En la fête de saint Patrick

04b-st-patrickMoi Patrick
J’avance sur ma route
Avec la force de Dieu comme appui
La puissance de Dieu pour me protéger
La sagesse de Dieu pour me diriger
L’oeill de Dieu pour me guider
L’oreille de Dieu témoin de mon langage

Que la parole de Dieu soit sur mes lèvres
Que la main de Dieu me garde
Que le chemin qui mène à Dieu
s’étende devant moi
Que le bouclier de Dieu me protège
que l’armée invisible de Dieu me sauve
De toute embûche du démon
De tout vice qui pourrait me réduire en esclavage
Et de tous ceux qui me veulent du mal
Au cours de mon rapide ou long voyage
Seul ou avec la multitude
Que le Christ sur ma route
Me garde
Afin qu’une moisson fructueuse
Puisse accompagner ma mission

Christ devant moi, derrière moi
Christ sous moi, sur moi
Christ en moi et à mes côtés
Christ autour et alentour
Christ à ma gauche et Christ à ma droite
Christ avec moi le matin et avec moi le soir
Christ dans chaque coeur qui pensera à moi
Christ sur chaque lèvre qui parlera de moi
Christ dans chaque regard qui se posera sur moi
Christ dans chaque oreille qui m’écoutera…

Sur ma route…
Me conduisant vers le roi d’Irlande
et sa colère
J’invoque le pouvoir de la Trinité Sainte
Par ma foi dans le Père.
Et en Dieu Créateur.

Saint Patrick d’Irlande

Le bon saint Joseph

Devant saint Joseph, l’époux de la Vierge Marie, père adoptif de Jésus, je me sens muet comme le boeuf de l’étable. Il est tout caché cet homme dans les replis du mystère entourant l’enfant de la crèche. Et pourtant il a vécu une intimité telle avec l’Enfant-Dieu, qu’elle surpasse sûrement tout ce qu’on peut en imaginer. Je me fais l’image d’un Joseph viril et contemplatif. Fort et doux. Tendre et responsable.En cette fête de saint Joseph, je vous partage un extrait d’un sermon de Bossuet, texte envoyé par Béatrice Cantoni qui a aussi écrit un fort beau texte sur Joseph :

« Les apôtres sont des lumières pour faire voir Jésus-Christ au monde ; Joseph est un voile pour le couvrir : et sous ce voile mystérieux on nous cache la virginité de Marie et la grandeur du Sauveur des âmes. Aussi nous lisons dans les Écritures que lorsqu’on le voulait mépriser : « N’est-ce pas là, disait-on, le fils de Joseph ? » Si bien que Jésus entre les mains des apôtres, c’est une parole qu’il faut prêcher : « Loquimini omnia verba viae hujus », prêchez la parole de cet Évangile ; et Jésus entre les mains de Joseph, c’est une parole cachée : « Verbum absconditum » et il n’est pas permis de la découvrir (…) Joseph, au contraire, en entendant parler des merveilles de Jésus-Christ, il écoute, il admire et se tait. » (Bossuet, sermon du 19 mars 1661)

Un théologien sur la communion des saints

« On mutile cette vérité si l’on voit en elle que l’idée d’une réversibilité des mérites et du profit que tirent les membres pécheurs de la prière et du renoncement des plus saints (indulgences). Il faut saisir d’abord ce qui en est le fondement (de la communion des saints) : la participation de tous à un même tout organique animé d’une même vie, celle de la charité, « car l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Encore une fois, la comparaison du corps se révèle merveilleusement adaptée à l’illustration du mystère. Venant du coeur et retournant à lui, le sang est animé d’un perpétuel mouvement de va-et-vient; sa circulation dans tout le corps permet l’assimilation par tous et par chacun des membres de la nourriture prise par la bouche, et tous participent ainsi de la santé et de la vigueur de l’ensemble. La charité, qui vient de l’Esprit coeur de l’Église, exerce un rôle comparable; par lui qui en est la source, elle met en communication les uns avec les autres tous ceux qui en vivent, les faisant réciproquement bénéficier de tout ce qui se fait sous son impulsion dans l’ensemble du corps. La raison du caractère commun à tous du bien accompli par chacun apparaît alors en pleine clarté: elle réside dans la « communication de tous les uns avec les autres par la racine de leurs actes, la charité » (Thomas d’Aquin, In IV Sent. dist. 45, q.2, a.1, q 1).

Thomas d’Aquin, qui a sans doute été l’un des premiers à formuler les choses aussi nettement, disait encore : « Non seulement le mérite de la passion et de la vie du Christ nous est communiqué à ceux qui vivent dans la charité, mais tout ce que les saints ont fait de bien est communiqué à ceux qui vivent dans la charité, car tous sont un: Je suis participant de tous ceux qui te craignent (Ps 119,63). Ainsi, celui qui vit dans la charité est participant de tout le bien qui se fait dans le monde » (Thomas d’Aquin, In Symbolum apostolorum expositio (cf. Opuscula theologica, ed Marietti, t. II, n.997).

Torrell, Jean-Pierre. Dimension ecclésiale de l’expérience chrétienne, in Freibuger Zeitschrift für Philosophie und Theologie, no. 28, 1981, pp. 3-25

Souvenir de la Toussaint en Italie

Aujourd’hui, fête de la Toussaint, le train m’amène tout doucement à travers cette campagne italienne, vers la ville de Naples. Comme il est beau ce soleil qui inonde l’humidité du matin! Il diffuse sa lumière avec une incroyable douceur sur ces pâturages d’un vert tendre, où se mêlent à la fois les couleurs d’automne à travers les oliviers et les vignes dégarnies. Un soleil sans violence que je peux contempler sans effort, comme un soleil d’éternité, enveloppant tout de sa lumière. Paix et joie. Quelle joie! Comme si c’était déjà le ciel.Et dans ma descente vers le Sud, je pense à tous ces saints et ces saintes qui ont buriné de leur vie l’histoire de notre frêle humanité. Qu’ils sont beaux ces témoins de l’amour d’un Dieu qui n’a cesse de nous chercher, qui n’a cesse de nous aimer. Je comprends mystérieusement combien Dieu a besoin de nous, Lui qui nous attend de toute éternité à ce rendez-vous de la patience.

Sa hâte se lit dans cette gloire qui revêt le visage de ses saints et de ses saintes. Tout comme des miroirs lumineux, ils sont le reflet de l’amour infini de Dieu pour ses enfants. Et tant que nous sommes de ce temps, il cherchera toujours à travers les battements d’une vie d’Homme à se faire proche de nous. Dieu veut avoir besoin de nous!

Il n’a de cesse de nous chercher et de se dire, un peu comme l’amant aux mots malhabiles qui rêve de faire connaître à la bien-aimée le désir qui l’habite. Mon Dieu est un être de désir et comme je ressens l’appel de son chant en ce matin de la Toussaint. Le chant d’un éternel printemps au cœur de cet automne italien, en cette fête de tous les saints!

Bonne Toussaint à toi, saint en devenir!

La communion des saints avec Jules Montchanin

« L’unité de deux saints qui ne se connaissent pas est plus réelle et plus intime, incommensurablement, que celle d’une branche à une autre branche du même arbre nourrie de la même sève… »(Jules Montchanin, Écrits spirituels, Paris, 1965, p.120).

Soeur Élizabeth de la Trinité

Soeur Élizabeth de la Trinité, du Carmel de Dijon, disait: « C’est toute la Trinité qui repose en nous, tout ce mystère qui sera notre vision dans le ciel. Que ce soit notre joie! »

To blogue or not to blogue…

J’ai peu écrit ces derniers temps. Un temps de « vaches maigres » se disent certains pour le moine ruminant? Pas exactement. Mes occupations m’ont tenu à l’extérieur de la ville et de mon pré, mais le blogue m’habitait. C’est un peu comme un enfant à qui l’on a donné la vie. Il faut ensuite s’en occuper. On s’en souci.C’est mystérieux cette relation avec des lecteurs et des lectrices des quatre coins du monde, avec qui l’on partage sans se connaître. C’est lorsque vous m’écrivez que je prends alors conscience de l’impact d’un blogue. De petites phrases anodines qui parfois viennent éclairer un pan de vie quotidienne.

J’ai eu la chance le week-end dernier de participer à un colloque sur Catherine de Sienne. J’en suis revenu tout plein de ce feu cathérinien. Catherine écrira dans l’Oraison numéro XXII :

« Dans ta nature, Déité éternelle, je connaîtrai ma nature. Et quelle est ma nature, amour inestimable? C’est le feu parce que tu n’es autre que feu d’amour, et c’est de cette nature que tu as donnée à l’homme puisque par feu d’amour tu l’as créé. Et ainsi toutes les autres créatures et toutes les choses créées, tu les as faites par amour. »

Quelle femme! Je comprends qu’elle soit co-patronne de l’Europe, car Catherine était une femme forte et inspirée, une figure prophétique dans une Europe en mutation. De plus, elle est aussi docteur de l’Église, la première à recevoir cette reconnaissance avec Thérèse d’Avila.

Mais le grand mérite de Catherine de Sienne est de nous faire entrer dans l’intimité de l’amour de Dieu à travers son Dialogue, ses Lettres et ses Oraisons. Sa doctrine spirituelle semble inépuisable à qui s’en approche, tellement elle a contemplé Celui qu’elle appelle: « Déité éternelle », « Amour inestimable », « Feu qui sans cesse brûle », la « douce première vérité ». Elle parlait ainsi à Dieu:

« O Trinité éternelle! ô Déité! … vous êtes une mer sans fond où plus je me plonge, plus je vous trouve, et plus je vous trouve, plus je vous cherche encore. De vous, jamais on ne peut dire : c’est assez ! L’âme qui se rassasie dans vos profondeurs vous désire sans cesse, parce que toujours elle est affamée de vous, Trinité éternelle… Car j’ai goûté et j’ai vu, avec la lumière de mon intelligence dans votre lumière, votre abîme, ô Trinité éternelle, et la beauté de la créature. En me contemplant en vous, j’ai vu que j’étais votre image, et que vous m’avez donné votre puissance à vous, Père éternel, avec dans mon intelligence la sagesse, qui est votre Fils unique, en même temps que l’Esprit-Saint qui procède de vous et de votre Fils, faisait ma volonté capable de vous aimer… O abîme, ô Divinité éternelle! Océan sans fond! » (Oraison 22, 10)

Et les spirituels maintenant…

« L’unité de deux saints qui ne se connaissent pas est plus réelle et plus intime, incommensurablement, que celle d’une branche à une autre branche du même arbre nourrie de la même sève… » (Jules Montchanin, Écrits spirituels, Paris, 1965, p.120). »…la prière personnelle, même accomplie dans les secret, n’est pas un acte purement privé. Cette démarche que personne ne peut faire à ma place, n’est absolument pas celle d’un isolé; elle s’enracine et s’épanouit dans la communion. Quand je dis à Dieu : « Père », je me situe en fils, mais quand je dis : « Notre Père », je me situe aussi et du même coup en frère de tous ceux qui le disent également – et même de ceux qui ne savent peut-être pas le dire. « Il y a beaucoup d’âmes, disait Paul Claudel, mais il n’y en a pas une seule avec qui je ne sois en communion par ce point sacré en elle qui dit Pater Noster » (Paul Claudel. Cantique de Palmyre, Conversation dans le Loir-et-Cher, éd. Pléiade, p.9).

« L’on ne se sauve pas tout seul. Nul ne retourne seul à la maison du Père. L’un donne la main à l’autre. Le pécheur tient la main du saint et le saint tient la main de Jésus » (Charles Péguy).

La communion des saints ou le mystère de la Réversibilité

Je vous propose aujourd’hui ce texte décapant de l’écrivain Léon Bloy, qui ne se veut pas une présentation tout à fait orthodoxe ou théologique sur la question de la communion des saints, mais qui a néanmoins beaucoup de souffle et le mérite de nous interroger :

« Notre liberté est solidaire de l’équilibre du monde et c’est là qu’il faut comprendre pour ne pas s’étonner du profond mystère de la Réversibilité qui est le nom philosophique du grand dogme de la Communion des Saints. Tout homme qui produit un acte libre projette sa personnalité dans l’infini. S’il donne de mauvais coeur un sous à un pauvre, ce sous perce la main du pauvre, tombe, perce la terre, troue les soleils, traverse le firmament et compromet l’univers. S’il produit un acte impur, il obscurcit peut-être des milliers de coeurs qu’il ne connaît pas, qui correspondent mystérieusement à lui et qui ont besoin que cet homme soit pur, comme un voyageur mourant de soif a besoin du verre d’eau de l’Évangile. Un acte charitable, un mouvement de vraie pitié chante pour lui les louanges divines, depuis Adam jusqu’à la fin des siècles; il guérit les malades, console les désespérés, apaise les tempêtes, rachète les captifs, convertit les infidèles et protège le genre humain. »

(Léon Bloy: Méditation à l’Office de nuit chez les Chartreux).

La communion des saints… c’est compliqué!

Certains lecteurs peinent avec la communion des saints. C’est normal puisque nous ne sommes pas des saints…

Mais au-delà de cette contingence, la notion échappe à bon nombre de chrétiens et fait même l’objet de divisions entre eux. Pour nous catholiques, c’est là une vérité fondamentale et extraordinaire de notre foi chrétienne. On peut en trouver une brève description sur le beau site de Port Saint-Nicolas.

Je me propose de mettre sur ce blogue, dans les jours qui viennent, différentes propositions, à la fois de théologiens et d’écrivains catholiques sur cette vérité de notre Credo. Merci à Monique de m’avoir lancé sur cette piste. En attendant je vous réfère à cet article paru en 2003 sur le site de Spiritualité 2000. On y reproduit un article de la revue CÉLÉBRER LES HEURES, qui a demandé au Père Pierre JOUNEL, artisan important de la réforme liturgique de Vatican II et éminent spécialiste du Sanctoral, de nous proposer quelques points de repère historiques et théologiques. L’article s’intitule : Mémoire du Christ, mémoire des saints.

La communion des saints

« La communion des saints… lequel d’entre nous est sûr de lui appartenir? Et s’il a ce bonheur, quel rôle y joue-t-il? Quels sont les riches et les pauvres de cette étonnante communauté? Ceux qui donnent et ceux qui reçoivent? Que de surprises! […] Oh! rien ne paraît mieux réglé, plus strictement ordonné, hiérarchisé, équilibré que la vie extérieure de l’Église. Mais sa vie intérieure déborde des prodiges de libertés, on voudrait presque dire extravagants, de l’Esprit – l’Esprit qui souffle où il veut. »

(Georges Bernanos, Les prédestinés, Paris, Seuil, 1983, p. 99.)

Joseph et l’âne d’Autun

Béatrice, une correspondante d’Autun m’écrit :
« Dans cette ville, que je connais depuis mon enfance, ma grand-mère y habitait, il y a un âne délicieux, digne de vos pâturages virtuels. C’est en contemplant une photo du chapiteau de la cathédrale, « La fuite en Egypte », à un moment où j’étais secouée par deux deuils successifs… et où je prenais une conscience aigüe de la fuite accélérée du temps, que j’ai refait sa connaissance. »

Suit un texte magnifique sur saint Joseph, intitulé : L‘homme de confiance. Avec l’accord de Béatrice, il me fait plaisir de partager avec vous ce texte:

« A Autun, il y a un âne. Il est célèbre parce qu’il marche sur des roues qui ont l’air de tourner très vite. Il porte la Mère et l’Enfant, l’Enfant qui porte le monde ! Ses sabots arrière sont fermes, et devant, il a un pied sur une de ces roues vertigineuses et l’autre levé haut pour le pas suivant. Haut, comme pour une danse ! Il est très bien coiffé et plutôt méditatif. Comme il se laisse conduire, il ne regarde pas ses pieds… (suite fichier Word) fin

Des images accompagnent ce texte :

1- Fuite en Égypte 2. Joseph, méditatif 3. L’âne d’Autun