Homélie pour le 1er Dimanche de l’Avent (A)

Le poète Charles Péguy dans un poème sur la fête de Noël met en scène trois personnages qu’il appelle les filles de Dieu, et qui sont la foi, l’espérance et la charité. Il compare la charité à une mère ou à une sœur aînée; la foi à une épouse fidèle; et l’espérance, à une toute petite fille. Péguy a là une intuition des plus intéressante, car les saints et les saintes sont surtout reconnus à cause de leur foi à déplacer les montagnes, de leur charité à toute épreuve, mais l’espérance… Qui a déjà été canonisé parce qu’il ou elle avait espéré? Et pourtant, nous dit Péguy, c’est la petite fille espérance qui entraîne par la main ses deux sœurs aînées, la foi et la charité. Cette vision du poète nous introduit, il me semble, dans une belle compréhension de l’année liturgique que nous inaugurons aujourd’hui.

Faut-il le rappeler, l’année liturgique qui commence avec le premier dimanche de l’Avent, et qui se termine avec la fête du Christ-Roi, est marquée par trois grands mouvements, comme une vaste symphonie, qui correspondent au temps de Noël, de Pâques, et du temps appelé « ordinaire », à défaut d’un qualificatif plus poétique. Quand on y regarde de plus près, chacun de ces trois temps de l’année liturgique semble davantage orienté vers l’une des trois vertus théologales de foi, d’espérance et de charité. Non pas que toutes ces vertus ne soient pas évoquées tout au long de l’année liturgique à travers les lectures bibliques qui nous sont proposées, mais c’est comme s’il y avait une insistance plus soutenue à l’endroit de l’une ou l’autre de ces vertus, selon les grands moments de l’année.

Tout d’abord, le temps ordinaire, celui qui occupe la plus large part de l’année liturgique, est loin d’être « ordinaire ». Je le dirais surtout consacré à la vertu de charité, à la mise en œuvre quotidienne de l’amour, manifesté par les paroles, les gestes et la personne même de Jésus. Le temps ordinaire de la liturgie est une invitation à faire nôtre sa mission, afin que par nos gestes et nos paroles, l’amour et la tendresse du Père soient à nouveau manifestés à notre monde par nos œuvres de justice et de miséricorde. Le temps ordinaire, c’est l’aujourd’hui de Dieu, l’aujourd’hui de l’Évangile et de l’Église. On pourrait l’appeler le temps de la charité de l’Église.

Le Carême et le temps pascal me semblent davantage consacrés à la vertu de foi. C’est un temps qui invite à croire, à croire sans réserve. Une invitation nous y est faite à suivre le Christ dans sa mort-résurrection et à proclamer avec les Apôtres que ce Jésus qui a été crucifié, Dieu l’a ressuscité des morts. Carême et temps pascal sont ces temps de l’année où nous retournons aux sources de notre foi et où, à la fête de Pâques, sommet de l’année liturgique, nous proclamons que ce Jésus, Dieu l’a fait Christ et Seigneur. Et nous faisons nôtre cette béatitude promise par Jésus à ses disciples : « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu! » C’est à cette foi audacieuse que nous invitent le Carême et le temps pascal.

Vous l’aurez deviné, le temps de l’Avent lui me semble tout orienté vers l’espérance. L’Avent, première halte dans l’année liturgique, vient dresser sur l’horizon de nos attentes humaines une toute petite lueur. Elle a les dimensions d’un berceau, mais elle est capable d’embraser tout l’univers. Pourtant, elle est toute contenue dans le mystère de cette étable de Bethléem. Mystère de l’humilité et de la petitesse de Dieu, qui se donne sans s’imposer à nous.

Noël, c’est Dieu qui déjà se livre une première fois entre nos mains. En attendant d’être couché sur la croix, il est couché dans une mangeoire, emmailloté, offert à notre contemplation. Et là, dans cette vie humaine naissante, gît, impuissant, donnée à nous, l’espérance du monde, le Christ, le Fils de Dieu. C’est Dieu lui-même qui vient allumer au cœur de notre nuit une soif d’infini et qui nous ouvre le chemin qui y conduit.

Pas étonnant qu’en ce temps de l’année, plus qu’à n’importe quel autre, les gens aient le goût de décorer, de revêtir les villes et les villages de lumières et de couleurs flamboyantes. Ils ont envie de donner d’eux-mêmes sans compter, d’être une fois pour toutes bonté et générosité, comme si leur cœur saisissait à l’approche de Noël, comme l’espace d’un instant, sa véritable vocation, même dans les sociétés les plus sécularisées. Non, les indices ne trompent pas. C’est la petite vertu espérance qui se fraie son chemin depuis cette étable de Bethléem et qui illumine la nuit des temps.

Nous le savons, la Parole de Dieu ne nous propose pas une espérance à la petite semaine, une espérance facile et béate. Non, elle est de tous les combats, de toutes les luttes, et c’est elle qui nous rend capables de nous engager, de nous aimer les uns les autres, de changer nos cœurs, de recommencer quand tout s’écroule. C’est cette espérance, têtue et obstinée, que nous demandons au Prince de la paix de renouveler en nous alors que nous nous préparons à célébrer la fête de Noël, afin qu’il nous trouve fidèles et en tenues de service quand il viendra, de telle sorte que cette espérance qui nous habite puisse soulever le monde avec lui, chacun et chacune à notre mesure, dans le quotidien qui est le nôtre.

En terminant, écoutons Charles Péguy :

Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance.
Et je n’en reviens pas.
Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.
Car mes trois vertus, dit Dieu.
Les trois vertus mes créatures.
Mes filles, mes enfants.
Sont elles-mêmes comme mes autres créatures.
De la race des hommes.
La Foi est une Épouse fidèle.
La Charité est une Mère.
Une mère ardente, pleine de cœur.
Ou une sœur aînée qui est comme une mère.
L’Espérance est une petite fille de rien du tout.
Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière.
Qui joue encore avec le bonhomme Janvier.
Avec ses petits sapins en bois d’Allemagne couverts de givre peint.
Et avec son bœuf et son âne en bois d’Allemagne. Peints.
Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas.
Puisqu’elles sont en bois.

C’est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.
Cette petite fille de rien du tout.
Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.
Comme l’étoile a conduit les trois rois du fin fond de l’Orient.
Vers le berceau de mon fils.
Ainsi une flamme tremblante.
Elle seule conduira les Vertus et les mondes.
Une flamme percera des ténèbres éternelles.


CHARLES PÉGUY, tiré de «Le porche du mystère de la deuxième vertu. pp. 26-27

fr. Yves Bériault, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs

Homélie pour la solennité de Jésus Christ et Roi de l’Univers

Nous fêtons aujourd’hui la solennité du Christ-Roi, une fête qui vient clore l’année liturgique où, pour la seule fois de l’année, nous célébrons l’identité même de Jésus en tant que Messie et Roi de l’Univers. Les trois années liturgiques soulignent toutes cette fête, mais avec un évangile différent : soit en évoquant l’entrée de Jésus à Jérusalem, assis sur le dos d’un âne, ou encore Jésus, prisonnier humilié, comparaissant devant Pilate; et enfin, ce dimanche, Jésus bafoué, cloué sur une croix entre deux malfaiteurs. Et nous l’appelons le Roi de l’Univers.

Mais le danger qui guettera toujours l’Église en célébrant son Seigneur à titre de Roi de l’Univers, sera d’oublier ce qu’il a dit de lui-même à Pilate alors qu’il était son prisonnier. Rappelez-vous, ce dernier lui demanda s’il était le roi des Juifs et Jésus lui répondit : «ma royauté n’est pas de ce monde».

Comment ne pas voir, en cette fin d’année liturgique, encore une fois fort éprouvante pour les catholiques que nous sommes, une contradiction flagrante entre l’affirmation de Jésus, dont la royauté est dépouillée de toute forme de puissance ou de domination, et de sombres pages de l’histoire de notre Église qui s’écrivent encore aujourd’hui, où les abus d’autorité de la part de membres de l’Église font la manchette, protégés parfois par une hiérarchie se croyant au-dessus des lois. Encore, ces dernières semaines en France, les journaux en ont fait écho amplement.

Bien sûr, nous sommes convaincus que la grande majorité des chrétiens et des chrétiennes prennent au sérieux leur foi, et il en va de même pour les ministres de l’Église. Mais il y aura toujours ceux par qui le scandale arrive, surtout quand c’est la structure même de l’Institution qui les favorise. Et cela doit changer. Si Jésus invite à laisser pousser le bon grain avec l’ivraie, il y a urgence dans la demeure quand l’ivraie étouffe le bon grain, détruit des vies. Nous ne voulons ni ne pouvons être complices d’une telle conception de l’Église du Christ, qui est appelée à servir comme Lui.

Et c’est ainsi qu’au terme d’une année liturgique où nous ont été rappelé successivement les abus commis dans les écoles résidentielles autochtones, les comportements scandaleux reprochés à des prêtres, des évêques et des religieux, il est difficile, pour plusieurs catholiques, de retrouver le chemin du vivre ensemble en Église, ou même du pourquoi de leur foi. Oui, au terme de cette année liturgique notre Église en ressort humiliée et, même s’ils n’en mouraient pas tous, comme le raconte une fable de Lafontaine, tous en sont atteints.

C’est Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, qui lors de la réunion de l’assemblée des évêques à Lourdes l’année dernière, décrivait une Église qui croyait pouvoir enseigner sans écouter, sanctifier sans se dépouiller, gouverner sans se convertir.

Vous en conviendrez avec moi, ce constat est très difficile à entendre, mais comme dit Jésus : «La vérité vous rendra libres!» C’est pourquoi, frères et sœurs, il est important de nous redire quelle Église nous voulons, comment nous voulons vivre entre nous, et de quelle manière nous voulons annoncer la bonne nouvelle de Jésus Christ.

Car, au-delà de tous les scandales, de toutes les campagnes aussi pour discréditer l’Église, un fait demeure: nul ne va au ciel tout seul, et c’est ensemble que le Christ nous invite à le suivre, à nous reconnaître les uns les autres de sa bergerie, et à nous soutenir dans cette marche qui sera toujours très exigeante, soit de faire Église ensemble.

Former Église, ne va pas de soi, et dès le début de la mission des apôtres, ces derniers en ont fait l’expérience: abandon de certains disciples, reniement de Pierre, trahison de Judas, persécutions, dispersions des disciples du Christ dans le bassin de la Méditerranée, discordes entre Pierre et Paul. Pourtant, cette même Église a porté la Bonne nouvelle de la Résurrection aux quatre coins du monde jusqu’à nous rejoindre, nous tous qui sommes ici. C’est pourquoi le défi de faire Église sera toujours à notre portée puisque c’est le Christ qui nous y appelle et qui nous y accompagne malgré les mauvais jours. Alors comment cela va-t-il se faire? Il nous suffit de contempler la vie de celui dont nous célébrons la royauté aujourd’hui.

Rappelez-vous: Jésus en avait déjà donné une claire indication à ses apôtres alors que ces derniers réclamaient le privilège de s’asseoir à sa droite et à sa gauche lors de l’établissement de son Royaume. «Vous le savez, avait-il dit : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave.» 

Frères et sœurs, voilà l’agenda qui nous est proposé, tant aux ministres de l’Église qu’à tous les baptisés. Car nous sommes de l’ordre du tablier, dont le maître est le premier des serviteurs. Et nous l’appelons le Roi de l’Univers. Car notre Roi a comme palais une étable, comme trône, une croix, son armée, ceux et celles qui vivent de l’esprit des béatitudes, car sa royauté n’est pas celle des puissants de ce monde. Le seul royaume que le Christ est venu établir parmi nous est celui de l’amour qui sait se donner et servir jusqu’au bout. Servir et donner, et non pas prendre et être servis. Et cela, l’Église ne doit jamais l’oublier. 

« Souviens-toi de nous, Seigneur Jésus, quand tu viendras dans ton Royaume. »

fr. Yves Bériault, o.p.

Ordre des prêcheurs. Dominicain.

Homélie pour la Toussaint

Toussaint

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5,1-12a. 
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

COMMENTAIRE

Cette page de l’Évangile de Matthieu, que l’on appelle les béatitudes, est l’une des plus connus des évangiles, que l’on soit chrétien ou non. C’est Gandhi, pacifiste et guide spirituel de l’Inde au siècle dernier, qui disait des béatitudes : « C’est ce sermon qui m’a fait aimer Jésus ». Les béatitudes, ce sont les paroles de bonheur qui ouvrent la vie publique de Jésus ! Ce dernier ne commence pas sa mission en nous faisant la morale, mais en nous souhaitant d’être heureux !

Les béatitudes sont le plus beau chemin de bonheur qui nous soit proposé ici-bas pour combattre l’égoïsme et la volonté de puissance, pour faire place aux pauvres et aux humiliés ! Les béatitudes renversent bien souvent nos échelles de valeurs, car elles nous remettent sans cesse devant la clé du mystère de notre vie, et qui est d’aimer ! C’est là l’esprit des béatitudes. C’est correspondre de plus en plus à cet appel de Dieu au cœur de nos vies et trouver notre joie dans le don de nous-mêmes aux autres. C’est pourquoi la liturgie de l’Église nous propose cet évangile en cette fête de la Toussaint.

La Toussaint, c’est la fête des disciples du Christ qui nous devancent au ciel, et qu’on appelle des saints et des saintes. Ils sont une multitude ceux et celles qui nous ont précédés sur ce chemin de la sainteté, et dont on célèbre la mémoire en cette fête. Ils sont pour nous des modèles, des frères et des sœurs ainés dans la foi, parce qu’ils ont pris au sérieux l’évangile, et qu’ils se sont mis à la suite du Christ avec passion et radicalité. Ils n’ont pas eu peur de compromettre leur sécurité, leur bien-être, ou même leur vie, au nom de l’évangile. Ils ont saisi à bras-le-corps ce bonheur des béatitudes promis par le Christ. C’est pourquoi la Toussaint est une fête lumineuse qui nous invite à nous réjouir et à contempler le magnifique album de famille qui est le nôtre.

Ils sont beaux ces témoins de l’amour, ces témoins d’un Dieu qui ne cesse de nous aimer malgré nos fragilités. À travers tous ces visages bien-aimés de l’Église, connus ou inconnus, Dieu nous révèle combien il veut avoir besoin de nous, Lui qui nous attend de toute éternité. Tout comme des miroirs lumineux, les saints et les saintes sont le reflet de l’amour infini de Dieu pour ses enfants. Et tant que nous sommes de ce temps, Dieu cherchera toujours, à travers les battements d’une vie humaine, à se dire à nous, à se faire proche de nous.

L’Église nous propose sans cesse des modèles de la suite du Christ à travers ceux et celles que l’on appelle les saints. Mais ils ne représentent que la fine pointe de tous ceux et celles qui leur ressemblent, et que l’histoire a gardés dans l’anonymat, mais qui aujourd’hui sont célébrés eux aussi.

La fête de la Toussaint nous donne de contempler ce mystère auquel nous participons déjà, et qu’on appelle la communion des saints. Il s’agit d’une solidarité entre les morts et les vivants, dans une même communion en Dieu. Et aujourd’hui, nous fêtons plus particulièrement ces témoins dont la vie a été pleinement saisie par le Christ et qui ont fait leur sa passion pour notre monde.

Nous fêtons les saints non seulement pour nous tourner vers cet avenir qui nous attend, mais nous les fêtons pour aujourd’hui même, afin de rendre grâce à Dieu qui ne cesse de veiller sur notre monde en se communiquant à nous par l’entremise d’une vie humaine, reflet de son amour, de sa tendresse et de sa miséricorde.

Nous fêtons les saints afin de nous rappeler aussi notre vocation à nous tous, pour nous rappeler que le monde a toujours besoin de la présence d’hommes et de femmes qui portent dans leur vie la marque du Christ.

Depuis la résurrection, la suite de Jésus s’est traduite dans l’existence de millions et de millions de personnes, toutes aussi différentes les unes que les autres, et cette suite a pris le visage de ces personnes, car nous sommes le Corps du Christ, nous sommes le visage du Christ pour ce temps qui est le nôtre. Chacun et chacune de nous sommes appelés à incarner cette suite d’une manière unique, qui nous est propre, et qui est de vivre l’Évangile là où la vie nous entraîne. C’est la sainteté du quotidien qui est tout simplement la synthèse des ressources et des talents que nous portons, marqués au jour le jour par notre foi au Christ, marqués par son Esprit qui habite en nous.

Être saint, c’est vouloir aimer comme Dieu nous appelle à aimer, et ce malgré nos limites et nos faiblesses. N’en doutons pas, la grâce de Dieu peut nous entraîner vers des dépassements dont on ne se serait jamais crus capables. C’est l’expérience qu’ont faite les saints et les saintes, eux qui sont des hommes et des femmes comme nous, des pécheurs, avec des limites et des défauts, mais qui ont su s’en remettre entièrement à Dieu et à sa miséricorde.

Il y a bien des manières de répondre à cet appel dans nos vies. Dans l’Évangile selon saint Jean, lors de la dernière Cène, l’on voit Jésus revêtir le tablier et se mettre à genoux, afin de laver les pieds de ses disciples. C’est le trappiste Christian de Chergé, prieur du monastère de Tibhirine, assassiné avec six de ses frères en Algérie en 1996, qui commentait ainsi ce passage : « Prendre un tablier comme Jésus, cela peut être aussi grave et solennel que le don de sa vie… Mais vice-versa, donner sa vie peut être aussi simple que de prendre un tablier », le tablier du service, le tablier du don de soi, généreux et sans calcul.

Revêtir le tablier du service, c’est devenir des hommes et des femmes de compassion et de miséricorde, assoiffés de justice et de paix, attentifs aux besoins des plus pauvres et des plus démunis.

Frères et sœurs, n’en doutons pas, cette sainteté nous y sommes tous appelés, et la fête de la Toussaint vient nous rappeler que nous pouvons compter sur le soutien de ces innombrables témoins qui nous ont précédés, et qui nous accompagnent de leur prière, afin que nous vivions nous aussi de l’esprit des béatitudes. C’est la grâce que je nous souhaite en cette fête de la Toussaint.

Yves Bériault, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs