L’inespéré

« Sans l’espérance jamais vous ne rencontrerez l’inespéré » (Héraclite d’Éphèse)

La solitude

Alors que les porteurs sortaient le cercueil de l’église après les funérailles, j’étais envahi par l’émotion devant la peine de la famille, même si je ne connaissais pas le défunt. C’est une douleur tellement profonde la mort d’un être cher que l’on pleure parfois à chaudes larmes, sans retenue, la peine étant trop lourde à supporter.Le mot qui m’est venu en voyant cette famille pleurer a été le mot « solitude ». Elle était là devant moi, omniprésente, comme si je pouvais la toucher du doigt.

Comme dise les gens, quand on perd un être cher, cela laisse un grand vide. L’être aimé n’est plus là pour égayer nos journées. L’être unique et irremplaçable qu’il était n’est plus.

L’on prend conscience que la mort est un voyage dont l’être aimé ne reviendra jamais. C’est un départ pour toujours. D’où cet immense sentiment de solitude qui nous empoigne le cœur.

La solitude! La solitude parce que l’amour ici bas ne peut durer toujours. Il est éphémère, parce que nous sommes atteints d’une blessure mortelle dont Dieu seul peut nous guérir.

Ce n’est qu’en lui que nous nous retrouverons un jour, dans son éternité. Nos amours seront alors immortels. La solitude sera bannie pour toujours.

Requiest in pace.

Un théologien sur la communion des saints

« On mutile cette vérité si l’on voit en elle que l’idée d’une réversibilité des mérites et du profit que tirent les membres pécheurs de la prière et du renoncement des plus saints (indulgences). Il faut saisir d’abord ce qui en est le fondement (de la communion des saints) : la participation de tous à un même tout organique animé d’une même vie, celle de la charité, « car l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Encore une fois, la comparaison du corps se révèle merveilleusement adaptée à l’illustration du mystère. Venant du coeur et retournant à lui, le sang est animé d’un perpétuel mouvement de va-et-vient; sa circulation dans tout le corps permet l’assimilation par tous et par chacun des membres de la nourriture prise par la bouche, et tous participent ainsi de la santé et de la vigueur de l’ensemble. La charité, qui vient de l’Esprit coeur de l’Église, exerce un rôle comparable; par lui qui en est la source, elle met en communication les uns avec les autres tous ceux qui en vivent, les faisant réciproquement bénéficier de tout ce qui se fait sous son impulsion dans l’ensemble du corps. La raison du caractère commun à tous du bien accompli par chacun apparaît alors en pleine clarté: elle réside dans la « communication de tous les uns avec les autres par la racine de leurs actes, la charité » (Thomas d’Aquin, In IV Sent. dist. 45, q.2, a.1, q 1).

Thomas d’Aquin, qui a sans doute été l’un des premiers à formuler les choses aussi nettement, disait encore : « Non seulement le mérite de la passion et de la vie du Christ nous est communiqué à ceux qui vivent dans la charité, mais tout ce que les saints ont fait de bien est communiqué à ceux qui vivent dans la charité, car tous sont un: Je suis participant de tous ceux qui te craignent (Ps 119,63). Ainsi, celui qui vit dans la charité est participant de tout le bien qui se fait dans le monde » (Thomas d’Aquin, In Symbolum apostolorum expositio (cf. Opuscula theologica, ed Marietti, t. II, n.997).

Torrell, Jean-Pierre. Dimension ecclésiale de l’expérience chrétienne, in Freibuger Zeitschrift für Philosophie und Theologie, no. 28, 1981, pp. 3-25