« L’être qui écoute, absolument parlant, est la vierge qui devient enceinte du Verbe et l’engendre comme son fils et comme le Fils du Père. Elle-même, aussi comme mère, reste servante; le Père seul est le Maître, avec le Fils qui est la vie de Marie et modèle de cette vie. Marie est fonction du fruit de son sein.Même après l’avoir engendré, elle le porte en elle; elle n’a qu’à regarder dans son coeur qui est plein de lui, pour le trouver. Mais elle ne néglige pas de regarder constamment l’enfant qui grandit à côté d’elle, le jeune homme, l’homme, dont les sentiments et les actes lui apparaissent sans cesse imprévus et surprenants, au point que, de plus en plus, elle « ne comprend pas » ce qu’il a dans l’esprit, lorsqu’il la laisse dans le Temple sans l’avertir, ou ne la reçoit pas quand elle vient lui rendre visite, ou cache sa puissance dans sa vie publique et sacrifie sa vie, et lorsque finalement il lui échappe encore au pied de la croix, en lui donnant un fils étranger, Jean, à sa place. Elle écoute, de toutes les forces de son corps, le Verbe qui retentit d’une manière toujours plus forte, toujours plus divine et apparemment toujours plus étrangère, le Verbe dont les dimensions la déchirent presque, et auquel elle a pourtant d’avance et radicalement donné son oui pour tout.
Elle se laisse conduire « où elle ne veut pas », tant la Parole qu’elle suit est peu sa propre sagesse. Mais elle est d’accord avec cette conduite, tant la Parole qu’elle aime est « ensemencée » dans son coeur. (Jc. 1, 21). » p.20
Source : Balthasar, Urs von. La prière contemplative. Fayard, 1972.
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