
Etty Hillesum
Etty Hillesum est née en Hollande le 15 janvier 1914, à Middleburg, au Molenwater 77. À compter de 1924, soit à l’âge de 10 ans, elle habitera la petite ville de Deventer. La famille va habiter au numéro 51 A. J. Duymaer van Twiststraat (présentement le numéro 2).
Son père se nomme Lévie Hillesum, et il est professeur de lycée, où l enseigne les langues classiques. Sa mère s’appelle Riva (Rébecca), une juive d’origine russe dont la famille a fuit les persécutions en Russie.
Etty a deux frères: Jacob (Jaap), né le 27 janvier 1916, et Michael (Mischa) né le 20 septembre 1920, célèbre pianiste virtuose. Elle est donc l’aînée d’une famille de trois enfants et elle aurait grandi, comme ses deux frères cadets, dans une ambiance étrangère à toute référence religieuse. Il est important de savoir qu’Etty provient d’une famille juive qui semblait tout à fait adaptée à la modernité européenne de la première moitié du XXe siècle.
Le père est décrit comme un juif non pratiquant et jamais l’on ne lit chez Etty de références aux pratiques religieuses de la famille Hillesum. Elle décrit son père comme une sorte d’agnostique qui devant l’impossibilité de résoudre les énigmes de la vie, se serait réfugié dans la réflexion philosophique. D’ailleurs, le père d’Etty travaillait le samedi, signe de son intégration à la société ambiante. Toutefois, Etty mentionne à deux reprises, alors que ses parents sont internés, que son père étudie la Bible. Il a même une demi-douzaine de petites bibles (la Torah) en français, en grec, en hébreu et en néerlandais, qu’il s’amuse à comparer les unes avec les autres, discutant avec d’autres détenus Juifs dont certains sont de ses anciens étudiants du lycée ou des collègues de travail.
À noter aussi que le grand-père paternel d’Etty était grand rabbin des trois provinces du Nord au Pays-Bas, selon son éditeur néerlandais J. G. Garrlandt (préface de l’édition originale p. V). Par ailleurs, Paul Lebeau, souligne que le père d’Etty « était un cas classique de Juif pleinement assimilé à la culture européenne occidentale. Il avait adopté le prénom chrétien de Louis. Sa famille n’observait pas le shabbat et ne mangeait pas kasher, au point que certains de leurs cousins hésitaient à lui rendre visite. »
Etty emménagera avec son frère Mischa à Amsterdam en 1932 (elle a 18 ans) et, en 1937 (elle a 23 ans), se retrouvera à la pension de Han Wegerif, au 61 Gabriel Metsustraat. Y habitent, Pa Han, qui deviendra le compagnon de fait d’Etty malgré l’écart de trente années qui les séparent, le fils de Han, Hans Wegerif, jeune étudiant, Bernard Meylink, un étudiant en chimie et la cuisinière allemande Käthe Fransen, qui travaillait à la pension depuis plusieurs années. À ce moment-là, Etty est la seule juive dans cette maisonnée et elle y occupera un emploi de gouvernante. D’autres pensionnaires y passeront, dont Maria Tuinzing, qui se verra confier la garde des cahiers d’Etty, une chrétienne qui sera l’une de ses meilleures amies et confidente. Sur cette maison située tout près du Concertgebouw, une modeste inscription s’y retrouve aujourd’hui : « Dans cette maison Etty (Esther) Hillesum rédigea son Journal de 1941 à 1943. » Ce journal est largement rédigé dans sa chambre du Gabriel Metsustraat à Amsterdam.
Dès la fin de son adolescence, puis à l’Université d’Amsterdam, où elle fait des études de droit, ainsi que l’étude de la langue et de la littérature russe (elle y donne aussi un cours de langue russe à l’université Volksuniversiteit d’Amsterdam ainsi que des cours privés de russe jusqu’à son départ pour Westerbork), Etty fréquente un milieu d’intellectuels de gauche, où les mœurs et les valeurs sont plutôt libérales pour dire le moins. Elle ne tarde pas toutefois à payer le prix d’une existence tumultueuse et hors norme, sous forme de périodes de dépressions et de malaises physiques récurrents.
Un des pensionnaires de la maison, Bernard Meylink, lui conseille alors d’aller consulter un psychologue-chirologue, Julius Spier. Il habite le 27 Courbetstraat. Il a 27 ans de plus qu’Etty. Juif allemand, il avait, comme beaucoup d’autres, émigré aux Pays-Bas en 1939, et sa réputation de thérapeute commençait à se répandre à Amsterdam. Cette rencontre fut décisive. Sous sa conduite elle décide de commencer à rédiger un journal.
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