Annie, une jeune universitaire, m’écrit suite au décès de sa mère. Elle me dit vivre une grande colère contre Dieu lorsqu’elle va à la messe. Elle aimerait que je lui réponde via ce blogue. Voici donc ce que j’aimerais te dire chère Annie.
Tout d’abord Annie, je te remercie de ta confiance en me partageant ce que tu portes. Je trouve ta colère très saine tu sais, tout particulièrement celle qui se manifeste à l’endroit de Dieu lorsque tu vas à l’église. Et tu as le droit de vouloir cesser d’y aller.
Mais tu sais que les textes les plus violents dans la Bible sont les psaumes, et que parmi ces textes s’exprime parfois une très grande colère à l’endroit de Dieu. Bien sûr, le psalmiste finit toujours par revenir vers Dieu et lui confier sa vie. Mais avec un ami, on n’a pas peur de la franchise, ni de ses sentiments. Et dans certaines situations de la vie, le mal nous fait crier notre douleur. Et alors qui peut-on blâmer, si ce n’est Dieu? C’est lui notre bouc-émissaire, car l’on aimerait bien que d’un tour de main il renverse les situations les plus terribles.
C’est le grand mystère de la vie qui bat en nous et qui, parfois, est tellement souffrante et injuste. On n’a pas assez de notre petite tête et de notre petit coeur pour comprendre tout ce qui nous arrive. Mais le Christ est venu porter avec nous cette souffrance. Comme le dit Catherine de Sienne: « ce ne sont pas les clous qui retiennent le Christ sur la croix, mais l’amour. » Et quand je le considère ainsi, crucifié, poussant l’amour jusque là, je me dis alors que mon ennemi ce n’est pas Dieu, ce n’est pas le Christ, mais le mal qu’il est venu dénoncer, qu’il est venu affronter et vaincre. Le mal en moi et chez les autres, la morten moi et chez les autres. Mais il faut du temps pour voir les premières pousses de la résurrection en nos vies, pourtant elles sont là.
« Time is gentleman » dit un proverbe anglais. Et le temps du deuil et de la perte que tu vis est un temps qui est souffrant, car ta perte est grande ainsi que ta peine. Seulement le temps, je dirais la caresse de Dieu sur ton existence, pourra cicatriser la douleur, sans jamais pourtant que tu ne l’oublie. Viendra un jour où elle ne fera plus vraiment mal, mais où le souvenir lui ne mourra jamais. Et l’on serait inhumain si l’on pensait pouvoir un jour se débarrasser du souvenir. Dans ce souvenir l’on apprend à grandir, il nous pousse vers l’avant et peu à peu nous rend capable de porter les autres qui vivent une souffrance comme la nôtre.
Face à l’épreuve de la mort d’un être cher se joue un choix de regard sur l’existence, un pari sur la vie et sur Dieu. Tu as le droit de râler, de chialer, de sacrer! Tu as le droit de dire « je n’avance plus ». Tu seras toujours respectée dans tes choix. Mais sache que Lui t’attend toujours, qu’il ne te juge pas et, surtout, qu’il comprend et accepte ta colère. Patience et… prière confiante. Un mot suffit.
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