Homélie pour le 26e Dimanche. T.O. Année A

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Comme nous pardonnons…

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 21,28-32.

Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens : « Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne’.
Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas. ‘ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur ! ‘ et il n’y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier ». Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu.
Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole.

COMMENTAIRE

Le jeudi 22 septembre 2011, au pénitencier de Jackson, dans l’état de Géorgie, aux USA, la peine de mort a eu raison d’un noir américain de 42 ans. L’homme protestait toujours de son innocence. Le cas Troy Davis a ému le monde entier.

Le 1er mai de la même année, un commando américain tombait à l’improviste sur le repaire d’Oussama Ben Laden au Pakistan et tuait l’homme le plus recherché de la planète. Après 9 ans et demi de chasse à l’homme. Après 9 ans et demi d’une guerre qui semait la terreur là-bas – en Afghanistan.

En fin de septembre 2011, avec la rentrée parlementaire à Ottawa, un bill omnibus était déposé, qui avait toutes les chances d’être adopté puisqu’il émanait d’une majorité confortable aux Communes. Plusieurs éléments de ce projet donnaient à notre justice de reprendre la main en matière de répression et de punition.

Toutes ces actions avaient, il me semble, quelque chose en commun : elles s’inspiraient d’une même attitude, qui fait qu’on se montre dur avec les durs, qu’on ne donne pas à ceux et celles qu’on juge coupables, la chance de s’expliquer, de s’amender et de se convertir. On réduit les personnes au mal qu’elles ont fait. Quitte à éliminer celui ou celle qui a mal agi, dans l’espoir peut-être d’éliminer le mal lui-même.

Pareille attitude n’est pas nouvelle. Elle est ancrée chez les humains depuis bien longtemps, depuis toujours. Cette violence en escalade est source de malheurs et de détresses, nous le savons bien.  Elle  existe encore dans les pays et les  milieux qui ont été façonnés pourtant par la culture chrétienne. L’Évangile aurait dû orienter ce monde-là dans un autre sens.

J’avoue que ces conduites et ces législations me rendent mal à l’aise. Car l’évangile nous parle constamment de conversion, de la capacité que nous avons de changer, de nous amender, de nous redresser. Il nous dit la confiance que le Père met dans ses fils et ses filles. Cet appel ne trouve pas écho dans nos manières prétendument civilisées.

Notre Père des cieux ne réduit pas l’homme et la femme à leurs fautes; il souhaite que le méchant guérisse de son mal. S’il déplore que le oui du juste se traduise parfois par un nondans les faits, il espère toujours que le non du pécheur soit un état de passage, qui se change bientôt en un oui authentique, agissant.

L’amour, la confiance, la patience d’un Père pour chacun de ses enfants, voilà la merveille à proclamer au sujet de Dieu ! À quand notre réponse personnelle, libre et joyeuse, qui aille dans le même sens ?  À quand notre changement d’attitude vis-à-vis nos frères et sœurs candidats eux-aussi à la conversion, à la grâce du pardon ?

Nous n’avons pas grand pouvoir sur nos politiques carcérales et punitives. Comment en arriver même à nous entendre sur les justes méthodes pour humaniser nos façons de faire avec les prisonniers, les opposants, les récalcitrants ? Comment les traiter avec respect, décence et justice tout en assurant la sécurité et la paix sociales ? Voilà de graves questions à ne pas traiter légèrement.

Nous pouvons cependant contribuer à un changement d’approche ? En renonçant d’abord à nous faire complices ou partisans d’attitudes délibérément vindicatives, répressives et vengeresses. Notre mission d’Évangile est de travailler à sauver tous ceux et celles que Dieu aime. En appliquant partout dans nos vies la loi de l’amour et du pardon. Jusqu’à reprendre en nos cœurs et nos manières les sentiments qui étaient dans le Christ Jésus. Avec tendresse et compassion, ayant à cœur un amour vraiment fraternel pour tous. Tout commence dans le secret de notre cœur. Dans l’élan de notre prière. Dans ces rapports de réconfort et d’encouragement que nous saurons établir ou rétablir avec nos proches, au travail, dans les loisirs.

Vivons sérieusement et en toute cohérence l’Évangile au quotidien, et nous arriverons ensemble à transformer notre monde !

fr. Jacques Marcotte, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs

Homélie pour le 25e Dimanche. T.O. Année A

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 20,1-16a.

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « En effet, le royaume des Cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit dès le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.
Il se mit d’accord avec eux sur le salaire de la journée : un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent, et il les envoya à sa vigne.
Sorti vers neuf heures, il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire.
Et à ceux-là, il dit : “Allez à ma vigne, vous aussi, et je vous donnerai ce qui est juste.”
Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même.
Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d’autres qui étaient là et leur dit : “Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?”
Ils lui répondirent : “Parce que personne ne nous a embauchés.” Il leur dit : “Allez à ma vigne, vous aussi.”
Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : “Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.”
Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent et reçurent chacun une pièce d’un denier.
Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier.
En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine :
“Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons enduré le poids du jour et la chaleur !”
Mais le maître répondit à l’un d’entre eux : “Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ?
Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi :
n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?”
C’est ainsi que les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »

COMMENTAIRE

Il y a de quoi être décontenancé à la lecture de cet évangile. Ce scénario d’une journée raconte notre situation personnelle dans la vie, dans tel chantier où le Seigneur nous embauche.  Peut-être pouvons-nous déjà nous situer quelque part sur cette grille horaire, sur cette toile du temps ?

La vigne, c’est le projet de Dieu, son grand chantier d’Alliance avec nous, le Royaume. Voilà donc le monde nouveau offert à notre labeur, disponible pour notre service, nos engagements et notre amour. Vraiment il y a de quoi occuper tous les bras et les mains et les cœurs de ces gens qui attendent, qui ne font qu’attendre en attendant que le maître les appelle. Car il vient le maître et il a grande sollicitude pour sa vigne et un grand besoin d’hommes et de femmes pour œuvrer dans son domaine immense. Il a même une sollicitude particulière pour tous ceux et celles qui ne sont pas encore engagés. Il fait confiance à ceux qui sont déjà là, et il se met en quête, il en cherche d’autres. Il n’est pas exigeant et sélectif sur les candidats. Il embauche sans se soucier des bonnes conduites ou des compétences. Ils apprendront sur le tas, pense-t-il.  On verra à mesure. Les premiers leur diront comment faire.

À la fin ça fait beaucoup de monde à rétribuer.  Il serait bien normal de donner à chacun selon son mérite, tenant un compte rigoureux du temps investi par chacun. Mais non, on apprend qu’il y a un intendant, et que cet intendant a reçu des consignes strictes. À chacun il devra donner la même chose : le salaire prévu pour toute la journée. N’y a-t-il pas là inconvenance, ignorance des proportions et des droits acquis? De quoi rendre jaloux ceux du matin, qui pourtant à la fin reçoivent leur dû, le strict salaire prévu.

Nous apprenons ainsi que dans le Royaume les choses ne marchent pas au mérite.  Le seul fait d’avoir pris part à la corvée, même si c’est sur le tard, est un bonheur, un honneur qui nous est fait.  Car voici que – même après une heure – nous avons part à la rémunération promise aux premiers.  Le maître nous invite à conjuguer ensemble justice, miséricorde et bonté. Il nous introduit dans un régime d’égalité, non pas basé sur le mérite, mais basé sur le grand cœur du maître dont la générosité et les ressources sont infinies.  Il n’y a que lui qui peut se payer ce luxe de faire tant de largesses.

Pour le reste, apprenons de cette parabole qu’on ne vient pas tout seul à la vigne. On y est appelé, invité, chacun, chacune en son temps, à son tour. C’est Dieu qui appelle et l’heure n’est pas la même ni la première pour tous.

Apprenons que la vigne requiert nos services et nos soins, pour un important travail, incessant, inachevé, constant dans lequel chacun est bienvenu, et pour lequel il faut le plus de monde possible.

Apprenons que qu’il est toujours temps pour nous d’y venir. Ce qui compte c’est d’entrer nous aussi dans cet ouvrage collectif, de ne pas manquer le rendez-vous du service d’amour, d’y venir effectivement et d’y accueillir les autres.

Apprenons que le Seigneur s’étonne et s’attriste de nos regards myopes et de nos attitudes mesquines d’ouvriers de la première heure. Cet incident nous fait découvrir la gratuité du Royaume, la générosité de notre Dieu, la merveille de notre condition croyante et de notre appartenance ecclésiale. Nous recevons déjà dans la foi le plein salaire qui est le Christ; nous avons juste part à son Esprit, le don de Dieu. Voilà notre salaire! Qu’il nous suffise! Car déjà il est toute richesse!

fr. Jacques Marcotte, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs

La veuve de Naïm et son fils

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 7,11-17.
En ce temps-là, Jésus se rendit dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule.
Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on emportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule importante de la ville accompagnait cette femme.
Voyant celle-ci, le Seigneur fut saisi de compassion pour elle et lui dit : « Ne pleure pas. »
Il s’approcha et toucha le cercueil ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. »
Alors le mort se redressa et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère.
La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. »
Et cette parole sur Jésus se répandit dans la Judée entière et dans toute la région.

COMMENTAIRE

L’on transporte le corps d’un fils unique vers le lieu de sa sépulture. Un cortège funèbre suit la dépouille et, à sa tête, il y a cette mère inconsolable, une veuve de surcroît, ce qui rend la scène d’autant plus pathétique. Elle enterre son unique enfant. Une profonde tristesse se dégage de cette scène et dès le début du récit, Jésus est pris de pitié pour cette femme. Remarquez que personne n’est venu le chercher pour qu’il intervienne. Mais Jésus ne peut rester impassible devant la douleur de cette femme et devant cette victoire apparente de la mort. Il lui dit tout simplement : « Ne pleure pas », il touche la civière et il ordonne au garçon de se lever. L’évangéliste ajoute : « Et Jésus le rendit à sa mère. »

Le miracle, nous le savons bien, n’est pas dans l’ordre normal des choses. Il survient dans cet évangile comme anticipation de ce qui nous attend tout un chacun. La résurrection du fils de la veuve de Naïm se dresse comme un signe puissant dans l’évangile pour nous redire encore une fois que Dieu n’est pas insensible à la douleur de ses enfants. Une expression de l’Ancien Testament parle de Dieu comme ayant des entrailles de miséricorde. Il nous aime d’un amour dont nous ne pouvons mesurer la profondeur, mais la détresse intérieure de Jésus et son action en faveur de cette veuve, nous en révèlent la portée et la grandeur.

Ce récit, qui est propre à l’évangéliste Luc, survient après une série de miracles que Luc assemble de manière à former un crescendo de plus en plus spectaculaire : guérison d’un lépreux, d’un paralytique, de l’homme à la main sèche, du serviteur du Centurion et finalement ce fils de la veuve de Naïm qui est ramené à la vie. Dans la scène qui suit, Jésus pourra répondre aux envoyés de Jean Baptiste, qui veut savoir s’il est bien le Messie attendu : « Allez dire à Jean ce que vous avez vu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres… »

En somme, l’évangéliste Luc vient nous redire : si tu cherches le vrai bonheur, si tu cherches la vie en plénitude, regarde vers le Christ, car lui il a déjà posé son regard sur toi. Il voit ta peine et ta misère, et il en est saisi de pitié parce qu’il t’aime. Et parce qu’il est plus fort que la mort, avec lui tu pourras triompher de toutes tes morts. Promesse de Jésus Christ !

frère Yves Bériault, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs

Homélie pour le 24e Dimanche. T.O. Année A

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18,21-35.
En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.
Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).
Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”
Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”
Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.”
Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.
Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.
Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.
Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”
Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

COMMENTAIRE

Il est bon de rappeler avant d’entrer dans le vif du sujet que l’évangile de ce dimanche est à lire dans le prolongement de celui de dimanche dernier, où il est question de la correction fraternelle en communauté. C’est dans ce contexte communautaire des disciples que le pardon doit tout d’abord s’accomplir. Mais nous connaissons bien Jésus, et comment le pardon chez lui ne saurait se limiter à un petit cercle d’initiés ou de proches. Il suffit de se rappeler son attitude sur la croix à l’endroit de ceux qui l’ont crucifié. Avec Jésus les notions de pardon et de fraternité s’élargissent aux dimensions de toute l’humanité, et c’est en ayant cela bien en tête que nous nous pouvons maintenant développer notre méditation sur l’évangile de ce dimanche.

Un philosophe juif (Jankélévitch) affirme dans l’un de ses livres, que le pardon est mort dans les camps d’extermination. Il fait allusion au drame de la Shoah, le génocide des juifs dans les camps de la mort pendant la Deuxième Guerre mondiale. Selon cet auteur, il y a des situations où le pardon est impossible sinon il devient obscène. Quotidiennement des drames humains semblent lui donner raison et pourtant l’Évangile nous interpelle…

Comment concilier l’impardonnable avec la prescription de Jésus à ses disciples qui les invite à aimer leurs ennemis, à prier pour ceux qui les persécutent, à pardonner soixante-dix fois sept fois ? Non seulement l’enseignement de Jésus est-il explicite sur ce point, mais il met même en garde ses disciples, les avertissant que Dieu ne saurait leur pardonner leurs torts si eux-mêmes ne pardonnent pas à leur prochain : « C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, dit Jésus, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur ». Pourtant le visage de la violence peut se faire tellement hideux qu’humainement parlant il ne mérite qu’une justice impitoyable, le moindre geste de pardon semblant suspect sinon condamnable.

Cette problématique est vieille comme le monde et Dieu sait combien notre histoire n’est souvent qu’un long tissu de guerres, de vengeances et d’exactions commises au nom de cette justice visant à redresser les torts commis, tentant vainement de réparer l’irréparable. Sans se substituer à la justice humaine, qui est un fondement nécessaire à nos sociétés, le pardon évangélique que propose Jésus nous invite à porter un regard neuf sur celui ou celle qui offense, qui blesse ou qui tue. Un regard de compassion où même la recherche de justice ne saurait être motivée par la haine; un regard sur l’autre tel que vu par les yeux de Dieu; un regard où le désir de vengeance ne saurait avoir le dernier mot.

Ce thème de la vengeance se retrouve dès les origines de l’histoire de la Bible. Déjà, au livre de la Genèse, Dieu anticipe que l’on va chercher à se venger de Caïn pour le meurtre de son frère Abel. Dieu va alors le marquer d’un signe sur le front afin de le protéger, car Caïn aussi est son enfant. Mais ce n’est là que le début d’un cycle infernal. Un descendant de Caïn, Lamek, exprime bien dans son chant sauvage comment évolue cette spirale de la vengeance et de la violence : « Entendez ma voix, femmes de Lamek écoutez ma parole : J’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure. C’est que Caïn sera vengé sept fois, mais Lamek, soixante-dix fois sept fois ! » (Gen 4, 23-24).

La loi du Talion, l’« œil pour œil et dent pour dent » qu’on connaît bien, apparaîtra un peu plus tardivement dans l’histoire d’Israël et viendra témoigner d’un effort réel pour endiguer l’esprit de vengeance, en tentant de limiter les représailles en proportion du mal occasionné par l’adversaire. Mais les pages de la Bible témoignent éloquemment que la spirale de la violence ne saurait être freinée par des lois ou des codes moraux. La violence prend sa source dans le cœur de l’homme et les sages et les prophètes d’Israël ne pourront que rappeler à leurs compatriotes que colère et rancune sont abominables aux yeux de Dieu.

Jésus s’inspire de cet enseignement dans sa prédication aujourd’hui, mais il le pousse à un extrême jamais atteint auparavant lorsque s’inspirant du chant de Lamek, il invite Pierre à pardonner à son frère soixante-dix fois sept fois, affirmant ainsi que l’on ne peut mettre de limite à la miséricorde, puisque al miséricorde de Dieu à notre endroit est sans limites.

Quel défi et quelle exigence que la suite du Christ ! Mais en même temps, il y a dans cet enseignement de Jésus un souffle libérateur qui nous rappelle que Dieu nous accueille tels que nous sommes, avec nos grandeurs et nos misères. Mais, comme le soulignait Mgr Lacroix lors de la journée de lancement de l’année pastorale la semaine dernière : si Dieu nous aime tels que nous sommes, ce n’est pas pour que nous demeurions tels que nous sommes toute notre vie, mais afin que nous fassions de nouveaux progrès dans l’amour !

Trop de fois pourtant l’épreuve de la réalité vient nous rappeler combien le mal peut nous blesser et combien trop souvent le pardon peut nous échapper. Combien de situations où nous avons envie de crier à Dieu : « Tu nous en demandes trop. Pardonner, jamais » ! Pourtant, Jésus dans son évangile nous propose une voie inédite dans la lutte contre le mal et la violence, une arme insoupçonnée dans la rencontre du frère ou de la sœur qui se dresse en ennemi. C’est la force du pardon. Non pas le pardon qui est démission ou qui fait fi de la justice et de la vérité, mais le pardon évangélique qui est capable de porter un regard lucide à la fois sur soi et sur l’autre, qui est capable de voir en cet autre, en dépit de ses fautes, le frère ou la sœur qui s’ égaré, tout comme il nous arrive à nous-mêmes de l’être.

Utopique ? Bien sûr ! Comme tout l’évangile d’ailleurs. Mais parce que notre Dieu est le Dieu de l’impossible, ses paroles deviennent promesses pour nous. S’il nous invite à nous pardonner, s’il nous commande de nous aimer les uns les autres jusqu’à aimer nos ennemis, c’est qu’il nous sait capables d’un tel dépassement quand nous le laissons agir en nous.

Frères et sœurs, en Jésus nos yeux ont contemplé l’Amour à l’œuvre en notre monde et nous savons désormais que seul l’amour qui sait pardonner est vrai et digne de ce nom. C’est dans cette vie du Christ imitée et contemplée que le pardon prend tout son sens pour les chrétiens et les chrétiennes, où il apparaît alors comme la seule force capable de soulever le monde et de transformer les cœurs, en commençant par les nôtres.

Frère Yves Bériault, o.p.

Dominicain. Ordre des prêcheurs

Homélie pour le 23e Dimanche T.O. Année A

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18,15-20.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.
S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins.
S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain.
Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

COMMENTAIRE

La Parole de Dieu en ce dimanche est des plus interpellante, car elle nous invite à examiner sérieusement nos relations les uns avec les autres. Elle vient nous rappeler combien le dialogue est un premier pas vers la réconciliation et vers la paix. Elle vient nous redire combien le prochain, le frère ou la sœur ont du prix aux yeux de Dieu, et combien ils devraient en avoir à nos yeux. Jésus nous rappelle dans l’évangile que nous ne pouvons laisser le prochain se perdre sans dire un mot, le laisser se noyer dans sa misère ou dans ses égarements, tout en gardant les bras croisés.

Vous connaissez sans doute la loi de l’assistance aux personnes en danger ? Dans beaucoup de nos sociétés contemporaines, c’est devenu un crime que de ne pas porter secours à une personne en danger, sous prétexte que nous ne la connaissons pas ou que ça ne nous regarde pas. Comment ne pas reconnaître dans cette loi une trace profonde de l’évangile sur nos sociétés, aussi laïques soient-elles.

Que dire alors de l’invitation que nous fait Jésus de veiller les uns sur les autres, de nous entraider, de nous aider à grandir, et à cheminer ensemble ? Cette prescription évangélique de la correction fraternelle s’applique tout d’abord au contexte de nos communautés chrétiennes, mais elle s’étend aussi à nos familles, à nos amis, à nos milieux de travail. Jésus nous enseigne que nous avons la responsabilité les uns des autres. Prenez l’histoire de Caïn, au livre de la Genèse, qui répond à Dieu : « Suis-je le gardien de mon frère? », après qu’il eût tué son frère Abel, Jésus lui répondrait sans hésiter : « Bien sûr que tu es responsable de ton frère, puisque je te l’ai confié ; comment pourrais-tu prétendre m’aimer, sans porter le souci de ceux et celles que j’aime ? » (Thabut)

Nous sommes les gardiens de nos frères et nos sœurs, et afin de comprendre cet enseignement de Jésus, il est important de nous rappeler que notre foi nous configure au Christ, elle nous fait lui ressembler dans notre souci des pauvres, des marginaux et des pécheurs, surtout les pécheurs. Cela a été le premier souci de Jésus lorsqu’il affirmait qu’il était venu non pas pour les biens portants, mais pour les pécheurs. Et quand nous disons que notre foi nous configure au Christ, cela veut dire que nous sommes appelés à nous laisser transformer par lui, que nous sommes destinés à ouvrir nos cœurs aux dimensions du sien, et ainsi être porteurs de son souci et de son amour pour notre monde.

C’est là l’action de l’Esprit Saint en nous. C’est lui qui nous configure au Christ et qui nous appelle à élargir notre rapport aux autres. Cet autre devient un prochain, un tout proche de moi, un frère ou une sœur dont j’ai la garde, la responsabilité. Je ne puis plus détourner mon regard de ce prochain, surtout lorsqu’il s’égare, lorsqu’il s’en va à sa perte.

Il ne s’agit pas ici de juger ce dernier. Que connaissons-nous de sa misère, de sa désespérance, de la violence qui l’habite ? Mais nous sommes invités à intervenir par Jésus, car c’est la loi de l’assistance évangélique qui entre ici en jeu. « Ce que vous faites au plus petit des miens, c’est à moi que vous le faites, nous dit Jésus. » Car le prochain est non seulement un chemin vers Dieu, mais il est le seul chemin. C’est là un incontournable ! Aller au ciel, ce n’est pas un voyage en solitaire, loin des routes humaines; mais c’est plutôt un voyage de groupe, un voyage organisé où nul ne doit être laissé derrière ! C’est pourquoi le prochain nous est confié, nous en avons la charge, et c’est pourquoi il nous faut demander au Seigneur le courage de nous interpeler les uns les autres quand cela devient nécessaire.

Nous le savons trop bien, les conflits entre nous ont souvent comme point de départ les blessures en manque de guérison, les refus de pardon, les injustices commises, et dont le vif souvenir semble parfois indéracinable. D’où l’importance de porter dans la prière la personne que nous voulons aider, nous confiant en même temps à d’autres membres de la communauté ou à des proches au sujet de la personne que nous voulons aider. Cela veut dire qu’il nous faut prendre le temps de bien discerner afin de ne pas intervenir de façon intempestive ou moralisatrice.

Enfin, il est bon aussi de nous rappeler que les personnes qui s’égarent, comme celles dont parle Jésus dans l’évangile, attendent parfois sans le savoir, que quelqu’un enfin se lève, se manifeste auprès d’eux, leur signifiant ainsi qu’elles ne sont pas seules, laissées à la dérive dans l’indifférence générale. C’est cela aussi l’assistance évangélique. Mais ce sont là des pas qui coûtent bien sûr, et qu’il nous faut confier au Seigneur afin de trouver les bons mots, la manière d’aborder l’autre, le courage et souvent la patience de bien faire les choses.

Nous le savons, vivre l’évangile est coûteux, inutile de nous le cacher. L’évangile, j’oserais dire, n’est pas fait pour les mauviettes! C’est une voie exigeante dans laquelle Jésus nous entraîne, mais nous avons cette assurance que nous pouvons compter sur lui afin de nous soutenir, de nous donner courage et surtout de mettre en nous son amour, puisqu’il nous appelle à servir comme lui et être ainsi des artisans de paix et de réconciliation.

En terminant, voici une histoire qui pourrait nous aider à mieux comprendre l’actualité de cet évangile. Il s’agit d’un court récit composé par l’écrivain Ernest Hemingway.

Dans cette histoire, un père Espagnol fait mettre une annonce dans le journal local en espérant que son fils, qui a fui la maison paternelle après un méfait, puisse entendre son appel. Il fait mettre son texte en gros caractères sur une pleine page du journal. On peut y lire ce qui suit : « Cher Paco. Je t’en prie. Viens me rencontrer demain à midi devant les bureaux du journal. Tout est pardonné. Ton papa qui t’aime. » Le lendemain, le père se présente à l’endroit convenu espérant y voir son fils, mais il y a là une foule rassemblée devant les bureaux du journal. Ils sont près de huit-cents jeunes hommes, qui s’appellent tous Paco, et ils sont là dans l’espoir de voir leur père dont ils ont entendu l’appel.

Frères et sœurs, qui sait si à travers nos mains tendues, notre écoute attentive, nos conseils empreints de tendresse, nous ne permettrons pas à un Paco de retrouver le chemin de la maison et sa dignité d’enfant de Dieu.

Yves Bériault, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs

Homélie pour le 22e Dimanche T.O. Année A

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 16,21-27.

En ce temps-là, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter.
Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. »
Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera.
Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ?
Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. »

COMMENTAIRE

Dans ce récit l’apôtre Pierre nous livre sa profession de foi quant à l’identité de Jésus, mais il faut bien reconnaître qu’il n’en saisit pas encore le profond mystère. De plus, il est incapable d’accueillir ce qu’implique la mission de Jésus et jusqu’où va le don qu’il veut faire de lui-même, alors que ce dernier invite ceux qui veulent être ses disciples à prendre leur croix comme lui.

Nous connaissons bien cette expression « porter sa croix ». Elle dépasse largement le cercle des chrétiens et cette croix est sans contredit le symbole le plus connu au monde. On la porte comme un bijou, on la retrouve encore en bordure de nos routes, ou dans nos maisons. On la voit au loin sur plusieurs montagnes du Québec, on la retrouve même à notre assemblée nationale. C’est aussi avec cette croix que nous catholiques nous nous marquons ou sommes marqués lorsque nous entrons en célébration, ou lorsque nous recevons les sacrements.

La croix est un symbole puissant et terrible à la fois. La preuve en est que l’Église a mis du temps à adopter cette croix comme signe visible de son attachement à Jésus Christ. La première représentation du Christ qui apparaît chez les chrétiens n’a pas été la croix, mais le poisson au IIsiècle. C’est qu’en grec le mot « poisson » s’écrit : IXΘYΣ, ou ichthus, et chacune des lettres grecques de ce mot forme un sigle où les initiés peuvent y lire : « Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur ». Un signe peu compromettant permettant alors aux chrétiens de se reconnaître entre eux.

À la même époque, on retrouve dans les catacombes des fresques représentant la Dernière Cène et, plus tard au troisième siècle, Jésus sera représenté sous les traits du Bon berger. Mais ce n’est qu’au IVe siècle que l’on voit apparaître l’image de la croix. Il aura donc fallu attendre plus de trois siècles avant que la croix ne soit utilisée comme signe visible de leur foi par les chrétiens.

Cette croix a tellement marqué l’imaginaire depuis deux mille ans qu’elle demeure une image de référence pour évoquer nos souffrances et nos épreuves. Mais elle évoque bien plus que cela pour nous chrétiens. Il nous suffit de relire le dialogue entre Pierre et Jésus dans l’évangile aujourd’hui pour en comprendre le sens.

Ainsi quand Pierre s’oppose à Jésus lorsque ce dernier évoque sa passion à venir, Jésus lui répond : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute ! » Ces dures paroles de Jésus à Pierre nous révèlent tout d’abord combien tout au long de sa vie terrestre Jésus a eu à affronter la tentation de fuir, de renoncer à sa mission. Sa prière se fera même suppliante au jardin de Gethsémani afin que cette croix lui soit évitée. Mais il est fidèle à son Père et son amour pour notre humanité est sans borne. Étant venu pour nous sauver, Jésus garde le cap, et tout en voyant se profiler sa passion à l’horizon, il accepte cette croix et il la portera jusqu’au Calvaire en notre nom.

C’est pourquoi Jésus traite Pierre de Satan qui cherche à le détourner de sa mission, cette mission qui nous rend participants à la sienne. C’est pourquoi Jésus nous invite à notre tour à porter nos croix. Non seulement la croix d’un quotidien parfois exigeant et difficile, mais aussi la croix râpeuse de nos vies marquées par les exigences de l’évangile, cette croix qui est renoncement à nous-mêmes, qui est don de soi au nom de Jésus, lui qui nous invite à marcher avec lui alors qu’il nous murmure à l’oreille : « Ayez confiance, je suis vainqueur du monde. »

Malgré la souffrance qu’elle évoque, la croix de Jésus oriente notre regard bien au-delà de la fragilité de nos existences, car il nous invite à porter cette croix avec lui, à marcher dans la confiance avec lui. Jésus le dit bien : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Jésus nous rappelle que nous ne sommes pas seuls quand nous portons nos croix, car si nous sommes invités à marcher avec lui, c’est que lui le premier a marché avec nous.

Porter sa croix avec le Christ, c’est donc entrer dans un long compagnonnage avec Jésus tout au long de notre vie, c’est aller à son école, c’est apprendre à prier avec lui, à tenir bon avec lui, à veiller avec lui quand nous sommes confrontés à nos propres Gethsémani. Porter sa croix avec le Christ, c’est lui demander de nous guider et de nous soutenir à travers les épreuves et les engagements de nos vies, afin que l’obscurité ne l’emporte pas sur la lumière.

Frères et sœurs, ils sont nombreux les témoins autour de nous qui vivent leur vie à la lumière de leur foi en Jésus-Christ, qui portent leur croix avec lui. Il nous suffit de regarder autour de nous ce matin en cette église. Combien de témoignages nous pourrions entendre ! Rien d’héroïque à vue humaine, et pourtant ces combats quotidiens menés avec foi n’ont rien à envier à la foi des martyrs.

Voici en terminant, un témoignage qui m’a beaucoup touché de la part d’un couple d’amis. Marie, jeune maman de trois enfants, écrivait ce qui suit :

Chers ami(e)s,

Nous venons vous demander votre soutien dans la prière, car nous venons d’apprendre que notre petit Alexis est atteint d’une anomalie génétique rare, qui peut expliquer les retards de développement qu’il présente actuellement. Nous nous préparons à devoir faire subir toute une panoplie d’examens médicaux à notre « Petit Lou ». Sa joie de vivre et notre foi en Dieu nous aident, dans le moment, à affronter cette épreuve, mais nous passons par toutes les émotions, d’autant plus que nous faisons face à beaucoup d’inconnu… Nous vivons la phrase de l’Évangile : « À chaque jour suffit sa peine. » Et nous remplissons nos cœurs de parents des sourires et de l’amour redonné par Alexis et ses grands frères. Malgré cela, sachez que nous vous portons dans nos prières, particulièrement ceux et celles qui vivent également des choses difficiles.

Frères et sœurs, ce témoignage tout simple nous rappelle que c’est notre suite du Christ qui nous permet d’avancer avec confiance dans la vie, car sa croix n’est-elle pas le signe de l’amour fou de Dieu pour nous et de notre victoire ultime sur le mal et sur la mort. C’est cette foi qui nous rassemble en Église ce dimanche autour de notre eucharistie.

Yves Bériault, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs