Homélie pour le 4e dimanche du Carême (A)

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Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 9,1-41. 
En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »
Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui.
Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler.
Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,
et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »
Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »
On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle.
Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.
À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. »
Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés.
Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. »
Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents
et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? »
Les parents répondirent : « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle.
Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. »
Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ.
Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »
Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »
Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. »
Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »
Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’ave z pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? »
Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples.
Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »
L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux.
Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce.
Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance.
Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »
Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.
Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui.
Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? »
Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. »

COMMENTAIRE

Ce récit de l’aveugle-né, un des chefs-d’œuvre de l’évangile de Jean, nous entraîne dans un parcours initiatique qui a pour enjeux la personne de Jésus. « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » À cette question des pharisiens à l’aveugle-né, nous sommes amenés à y répondre nous aussi. C’est d’ailleurs là la visée de tout l’évangile de saint Jean.

Des noces de Cana à l’histoire de la Samaritaine, de l’ami Lazare et ses sœurs Marthe et Marie, à Marie-Madeleine au tombeau, ainsi que l’apôtre Pierre et le disciple que Jésus aimait, ce même matin de Pâques, tout converge dans ces récits au dévoilement de l’identité de Jésus. Comme le souligne saint Jean à la fin de son évangile : tout cela a été écrit afin que « vous croyiez que Jésus est le Christ, et pour que, en croyant, vous ayez la vie en son nom » (Jn 20, 31).

Cette vie, elle est représentée de diverses manières chez saint Jean : elle se fait vin des noces à Cana avec celui qui est le véritable époux, la véritable vigne ; elle se fait eau vive avec la Samaritaine au puits de Jacob. Cette vie se fait aussi pain partagé pour la faim du monde au mont des béatitudes, elle se fait tablier de service à la dernière Cène, signe d’un amour qui va jusqu’au bout. Elle se fait bon pasteur et porte des brebis, parole faite chair pour la vie du monde !

Aujourd’hui dans l’évangile, cette vie qu’est Jésus se fait lumière pour l’aveugle-né à la piscine de Siloé. Un récit, qui par sa symbolique, évoque finement la création de l’homme modelé dans la glaise au début du monde, alors que Jésus, « avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle. »  Un récit de recréation nous donnant d’entendre comme en écho la voix de Dieu au moment de la naissance du monde alors qu’il ordonnait : « Que la lumière soit ! » Et que la lumière fût ! Mais alors que l’aveugle-né s’avance vers cette lumière qu’est le Christ, les chefs religieux, eux, s’enfoncent de plus en plus dans les ténèbres.

Cet évangile nous raconte le cheminement d’un homme qui, au départ, ignore tout de Jésus, mais dont la prise de position à son endroit devient de plus en plus audacieuse et assumée au fil du récit. Au début, il n’est que le bénéficiaire passif d’une guérison incroyable, mais ses échanges avec ceux qui l’entourent et l’opposition qu’il rencontre, l’amènent à ouvrir son esprit et son cœur à cet événement qu’il vient de vivre et à découvrir peu à peu l’identité de celui qui l’a tiré de sa nuit. Peu à peu la conclusion s’impose d’elle-même à l’aveugle-né. Jésus ne peut que venir de Dieu. Et quand ce dernier lui demande :

« Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit :
« Et qui est-il, Seigneur,
pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit :
« Tu le vois,
et c’est lui qui te parle. »
Il dit :
« Je crois, Seigneur ! »
Et il se prosterna devant lui.

Étonnement, le personnage le plus effacé de cette page d’évangile, c’est Jésus lui-même. Pourtant tout au long du récit sa présence est palpable, il n’est question que de lui et de son miracle le jour du sabbat. Nous assistons alors un chassé-croisé entre Jésus, les pharisiens, les disciples, l’aveugle-né, ses voisins et ses parents, comme si toute la ville de Jérusalem était en émoi devant la guérison extraordinaire de cet homme.

Il est important de rappeler ici que saint Jean débute son évangile en affirmant que « le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. » Il reprend ce thème avec l’histoire de l’aveugle-né, où Jésus, devant cet homme qui ne lui a rien demandé, le tire de sa nuit . Le récit le dit bien, cet homme est un aveugle de naissance et son état décrit la situation de toute personne qui naît sur cette terre.

Qui peut prétendre connaître le sens des choses et de la vie en naissant ? C’est un long cheminement d’humanisation que nous entreprenons en venant au monde, alors que nos yeux sont appelés à s’ouvrir peu à peu au grand mystère de ce monde, au sens de nos vies et de notre destinée.

Nous sommes tous et toutes des aveugles de naissance, et certaines personnes le demeurent toute leur vie. Mais à nous qui avons croisé les pas de Jésus, il nous est demandé à nouveau aujourd’hui : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? »

C’est ce mouvement de guérison en notre faveur qui s’est opéré avec la venue du Christ en notre monde, quand, au terme de sa vie, Jésus s’enfonça dans la nuit sombre de da passion, afin que nous puissions vivre de sa vie, illuminés de la joie pascale. L’histoire de l’aveugle-né nous fait entrer par sa symbolique dans la dynamique baptismale, alors que le baptisé doit professer sa foi comme le fait l’aveugle-né en se prosternant devant Jésus : « Je crois Seigneur. » Lors de son baptême, le nouveau baptisé ayant affirmé sa foi au Dieu Père, Fils et Esprit Saint, se voit alors remettre un cierge, allumé au cierge pascal, symbole du Christ ressuscité, alors qu’un très vieux chant baptismal, que saint Paul rappelle au Éphésiens, lui dit : « Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. »

La caractéristique la plus profonde de la foi chrétienne, comme le rappelait le pape Benoît XVI, « est son ouverture sur un être personnel. La foi chrétienne est plus qu’une option pour un principe spirituel du monde. Le chrétien ne dit pas : “Je crois en quelque chose”, mais “je crois en Toi”. Cette foi est rencontre avec l’homme Jésus, et elle découvre dans une telle rencontre que le sens du monde est une personne. »

Jésus devient alors la présence de l’éternel lui-même dans le monde. Dans sa vie, dans le don de lui-même pour l’humanité, il se révèle comme une présence, une présence sous la forme de l’amour et du pardon, capable d’illuminer nos vies et ainsi ouvrir nos yeux à la profondeur de cet amour qui nous habite et qui ne demande qu’à se déployer en nous et autour de nous.

« Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? »

fr.Yves Bériault, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs

Homélie pour le 3e dimanche du Carême. A

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Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (4, 5-42)

Jésus arrivait à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était assis là, au bord du puits. Il était environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau.
Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
(En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.)
La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.)
Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l’eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari : là, tu dis vrai. »
La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l’adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.
Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient — et c’est maintenant — où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis. »

COMMENTAIRE

Le puits est sans doute l’un des lieux les plus importants pour la vie des habitants d’un village. Il suffit d’être allé dans ces régions du monde où l’on puise encore l’eau à un puits pour s’en convaincre. On fait habituellement la file afin d’y puiser son eau et, parfois, il faut attendre de longues heures.

Ce qui est surprenant dans notre récit, c’est que Jésus semble se retrouver seul avec cette femme de Samarie. Même les apôtres sont absents, puisqu’ils sont allés au village, chercher de la nourriture, alors que Jésus est resté assis près du puits à les attendre. Ou plutôt, n’attend-il pas cette femme qui vient puiser sur l’heure de midi ? Car un caractère d’intimité indéniable se dégage de cette scène, comparable à celles où Jésus reçoit, de nuit, la visite de Nicodème ou, encore, après sa résurrection, quand il s’assoit avec Pierre sur le bord du lac et lui demande : « Pierre, m’aimes-tu ? »

Il est midi quand la femme se présente au puits. C’est l’heure de la grande chaleur au Moyen-Orient, où habituellement on ne va pas puiser de l’eau. Pourquoi y va-t-elle à midi ? Ce détail de l’évangéliste n’est sans doute pas fortuit. On peut penser qu’elle y va parce qu’elle espère y être seule. Mais elle ne se doute pas que Dieu, Lui, l’attend de toute éternité à ce rendez-vous de la patience et de la miséricorde.

Mais qui est cette femme qui vit une situation matrimoniale des plus particulières ? Une certaine tradition s’est vite empressée à voir en elle une femme légère à cause de ses nombreux maris. Mais on n’en sait rien. Ce ne sont que des spéculations qui montrent à quel point nous sommes portés à juger sur les apparences. Une chose est certaine, la situation de cette femme était sûrement difficile à assumer, certains commentateurs rappelant qu’une femme était jugée sévèrement par les rabbins après trois mariages, même si elle n’y était pour rien. Et notre Samaritaine en a connu cinq !

Une exégète de l’Université Laval, Anne Fortin, apporte un éclairage fort original, et plein de compassion quant au drame qui se joue sous nos yeux dans cet évangile. Selon elle, la Samaritaine aurait été veuve à cinq reprises et obligée par la loi à prendre cinq maris, aucun d’eux n’ayant pu lui donner un enfant.

Rappelez-vous cette controverse entre Jésus et les sadducéens au sujet de la « femme aux sept maris ». On rappelait alors à Jésus la loi de Moïse qui stipulait que si un homme dont le frère ayant femme était mort sans enfant, il fallait que cet homme épouse la femme de son frère afin de lui donner une descendance. Selon Anne Fortin, nous pourrions avoir là l’explication des cinq maris de la Samaritaine, qui aurait été obligée successivement de prendre des maris après avoir été laissée sans enfant par eux. Cinq maris en tout. Une victime de la loi en quelque sorte.

Mais il n’en reste pas moins qu’elle se retrouve quand même dans une situation irrégulière en regard de la loi, puisque le dernier mari, le sixième, n’est pas vraiment le sien, comme le lui rappelle Jésus. Comment en est-elle arrivée à faire ce choix, nous n’en savons rien, mais c’est l’attitude de Jésus qui importe ici. Ce dernier ne la condamne pas. Il ne fait que dévoiler, signifiant ainsi à cette femme qu’il connaît tout de sa vie et qu’il connaît tout de sa misère, car sa situation matrimoniale irrégulière en fait une pécheresse publique aux yeux de la loi. L’anonymat d’une grande ville l’aurait sans doute protégée, mais elle habite un petit village, et dans un petit village tout le monde se connaît, s’épie, jacasse. Notre Samaritaine ne passe pas inaperçue, et l’on murmure sans doute sur son passage. Mais voilà que Jésus l’attend tout près du puits et, quand il la voit, il lui demande à boire.

Maintenant, notre Samaritaine a du caractère et elle ne se laisse pas intimider facilement par cet étranger. Non seulement elle ose lui parler à son tour, mais il y a même une pointe de défi quand elle répond à Jésus : « Toi, un Juif, tu me demandes de l’eau à boire, à moi, une Samaritaine ? » Elle est fière de son appartenance au peuple de Samarie, d’autant plus que sa situation est souvent l’occasion d’humiliation et de rejet. Elle en souffre sûrement, ce qui semble la rendre d’autant plus combative et déterminée, car elle n’a pas peur d’interpeller ce Juif, cet étranger. Elle est sur son terrain près de ce puits.

C’est alors qu’un retournement de situation se produit quand Jésus lui répond : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Alors que selon les coutumes de l’époque Jésus ne devrait même pas parler avec cette femme, une samaritaine de surcroît, Jésus persiste dans le dialogue, il se fait proche d’elle, car il la connaît comme Dieu seul peut nous connaître, et c’est ainsi qu’il lui offre l’eau vive, l’eau vive de sa parole, de sa compassion et de son amour.

Pour les Juifs, comme pour les Samaritains, l’évocation de l’eau fait appel à un puissant symbole dans les Écritures. L’on pourrait évoquer ici le rocher de Massa et Mériba, dont Moïse a fait couler l’eau afin d’étancher la soif du peuple hébreu au désert. Ou encore ce passage du livre du prophète Ézéchiel qui annonce, lors de l’Exil à Babylone, l’avènement d’un Temple nouveau, d’où jaillit une source d’eau vive, qui va devenir un fleuve puissant et se s’épandre partout dans le désert, et assainir tout ce qu’elle touche. Les psaumes aussi reviennent souvent sur l’image de l’eau. Pensons ici au psalmiste qui s’écrie : « Mon âme a soif de toi mon Dieu. » Ou encore : « Tu me fais reposer près des sources d’eau vive. »

C’est cette eau annonciatrice de la venue des temps nouveaux que Jésus propose à la Samaritaine. Et c’est ainsi que touchée par les paroles de Jésus et le regard qu’il pose sur elle, voici qu’elle court vers le village n’hésitant plus à se faire voir au grand jour, racontant son histoire à qui veut bien l’entendre, se demandant si ce Jésus ne serait pas le Messie, tellement sa joie intérieure déborde. Car alors qu’elle venait puiser de l’eau, Jésus s’est penché sur sa misère, sans la juger, lui offrant une eau jaillissant en vie éternelle. C’est comme si les paroles de Jésus avaient dégagé en elle un puits profond où Dieu semblait enfoui et méconnu, et dont Jésus lui avait dévoilé le visage.

Frères et sœurs, cette belle histoire de la Samaritaine vient nous rappeler que Jésus nous attend toujours sur l’heure de midi, assis au bord du puits de nos vies. Il s’intéresse passionnément à chacun et chacune de nous. Et sans se lasser, il nous fait la même demande qu’il faisait à cette femme de Samarie : « Donne-moi ta soif et moi je l’étancherai. Je te donnerai l’eau vive. »

Car au fil des années, au fil des ciels gris et des temps d’épreuves, il nous faut sans cesse aller au puits où Jésus nous attend, afin d’y puiser l’eau vive, qui est l’esprit même de Jésus qui redonne force et courage quand nous baissons les bras, et qui nous révèle un Dieu qui nous aime à l’infini. C’est pourquoi, en écoutant cet évangile, nous ne pouvons que faire nôtre la réponse de la Samaritaine à Jésus : « Seigneur, donne-la-nous toujours cette eau, afin que nous n’ayons plus jamais soif. »

Yves Bériault, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs

Homélie pour le 2e dimanche du Carême (A)

Transfiguration Icon

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 17,1-9. 
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

COMMENTAIRE

Un théologien a déjà dit de Jésus qu’il était « la parole ultime de Dieu et la plus belle » (K. Rahner). Le récit de la transfiguration met cette affirmation en évidence comme aucun autre récit évangélique, alors que le mystère de Jésus nous est dévoilé : il est le Fils bien-aimé du Père !

Par ailleurs, les évangélistes peinent à trouver les mots pour nous décrire ce qui s’est réellement passé sur la montagne. Luc, Matthieu et Marc ne trouvent pas de meilleure comparaison que celle d’une « lumière éclatante » pour parler de la transfiguration. Saint Luc raconte que le visage de Jésus « devint autre, et ses vêtements d’une blancheur fulgurante. » « Son visage resplendit comme le soleil », écrit saint Matthieu. Saint Marc, lui, nous dit que ses vêtements devinrent resplendissants, très blancs, comme aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. »

Les évangélistes sont à court de mots pour tenter de décrire l’indicible, l’insaisissable. Mais ce qui est évident pour eux, c’est que la transfiguration est la manifestation de la divinité du Christ, de sa gloire tenue cachée, et, pour un instant, dévoilée devant les yeux stupéfaits des trois apôtres.

Mais que vient faire ce récit au cœur de notre Carême, alors que nous montons à Jérusalem avec Jésus ?

Il est bon de se rappeler que la transfiguration de Jésus survient après la première annonce de sa passion. Les disciples sont effrayés. Ils ne comprennent pas et, surtout, ils n’acceptent pas l’éventualité de la fin tragique de leur maître. C’est alors que Jésus amène avec lui trois de ses disciples, et leur donne de contempler sa gloire de Fils de Dieu, avec Moïse et Élie, les grands témoins de la foi d’Israël.

Certains commentateurs ont vu dans la transfiguration une démarche pédagogique de la part de Jésus, afin de préparer les disciples à l’éventualité de sa mort, et ainsi leur redonner courage devant l’épreuve à venir. Mais il faut bien le reconnaître : cela n’a pas suffi.

Tout comme les autres Apôtres, Pierre, Jacques et Jean vont abandonner leur maître devant le spectacle insoutenable de sa crucifixion, malgré le souvenir de celui-là même qu’ils ont vu transfiguré, et qui sera défiguré sous leurs yeux, méprisé, livré à l’hostilité de la foule.

Il faudra que Jésus ressuscite et que sa gloire les enveloppe à nouveau de sa présence pour qu’ils trouvent le courage de le suivre à nouveau, et ce, jusqu’au don même de leur vie. C’est donc après la résurrection que l’évènement de la transfiguration va dévoiler tout son sens.

Les Apôtres se rappelleront alors que lorsqu’ils montaient vers Jérusalem avec Jésus, sa vie était en parfaite communion avec le Père, que sa gloire et sa passion ne pouvaient être dissociées l’une de l’autre; que l’amour qui va au bout de lui-même est capable de tout donner, car c’est Dieu qui est à la source de cet amour. C’est à la lumière de ce grand mystère que saint Paul, dans la deuxième lecture de ce dimanche, va encourager son fidèle Timothée à prendre sa part de souffrance pour l’annonce de l’Évangile, car la passion du Christ pour notre monde ne peut s’arrêter avec sa mort en croix. Elle se poursuit dans son corps qui est l’Église.

Le récit de la transfiguration vient nous rappeler à la fois la grandeur, mais aussi l’exigence de notre foi en Jésus-Christ. Non seulement ce récit nous dévoile sa divinité, non seulement il nous donne d’entendre la voix du Père, mais il nous engage à marcher courageusement avec Jésus Christ dans un monde qui cherche toujours à le crucifier. Allons-nous partir nous aussi quand les vents contraires semblent menacer l’Église ? Est-ce que notre foi est capable de contempler le Christ aujourd’hui alors qu’il est souvent rejeté ?

Voilà les questions qu’il nous faut nous poser en ce dimanche, alors que Jésus révèle sa gloire à ses disciples, et que demain il sera crucifié au cœur de la mort. Mais nous, contrairement aux disciples sur la montagne, nous connaissons l’issue de ce combat. L’évangile de la transfiguration, malgré la passion qui s’annonce, nous donne déjà d’anticiper l’aube radieuse du matin de Pâques.

Un détail important dans l’évangile de ce dimanche, c’est celui de l’apôtre Pierre qui propose à Jésus de s’arrêter sur la montagne en y plantant trois tentes, perdu qu’il est dans la contemplation de cette vision merveilleuse qui s’offre à lui. Mais Jésus redescend dans la plaine.

Pour comprendre cette démarche dans laquelle Jésus entraîne ses disciples, la figure d’Abraham nous est proposée comme modèle en ce dimanche. Dans notre première lecture, nous voyons Abraham et Loth quitter leur pays, partir dans la foi vers l’inconnu à la demande de Dieu, alors qu’Abraham se voit promettre un pays, une postérité aussi nombreuse que le sable de la mer.

Nous le savons, tout semblera contredire les promesses de Dieu dans la vie d’Abraham, et pourtant, celui que l’on appelle le père des croyants avancera dans la foi et la confiance à cause des promesses de Dieu. Dans le récit de la transfiguration, la voix du père se fait entendre à nouveau : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Redescendez avec lui dans la plaine l’humanité, porteurs de son amour et de son message de salut, car c’est le temps de l’Église qui s’ouvre devant vous.

Frères et sœurs, en ce dimanche de la Transfiguration, le Christ s’offre encore à notre contemplation, nous rassemblant, comme il l’a fait pour les Apôtres Pierre, Jacques et Jean, afin de nous partager sa vie. C’est la grâce qui nous est faite de pouvoir nous arrêter avec lui sur ce sommet de notre foi qu’est l’eucharistie. Au terme de notre célébration, nous serons invités à retourner dans la plaine de nos occupations et de nos engagements, sûrs de la présence de Dieu et de sa force au cœur de nos vies. Amen.

Yves Bériault, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs.

Homélie pour le 1er dimanche du carême (A)

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Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 4,1-11.
En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : ‘L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.’ »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : ‘Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre.’ »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : ‘Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.’ »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire.
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : ‘C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.’ »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.

COMMENTAIRE

J’aimerais aborder ce carême qui commence avec un passage du livre du Petit Prince de Saint-Exupéry. Dans ce conte, le Petit Prince, seul sur son astre, s’est lié d’amitié avec un renard. Il vient lui rendre visite un jour, mais sans le prévenir. Le renard lui en fait alors le reproche :

Il eût mieux valu, revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai ; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur… Il faut des rites. 

Il faut des rites ! Voilà qui décrit bien la démarche dans laquelle nous nous engageons en Église, année après année, et qui s’appelle le carême. Il faut des rites pour s’habiller le cœur, afin de redécouvrir et d’affirmer encore une fois, combien notre foi en Jésus Christ nous importe, combien elle a ce pouvoir de transformer nos vies. Il nous faut des rites pour nous préparer à la grande fête de l’amour, la fête de Pâques, où Dieu nous donne sa dernière et sa plus belle parole en son Fils Jésus-Christ.

Le 5 février dernier, décédait le théologien français Claude Geffré, un dominicain et théologien de grande envergure, qui décrivait avec des mots tout simples, le mystère d’amour au cœur de sa vie de croyant : « Désirer Dieu, disait-il, c’est désirer d’abord que Dieu soit Dieu dans ma vie, parce qu’il est mon tout, mon bonheur et ma fin ».

C’est en marche vers ce bonheur que le temps du carême nous entraîne, et qui nous invite à nous habiller le cœur. Mais, n’en doutons pas, il s’agit aussi d’un combat à mener, car il nous arrive de perdre ce désir que Dieu soit Dieu dans nos vies. Et c’est ainsi que le rite du carême vient nous inviter à nous remettre en marche et à prendre au sérieux, le sérieux de notre foi, ainsi que le sérieux de nos vies.

L’évangile de ce premier dimanche du carême illustre bien le combat qui doit être le nôtre. Nous y voyons Jésus entrer dans le drame de l’existence humaine, alors qu’il est tenté par Satan. Les trois tentations que Jésus doit affronter sont l’expression de la tentation d’un monde sans Dieu, qui ne croit qu’en lui-même, qui se construit en dehors de tout principe de vie capable de fonder son existence, et de lui donner sens. De là, toutes les dérives, tous les abus qui deviennent possibles, quand l’homme devient la mesure absolue de son emprise sur le monde.

C’est cette tentation qui s’exprime dans le récit de la Genèse, alors qu’Adam et Ève sont invités par le serpent, à s’approprier le fruit de la connaissance du bien et du mal, et ainsi à se construire en dehors de toute référence à Dieu. Alors que le serpent leur promettait qu’ils seraient comme des dieux, ils font l’expérience qu’ils sont nus, expression d’une rupture avec Dieu. Jésus au désert doit affronter cette même tentation. Il le fera en notre nom, assumant pleinement le drame de l’existence humaine, se faisant solidaire de nos luttes, nous entraînant à sa suite afin de nous donner de participer à sa victoire sur le mal et sur la mort.

Frères et sœurs, le carême est une invitation à aller au désert avec le Christ, afin d’entrer dans son combat, et ainsi réaffirmer la primauté de Dieu dans nos vies. Mais parfois, nous tombons, nous cédons, nous ne sommes pas toujours à la hauteur de ce que nous aimerions vivre en tant que chrétiens et chrétiennes. C’est pourquoi le désert est aussi une expérience de conversion.

Car on peut bien prétendre aimer Dieu de tout notre cœur, mais nos vies chrétiennes n’ont de sens que dans la mesure où elles nous font ressentir comme des blessures personnelles les malheurs de ce monde, les souffrances et les injustices que les humains se font subir. Je revois cette jeune infirmière, de retour d’un stage en Haïti, me confiant les larmes aux yeux, suite à la misère qu’elle y avait vue : « Il me semble que le Bon Dieu doit avoir honte de nous. »

Le temps du carême est là non seulement pour que nous nous rapprochions de Dieu, mais aussi pour creuser en nous cette compassion devant la souffrance humaine, notre indignation devant le mal, mobilisant nos énergies devant les situations où des hommes, des femmes et des enfants souffrent. Que ce soit la famine au Soudan, qui menace des millions de personnes en ce moment, ou encore le sort de nos frères et sœurs chrétiens du Moyen-Orient, qu’il s’agisse de tous ces pays ravagés par la guerre, du sort des réfugiés, ou encore de la misère au coin de nos rues, nous sommes tous concernés par ces situations tragiques qu’il nous faut porter à la fois dans notre chair et dans notre prière.

Les voies d’engagement vont variée selon chacun, bien sûr. Il peut d’agir d’un engagement concret sur le terrain, ou encore un soutien à des organisme, tels Développement et Paix ou Caritas International, ou encore le combat spirituel par la prière, le jeûne et la pénitence, vécus en solidarité avec tous ceux et celles qui souffrent. À nous de choisir selon ce qui nous est possible, mais c’est maintenant l’heure favorable.

Alors, habillons-nous le cœur pour ce temps du Carême qui s’ouvre devant nous, car le Christ nous y précède et nous entraîne à sa suite. Notre combat, ce sera celui de la disponibilité du cœur, afin d’accueillir les fruits de sa victoire. Voilà le mouvement de conversion dans lequel nous nous engageons à l’aube de ce Carême, qui nous conduira jusqu’au matin de Pâques, le cœur à la joie ! Amen.

Yves Bériault, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs