Exposition : La Vierge et l’Enfant

Les Vierges à l’Enfant placées sous le signe de la tendresse se multiplient à partir du XIII siècle et connaissent une fortune immense jusqu’à aujourd’hui. Le site « Spiritualité 2000 » vous offre pour la saison de l’Avent et de Noël, une magnifique exposition intitulée La Vierge et l’Enfant chez les Maîtres du Moyen-Âge et de la Renaissance.

La Présentation au Temple, de Giovanni Bellini

La Présentation au Temple, de Giovanni Bellini

Une espérance têtue!

Notre Dame de l'Avent

Notre Dame de l'Avent

« Convertissez-vous, préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. » Ces consignes évangéliques ne sont pas nouvelles pour nous. Chaque année, et tout au long de l’année, elles nous sont répétées, afin de nous rappeler les exigences de la suite de Jésus Christ. Elles nous sont rappelées de peur que nous nous arrêtions en chemin, que nous oublions quelle espérance têtue et obstinée doit nous animer dans notre vie de foi de tous les jours. Car notre foi est une foi qui espère! La liturgie est une pédagogue et le temps de l’Avent se présente à nous comme une mise en scène liturgique qui veut nous aider à découvrir combien est belle cette espérance qui doit nous habiter à cause de la venue du Fils de Dieu en notre monde.

Le temps de l’Avent vient nous aider à approfondir cette joie qui doit être la nôtre au moment de célébrer la naissance du Sauveur. Car il n’y a pas de plus grand bonheur que d’entrer dans cette connaissance de Dieu qui nous est donnée avec la venue de son Fils. C’est là le cœur de notre foi. Et l’Avent nous prépare à cette fête en nous rappelant par les textes de la Parole de Dieu, combien grande était l’attente du Messie avant qu’il se manifeste à Bethléem, dans une étable. Le temps de l’Avent vient nous dire que cette espérance, il nous faut la vivre dans le quotidien de nos vies, et ce, jusqu’à ce que le Seigneur Jésus revienne à la fin des temps, car il ne cesse de se donner à nous chaque jour.

Le monde a-t-il vraiment changé depuis cette nuit de Bethléem? Est-ce que la venue du Christ a véritablement changé le visage de notre terre? Nous ne savons pas comment aurait évolué notre monde sans cette influence déterminante du christianisme sur l’histoire et la pensée humaine, mais ce que nous savons, c’est que la suite du Christ a transformé radicalement la vie d’une multitude d’hommes et de femmes au cours des siècles, qui ont pris sur eux-mêmes, au nom de l’Évangile et de leur amour de Dieu et du prochain, de transformer cette terre, d’inaugurer des relations de paix, de justice et de miséricorde partout où ils passaient.

Il ne s’agit pas ici d’une espérance « à la petite semaine », d’une espérance facile et béate. Elle est profonde comme la mer cette espérance à l’image de la connaissance du Seigneur qui nous est promise. Cette espérance, elle est de tous les combats, de toutes les luttes, et c’est elle qui nous rend capables de nous engager, de nous aimer les uns les autres, de pardonner, de changer nos cœurs, de recommencer quand tout s’écroule, de reconstruire… C’est cette espérance têtue et obstinée que nous demandons au Seigneur de renouveler en nous en ce temps de l’Avent.

« Et vous, où étiez-vous ? »

Monique, une fidèle lectrice de ce blogue, m’a écrit pour me partager ce qu’elle a ressentie à lecture de mon voyage au pays d’Etty Hillesum. Elle m’a parlé de ses souvenirs de l’après-guerre en Europe et m’a demandé à la fin de son courriel : Et vous, vous étiez où durant ces années là ? Voici ce que je lui ai répondu :

Adolf Eichmann

Adolf Eichmann

Quant à moi, je suis né deux ans après la guerre. Mon père a passé quatre ans en Angleterre, dans l’armée de terre, et mon enfance a été marquée par les souvenirs de guerre de mon père et, surtout, les reportages qui sortaient dans les années 50 au sujet de cette guerre et des camps d’extermination. Le monde découvrait alors avec horreur cette réalité. Ainsi, je n’avais que douze ans et pourtant je me souviens de l’enlèvement à Buenos Aires d’Adolf Eichmann, l’un des bourreaux du IIIe Reich, et qui fut jugé et pendu à Jérusalem en 1960.

Il est certain que nous ne vivons pas les souvenirs de cette guerre en Amérique comme peuvent les vivre les Européens. Un océan nous sépare de ce que fut cette période cruelle; de plus, nous n’avons pas connu les combats sur notre territoire. Néanmoins, la Shoah sera toujours pour moi comme le lieu ultime où l’homme est appelé à s’interroger sur les forces du mal qui l’habite. C’est pourquoi mon intérêt pour cette période est comme un devoir de mémoire et de solidarité envers et avec les persécutés. À travers les ombres et les lumières de cette période, c’est un peu le mystère de l’homme qui se laisse saisir, je crois, et, par le fait même, un peu du mystère de Dieu. C’est pourquoi Etty Hillesum me semble être une figure tellement importante pour comprendre un peu cette époque, comprendre comment l’on peut préserver sa dignité humaine, lorsque confronté au mal. Comme le souligne Sylvie Germaine dans son livre Etty Hillesum :

« Non seulement la prière d’Etty Hillesum ne réclame rien (sinon la force de persévérer et de s’épandre plus amplement) mais elle consent à tout ce qui est et advient. « Il y a place pour tout dans une vie, écrira Etty dans son journal, pour la foi en Dieu et pour une mort lamentable. » (I, p. 136.) Elle ne demande jamais de comptes à Dieu, estimant même que c’est l’inverse, que les milliers, millions de crimes commis ne sont pas imputables à Dieu, mais aux hommes – à la folie humaine. »

« Elle va plus loin encore dans le retournement de la responsabilité du mal : elle ne se contente pas d’en innocenter Dieu, elle le considère comme étant la première victime du déferlement de haine et de violence qui sévit autour d’elle… Dieu gît dans les fossés de l’Histoire embrasée par la guerre, « à demi mort » dans les ruines de l’amour. À demi mort de trahison, de violences subies, et également d’oubli, d’indifférence, d’abandon. La guerre ne ravage et ne rase pas seulement les villes, les champs, les forêts, les villages, mais surtout les peuples, et jusqu’aux cœurs des survivants. »

Face à cette haine et cette violence qui déferlent autour d’elle, Etty choisira le parti de Dieu et celui du prochain, qu’il soit ami ou ennemi. Elle écrira : « Comme elle est grande la détresse intérieure de tes créatures terrestres, mon Dieu. Je te remercie d’avoir fait venir à moi tant de gens avec toute leur détresse. » (I, p. 195.)