Suite d’une correspondance avec une amie lors d’un séjour récent à Rome.
Je ne me souviens plus très bien du type de prière qui a suivi cette expérience, sinon que j’étais très exalté et que ma prière en était une de grande louange. Elle ne tarderait pas à devenir un lieu de combat, car il me fallait retrouver le chemin de l’Église, et je portais une foule de questions avec lesquelles je harcelais Dieu sans cesse. Tout comme je le ferais quand viendrait le moment de choisir ou non de répondre à l’appel vers le sacerdoce. Je portais une prière enthousiaste, mais inquiète aussi, et donc fragile. J’avais peur de perdre ce que je venais de découvrir, je demandais souvent à Dieu de ne pas m’abandonner et surtout, de ne pas me laisser l’abandonner. D’ailleurs, cette demande me paraît toujours aussi importante aujourd’hui, mais je la porte avec moins d’inquiétude.
Cette recherche de ma voie allait durer sept à huit ans. Pourtant je n’ai pas le souvenir d’une prière inquiète, mais d’une grande joie à prier le Seigneur. Mais dès les débuts, ma relation retrouvée avec le Seigneur m’incita à vouloir changer de vie. Tout à coup, ce qui allait contre l’Évangile me devenait plus évident. Comme si un guide intérieur me conduisait et m’apprenait à devenir disciple peu à peu.
Cette étape de purification, comme l’appellerait les mystiques, est toujours présente. La conversion ne cesse jamais puisque la chute et l’homme pécheur demeurent. Mais parallèlement, j’ai toujours aimé me retirer dans le silence afin de louer le Seigneur, l’adorer ou, encore, afin d’intercéder pour d’autres, afin de me tenir aux pieds de la Croix et prendre au sérieux la souffrance du monde, la souffrance de ceux et celles qui se recommandent à ma prière.
Cette dimension de la prière s’est peu à peu affirmée avec les années. Comme si ma prière avait évoluée vers une sorte de dépouillement où la joie intérieure ou l’échec, ne sont plus des pré-requis pour la prière. Parfois ce sera une prière dite avec le chapelet, ce que j’ai toujours aimé faire, d’autres fois ce sera une prière dépouillée, dans laquelle, à la limite, j’essaie tout simplement de me tenir silencieux devant le Seigneur, répétant parfois intérieurement son nom: Jésus ou Seigneur Jésus, ou Seigneur prends pitié! C’est la prière la plus difficile et je ne puis m’y tenir bien longtemps. Mais l’important ce n’est pas la durée de la prière, mais son intensité, sa sincérité.
Je constate qu’avec les années, ma prière est devenue plus pauvre je crois. Une prière où je compte moins sur l’élan de ma foi ou de ma ferveur, que sur l’accueil que m’y fait le Seigneur. C’est un peu la prière à l’exemple du couple fidèle qui, après des années, n’a pas toujours besoin de beaucoup de mots pour se comprendre et où le silence peut être tout aussi signifiant que les paroles les plus tendres. C’est peut-être cette nuit là dont parle saint Jean de la Croix, dans laquelle on ne cherche à s’accrocher à rien, sinon qu’à se tenir disponible et abandonné à la volonté du Seigneur. (à suivre)
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