Julius Spier, mystagogue et thérapeute

Julius Spier

Julius Spier

Né à Frankfort en 1887, Julius Spier est un chirologue Allemand qui a fait une formation comme thérapeute avec Carl Gustave Jung, et a ouvert un bureau à Berlin en 1930, où il exerçait en tant que psycho-chirologue. Il se spécialise dans l’établissement de diagnostics médicaux à partir de la morphologie et des lignes de la main, et il développe une approche thérapeutique à partir de ces diagnostiques. En 1939, suites aux persécutions contre les juifs en Allemagne, il émigre à Amsterdam et ouvre là-bas un bureau.

Spier est aussi un spirituel : il prie et médite la Bible chaque jour. C’est un grand lecteur : Kierkegaard, Bonhœffer, Maître Eckhart, Thomas a Kempis, Dostoïevski, Rilke et … saint Augustin. « Homme d’une sensualité exigeante et raffinée », selon Etty, c’est lui qui lui met la Bible et saint Augustin entre ses mains. Julius a 55 ans quand Etty le rencontre. Elle le rencontre pour la première fois le 3 février 1941 au 27 Courbetstraat à Amsterdam.

Au sujet de sa relation affective avec Julius, Etty écrit à Julius, le 13 août 1941 : « Tu es, en fait, la première personne avec qui j’ai vraiment pu communiquer intérieurement, et à qui je veux ressembler. Peut-être que ce sera là la première amitié de toute ma vie à ne pas être empreinte d’amateurisme. »

3 Réponses

  1. Etty, petite fille d’un grand rabin, montre admirablement bien que c’est un « laïc » doué d’un don particulier (éveilleur d’âme) J. Spier qui lui ouvre le coeur et l’esprit vers l’infinitude spirituelle. Et non pas une dialectique religieuse.
    Restant éminemment positive, Etty relate avec une objectivité clinique scientifique toute les basses manoeuvres des plus hauts membres de l’institution juive cherchant à sauver leur vie, leur position, leur avantages pour eux mêmes ou leurs proches allant même à monnayer leur pouvoir de vie et de mort. N’étant pas dupe de ces comportements honteux en total désaccord avec la Bible, Etty refusera de « vendre son âme pour sauver sa vie ».
    Dans un autre camp de la mort, le français J. Bergier avait lui aussi accepté de prendre la responsabilité d’établir chaque matin la liste des condamnés du jour. Incorruptible Bergier n’avait qu’un seul critère: sauver en priorité tout homme utile à l’humanité. Cette notion « d’utilité humanitaire » a également motivé l’action de Varian Fry, seul américain décoré pendant la guerre par le Gal de Gaulle. Lire sa vie (La liste) est un vrai bonheur !
    Comme cela est fort bien signalé dans l’une des préfaces du Journal, Etty montre que la relation avec Dieu peut fort bien se passer des dogmes inventés pour justifier des institutions religieuses qui peuvent asservir les âmes dans le mal au lieu de libérer dans les hommes leur coté divin.
    Etty donne aux hommes de bonne volonté spirituelle l’exemple d’une âme libérée de l’emprise de toute institution religieuse.
    Je ne me fais aucune illusion. Ce commentaire sera censuré par sectarisme religieux !

  2. Bonjour,

    je suis en train de lire l’édition intégrale du Journal d’Etty.
    Bien entendu, je suis en admiration devant le cheminement spirituel d’Etty et sa façon de libérer son âme de tous les sectarismes et de tout dogmatisme.
    Pourtant, quelque chose me gêne dans sa relation avec Julius Spier qui, lui, ne me paraît pas aussi « pur ». Je ressens dans le personnage décrit par elle, un grande ambiguité. Son aura sur ses « clientes » ne me semble pas exempte d’une forme de séduction malsaine, en particulier de la part d’un thérapeute. Qu’Etty ait accompli sur lui un transfert est dans la logique de la thérapie, mais qu’il en « profite » me paraît assez honteux. Or, je n’arrive pas à déceler la frontière, dans le journal d’Etty, entre une « amitié » , un « amour platonique forcé » et une « liaison charnelle ». Cela me dérange car, du point de vue éthique, un thérapeute est tenu à une réserve, une distance, vis à vis de son élève ou de sa cliente. Qu’en pensez-vous ? J’exprime cela sans esprit polémique. C’est juste un sentiment, en cours de lecture du Journal d’Etty. Peut-être ai-je mal compris la nature exacte de leur relation ?

    • Bonjour Claude,

      Désolé d’avoir tant tardé à vous répondre. Vous avez raison d’éprouver un malaise devant cette relation thérapeutique qui s’est nouée entre Etty et son thérapeute. Était-il un charlatan? Étant donné le cheminement dont nous sommes témoins chez Etty, ainsi que la grande maturité qui s’affirme de plus en plus chez elle au fil de ses écrits, je répondrais par la négative. Que son éthique ait été douteuse avec certaines de ses patientes, soit, mais fondamentalement, il portait aussi en lui-même une recherche sincère de Dieu et Etty a surtout trouvé en Julius un ami plutôt qu’un amant, même s’il a sans doute été le plus grand amour de sa vie. Quant à Julius, plusieurs s’entendent pour dire que son grand amour des femmes ne lui a pas toujours permis de garder la distance critique à laquelle on s’entendrait d’un thérapeute. Néanmoins, il demeure un grand personnage dans la vie d’Etty Hillesum.

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