Pentecôte : Lumière de feu jaillit du matin de Pâques!

Vous êtes-vous déjà demandé ce que serait la fête de Pâques sans la Pentecôte, sans le don de l’Esprit Saint? Pâques serait alors la fête de Jésus seul, grand vainqueur de la mort. Car comme le dit saint Paul dans l’épître aux Romains, c’est l’Esprit du Christ qui nous donne d’avoir part à sa vie de ressuscité. Sans l’Esprit Saint il ne peut y avoir de résurrection. Sans la Pentecôte, Pâques ne serait plus une victoire pour notre humanité. Mais il y a eu Pentecôte et c’est un événement capital dans l’histoire du salut, tout autant que la fête de Pâques.

Giotto. La Pentecôte

Quand Jésus parle du don de l’Esprit Saint, il évoque une vie intérieure nouvelle pour les disciples. Une vie qui est faite de communion, de participation à l’amour de Dieu, et qui est aussi une forme de connaissance nouvelle et plus profonde de qui est Dieu. L’Esprit de Vérité, dont parle Jésus, l’Esprit qui enseigne, qui fait se souvenir le disciple des enseignements du Maître, cet Esprit poursuit en nous l’action du Christ enseignant. Le disciple devient une terre d’accueil à l’action et à la présence du Christ en lui comme jamais cela n’a été possible auparavant, même pour les Apôtres avant la résurrection. Il y a là une nouveauté sans précédent dans l’histoire spirituelle de l’humanité. De ce lieu historique et temporel où Dieu s’est révélé en Jésus-Christ, jaillit une grâce surabondante pour tous les hommes et les femmes de tous les temps, de toutes races, langues et nations : le don de l’Esprit Saint étend au monde entier la mission de Jésus Christ!

Car quel est le but de Dieu, sa volonté à notre endroit? De quoi Dieu rêve-t-il pour nous, si ce n’est que nous apprenions à le connaître et à l’aimer. Cette connaissance progressive du Dieu créateur et Père de l’humanité est un processus qui s’étale sur des milliers d’années de l’histoire humaine, mais la connaissance que Dieu nous donne d’avoir de lui dans l’histoire va atteindre un point culminant et de non-retour en Jésus Christ : Dieu lui-même nous visite en son Fils. Et le but de cette Incarnation est de nous permettre d’entrer plus avant, comme jamais auparavant, dans cette union intime qui lie le Père au Fils et le fils au Père. Le Fils de Dieu vient nous révéler l’amour qui l’unit au Père afin de nous donner de connaître toute la largeur, la hauteur, la profondeur de l’amour de Dieu. Mais seul le don de l’Esprit Saint pouvait nous donner d’entrer dans cette intimité qui unit le Père et le Fils.

Désormais le Christ n’est plus confiné à un territoire, à une époque, aux limites d’un corps humain, mais il peut enfin se donner à tous par le don de son Esprit, l’Esprit d’amour et de Vérité qui nous rend capables d’aimer Dieu comme lui.

La Pentecôte, c’est l’Esprit Saint qui nous donne de devenir véritablement des disciples du Christ tout autant que les Apôtres, qui nous rend capables de reconnaître Jésus Christ comme Seigneur et Fils de Dieu.

C’est l’Esprit Saint qui met dans notre bouche la parole de vérité et de réconciliation et qui nous rend capables de professer notre foi en ce Dieu Père, Fils et Esprit Saint.

C’est lui qui met en nous des langues de feu capables d’annoncer avec force et courage la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, car la présence de l’Esprit Saint en nos vies c’est la présence même du Christ ressuscité, présent à son église jusqu’à la fin des temps!

Voilà l’extraordinaire mystère que nous célébrons en cette fête de la Pentecôte!
Bonne fête de la Pentecôte!

Dieu veut se faire connaître de nous

La grandeur de Dieu, ce qui le rend fascinant, c’est que c’est un Dieu qui veut se faire connaître de nous et qui prend l’initiative. Comme si Dieu avait besoin de se faire connaître. Est-ce possible? Il nous est difficile de parler de Dieu comme d’un être de besoin. Et sans doute le terme n’est pas juste, mais en même temps Dieu ne joue pas à « avoir besoin de nous ». Il ne fait pas semblant. Dieu ne triche pas. Et devant l’enfer de nos drames humains j’aime bien croire que Dieu pleure avec nous. Jésus nous en donne la preuve à quelques reprises dans les Évangiles : devant le tombeau de Lazare, devant la ville de Jérusalem.

Ce que la Révélation nous apprend, du livre de la Genèse jusqu’au dernier livre de la Bible, c’est qu’il est dans la nature même de Dieu de créer et d’appeler sa création à participer à sa gloire. Quand Dieu donne, il ne donne pas à moitié. Quand Dieu appelle à la vie, c’est à une vie en plénitude qu’il appelle. C’est tout lui-même que Dieu donne quand il crée. Et l’acte de création est un acte d’amour pur qui vient d’un Dieu qui est Amour, et qui appelle à la réciprocité. C’est Jean-Philippe Ferlay qui exprime magnifiquement cette réalité :

« L’amour du Père pour son Verbe dans l’Esprit est tellement fort et généreux qu’il éclate hors de Dieu. Et voilà que le monde est créé, tout différent de Dieu et pourtant absolument lié à lui.  » (p.29) Dieu n’a besoin de rien. Il ne crée ni par hasard ni par caprice, mais par surabondance d’amour, pour faire participer ce qui existe à sa vie et à sa joie. » (Ferlay, Philippe. Dieu le saint Esprit. Desclée de Brouwer, 1997.

C’est Saint-Exupéry, dans son Petit Prince, qui fait dire au renard : « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé ». Que dire alors lorsque l’on crée, lorsque l’on donne la vie à des créatures. Dieu s’intéresse passionnément à notre réalité. Il vient s’y insérer avec tout le respect et la tendresse de celui qui aime. Il nous invite, il n’impose pas, il invite avec une infinie discrétion, à le connaître et à l’aimer. Et ceci va déterminer de manière bien singulière l’expérience du croire en Dieu et le sens de la promesse de mettre en nous son Esprit. Car la véritable expérience de foi est celle où l’on ne croit pas simplement en Dieu, où l’on ne fait pas que professer ou même défendre un Credo. La véritable expérience de la foi que propose le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Jésus-Christ, est une invitation à aimer Dieu et à faire l’expérience de son amour. (Rm 8, 14-17)

C’est pourquoi au cœur de l’expérience chrétienne, afin de parvenir à entrer dans ce désir de Dieu, survient l’événement Jésus-Christ et, son achèvement, qui est le don de l’Esprit Saint. Car Dieu nous anime d’un mouvement et d’un désir qui sont en nous l’écho de son propre Désir. L’Esprit Saint vient rendre possible en nous le rêve fou de Dieu pour nous, qui est de le connaître d’une manière nouvelle, telle que l’a connu Jésus, tel que le connaît le Fils de Dieu. L’Esprit Saint fait de nous des intimes de la vie trinitaire.

La Pentecôte

Faut-il le dire, l’Esprit Saint est le souffle vital de l’Église. C’est Ignace de Laodicée de Syrie qui exprimait de façon très clair, l’enjeu de cette affirmation. Il disait :

Sans l’Esprit Saint, Dieu est loin, le Christ reste dans le passé, l’Évangile est une lettre morte, l’Église une simple organisation, l’autorité une domination, la mission une propagande, le culte une évocation, et l’agir chrétien une morale d’esclave. Mais en Lui : le cosmos est soulevé et gémit dans l’enfantement du Royaume, le Christ ressuscité est là, l’Évangile est la puissance de vie, l’Église signifie la communion trinitaire, l’autorité est un service libérateur, la mission est une Pentecôte, la liturgie est mémorial et anticipation, l’agir humain est déifié!.

Prière à l’Esprit Saint

Esprit qui planes sur les eaux
Apaise en nous les discordances.
Les flots inquiets, le bruit des mots,
Les tourbillons de vanité
Et fais surgir dans le silence
La Parole qui nous recrée.

Esprit de feu, toujours caché,
Jusqu’aux racines, par ta flamme,
Viens consumer en nous l’ivraie;
Aux profondeurs de notre vie,
Viens enfoncer comme une lame
La Parole qui sanctifie.

Esprit qui souffles en un soupir
A notre esprit le Nom du Père,
Viens rassembler tous nos désirs,
Fais-les monter en un faisceau
Qui soit réponse à la lumière,
La Parole du Jour nouveau.

Esprit de Dieu, sève d’amour
De l’arbre immense où tu nous greffes,
Que tous nos frères alentour
Nous apparaissent comme un don
Dans le grand Corps en qui s’achève
La Parole de communion.

(Liturgie des Heures, Pentecôte)

Que serait l’Église sans l’Esprit saint…

L’Esprit Saint est le souffle vital de l’Église. C’est le Métropolite Ignace de Laodicée (Syrie) qui exprimait de façon très clair, l’enjeu de cette affirmation. Il disait :

« Sans l’Esprit Saint, Dieu est loin, le Christ reste dans le passé, l’Évangile est une lettre morte, l’Église une simple organisation, l’autorité une domination, la mission une propagande, le culte une évocation, et l’agir chrétien une morale d’esclave.

Mais en Lui : le cosmos est soulevé et gémit dans l’enfantement du Royaume, le Christ ressuscité est là, l’Évangile est la puissance de vie, l’Église signifie la communion trinitaire, l’autorité est un service libérateur, la mission est une Pentecôte, la liturgie est mémorial et anticipation, l’agir humain est déifié! »