A l’époque où j’ai fait l’expérience de ma conversion je travaillais comme psychologue depuis environ un an et demi. J’avais été formé dans une tradition très séculaire et anti-cléricale, ce qui me semble être encore la situation aujourd’hui. Mon expérience de foi n’a pas été seulement une adhésion à un credo. Je dirais que cette expérience n’a surtout pas été cela. J’ai utilisé le mot expérience et, par définition, cela nous situe au-delà des concepts, des définitions et des dogmes.Mon expérience de foi m’a fait vivre tout d’abord une expérience de rencontre spirituelle qu’il est difficile de décrire, non pas parce que cette expérience serait floue, au contraire, mais par respect, par pudeur devant ce mystère que j’ai appréhendé lors d’un moment de prière. Mais toujours est-il que les mois qui ont fait suite à cette expérience m’ont permis de réaliser que la foi en Dieu était quelque chose de mouvant, de vivant. J’ai fait l’expérience d’une relation, d’une vie en moi m’appelant à redéfinir sans cesse mon rapport avec le monde, les autres, Dieu et moi-même. Je vivais un processus de croissance, ma vie spirituelle s’épanouissait peu à peu, je découvrais la prière, la relation à Dieu, je prenais conscience d’être appellé à redéfinir constamment ma relation à Dieu. De mettre peu à peu de côté la recherche de consolations ou d’exaucements, afin d’entrer davantage dans la gratuité de cette relation et, surtout, de redécouvrir l’autre, le prochain.
Je ne pouvais en douter, la vie spirituelle était quelque chose de vivant, avec ses lois propres. Les vies de saints et des saintes, les traités de spiritualité, ne venaient que confirmer ma propre expérience. Mes rencontres avec d’autres croyants et croyantes me faisaient rencontrer des complices, non pas parce que nous faisions partie d’une même « mouvement » ou « Église », mais parce que nous découvrions chez un semblable la joie d’être habité par un même mystère, une même présence. Je ne pouvais plus en douter: la croissance spirituelle avait ses lois propres, son dynamisme tout comme la croissance psychologique, la croissance psycho-affective. Ses lois d’ailleurs, n’étaient pas tellement différentes, puisqu’elles touchaient elles aussi l’ordre du relationnelle et de l’identité personnelle.
C’est pourquoi je demeure convaincu que la croissance psychologique atteint son plein développement lorsqu’elle est capable d’intégrer la dimension spirituelle, la relation au Tout-Autre, Lui qui est à l’origine de toute vie et de toute croissance.
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