Homélie pour la fête de la Toussaint

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! »
 
COMMENTAIRE
L’Halloween qui est fêtée ce weekend est l’envers de la Toussaint. C’est sa caricature, c’est le culte de l’horreur et de la mort. Sans que cela soit dit, cette fête cherche à exorciser nos peurs, surtout celle de la mort. Mais le plus tragique, c’est que c’est une fête qui est sans espérance, qui célèbre le côté le plus sombre de l’existence humaine. L’Halloween c’est l’antithèse d’une fête chrétienne.

Nous, ce que nous célébrons aujourd’hui c’est la fête de la Toussaint, la fête des disciples du Christ qui nous précèdent au ciel, et qu’on appelle des saints et saintes. Ils sont pour nous des exemples parce qu’ils ont pris au sérieux l’évangile, ils se sont mis à la suite du Christ avec passion et radicalité, ils n’ont pas eu peur de compromettre leur sécurité, leur bien-être, et même leur vie au nom de l’évangile. À l’inverse de l’Halloween, la Toussaint est une fête lumineuse, pleine d’espérance, qui nous invite à nous réjouir et à contempler le magnifique album de famille des saints et des saintes.

Qu’ils sont beaux ces témoins de l’amour, ces témoins d’un Dieu qui ne cesse de nous aimer malgré nos fragilités. À travers tous ces visages bien-aimés de l’Église, connus ou inconnus, Dieu nous révèle combien Il a besoin de nous, Lui qui nous attend de toute éternité à ce rendez-vous de la patience, qui ne désespère jamais de nous. Sa hâte à se faire connaître se lit dans cette gloire qui revêt le visage des saints et des saintes. Tout comme des miroirs lumineux, ils sont le reflet de l’amour infini de Dieu pour ses enfants. Et tant que nous sommes de ce temps, Dieu cherchera toujours, à travers les battements d’une vie humaine, à se faire proche de nous. Dieu veut avoir besoin de nous! Et il n’a de cesse de nous chercher et de se dire tout particulièrement à travers la vie des saints, à travers chacune de nos vies.

L’Église nous propose sans cesse des modèles de la suite du Christ à travers ceux et celles que l’on appelle les saints. Mais ils ne représentent que la fine pointe de tous ceux et celles qui leur ressemblent, et que l’histoire a gardés dans l’anonymat, mais qui aujourd’hui sont célébrés eux aussi.

Pourquoi fêter les saints? C’est le dominicain Fra Angelico, dans une fresque célèbre, qui représente les saints et les saintes au ciel, exécutant une danse mystique, où on les voit faire une ronde avec les anges au son des instruments de musique. La fête de la Toussaint nous donne de contempler cette réalité qui nous dépasse, et qui pourtant nous attend, et qu’on appelle la communion des saints.

Pourquoi fêter les saints? Tout d’abord pour rendre grâce à Dieu qui ne cesse de veiller sur notre monde en se communiquant à nous, en se disant à nous par l’entremise d’une vie humaine, reflet de son amour, de sa bonté et de sa miséricorde. Tels sont les saints et les saintes, nos amis.
Nous fêtons aussi la Toussaint pour nous rappeler notre vocation à nous tous, pour nous rappeler que le monde a toujours besoin de la présence d’hommes et de femmes qui portent dans leur vie la marque du Christ.
Depuis la résurrection, la suite de Jésus s’est traduite dans l’existence de millions et de millions de personnes, toutes aussi différentes les unes que les autres, et cette suite a pris le visage de ces personnes, car nous sommes le Corps du Christ, nous sommes le visage du Christ pour ce temps qui est le nôtre.

Chacun et chacune de nous ici sont appelés à incarner cette suite d’une manière unique, qui nous est propre. Notre suite du Christ sera originale, à notre couleur, où elle ne sera pas. Et chacun de nous a à écrire sa propre page d’évangile, sa propre histoire sainte. Cela n’est pas au-delà de nos forces, puisque Dieu lui-même nous y appelle, et nous en donne les moyens.
Être chrétien, être saint, c’est vivre l’Évangile là où la vie nous entraîne; c’est vivre l’Évangile dans nos choix de vie et nos engagements, pour le meilleur et pour le pire. La sainteté du quotidien, loin d’être excentrique, est tout simplement la synthèse des ressources et des talents que nous portons, marqués par l’empreinte de l’évangile, de notre foi au Christ et de son Esprit qui nous habite.

Le mot « sainteté » peut faire peur quand on considère comment il s’est traduit dans la vie de ceux et celles que l’on nous propose comme modèles de sainteté. Mais la sainteté dont je parle ici n’est pas surtout celle des cimes abruptes, où très peu de personnes s’aventurent, mais avant tout la sainteté quotidienne, pour tous, qui n’est pas moins héroïque quand c’est là que le Christ nous appelle.

C’est le moine Christian de Chergé, prieur du monastère de Tibhirine, assassiné avec six de ses frères trappistes, qui écrivait à l’occasion de la messe du Jeudi saint, un an avant sa mort : « Prendre un tablier comme Jésus, cela peut être aussi grave et solennel que le don de sa vie… Vice-versa, donner sa vie peut être aussi simple que de prendre un tablier », le tablier du service, le tablier du don de soi, généreux et sans calcul, parce que l’amour est à ce prix!

La fête de la Toussaint vient nous rappeler que le Seigneur nous entraîne à sa suite, soutenus par ces innombrables témoins qui nous précédent, et qui maintenant nous accompagnent de leur prière, afin que nous vivions nous aussi de l’esprit des béatitudes, afin qu’un jour nous participions nous aussi à cette danse mystique, à cette gloire éternelle où les saints et les saintes nous attendent avec le Christ :

Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils et filles de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.

Yves Bériault, o.p.

Homélie pour le 30e Dimanche (A)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 22,34-40.

Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent,
et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve :
« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Tout ce qu’il y a dans l’Écriture – dans la Loi et les Prophètes – dépend de ces deux commandements. »

COMMENTAIRE

« Tout ce qu’il y a dans l’Écriture – dans la Loi et les Prophètes – dépend de ces deux commandements ». Nous sommes au coeur de l’enseignement de Jésus dans cette controverse avec les Pharisiens qui lui demande : « Quel est le plus grand commandement ? »

C’est une question piège et les adversaires de Jésus le savent bien. Mais où est le piège ? Il faut savoir qu’à l’époque de Jésus la tradition juive a répertorié 613 préceptes : 365 d’entre eux sont des interdits et correspondent aux 365 jours de l’année, car le Seigneur doit être présent dans nos vies chaque jour de l’année. Et il y a 248 propositions, les choses qu’il faut faire et qui correspondent aux 248 composants du corps humain tels que répertoriés à cette époque, car c’est la totalité de la personne qui doit être saisie par Dieu.

Cette multitude de préceptes donnait lieu à de vifs débats dans les écoles rabbiniques. Certains avançaient que le plus grand commandement était le sabbat, alors que, peu de temps avant Jésus, Hillel, un rabbin célèbre, donnait la réponse suivante à la question du plus grand commandement : « Ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse, ne le fais pas non plus à ton prochain. C’est là toute la Loi. Le reste n’est que commentaire. »

La position que choisit Jésus est originale. Non pas que les deux commandements soient nouveaux. Ils sont connus et ils sont considérés comme fondamentaux. Mais Jésus les relie ensemble au point où l’on ne peut plus les détacher l’un de l’autre. Pourtant l’amour de Dieu et du prochain étaient clairement affirmés dans la tradition juive et trois fois par jour l’on répétait dans la prière le premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de tout ton être et de tout ton esprit ». Ce qui est nouveau dans la réponse de Jésus, c’est sa manière de relier les deux commandements qui apporte du neuf.

Tout d’abord, Jésus nous parle bien d’un premier commandement et d’un second commandement. Il ne dit pas qu’il y a deux commandements d’égale importance. Mais il dit qu’il y a un premier commandement, le plus grand, et qu’il y en a un second, qui lui est semblable. Et c’est cette insistance qui nous importe ici. Car le point d’affrontement que rencontre Jésus avec ses adversaires ne porte pas tant sur l’amour pour Dieu, mais sur la place qu’il faut faire au prochain.

Jésus, que l’on accuse de se faire proche des pécheurs et des publicains, répond à ses adversaires que le commandement de l’amour du prochain n’est pas à mettre dans le catalogue général des 613 préceptes, mais que ce commandement vient tout juste à la suite du premier et grand commandement, qu’il lui est semblable et donc indissociable. C’est là une rebuffade à tous ces docteurs de la Loi, qui prétendent dicter aux autres comment vivre leur foi en Dieu, tout en ne cessant d’inventer des préceptes d’exclusion qu’ils font peser sur les épaules des gens. À cela, Jésus répond que l’amour est premier. De l’amour de Dieu, qui est le fondement de toute vie, découle nécessairement l’amour du prochain.

Si Jésus rattache ces deux commandements l’un à l’autre, c’est qu’il sait combien il nous est facile de les détacher l’un de l’autre. Certains vont préférer l’amour de Dieu à l’amour du prochain et l’on sait combien le Nouveau Testament porte un dur jugement sur cette attitude, saint Jean allant même jusqu’à traiter de menteurs ceux et celles qui disent aimer Dieu et qui n’aiment pas leur prochain.

Quant à ceux qui reconnaissent comme prioritaire dans leur vie l’amour du prochain, et pour qui l’amour de Dieu leur semble quelque chose d’abstrait ou secondaire, l’on serait tenté de croire qu’ils sont déjà plus près de l’Évangile, que c’est sûrement là une façon d’aimer Dieu, et ce n’est pas faux, car les chrétiens et les chrétiennes prennent au sérieux l’affirmation de saint Jean qui dit que « Dieu est amour ». Mais plusieurs inversent la proposition et croient que « l’amour c’est Dieu », qu’il suffit d’aimer pour être croyants. À ces personnes Jésus dirait : « tu n’es pas loin du Royaume, mais il te manque encore quelque chose pour être véritablement croyant, la rencontre du Dieu Vivant! »

L’expérience spirituelle à laquelle Jésus nous invite, en accord avec toute la Bible, c’est à la fois l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Jamais l’un sans l’autre. Car l’amour du prochain a sa source en Dieu, et l’amour de Dieu, l’amitié avec Dieu, ne peuvent que nous faire grandir dans l’amour. C’est là le chemin royal qui nous ouvre à l’amour du prochain.

Cela me peine toujours quand je rencontre des personnes qui disent vouloir croire, mais qui n’y parviennent pas. Tout ce que je peux leur répondre c’est que l’expérience de la foi en Dieu implique un saut dans l’inconnu, de la même manière que nous n’hésiterions pas à appeler au secours si l’on se perdait en forêt, espérant que quelqu’un nous entende. La vie n’est-elle pas suffisamment porteuse de sens pour qu’une personne ose prendre ce risque de demander à Dieu de se faire connaître?

Il y a bien des cheminements dans la vie de foi et chacun est unique, comme le sont chacun et chacune d’entre nous. Mais il nous faut bien admettre que si certaines personnes semblent être tombées dans l’eau bénite dès leur tendre enfance, pour qui la foi ne semble jamais avoir fait défaut, la plupart d’entre nous doivent chercher de manière plus laborieuse, la foi en Dieu n’étant jamais quelque chose d’évident ou de facile. Non pas que Dieu se refuse à nous, mais parfois notre histoire personnelle, nos difficultés ou nos échecs nous font fermer la porte à ce Dieu qui sans cesse nous visite. Pourtant, tous sont appelés à le connaître et à l’aimer. Dieu n’est pas chiche et il n’a pas de préférés. Ou s’il en a, comme nous le voyons dans les évangiles, ce sont toujours ceux et celles qui sont les plus loin de lui. Voilà une bonne nouvelle n’est-ce pas.

La foi en Dieu est une richesse incomparable dans une vie, mais il est facile aussi de la perdre si l’on n’en prend pas soin. C’est pourquoi il nous faut toujours demander à Dieu la grâce de le connaître et de l’aimer, de tout son coeur, de toute son âme et de tout son esprit, ainsi que la grâce d’aimer le prochain comme soi même. C’est dans un tel acte de foi que Dieu peut mystérieusement se révéler à nous, et ouvrir nos coeurs à la grande réconciliation avec nos frères et nos soeurs en humanité. Car aimer Dieu et aimer le prochain comme soi-même, voilà l’essentiel de notre vie sur terre. C’est là que se trouve le véritable bonheur

Frères et soeurs, en nous rassemblant pour cette eucharistie nous faisons acte de foi, mais aussi nous demandons à Dieu de nous maintenir dans cette foi et de nous y faire grandir. Car on ne peut se donner la foi à soi-même, on ne peut que la désirer toujours, la demander, l’espérer humblement avec confiance quand elle nous échappe. Et toujours, Dieu qui est fidèle répondra ! Telle est notre foi en Lui. Amen.

Yves Bériault, o.p.

Homélie pour le 29e Dimanche (A)

RENDRE À DIEU CE QUI EST À DIEU

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 22, 15-21

    En ce temps-là,
    les pharisiens allèrent tenir conseil
pour prendre Jésus au piège
en le faisant parler.
    Ils lui envoient leurs disciples,
accompagnés des partisans d’Hérode :
« Maître, lui disent-ils, nous le savons :
tu es toujours vrai
et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ;
tu ne te laisses influencer par personne,
car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens.
    Alors, donne-nous ton avis :
Est-il permis, oui ou non,
de payer l’impôt à César, l’empereur ? »
    Connaissant leur perversité, Jésus dit :
« Hypocrites !
pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?
    Montrez-moi la monnaie de l’impôt. »
Ils lui présentèrent une pièce d’un denier.
    Il leur dit :
« Cette effigie et cette inscription,
de qui sont-elles ? »
    Ils répondirent :
« De César. »
Alors il leur dit :
« Rendez donc à César ce qui est à César,
et à Dieu ce qui est à Dieu. »

COMMENTAIRE

Comme nous le raconte cette page d’évangile, les adversaires de Jésus espèrent le prendre au piège en lui demandant s’il faut payer des impôts à César. L’Empire romain faisait peser sa domination sur Israël et les publicains, collecteurs d’impôts au nom de l’envahisseur, étaient souvent pris à partie, alors que Jésus semblait être l’ami de tous. Ne disait-on pas de lui qu’il était l’ami des publicains ? Ses adversaires lui tendent donc un piège : s’il se montre trop proche du pouvoir romain, en soutenant qu’il faut payer l’impôt, les foules vont l’abandonner, c’est sûr. Et si, au contraire, il se prononce contre l’impôt à César, il deviendra alors un ennemi de l’État.

C’est pourquoi le retournement de situation est quand même spectaculaire et d’une grande habileté de la part de Jésus. Ce dernier va demander à ses opposants qu’ils lui montrent une pièce de monnaie. Ils en présentent une aussitôt, montrant ainsi leur duplicité puisqu’ils font la démonstration qu’ils vivent quotidiennement à même cet argent à l’effigie de l’empereur romain. C’est alors que Jésus leur assène cette formule qui a traversé les âges : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Autrement dit : vous acceptez de vivre selon les lois et les règles de l’Empire romain ! Alors, rendez-lui ce qui lui appartient, sans toutefois oublier Dieu.

À première vue, la compréhension de cette sentence nous paraît assez simple. Il nous faudrait vivre tout d’abord comme de bons citoyens dans l’État qui est le nôtre. Voter aux élections, payer nos taxes et nos impôts, respecter les lois et ceux et celles qui nous gouvernent, etc. Est-ce que cela vaut pour tous les pays, tous les systèmes politiques, tous les politiciens ? La brièveté de la réponse de Jésus ne prétend pas répondre à toutes ces questions, mais une chose est certaine, elle ne saurait nous déresponsabiliser, ni nous désengager face aux défis auxquels doivent faire face les différents pays, car nous sommes tous les habitants de cette maison commune qu’est notre terre, nous en avons la responsabilité.

Maintenant, Jésus nous invite aussi à rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu. Alors, que nous faut-il rendre à Dieu au juste ? Nous le savons, la foi en Dieu est variable selon les personnes et selon les saisons de nos vies. D’ailleurs, saint Paul parle de la foi comme d’une croissance, où nous sommes appelés à devenir progressivement des adultes dans la foi.

C’est bien connu, certaines personnes vont surtout vers Dieu lorsqu’elles sont atteintes par une épreuve, tout comme l’on va chez le médecin lorsque l’on est malade. À moins, bien sûr que ce médecin ne soit aussi un ami très cher. Alors il sera de toutes les fêtes de notre famille et de nos vies, et non seulement appelé en cas de besoin.

Remettre à Dieu ce qui appartient à Dieu implique cette même logique de l’ami très cher. Dieu n’est ni une roue de secours ni un bouche-trou. Il est l’ami le plus précieux que nous ayons. Il veut être de toutes nos fêtes, il est soucieux de tous nos malheurs. Qu’il s’agisse de naissances, mariages, épreuves, maladies, nouvel emploi, voyages, bonnes ou mauvaises nouvelles de toutes sortes, joie de vivre et d’aimer… Il devrait toujours être le premier informé. Comment en serait-il autrement avec l’être qui nous est le plus cher ? Il est l’ami, l’époux, l’amoureux fou, celui-là même qui donne la vie, celui-là même qui donne sa vie, et qui nous appelle à vivre éternellement avec lui. Mais jamais il ne s’impose.

Remettre à Dieu ce qui appartient à Dieu, c’est lui remettre toutes nos joies, toutes nos peines, tous nos projets, tous ceux et celles que nous portons dans nos cœurs, même ceux qui nous veulent du mal. C’est faire de Dieu notre tout, le fondement même de notre existence et de notre bonheur, c’est le reconnaître comme le créateur de toutes choses, à qui nous nous devons honneur, gloire et louange, lui qui nous as créés à son image !

Maintenant, il y a une réflexion du frère Christian de Chergé, moine de Tibhirine, qu’il vaut la peine d’entendre en lien avec l’Évangile de ce jour. Ce dernier disait qu’il nous fallait non seulement rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, mais qu’il fallait aussi rendre César à Dieu ! Nous le savons bien, on ne peut envisager le Royaume de Dieu et celui de César comme deux chemins parallèles qui ne se rencontreraient jamais. N’est-ce pas Jésus lors de son procès qui disait à Pilate, le représentant de l’autorité romaine : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il cela ne t’avait été donné d’en haut. » (Jn 19, 11) Tout sur cette terre, qu’il s’agisse de nos institutions humaines, politiques ou sociales, tout est appelé à porter l’empreinte de Dieu, la marque de l’Évangile, appelé à être transformé par l’Esprit du Christ.

C’est pourquoi il nous faut aussi rendre César à Dieu afin qu’aucun peuple, aucune race, aucune religion, aucune nation ne soient victimes de violences, de persécutions ou de discrimination. Rendre César à Dieu, afin que la présence de l’Église en notre monde agisse comme un levain dans la pâte afin de rendre meilleurs et plus responsables les hommes et les femmes de ce monde. Enfin, rendre César à Dieu, afin qu’en chacune de nos journées, au cœur de nos rencontres les plus banales, une place de choix soit faite à la bonne nouvelle de Jésus Christ et à sa mission d’amour, car n’est-il pas lui le médecin des âmes venu guérir nos manques d’amour et de pardon !

fr. Yves Bériault, o.p.

Homélie pour le 28e Dimanche (A)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 22, 1-14

En ce temps-là,
    Jésus se mit de nouveau à parler
aux grands prêtres et aux pharisiens,
et il leur dit en paraboles :
    « Le royaume des Cieux est comparable
à un roi qui célébra les noces de son fils.
    Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités,
mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
    Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités :
‘Voilà : j’ai préparé mon banquet,
mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ;
tout est prêt : venez à la noce.’
    Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent,
l’un à son champ, l’autre à son commerce ;
    les autres empoignèrent les serviteurs,
les maltraitèrent et les tuèrent.
    Le roi se mit en colère,
il envoya ses troupes,
fit périr les meurtriers
et incendia leur ville.
    Alors il dit à ses serviteurs :
‘Le repas de noce est prêt,
mais les invités n’en étaient pas dignes.
    Allez donc aux croisées des chemins :
tous ceux que vous trouverez,
invitez-les à la noce.’
    Les serviteurs allèrent sur les chemins,
rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent,
les mauvais comme les bons,
et la salle de noce fut remplie de convives.
    Le roi entra pour examiner les convives,
et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce.
    Il lui dit :
‘Mon ami, comment es-tu entré ici,
sans avoir le vêtement de noce ?’
L’autre garda le silence.
    Alors le roi dit aux serviteurs :
‘Jetez-le, pieds et poings liés,
dans les ténèbres du dehors ;
là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.’

    Car beaucoup sont appelés,
mais peu sont élus. »

COMMENTAIRE

Nous connaissons tous l’histoire d’Alice au pays des merveilles, alors qu’il lui est donné de passer de l’autre côté d’un miroir où l’attend un monde féérique. Ce conte, à sa manière, est évocateur de l’une des grandes interrogations de la foi chrétienne au sujet de l’au-delà et de la réalité qui nous y attend. C’est saint Paul qui le premier aborde cette anticipation d’un monde futur lorsqu’il écrit : « Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. » (1 Cor 13, 12)

Le Christ, par sa résurrection, a jeté les fondements de ce passage qui nous attend tous et toutes, et les textes de la Parole de Dieu de ce dimanche nous convoquent comme par anticipation à contempler cette réalité future qui nous est promise. C’est pourquoi depuis l’avènement de Jésus Christ, nous ne pouvons plus lire l’Ancien Testament de la même manière, car nous le lisons désormais à la lumière de sa résurrection et de la promesse qu’il nous fait de nous entraîner à sa suite.

C’est ainsi que notre première lecture au livre d’Isaïe, un texte fréquemment entendu lors des funérailles chrétiennes, est porteuse pour nous d’une espérance inouïe alors qu’on y affirme que le Seigneur « fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Qu’il fera disparaître la mort pour toujours ! » À travers ces paroles d’Isaïe comment ne pas entendre la voix de Jésus nous redire que nous sommes faits pour la vie éternelle, que ceux et celles que nous avons aimés et perdus, nous les reverront un jour, et que nous serons rendus à ceux et celles que nous avons aimés. Et c’est avec un cœur plein d’espérance que nous entendons, comme en écho à Isaïe, le psalmiste qui s’exclame :

Si je traverse les ravins de la mort,

je ne crains aucun mal,

car tu es avec moi,

ton bâton me guide et me rassure.

Ces textes nous préparent à l’écoute de l’évangile où Jésus compare le Royaume des cieux, non seulement à un festin comme le fait Isaïe, mais où ce festin est donné à l’occasion des noces du fils d’un roi. Bien sûr, l’évocation est claire pour nous. Ce roi c’est Dieu le Père et, le fils, c’est Jésus Christ. Ces noces ce sont les épousailles de Dieu avec l’humanité. C’est pourquoi l’Église est présentée dans le Nouveau Testament comme l’épouse, alors qu’elle a pour mission de rassembler tous les enfants de Dieu.

Mais l’évangile d’aujourd’hui s’avère particulièrement difficile à cause de la finale de cette parabole qui se termine par cette sentence sévère à l’endroit de l’un des invités qui ne porte pas le vêtement de noce : « Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. » Paroles terribles qui semblent contredire l’incroyable miséricorde qui se déploie dans les enseignements et les actions de Jésus. Alors, comment concilier tout cela ?

Certains d’entre nous diraient que c’est bien là le Dieu qu’on leur a présenté dans leur jeunesse. Un Dieu-juge, intransigeant et impitoyable, régissant la vie de ses enfants avec beaucoup de sévérité. Notre Église a longtemps fréquenté ce Dieu. C’était une Église toute-puissante et omniprésente, où les bergers du troupeau se transformaient trop souvent en préfets de discipline. C’était dans l’air du temps et notre société francophone et catholique était marquée par cet esprit janséniste où l’on voyait le péché partout, et où la joie de croire était trop souvent absente. Et pourtant, l’on ne peut faire de compromissions avec la Parole de Dieu, choisir uniquement les passages qui nous conviennent, et passer sous silence cette scène où le roi chasse l’invité qui ne porte pas l’habit de noce. 

Il faut tout d’abord se rappeler que les passages les plus difficiles de l’Évangile ne sont jamais une condamnation des personnes ni un jugement irrévocable. Il s’agit avant tout d’un appel à la conversion, et si Jésus nous parle parfois avec des images fortes et provocantes, c’est que son propos se veut avant tout pédagogique, et n’est jamais dépourvu d’amour pour nous. Une parabole ne peut tout dire, mais ce qu’il nous faut surtout retenir aujourd’hui, c’est que l’invitation du roi est pour tous. Ce n’est pas une fête pour quelques initiés, mais une fête, et c’est bien dit dans le texte, où les bons et les méchants ont tous une place de choix, et où la seule exigence est de revêtir l’habit de noce. 

De quoi s’agit-il au juste? L’exemple le plus touchant dans la Bible est sans doute la parabole de l’enfant prodigue où le Père revêt son fils repenti du vêtement de fête, cette tunique signifiant que le fils est à nouveau choisi par son père. Il retrouve alors sa dignité de fils et il est admis à la salle du festin. L’Apôtre Paul va utiliser le symbole du vêtement lorsqu’il dira aux Galates : « Vous avez revêtu le Christ ». Ce sont ces mêmes paroles qui sont dites lors d’un baptême, alors que le nouveau baptisé est revêtu d’un vêtement blanc, et que le prêtre lui déclare : « Tu as maintenant revêtu le Christ. »

La parabole aujourd’hui évoque cette réalité. Revêtir le Christ, c’est se laisser habiter par sa puissance de résurrection, par l’amour et la miséricorde dont il a toujours témoigné. C’est vivre de son Esprit. C’est ce vêtement qu’il faut porter quand on entre dans la salle du banquet. Car comment participer à cette fête de l’amour si nous refusons d’en vivre; si nous méprisons ceux et celles que Dieu nous donne comme frères et sœurs. 

Tout en nous dévoilant la grande libéralité de l’amour de Dieu à notre endroit, cette parabole de Jésus nous met en garde contre le danger toujours réel de nous exclure nous-mêmes de la fête en refusant de prendre sur nous le sérieux de l’Évangile. Car la fête est déjà commencée et une seule condition est exigée pour y prendre part : vouloir se revêtir le cœur d’amour, de patience et de miséricorde, et ne compter que sur Dieu pour y parvenir.

Frères et sœurs, aujourd’hui encore, le Seigneur dresse la table du festin pour nous et nous invite dans les verts pâturages de son eucharistie, afin, comme le chante le psalmiste, que grâce et bonheur nous accompagnent tous les jours de notre vie. Amen.

Yves Bériault, o.p.

Homélie pour le 27e Dimanche (A)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 21, 23-34

En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
    « Écoutez cette parabole :
Un homme était propriétaire d’un domaine ;
il planta une vigne,
l’entoura d’une clôture,
y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde.
Puis il loua cette vigne à des vignerons,
et partit en voyage.
    Quand arriva le temps des fruits,
il envoya ses serviteurs auprès des vignerons
pour se faire remettre le produit de sa vigne.
    Mais les vignerons se saisirent des serviteurs,
frappèrent l’un,
tuèrent l’autre,
lapidèrent le troisième.
    De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs
plus nombreux que les premiers ;
mais on les traita de la même façon.
    Finalement, il leur envoya son fils,
en se disant :
‘Ils respecteront mon fils.’
    Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux :
‘Voici l’héritier :
venez ! tuons-le,
nous aurons son héritage !’
    Ils se saisirent de lui,
le jetèrent hors de la vigne
et le tuèrent.
    Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra,
que fera-t-il à ces vignerons ? »
    On lui répond :
« Ces misérables, il les fera périr misérablement.
Il louera la vigne à d’autres vignerons,
qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
    Jésus leur dit :
« N’avez-vous jamais lu dans les Écritures :
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux !

    Aussi, je vous le dis :
Le royaume de Dieu vous sera enlevé
pour être donné à une nation
qui lui fera produire ses fruits. »

COMMENTAIRE

Jésus dans sa parabole nous parle d’un homme. Toujours cet homme qui est à l’œuvre. Un homme qui donne, un homme qui embauche et qui pardonne. Jésus, à travers les paraboles, nous parle de son Père. Il y a deux dimanches, il nous racontait l’histoire d’un maître de domaine qui engageait des ouvriers à toute heure du jour, afin de les envoyer à sa vigne. Dimanche dernier, Jésus nous parlait d’un père demandant à ses deux fils d’aller travailler à sa vigne. Et aujourd’hui, il nous raconte encore une parabole au sujet d’une vigne, de son propriétaire et de son fils.

Pourquoi la vigne revient-elle si souvent dans les paraboles de Jésus? C’est en relisant la Bible que nous trouvons réponse à cette question. Souvenez-vous de Noé. C’est lui le premier vigneron dans la Bible, et la vigne est le premier arbre cultivé, le premier signe de civilisation après le déluge qui inaugure une ère de paix, car le vin dans la tradition biblique est signe de joie et de prospérité, d’où l’importance de la vigne.

Beaucoup plus tard, lorsque le peuple hébreu se retrouve au désert après sa sortie d’Égypte, Moïse organise une première mission de reconnaissance dans le royaume que Dieu lui a promis. Les explorateurs envoyés par Moïse seront impressionnés par la richesse des vignobles qui s’y trouvent; on raconte qu’ils vont couper une branche de vigne avec une grappe de raisins tellement imposante, qu’ils devront la porter à deux au moyen d’une perche (Nb 13, 23)! Comme il est fertile ce pays où Dieu nous invite à entrer !

À travers son histoire, et par la bouche de ses prophètes, Israël prendra conscience qu’il est le peuple chéri de Dieu, qu’il est comparable à une vigne sur laquelle Dieu veille avec beaucoup de soin, afin de lui faire porter du fruit. Comme le chante le psaume aujourd’hui : Israël est la vigne que Dieu a prise à l’Égypte, et qu’il replante en chassant des nations. 

Une autre composante importante des paraboles de Jésus où il est question de la vigne est la présence du maître du domaine, celui que Jésus appelle son Père. Ces paraboles nous parlent d’un Dieu qui est à l’œuvre, qui travailler la terre, une terre où il a planté une vigne qu’il a solidement établie, une vigne qu’il protège afin qu’elle donne du fruit. 

Ces paraboles nous parlent à la fois de Dieu et de l’Église, du monde et de chacun et chacune de nous. Car, comme le chante le psalmiste, la vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël, maison dont les murs s’étendent désormais aux confins de l’Église universelle.

L’histoire d’Israël ressemble à notre histoire, elle est souvent marquée par des refus, des compromissions ou des démissions. Mais Dieu est tenace dans son amour. Il ne désespère jamais de nous. La parabole d’aujourd’hui ouvre des perspectives très larges, beaucoup plus que les précédentes, car c’est la manière même dont Dieu se donne au monde qui nous est dévoilée. Il envoie son propre Fils afin de nous ramener dans son amour.

L’auditeur de la parabole que nous sommes doit l’entendre non seulement pour le peuple d’Israël, mais pour nous-mêmes personnellement. Elle nous interpelle et nous demande : à qui veux-tu confier la direction de ta vie? Veux-tu en être le maître absolu? L’unique artisan? Ne compter que sur tes propres forces? Si c’est le cas, c’est voué à l’échec. Car cette vie que nous croyons être la nôtre est une vie qui nous est prêtée, comme une terre que l’on prête en fermage afin de lui faire porter du fruit.

Le message fondamental de notre parabole est que Dieu met son amour entre nos mains, afin que nous portions avec lui son rêve et son souci pour le monde, afin que nous portions des fruits de miséricorde et de compassion, solidaires des humiliés et des offensés. L’amour ! Voilà le fruit unique que nous sommes appelés à nous donner les uns aux autres.

Un jour, j’ai fait la rencontre d’une jeune infirmière qui revenait d’un stage en Haïti, un voyage qui l’avait bouleversée tant la misère qu’elle y avait côtoyée était à fendre l’âme. Je revois son visage au bord des larmes me disant : « Il me semble que le Bon Dieu doit avoir honte de nous autres. » En dépit de son propos, je la trouvais belle dans son indignation et dans sa tristesse. Je me disais : voilà vraiment la fille de son père, son Père du ciel. Comme il doit se reconnaître en elle, tout comme il veut se reconnaître en chacun et chacune de nous, puisqu’il nous a fait à son image.  

Jésus est venu nous dévoiler le véritable visage de son Père. Il est ce Dieu dont il témoigne tout au long de sa vie publique. Il nous parle de son amour pour nous, tout particulièrement pour ceux et celles qui souffrent, pour les exclus, les opprimés. 

C’est Lui ce Dieu Père qui en Jésus, fait bon accueil aux pécheurs, qui pleure devant le tombeau de Lazare, devant la ruine à venir de Jérusalem. C’est Lui qui écrit dans le sable un langage nouveau et qui relève la femme adultère. Oui, notre Père du ciel, comme le chante la Vierge Marie dans son Magnificat : « Il élève les humbles. Il comble de bien les affamés », et Il nous envoie son propre Fils, afin de nous aider à vivre pleinement la vie qu’il nous donne en partage, afin que nous apprenions à aimer comme lui. 

Car comme l’affirme l’évangéliste Jean, qui reprend lui aussi l’image de la vigne : « Nous avons été greffés sur le Christ, comme les sarments sur le cep de la vigne » (cf. Jean 15). La vie du ressuscité circule en nous, elle transforme nos vies, et à travers cette Parole de Dieu que nous venons de proclamer, nous pouvons entendre la voix de Jésus qui nous murmure à l’oreille : « C’est moi qui vous ai choisis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. » Que ce soit là notre joie !

fr. Yves Bériault, o.p.