Afin d’illustrer cette affirmation, voici une brève catéchèse pascale en trois mouvements. Nous verrons ensuite quelques considérations pastorales du pape François.

Ainsi, il y a deux semaines, Jésus disait à ses disciples qu’il était le bon berger. Par sa parabole, il nous invitait à établir avec lui une relation de confiance et de sécurité, comme si notre vie en dépendait. Il se présentait à nous tel un berger bagarreur, prêt à affronter le loup, allant jusqu’à donner sa vie pour ses brebis. Déjà, un grand amour pour nous se dessinait dans cet évangile.

Dimanche dernier, cette intimité des disciples avec Jésus s’approfondissait encore davantage. Jésus y décrivait le lien qui nous rattache à lui non plus simplement comme une relation de confiance et de protection, mais il comparait ce lien à celui des sarments greffés sur la vigne, image combien évocatrice, où notre communion avec lui devient littéralement organique, vivante, et où en dehors de lui nous ne pouvons vivre ! Par analogie, nous pourrions comparer cette relation à celle de l’enfant dans le sein de sa mère qui doit à tout prix se nourrir de sa vie afin d’atteindre sa pleine stature d’enfant. L’image n’est pas trop forte pour décrire l’intimité extraordinaire qui nous unit au Christ.

Aujourd’hui, dans l’évangile, le regard se porte davantage sur ce que Jésus attend de nous. Il ne nous appelle plus serviteurs mais amis, et il nous partage le grand commandement de son amour. Il nous invite, à demeurer dans son amour, afin que nous en soyons pétris, transformés, et que nous apprenions ainsi à nous aimer les uns les autres en vérité, comme lui nous a aimés. C’est là l’œuvre que Jésus vient accomplir en nous donnant sa vie. Il est à la fois la source et l’artisan de cet élan d’amour qui jaillit en nous, qui est capable de soulever nos cœurs, et ce, jusqu’à donner nos vies COMME lui. 

C’est pourquoi afin d’entrer dans cette dynamique de l’amour, Jésus nous prend avec lui dans sa bergerie, il nous attache à sa personne, il nous guide et nous protège, et il nous greffe à sa vie de ressuscité ! 

Voilà la symphonie dans laquelle nous entraînent tout particulièrement les trois évangiles que j’ai cités. Ces trois mouvements nous sont donnés en ce temps pascal afin de nous rappeler ce que sont les exigences afin de devenir véritablement disciples du Christ. Il s’agit ni plus ni moins d’un appel quotidien à la sainteté, où nos vies greffées sur le Christ, sont marquées par l’amour à cause de lui. Et ceci nous amène maintenant au volet plus pastoral de cette homélie.

Le pape François dans son exhortation apostolique Gaudete et Exsultate, c.-à-d. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, propose des pistes toutes simples et remplies de sagesse afin de réaliser ce projet de Dieu sur nos vies de faire de nous des saints et des saintes. 

D’entrée de jeu, le pape François ne veut surtout pas que nous pensions uniquement à ceux et celles qui sont déjà béatifiés ou canonisés quand il parle de sainteté. J’aime voir, dit-il, la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les personnes âgées qui continuent de sourire. 

Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, dit le pape, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté que le pape appelle la sainteté « de la porte d’à côté », c’est-à-dire de ceux et de celles qui vivent proches de nous et qui sont un reflet de la présence de Dieu. Ainsi, dit le pape, nous sommes tous appelés à être des saints et des saintes en vivant avec amour, et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. 

Es-tu une consacrée ou un consacré, dit le pape François ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église.  Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence, ton travail au service de tes frères et de tes sœurs. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels.

À chacun et chacune, dit le pape, de trouver la voie qui lui correspond, sa manière propre de suivre le Christ. Tu as besoin de percevoir la totalité de ta vie comme une mission, dit-il. Essaie de le faire en écoutant Dieu dans la prière, et en reconnaissant les signes qu’il te donne. Demande toujours à l’Esprit ce que Jésus attend de toi à chaque moment de ton existence et dans chaque choix que tu dois faire, pour discerner la place que cela occupe dans ta propre mission. Et permets-lui de forger en toi ce mystère personnel qui reflète Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui. Ainsi, dit le pape François, nous partagerons un bonheur que le monde ne pourra nous enlever.

fr. Yves Bériault, o.p.

Une Réponse

  1. Dans cet Évangile du sixième dimanche de Pâques, Jésus nous commande de nous aimer à deux reprises : la première fois, Il nous demande de le faire comme Il nous a aimés. Celà me semble presqu’impossible d’aimer tout le monde au point de donner sa vie comme Il l’a fait. La deuxième fois, Il nous demande simplement de nous aimer les uns les autres. Cet objectif me semble moins exigeant, quoique difficile parfois.

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