Lettre à Dieu de l’abbé Pierre

«Père, je vous aime plus que tout. Je ne supporte de vivre si longtemps que par cette certitude en moi : mourir est, qu’on le croit ou non, Rencontre. (…) Trop de mes frères humains restent au bord de vous aimer. Pitié pour eux et pitié pour l’Univers. Père, j’attends depuis si longtemps de vivre dans votre totale présence qui est, malgré tout, Amour.»

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« Qu’ils soient un! »

Le mouvement oecuménique, est une réalité toute récente dans l’histoire de l’Église. Non pas qu’à travers les siècles, il n’y ait pas eu de tentatives de rapprochement entre les parties divisées du Corps du Christ, mais l’oecuménisme est un mouvement qui s’est développé en-dehors d’une décision d’autorité ou de rencontres entre chefs d’Églises. C’est un mouvement qui a ses racines dans le peuple de Dieu. Il s’est imposé comme une nécessité aux yeux d’un grand nombre de chrétiens et de chrétiennes, pour qui l’oecuménisme est un fruit de l’Esprit. Ce mouvement vise à rendre actuelle la prière que Jésus faisait à son Père, peu de temps avant sa passion :  » Qu’ils soient un comme nous nous sommes un ! »Bien sûr, il y a encore loin de la coupe aux lèvres et l’idéal de l’unité dans l’Église demeurera toujours un défi, et ce, jusqu’à la fin des temps. Mais Jean-Paul II lui-même a fixé l’arrivée du troisième millénaire comme un moment privilégié à saisir pour l’Église, afin qu’elle s’engage plus résolument sur la voie de la communion. Cette recherche est un devoir moral qui incombe non seulement à toutes les Églises, mais à tous les chrétiens et chrétiennes. Comme le soulignait Mgr Pezeril :  » Il n’y aura jamais de désaveu plus sévère par Dieu de nos désunions que cette grâce, répandue en nous tous par son Esprit, de l’invoquer, de le chanter, de l’aimer, de nous perdre en lui.  » (tiré de Congar, Yves. Je crois en l’Esprit Saint. Tome II. Cerf, 1979. p. 261).

L’on dit que le plus long des voyages commence par un pas.

Semaine de l’unité des chrétiens

A chaque année, partout dans le monde, cette semaine est consacrée à l’unité des chrétiens. C’est une semaine de prière, de rencontres et de réflexions, visant à permettre un rapprochement entre les différentes confessions chrétiennes. Il serait tentant d’appeler cette semaine « la Semaine de prière » pour l’unité des théologiens et des chefs d’Église. Car il serait aisé d’affirmer que nous n’y sommes pour rien si les Églises sont séparées et que c’est en haut lieu que ces questions se sont décidées, entre chefs d’Églises, entre rois et chefs de guerre. Les peuples ont tout simplement suivi. L’on pourrait nous comparer aux enfants du divorce qui, sans être responsables du divorce de leurs parents, doivent continuer à vivre avec l’un des deux, entre les deux. Naturellement, en rester à une telle vision serait un peu simpliste, car nous avons un rôle à jouer vis-à-vis l’avenir, et ce serait s’illusionner que de penser que les germes de divisions qui déchirent l’Église ne sont pas aussi en nous.Cette semaine de l’Unité des chrétiens n’est donc pas tout à fait une fête. On ne peut quand même pas célébrer une blessure, surtout lorsqu’elle atteint tout le corps du Christ et qu’elle devient un scandale pour plusieurs, qu’ils soient chrétiens, incroyants ou membres d’une autre religion. Mais nous pouvons quand même à l’occasion de cette semaine prendre la mesure de la distance parcourue sur le chemin de l’unité et constater à quel point le XXe siècle a marqué un tournant majeur et irréversible dans cette recherche de l’unité perdue. La détermination d’un Jean-Paul II ou d’un Benoît XVI ne fait qu’illustrer à quel point l’Église prend au sérieux ce défi de retrouver la pleine communion avec nos frères et sœurs dans le Christ.

Cette semaine de l’unité est paradoxale puisqu’elle nous invite à nous ouvrir davantage au dialogue avec les autres confessions chrétiennes, ce qui est réjouissant, et, en même temps, cette semaine n’a de sens que si elle est vécue en quelque sorte comme un mini-Carême, un temps de pénitence et de prière pour l’unité, un temps pour se reconnaître à la fois pécheurs et blessés par cette situation. Le manque d’unité entre les chrétiens ne peut que nous faire souffrir si nous aimons véritablement l’Église.

Paul VI disait : »L’on ne peut aimer le Christ si l’on n’aime pas l’Église ». Et il me semble que cette semaine de l’Unité est une semaine idéale pour réfléchir non seulement sur notre attitude à l’endroit des chrétiens des autres confessions, mais aussi sur notre manière d’appartenir à l’Église. Car les divisions ont leur source au coeur même des hommes et des femmes qui forment l’Église, et qui oublient trop souvent que d’être appelés Peuple de Dieu veut dire aussi être membres d’un seul Corps qui est le Christ.

Nul n’est croyant pour lui-même. Ce n’est pas uniquement à titre d’individus que nous sommes croyants, mais c’est avant tout à titre de Peuple de Dieu, dont chacun de nous est un membre essentiel et indispensable. Le croyons-nous vraiment que nous sommes une part indispensable du Corps du Christ ? Et si nous le croyons, il nous faut en arriver à la même conclusion pour tous nos frères et sœurs du monde entier.

Cet idéal nous échappera toujours ici-bas dans sa pleine réalisation, car nous sommes pécheurs. Mais en cette semaine de l’Unité, nous nous tournons vers Dieu, vers son Christ, afin de nous rappeler que c’est en lui et par lui que se fera notre unité définitive en Église, une Église une et universelle. Car comment pourrions-nous aimer le Christ si nous n’aimons pas l’Église et tous ceux et celles qui en sont les membres.

Déjà vendredi

Déjà vendredi et je n’ai rien écrit de la semaine… Plusieurs projets qui mijotent et qui laissent peu de temps au temps. Hier soir, c’était le groupe biblique, un groupe que j’anime depuis septembre dernier et où je m’émerveille toujours devant la foi des gens. Une foi simple, entière et tenace, qui ne se paye pas de mots ou de formules. Qui est! tout simplement. Qui endure, qui assume sans avoir toutes les réponses. C’est une foi têtue, qui espère parfois contre toute espérance, et qui est belle à voir.

C’est ma grâce que d’être le témoin de la foi des gens et qui chaque fois me fait dire: « Oh! Comme j’aimerais donner la foi si c’était en mon pouvoir! » Un peu comme l’on donne de son sang à la Croix-Rouge. Il me reste mon désir et ma prière. Et Dieu, bien sûr, qui s’arrange avec tout cela.

Et pourquoi ne pas finir la semaine avec ce beau texte de Charles Péguy:

La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’espérance.
La foi ça ne m’étonne pas
Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans la création.
Dans le soleil et dans la lune et dans les étoiles.
Dans toutes mes créatures.
Dans les astres du firmament et dans les poissons de la mer.
Dans l’univers de mes créatures…
La charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas.

Mais l’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne
Moi-même.
ça, c’est étonnant

La Foi est une épouse fidèle
La Charité est une mère…
L’espérance est une petite fille de rien du tout…
C’est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes,
Cette petite fille de rien du tout.

Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.

(Le Porche du Mystère de la Deuxième Vertu)

Le problème du mal

Dans son magnifique volume « L’évangile intérieur » Maurice Zundel aborde la question du mal. Il a ces paroles belles et profondes:

« Il y a des douleurs si grandes qu’elles vous laissent sans paroles. On éprouve devant elles une sorte de honte de sa propre sécurité. On voudrait oublier tout ce qui n’est pas en harmonie avec la détresse dont on est témoin, on voudrait se cacher dans l’ombre d’une prière silencieuse, pour envelopper les êtres qui souffrent de la seule Présence qui n’est jamais étrangère. »

Et si l’au delà était au-dedans ?

Poème anonyme

Il y a la joie qui vient du dedans et il y a celle qui vient du dehors.

Je voudrais que les deux soient tiennes,
Qu’elles remplissent les heures de ton jour,
et les jours de ta vie;
Car lorsque les deux se rencontrent et s’unissent,
il y a un tel chant d’allégresse
que ni le chant de l’alouette
ni celui du rossignol
ne peuvent s’y comparer.
Mais si une seule devait t’appartenir,
Si pour toi je devais choisir,
Je choisirais la joie qui vient du dedans.

Parce que la joie qui vient du dehors
est comme le soleil qui se lève le matin
et qui, le soir, se couche.
Comme l’arc-en-ciel qui paraît et disparaît;
Comme la chaleur de l’été qui vient et se retire;
Comme le vent qui souffle et passe;
Comme le feu qui brûle puis s’éteint…
Trop éphémère, trop fugitive…
J’aime les joies du dehors.
Je n’en renie aucune.
Toutes, elles sont venues dans ma vie quand il fallait…

Mais j’ai besoin de quelque chose qui dure;
De quelque chose qui n’a pas de fin;
Qui ne peut pas finir.
Et la joie qui vient du dedans ne peut finir.
Elle est comme une rivière tranquille, toujours la même;
toujours présente.
Elle est comme le rocher,
Comme le ciel et la terre qui ne peuvent ni changer ni passer.

Je la trouve aux heures de silence,
aux heures d’abandon.
Son chant m’arrive au travers de ma tristesse et de ma fatigue;
Elle ne m’a jamais quitté.
C’est Dieu;
c’est le chant de Dieu en moi,
Cette force tranquille qui dirige les mondes et qui conduit les hommes;
et qui n’a pas de fin, qui ne peut pas finir.

Il y a la joie qui vient du dedans et il y a celle qui vient du dehors.
Je voudrais que les deux soient tiennes.
Qu’elles remplissent les heures de ton jour et les jours de ta vie…
Mais si une seule devait t’appartenir
Si pour toi je devais choisir,
Je choisirais la joie qui vient du dedans.