Et les spirituels maintenant…

« L’unité de deux saints qui ne se connaissent pas est plus réelle et plus intime, incommensurablement, que celle d’une branche à une autre branche du même arbre nourrie de la même sève… » (Jules Montchanin, Écrits spirituels, Paris, 1965, p.120). »…la prière personnelle, même accomplie dans les secret, n’est pas un acte purement privé. Cette démarche que personne ne peut faire à ma place, n’est absolument pas celle d’un isolé; elle s’enracine et s’épanouit dans la communion. Quand je dis à Dieu : « Père », je me situe en fils, mais quand je dis : « Notre Père », je me situe aussi et du même coup en frère de tous ceux qui le disent également – et même de ceux qui ne savent peut-être pas le dire. « Il y a beaucoup d’âmes, disait Paul Claudel, mais il n’y en a pas une seule avec qui je ne sois en communion par ce point sacré en elle qui dit Pater Noster » (Paul Claudel. Cantique de Palmyre, Conversation dans le Loir-et-Cher, éd. Pléiade, p.9).

« L’on ne se sauve pas tout seul. Nul ne retourne seul à la maison du Père. L’un donne la main à l’autre. Le pécheur tient la main du saint et le saint tient la main de Jésus » (Charles Péguy).

La communion des saints ou le mystère de la Réversibilité

Je vous propose aujourd’hui ce texte décapant de l’écrivain Léon Bloy, qui ne se veut pas une présentation tout à fait orthodoxe ou théologique sur la question de la communion des saints, mais qui a néanmoins beaucoup de souffle et le mérite de nous interroger :

« Notre liberté est solidaire de l’équilibre du monde et c’est là qu’il faut comprendre pour ne pas s’étonner du profond mystère de la Réversibilité qui est le nom philosophique du grand dogme de la Communion des Saints. Tout homme qui produit un acte libre projette sa personnalité dans l’infini. S’il donne de mauvais coeur un sous à un pauvre, ce sous perce la main du pauvre, tombe, perce la terre, troue les soleils, traverse le firmament et compromet l’univers. S’il produit un acte impur, il obscurcit peut-être des milliers de coeurs qu’il ne connaît pas, qui correspondent mystérieusement à lui et qui ont besoin que cet homme soit pur, comme un voyageur mourant de soif a besoin du verre d’eau de l’Évangile. Un acte charitable, un mouvement de vraie pitié chante pour lui les louanges divines, depuis Adam jusqu’à la fin des siècles; il guérit les malades, console les désespérés, apaise les tempêtes, rachète les captifs, convertit les infidèles et protège le genre humain. »

(Léon Bloy: Méditation à l’Office de nuit chez les Chartreux).

La communion des saints… c’est compliqué!

Certains lecteurs peinent avec la communion des saints. C’est normal puisque nous ne sommes pas des saints…

Mais au-delà de cette contingence, la notion échappe à bon nombre de chrétiens et fait même l’objet de divisions entre eux. Pour nous catholiques, c’est là une vérité fondamentale et extraordinaire de notre foi chrétienne. On peut en trouver une brève description sur le beau site de Port Saint-Nicolas.

Je me propose de mettre sur ce blogue, dans les jours qui viennent, différentes propositions, à la fois de théologiens et d’écrivains catholiques sur cette vérité de notre Credo. Merci à Monique de m’avoir lancé sur cette piste. En attendant je vous réfère à cet article paru en 2003 sur le site de Spiritualité 2000. On y reproduit un article de la revue CÉLÉBRER LES HEURES, qui a demandé au Père Pierre JOUNEL, artisan important de la réforme liturgique de Vatican II et éminent spécialiste du Sanctoral, de nous proposer quelques points de repère historiques et théologiques. L’article s’intitule : Mémoire du Christ, mémoire des saints.

La communion des saints

« La communion des saints… lequel d’entre nous est sûr de lui appartenir? Et s’il a ce bonheur, quel rôle y joue-t-il? Quels sont les riches et les pauvres de cette étonnante communauté? Ceux qui donnent et ceux qui reçoivent? Que de surprises! […] Oh! rien ne paraît mieux réglé, plus strictement ordonné, hiérarchisé, équilibré que la vie extérieure de l’Église. Mais sa vie intérieure déborde des prodiges de libertés, on voudrait presque dire extravagants, de l’Esprit – l’Esprit qui souffle où il veut. »

(Georges Bernanos, Les prédestinés, Paris, Seuil, 1983, p. 99.)

Joseph et l’âne d’Autun

Béatrice, une correspondante d’Autun m’écrit :
« Dans cette ville, que je connais depuis mon enfance, ma grand-mère y habitait, il y a un âne délicieux, digne de vos pâturages virtuels. C’est en contemplant une photo du chapiteau de la cathédrale, « La fuite en Egypte », à un moment où j’étais secouée par deux deuils successifs… et où je prenais une conscience aigüe de la fuite accélérée du temps, que j’ai refait sa connaissance. »

Suit un texte magnifique sur saint Joseph, intitulé : L‘homme de confiance. Avec l’accord de Béatrice, il me fait plaisir de partager avec vous ce texte:

« A Autun, il y a un âne. Il est célèbre parce qu’il marche sur des roues qui ont l’air de tourner très vite. Il porte la Mère et l’Enfant, l’Enfant qui porte le monde ! Ses sabots arrière sont fermes, et devant, il a un pied sur une de ces roues vertigineuses et l’autre levé haut pour le pas suivant. Haut, comme pour une danse ! Il est très bien coiffé et plutôt méditatif. Comme il se laisse conduire, il ne regarde pas ses pieds… (suite fichier Word) fin

Des images accompagnent ce texte :

1- Fuite en Égypte 2. Joseph, méditatif 3. L’âne d’Autun

Annik, une enseignante m’écrit :

Annik enseigne à des petits de 7 ans de différentes races et religions.

« Comment faire pour ouvrir des voies de dialogue avec le monde moderne et l’Islam dans le respect de chacun? J’y oeuvre à ma petite échelle, j’essaie de faire découvrir à ces petites têtes qui ne sont pas blondes qu’ils sont comme les autres enfants, français, avec la chance d’avoir reçu les valeurs d’une religion que souvent ils ne connaissent pas.

J’en suis arrivée pour plus de paix au sein de la classe à faire découvrir les trois religions monothéïstes… J’ai du travail à faire pour découvrir la sagesse chinoise car dans notre école arrive maintenant de plus en plus de chinois. J’ai la chance d’avoir le droit au sein de ma classe de consacrer 10 minutes par jour à cet éveil religieux… Plus il y aura de dialogue entre nous et de respect mutuel… plus nous pourrons vivre dans un climat apaisé.

Autant vous partager d’autres joies : au cours d’un atelier où je me fais aider par des parents je demande puisque c’était le premier jour du ramadan à la maman présente d’en parler aux enfants. Elle ne trouve pas des mots simples pour en parler et me demande de le faire. Je pense que mon explication avait une résonance chrétienne du jeûne mais cette femme m’a remercié de lui avoir fait découvrir la portée spirituelle de ce qu’elle vivait par tradition.

Pour le 2 février un temps de prière était proposé aux enfants qui le désiraient sur un temps de récréation avant la cantine. Je raconte au sein de la classe le récit biblique et insiste sur la lumière qui éclaire toute vie. Un temps d’intériorisation est organisé pour rechercher ce qui nous éclaire et nous rend heureux et Richard un de mes petits chinois me dit aimer que des parents présentent à Dieu leur enfant. Il viendra au temps de prière et redira « je remercie Dieu pour les parents qui offrent à Dieu leur enfant » cela avec un accent délicieux et lui qui a quelquefois du mal à parler français a à ce moment là su trouver ses mots. Voilà pourquoi je n’aime pas trop qu’on caricature la religion des autres… »

Au bord du torrent

En Bretagne se trouve un manoir du XVIIè siècle, qui surplombe l’étang de Beaufort, au coeur d’une forêt. C’est là qu’habitent les moniales dominicaines dans leur monastère de Notre-Dame de Beaufort. Elles intègrent dans leur magnifique chant-choral les influences du monastère de Keur Moussa, une abbaye bénédictine du Sénégal, fondée en 1963. La kora, un instrument de musique d’origine africaine, occupe donc une place importante dans cette liturgie.

Voici comment les moniales décrivent l’endroit où elles habitent :

Situé à la lisière d’une forêt, entre deux étangs, le monastère de Beaufort surplombe un torrent. Il poursuit inexorablement sa course, à travers les marais du pays de Dol et se jette dans la mer en baie du Mont St-Michel. Je vous invite à visiter le site des dominicaines de Beaufort.