Prière et silence

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« On pense ne pas savoir prier. C’est dans le fond sans importance, car Dieu entend nos soupirs, connaît nos silences. Le silence est le tout de la prière et Dieu nous parle dans un souffle de silence, il nous atteint dans cette part de solitude intérieure qu’aucun être humain ne peut combler. »

Frère Roger Schutz (Taizé)

Le silence

Maurice Zundel

« Le silence est forme d’ouverture, de démission, de pauvreté. S’il est impossible de rencontrer la beauté et l’amour en dehors du silence, c’est que Dieu est silence, comme Il est pauvreté. »

Maurice Zundel. Dialogue avec la Vérité. DDB, Paris, 1964. p. 167

Solidarité avec le peuple tibétain

Après presque 50 ans de règne chinois, les tibétains lancent un appel mondial pour le changement. Le régime chinois est en ce moment même en train de faire un choix crucial entre une répression encore plus dure et le dialogue. Le Président Hu Jintao a besoin d’entendre que le « Made in China » et les Jeux Olympiques de Pékin n’auront le soutien des peuples du monde que s’il choisit le dialogue. Mais il faudra une avalanche de pouvoir populaire mondial pour obtenir son attention.

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Cliquez ci-dessous pour signer la pétition. En seulement 3 jours, la campagne est déjà à mi-parcours de son but d’1 million de signatures!

http://www.avaaz.org/fr/tibet_end_the_violence/

« Un esprit n’a pas de chair ni d’os » (Lc 24, 35-48)

Les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.
Comme ils en parlaient encore, lui-même était là au milieu d’eux, et il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Frappés de stupeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement.
Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux. Puis il déclara : « Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
Alors il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures. Il conclut : « C’est bien ce qui était annoncé par l’Écriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins. »

Copyright AELF – Paris – 1980 – Tous droits réservés

Comme cette réalité du Christ ressuscité est fascinante. Contrairement à un esprit, il se laisse voir après sa résurrection avec sa chair et ses os. Devant les apôtres se tient un corps ressuscité, réalité eschatologique (à venir) pour tous les enfants de Dieu. Jésus ressuscité apparaît en tant que Seigneur, et toute la création est remise entre ses mains. En son nom, les péchés sont pardonnés, la vie dans l’Esprit est donnée à profusion à tous ceux et celles qui croiront en Lui. C’est le grand mystère de la résurrection et c’est le plus grand don jamais fait par Dieu à l’humanité, car en jésus nous avons la vie éternelle.

C’est comme si, à l’inverse d’une éclipse du soleil, la splendeur éternelle de Dieu s’était révélée aux disciples après la résurrection. Jésus leur apparaît et il en fait des témoins, afin que leur annonce puisse ensuite retentir aux quatre coins de l’univers. Et jusqu’à ce jour, nous en entendons encore l’écho bien vivant et sonore.

C’est Urs von Balthazar qui affirme au sujet des apparitions de Jésus après sa mort :

« Dieu se fait voir. Il a pris une figure et s’est laissé voir, entendre, toucher. C’est ce qu’on voit le mieux à la manière dont sont décrites les apparitions du Ressuscité: Jésus apparaît d’une façon si réellement incarnée qu’elle va contre toutes les éventuelles prises de postion, attentes, espérances, ou craintes des disciples et les force à s’incliner; quand leurs yeux et leurs oreilles ne suffisent pas, ils doivent encore le toucher; quand celui-ci non plus ne suffit pas pour réveiller leur foi, ils doivent présenter à Jésus nourriture et boisson qu’il consomme devant leurs yeux. »

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Balthasar, Urs von. La gloire et la croix. Tome 1 : Apparition. no. 61. Aubier,1965. p. 263

Baptême au Vatican

Sans doute avez-vous lu ou entendu la nouvelle au sujet du baptême d’un journaliste italien par le pape Benoît XVI. Bien que non-pratiquant depuis son adolescence, ce journaliste était musulman. Après le discours de Ratisbonne, après la rencontre du pape avec des représentants des 137 intellectuels musulmans qui lui avaient adressé une lettre ouverte militant en faveur d’un dialogue islamo-chrétien, comment réagissez-vous devant cette initiative du Vatican?

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Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité!

JOYEUSES PÂQUES

« La Résurrection du Christ fait penser à la première éruption d’un volcan, signe du feu qui dévore les entrailles de la Terre. C’est bien de cela dont il s’agit, et dont Pâques est le signe. Déjà dans les profondeurs les plus secrètes du monde, brûle le feu de Dieu, dont la flamme portera toutes choses à l’incandescence bienheureuse. Déjà à partir du coeur intime du monde où sa mort l’avait fait descendre, des forces nouvelles, les énergies du monde transfiguré, sont au travail. Déjà, au plus profond de toute réalité, la vanité, le péché et la mort sont vaincus. Et il ne doit plus s’écouler que ce petit intervalle de temps que nous appelons l’Histoire après Jésus Christ pour que partout, et non pas seulement dans le corps du Christ, se manifeste ce qui est vraiment arrivé. »

(Rahner, Karl. Une foi qui aime. Salvator, 1966.)

Une rencontre inoubliable

En lien avec cette session que je dois donner sur Etty Hillesum, j’ai rencontré ce matin un survivant de l’holocauste. Un homme qui a connu les camps d’Auschwitz et de Bergen-Belsen. Un homme de 80 ans, un juif roumain, dont toute la famille a été décimée. Nous nous étions donné rendez-vous dans un centre commercial, sans nous être jamais rencontrés auparavant. Il m’a tout simplement été recommandé par le Centre commémoratif de l’Holocauste de Montréal, afin de donner un conférence dans le cadre de la session que je dois donner.

Quelle rencontre! Immédiatement, nous nous sommes liés d’amité. Il m’a parlé pendant une heure et demie, sans interruption, pleurant parfois devant l’intensité des souvenirs. Très vite un climat de confiance et d’intimité s’est tissé entre nous, nous prenant parfois les mains en signe de soutien, une façon de porter ensemble la douleur qu’il me partageait. Je me suis retrouvé avec un frère en humanité qui ne comprend toujours pas pourquoi son peuple est sans cesse persécuté et je ne comprends pas moi non plus, même si je connais les tenants et aboutissants de cette tragique histoire des juifs et des chrétiens.

Comme prêtre catholique, je me sentais mal à l’aise à écouter les humiliations subies par cet homme de la part de bons catholiques du Québec, par exemple, dans les années cinquante, le refus d’une religieuse de le soigner parce qu’il était Juif, ou encore un hôtel des Laurentides affichant « Pas de chiens, pas de Juifs ». Ce n’est pas que je me sentais coupable de ces faits en l’écoutant, mais j’éprouvais de la honte devant ce qu’il avait dû subir dans sa vie de la part de personnes portant le nom de « chrétien », et ce, même au Canada.

Pourtant, rien dans son récit n’était porteur de rancœur ou de reproches. Il voulait surtout se dire et tenter encore une fois de comprendre l’incompréhensible. En écoutant son récit, je touchais surtout sa peine et je pleurais avec lui. Il m’avoua qu’il n’avait jamais voulu raconter son histoire à ses enfants afin de ne pas mettre la haine des Allemands dans leur coeur.

Ce matin, j’ai rencontré un homme bon, un homme qui porte une grande blessure et pour qui il faut prier sans doute, mais peut-être est-ce nous qui avons surtout besoin de sa prière.

Difficile anonymat

J’ai réfléchit à la demande que me faisait une lectrice au sujet de mon identité, il y a de ça quelques mois. Il est évident que le fait de garder l’anonymat m’empêche d’aborder certains sujets ou certaines situations, car alors certaines personnes me reconnaîtrait immédiatement. Par ailleurs, cela complique énormément la tâche d’un blogueur. J’ai donc décidé de passer aux aveux et de révéler mon identité.Oui le Moine ruminant c’est moi! Voilà, c’est fait. Désormais, j’espère pouvoir partager davantage de choses reliées à mon quotidien. Par exemple, le fait que je sois maître des novices, ou que je me prépare à donner une session sur Etty Hillesum.

J’aime l’hiver!

Inévitable! On ne peut y échapper, nous aimons parler de nos hivers ici au Québec. Cette année nous avions déjà reçu plus de 400 cm de neige dans la région de Québec et voilà, qu’hier et toute la nuit, nous est tombé dessus cinquante centimètre de plus, sans compter les vents de 90 km/h. Un véritable ouragan d’hiver. Quelle puissance de la nature.Extraordinaire! J’en ai profité pour marcher dans les rues, au risque de me faire emporter. Que voulez-vous, j’aime l’hiver! Certains diraient « contre mauvaise fortune il faut faire bon coeur », mais ce n’est pas mon cas, non, pas du tout. Je plains tous ceux et celles qui de par le monde n’ont jamais connu l’hiver, le véritable hiver comme nous avons la chance del’avoir ici au Canada. Quelle blancheur, quelle lumière et quelle fraîcheur! L’hiver, c’est un hymne à la vie!

Ce matin, la neige à la porte de notre couvent nous allait sous les aisselles. Sérieux! Six frères du couvent, en plus d’un bon samaritain qui n’a jamais voulu nous dire son nom, se sont mis à la tâche avec des pelles de toutes sortes et, une heure plus tard, le déblaiement terminé, nous allions chez notre voisine afin de déneiger son entrée de maison, elle qui ne pouvait plus sortir depuis 24 heures à cause de la neige accumulée. De plus, elle habite sur la rue des Dominicains. Il fallait bien faire honneur à ce nom. Elle pleurait tellement elle était émue de notre visite surprise. Ah! que c’est bon l’hiver!

Voici en terminant un poème bien connu ici au Québec, dont les premiers versets nous viennent aux lèvres dès qu’il se met à neiger. Il a été écrit par un grand poète de chez nous, Émile Nelligan :

Soir d’hiver

Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai!

Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire: Où vis-je? Où vais-je?
Tous ses espoirs gisent gelés:
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.

Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À tout l’ennui que j’ai, que j’ai!…

Dialoguer avec l’Islam

Lors d’une entrevue avec le journal La Croix, le P. Étienne Renaud, directeur des études de l’Institut pontifical d’études arabes et islamiques (Pisai) à Rome, est interviewé au sujet de la rencontre de Benoît XVI avec quatre représentants musulmans. Interrogé au sujet de la pertinence du dialogue entre le christianisme et l’Islam, il rappelle les difficultés d’un dialogue théologique avec l’Islam, puisque le Coran ne reconnaît ni la divinité du Christ, ni sa crucifixion et encore moins le grand mystère de la Rédemption. Ce qui distingue entre autres l’Islam et le christianisme, dit -il, c’est que dans l’Islam « Dieu donne » et dans le christianisme « il se donne ».Où alors trouver un terrain de dialogue? Le P. Renaud répond :

« … pour moi, le vrai dialogue, c’est ce que l’on a coutume d’appeler dialogue spirituel, lorsque chacun peut rendre compte, dans une grande liberté mutuelle, de son expérience de Dieu. Alors, on ne se trouve plus face à face, mais on regarde ensemble vers Dieu. »

Abraham Lincoln : « Ne soyons pas pressés de dire que Dieu est de notre côté. Prions pour être du côté de Dieu. »