L’Ascension, une fête triste?

Ascension du Christ

L’Ascension du Christ
Pietro Perugino

Comme j’ai trouvé touchante cette remarque que m’a faite une amie un jour, me disant que depuis qu’elle était petite, elle avait toujours trouvé que la fête de l’Ascension était une fête triste! « Mais pourquoi? », lui ai-je demandé? « Parce que Jésus est parti », m’a-t-elle répondu. Jésus est parti! Elle avait oublié, comme il nous arrive tous de le faire, que Jésus avait dit à ses disciples : « Et moi je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ».

Il n’en reste pas moins que la fête de l’Ascension a quelque chose d’énigmatique, son sens nous échappe parfois, un peu comme Jésus qui se dérobe aux yeux de ses disciples. Cette fête est parfois vécue comme le parent pauvre du cycle pascal, alors qu’elle est sans doute la fête qui exprime le mieux le sens de notre destinée humaine, de la portée incroyable de la victoire du Christ pour nous. Car l’Ascension, avec le don de l’Esprit Saint, c’est l’achèvement du mystère de l’Incarnation.

D’ailleurs, Jésus a laissé des indices pour nous aider à comprendre l’extraordinaire mystère qui se joue sous nos yeux avec son Ascension. Rappelez-vous le matin de Pâques, Jésus ressuscité avait dit à Marie-Madeleine :

« Je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17). Déjà, Jésus avait dit à ses Apôtres : « Je pars vous préparer une place ? Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi. » (Jn 14, 2-3). Ce départ est donc d’une importance capitale dans la mission de Jésus. Il doit retourner vers le Père, afin d’accomplir l’inimaginable, le jamais vu auparavant : « Personne, dit Jésus, n’est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l’Homme qui est descendu des cieux » (Jn 3, 13 ; cf. Ep 4, 8-10). Et devant les yeux de ses disciples Jésus est « emporté au ciel ».

Tout cela, j’en conviens, n’est pas simple à comprendre. C’est pourquoi, pour entrebâiller la porte de ce mystère, il nous faut retourner loin loin dans le temps, en reprenant cette histoire première que nous raconte la Bible au sujet de nos origines et qui nous aide à comprendre pourquoi Dieu nous a envoyé son Fils. Il s’agit bien sûr d’un langage imagé, mais qui raconte une histoire vraie.

Il y avait une fois un jardin extraordinaire où vivaient nos premiers parents. Ils s’appelaient Adam et Ève. Ils vivaient dans une parfaite harmonie, ne formant qu’un seul coeur avec Dieu. Mais un jour, ils lui désobéir, ils voulurent devenir leur propre maître, faire à leur tête. Dieu les avait bien mis en garde de ne pas manger d’un fruit qui était défendu. « Faites attention, leur avait-il dit, vous allez vous faire du mal si vous désobéissez, et il ne vous sera plus possible de vivre ici dans ce jardin avec moi si vous mangez de ce fruit ». Mais Adam et Ève n’ont pas écouté. Ils se sont égarés comme lorsqu’on se perd en forêt, aveuglés par leur curiosité, et ils durent quitter ce jardin merveilleux où ils habitaient. La vie est alors devenue très difficile pour eux, et tous leurs descendants. Ils sont devenus mortels et le mal est entré dans le monde avec son cortège de guerres, de haine, de souffrances et de malheurs.

Dieu ne pouvait forcer ses enfants à l’aimer ou à lui obéir, mais il ne pouvait supporter non plus ce malheur dans lequel ils s’étaient eux-mêmes enfermés. C’est pourquoi Dieu dans sa bonté est venu à notre secours, afin de nous apprendre la vraie liberté, qui est d’aimer comme Dieu nous aime. Mais l’apprentissage de l’amour est quelque chose qui prend beaucoup de temps, un peu comme lorsque l’on commence à aller à l’école et où il nous faut apprendre à lire, à écrire et à compter. Dieu, comme un bon professeur, s’est choisi un peuple, qui deviendrait son messager. Il lui a enseigné comment il fallait vivre en lui envoyant des prophètes. Et il lui fit cette promesse incroyable : un jour il viendrait sauver tous les humains et leur ouvrir le chemin vers ce paradis perdu.

Cette promesse extraordinaire a commencé à se réaliser quand un ange fut envoyé à la jeune Marie de Nazareth, lui demandant si elle acceptait d’accueillir un enfant qui sauverait le monde. Marie a dit oui et Jésus est né. Le Fils de Dieu est venu vivre parmi nous afin de nous montrer comment vivre en enfant de Dieu, et en nous offrant de vivre de sa vie à lui. Ce qu’il nous propose c’est de le prendre comme notre meilleur ami, et de nous laisser guider par lui.

Il fait tout cela afin que nous puissions vivre pour toujours avec lui et avec tous ceux et celles que nous aimons. Dieu vient nous proposer la vie éternelle, c’est-à-dire de vivre ensemble pour toujours dans le jardin de son amour. Mais il fallait que l’un d’entre nous nous ouvre le chemin qui mène vers ce jardin. C’est ce que Jésus est venu accomplir en donnant sa vie pour nous. Cet acte d’amour est tellement grand, qu’il est plus fort que la haine, il est plus fort que la mort, et c’est pourquoi au matin de Pâques, la mort n’a pu retenir Jésus dans ses chaînes. Jésus ressuscite avec son corps. Mais ce corps est un corps transformé. Il est glorifié parce qu’il appartient désormais au monde de Dieu.

Et c’est avec ce corps que Jésus va monter au ciel vers son Père, où il va s’asseoir à la droite du Père, et où il va régner avec Lui, avec un corps comme le nôtre. C’est cela le mystère de l’Ascension, et ce mystère est très grand, car il nous dévoile cette vie qui nous attend nous aussi.

Tout comme nous sommes passés du ventre de notre mère à la vie sur la terre, un jour nous passerons du ventre de la terre, à la vie en plénitude auprès de Dieu. Par son Ascension, Jésus vient achever la longue histoire de notre salut, qui est de nous ramener à Dieu.

L’Ascension nous renvoie au mystère que nous affirmons dans notre Credo quand nous disons : « Je crois à la résurrection de la chair ». Car c’est avec ce corps, avec cette humanité qu’il a reçue de sa mère, que Jésus retourne là d’où il était venu et inaugure ainsi la destinée de tous les humains, qui est de ressusciter un jour avec un corps glorifié, réalisant ainsi cette folle espérance du vieux Job qui disait dans son malheur : « Je sais, moi, que mon libérateur est vivant, et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts; avec mon corps, je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair, je verrai Dieu. »

« De l’éternité tout entière, il ne s’éloignera pas. Il a créé l’univers non pas pour l’anéantir, mais pour qu’il soit… Dieu a créé l’univers une fois pour toutes et pour toujours. Il a créé la matière pour toujours. Cela, nous seuls chrétiens, nous osons l’affirmer; nous savons, de foi divine, que les corps ressusciteront, qu’éternellement les hommes seront des hommes et non pas des anges; nous savons, de foi divine, qu’éternellement Jésus sera le Verbe fait chair. Si la matière n’avait pas été voulue par Dieu, si cette terre, parmi les milliards d’étoiles, n’avait pas été fondée, si l’homme n’avait pas été créé – il faudrait même dire : si l’homme n’avait pas péché, s’il n’avait pas appelé, par la profondeur de sa catastrophe, une si prodigieuse rédemption – il n’y aurait jamais eu l’Incarnation, l’Esprit de Dieu jamais n’aurait couvert la Vierge de son ombre (Lc 1, 32), jamais le Verbe ne se serait fait chair, jamais nous n’aurions su quel poids de spiritualité, quel poids de transparence, quel poids de transfiguration et de gloire, une nature humaine corporelle était capable de soutenir, sans céder, sans s’évanouir, sans se volatiliser. »[1]

Par son Ascension, Jésus se fait encore plus proche de nous. Non seulement introduit-il notre corps auprès de Dieu, mais il nous envoie son Esprit afin de nous entraîner à sa suite, afin que nous vivions éternellement avec lui. Voilà, frères et sœurs, la Bonne Nouvelle que l’Église proclame en ce dimanche de l’Ascension. Amen.

Yves Bériault, o.p.


[1]      Ch. Journet. Entretiens sur Dieu le Père. Parole et Silence. 1998.

Homélie de Benoît XVI lors de la messe de conclusion du synodes des évêques

Vénérés Frères,
Messieurs et Mesdames,
chers frères et sœurs !

Le miracle de la guérison de l’aveugle Bartimée a une position remarquable dans la structure de l’Évangile de Marc. En effet, il est placé à la fin de la section qui est appelée « voyage à Jérusalem », c’est-à-dire le dernier pèlerinage de Jésus à la Ville sainte, pour la Pâque au cours de laquelle il sait que l’attendent la passion, la mort et la résurrection. Pour monter à Jérusalem de la vallée du Jourdain, Jésus passe par Jéricho, et la rencontre avec Bartimée a lieu à la sortie de la ville, « tandis que – remarque l’évangéliste – Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse » (10, 46), cette foule qui, d’ici peu, acclamera Jésus comme Messie à son entrée à Jérusalem. Et le long de la route était assis pour mendier Bartimée, dont le nom signifie « fils de Timée », comme dit l’évangéliste lui-même. Tout l’Évangile de Marc est un itinéraire de foi, qui se développe graduellement à l’école de Jésus. Les disciples sont les premiers acteurs de ce parcours de découverte, mais il y a aussi d’autres personnages qui occupent un rôle important, et Bartimée est l’un d’eux. Sa guérison est la dernière guérison miraculeuse que Jésus accomplit avant sa passion, et ce n’est pas par hasard que c’est celle d’un aveugle, c’est-à-dire d’une personne dont les yeux ont perdu la lumière. Nous savons aussi par d’autres textes que la condition de cécité a une signification chargée de sens dans les Évangiles. Elle représente l’homme qui a besoin de la lumière de Dieu, la lumière de la foi, pour connaître vraiment la réalité et marcher sur le chemin de la vie. Il est essentiel de se reconnaître aveugles, de reconnaître qu’on a besoin de cette lumière, sans quoi on reste aveugle pour toujours (cf. Jn 9, 39-41).

À ce point stratégique du récit de Marc, Bartimée est donc présenté comme un modèle. Il n’est pas aveugle de naissance, mais il a perdu la vue : il est l’homme qui a perdu la lumière et en est conscient, mais il n’a pas perdu l’espérance, il sait accueillir la possibilité de la rencontre avec Jésus et se confie à lui pour être guéri. En effet, quand il entend que le Maître passe sur la route, il crie : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » (Mc 10, 47), et il le répète avec force (v. 48). Et quand Jésus l’appelle et lui demande ce qu’il veut de lui, il répond, « Rabbouni, que je voie ! » (v. 51). Bartimée représente l’homme qui reconnaît son mal et crie vers le Seigneur, confiant d’être guéri. Son invocation, simple et sincère, est exemplaire, et en effet – comme celle du publicain au temple : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis » (Lc 18, 13) – elle est entrée dans la tradition de la prière chrétienne. Dans la rencontre avec le Christ, vécue avec foi, Bartimée retrouve la lumière qu’il avait perdue et avec elle la plénitude de sa dignité : il se remet debout et reprend sa marche, qui à partir de ce moment a un guide, Jésus, et une route, la même que Jésus parcourt. L’évangéliste ne nous dira plus rien de Bartimée, mais en lui il nous présente qui est le disciple : celui qui, avec la lumière de la foi, suit Jésus « sur la route » (v. 52).

Dans un de ses écrits, Saint Augustin fait sur la figure de Bartimée une observation très particulière, qui peut être intéressante et significative aussi aujourd’hui pour nous. Le saint Évêque d’Hippone réfléchit sur le fait que, dans ce cas, Marc rapporte non seulement le nom de la personne qui est guérie, mais aussi celui du père, et il aboutit à la conclusion que « Bartimée, fils de Timée, avait été autrefois dans une grande prospérité, et la misère dans laquelle il était tombé avait eu un grand retentissement, non seulement parce qu’il était devenu aveugle, mais parce qu’il était assis demandant l’aumône. Tel est le motif pour lequel saint Marc n’a désigné que lui par son nom. Le miracle qui lui rendait la vue dût avoir d’autant plus d’éclat que son malheur était partout connu » (L’accord entre les Évangiles, 2, 65, 125 : PL 34, 1138). Ainsi parle saint Augustin.

Cette interprétation, que Bartimée soit une personne déchue d’une condition de « grande prospérité », nous fait penser ; elle nous invite à réfléchir sur le fait qu’il y a des richesses précieuses pour notre vie que nous pouvons perdre, et qui ne sont pas matérielles. Dans cette perspective, Bartimée pourrait représenter tous ceux qui vivent dans des régions d’ancienne évangélisation, où la lumière de la foi s’est affaiblie, et qui se sont éloignés de Dieu, ne le retenant plus comme important pour la vie : des personnes qui par conséquent ont perdu une grande richesse, sont « déchues » d’une haute dignité – non de celle qui est économique ou d’un pouvoir terrestre, mais de celle qui est chrétienne –, elles ont perdu l’orientation sûre et solide de la vie et sont devenues, souvent inconsciemment, mendiants du sens de l’existence. Ce sont les nombreuses personnes qui ont besoin d’une nouvelle évangélisation, c’est-à-dire d’une nouvelle rencontre avec Jésus, le Christ, le Fils de Dieu (cf. Mc 1, 1), qui peut ouvrir de nouveau leurs yeux et leur enseigner la route. Il est significatif que, tandis que nous concluons l’Assemblée synodale sur la Nouvelle Évangélisation, la Liturgie nous propose l’évangile de Bartimée. Cette parole de Dieu a quelque chose à nous dire de façon particulière à nous, qui en ces jours avons échangé sur l’urgence d’annoncer de façon nouvelle le Christ là où la lumière de la foi s’est affaiblie, là où le feu de Dieu est comme un feu de braises qui demande à être ravivé, pour qu’il soit la flamme vive qui donne lumière et chaleur à toute la maison.

La Nouvelle Évangélisation concerne toute la vie de l’Église. Elle se réfère, en premier lieu, à la pastorale ordinaire qui doit être toujours plus animée par le feu de l’Esprit, pour embraser les cœurs des fidèles qui fréquentent régulièrement la Communauté et qui se rassemblent le jour du Seigneur pour se nourrir de sa Parole et du Pain de la vie éternelle. Je voudrais ici souligner trois lignes pastorales qui ont émergé du Synode. La première porte sur les Sacrements de l’initiation chrétienne. L’exigence d’accompagner la préparation au Baptême, à la Confirmation et à l’Eucharistie avec une catéchèse appropriée a été réaffirmée. L’importance de la Pénitence, sacrement de la Miséricorde de Dieu a été aussi rappelée. À travers cet itinéraire sacramentel passe l’appel du Seigneur à la sainteté, adressé à tous les chrétiens. En effet, il a été répété plusieurs fois que les vrais protagonistes de la nouvelle évangélisation sont les saints : par l’exemple de leur vie et par leurs œuvres de charité ils parlent un langage compréhensible par tous.

En second lieu, la nouvelle évangélisation est essentiellement liée à la mission ad gentes. L’Église a le devoir d’évangéliser, d’annoncer le message de salut aux hommes qui ne connaissent pas encore Jésus Christ. Au cours des réflexions synodales, il a été aussi souligné qu’il existe beaucoup de milieux en Afrique, en Asie et en Océanie où des habitants attendent ardemment, parfois sans en être pleinement conscients, la première annonce de l’Évangile. Il convient par conséquent de prier l’Esprit Saint afin qu’il suscite dans l’Église un dynamisme missionnaire renouvelé dont les protagonistes soient, de manière spéciale, les agents pastoraux et les fidèles laïcs. La mondialisation a causé un important déplacement de population ; par conséquent, la première annonce s’impose aussi dans les pays d’ancienne évangélisation. Tous les hommes ont le droit de connaître Jésus Christ et son évangile ; et à cela correspond le devoir des chrétiens, de tous les chrétiens –prêtres, religieux et laïcs –, d’annoncer la Bonne Nouvelle.

Un troisième aspect concerne les personnes baptisées qui cependant ne vivent pas les exigences du Baptême. Au cours des travaux synodaux, il a été mis en lumière que ces personnes se trouvent sur tous les continents, spécialement dans les pays plus sécularisés. L’Église leur porte une attention particulière, afin qu’elles rencontrent de nouveau Jésus Christ, redécouvrent la joie de la foi et retournent à la pratique religieuse dans la communauté des fidèles. Au-delà des méthodes pastorales traditionnelles, toujours valables, l’Église cherche à utiliser de nouvelles méthodes, avec aussi le souci de nouveaux langages, appropriés aux différentes cultures du monde, proposant la vérité du Christ par une attitude de dialogue et d’amitié qui a son fondement en Dieu qui est Amour. En différentes parties du monde, l’Église a déjà entrepris ce chemin de créativité pastorale, pour se rendre proche des personnes éloignées ou en recherche du sens de la vie, du bonheur et, en définitive, de Dieu. Rappelons certaines missions citadines importantes, le « Parvis des gentils », la mission continentale, etc. Il n’y a pas de doute que le Seigneur, Bon Pasteur, bénira abondamment de tels efforts qui proviennent du zèle pour sa Personne et pour son Évangile.

Chers frères et sœurs, Bartimée, ayant retrouvé la vue par Jésus, se joignit au groupe des disciples, parmi lesquels se trouvaient certainement d’autres qui, comme lui, avaient été guéris par le Maître. Ainsi sont les nouveaux évangélisateurs : des personnes qui ont fait l’expérience d’être guéries par Dieu, par l’intermédiaire de Jésus Christ. Et leur caractéristique est la joie du cœur, qui dit avec le psalmiste : « Merveilles que fit pour nous le Seigneur, nous étions dans la joie ! » (Ps 125, 3).Nous aussi, aujourd’hui, nous nous tournons vers le Seigneur Jésus, Redemptor hominis et Lumen gentium, avec une joyeuse reconnaissance, faisant nôtre une prière de Saint Clément d’Alexandrie : « Jusqu’à maintenant, j’ai erré dans l’espérance de trouver Dieu, mais puisque tu m’illumines, ô Seigneur, je trouve Dieu par toi, et je reçois le Père de toi, je deviens ton cohéritier, puisque tu n’as pas eu honte de m’avoir comme frère. Effaçons donc, effaçons l’oubli de la vérité, l’ignorance : et enlevant les ténèbres qui, comme un brouillard pour les yeux, nous empêchent de voir, contemplons le vrai Dieu… ; car une lumière du ciel a brillé sur nous qui étions plongés dans les ténèbres et prisonniers de l’ombre de la mort, [une lumière] plus pure que le soleil, plus douce que la vie d’ici-bas » (Protreptique, 113, 2-114, 1). Amen.

Le noyau de la foi selon Benoît XVI

« Il faut se rappeler que depuis les tout premiers temps du christianisme apparaît un « noyau » permanent et irréductible de la catéchèse, donc de la formation à la foi… Tout l’exposé sur la foi est organisé autour de quatre éléments fondamentaux : le Credo, le Pater noster, le Décalogue et les Sacrements. Telle est la base de la vie du chrétien, telle est la synthèse de l’enseignement de l’Église fondé sur l’Écriture et la Tradition.Le chrétien y trouve ce qu’il doit croire (le Symbole ou le Credo), espérer (le Pater noster), faire (le décalogue), et l’espace vital dans lequel tout cela doit s’accomplir (les Sacrements). Or, dans trop de catéchèses actuelles, cette structure fondamentale est abandonnée avec les résultats que l’on sait : une désagrégation du sensus fidei chez les nouvelles générations, souvent incapables d’une vision d’ensemble de leur religion. »

Source : Ratzinger, J. Messori, V. Entretien sur la foi. Fayard, 1985. p. 83-84.

Nouvelle déclaration choc de Benoît XVI

A son retour à Rome, par une belle après-midi ensoleillée, le Pape aurait confié à une journaliste : « Il fait beau aujourd’hui ! ». Ces propos ont aussitôt soulevé dans le monde entier une immense émotion et alimentent une polémique qui ne cesse de grandir.

Quelques réactions :

Le maire de Bordeaux : Alors même que le pape prononçait ces paroles, il pleuvait à verse sur Bordeaux ! Cette contre-vérité, proche du négationnisme, montre que le pape vit dans un état d’autisme total. Cela ruine définitivement, s’il en était encore besoin, le dogme de l’infaillibilité pontificale !

Le Grand Rabbin de France : Comment peut-on encore prétendre qu’il fait beau après la Shoah ?

Le titulaire de la chaire d’astronomie au Collège de France : En affirmant sans nuances et sans preuves objectives indiscutables qu’il « fait beau aujourd’hui », le pape témoigne du mépris bien connu de l¹Église pour la Science qui combat ses dogmes depuis toujours. Quoi de plus subjectif et de plus relatif que cette notion de « beau » ? Sur quelles expérimentations indiscutables s¹appuie-t-elle ? Les météorologues et les spécialistes de la question n¹ont pas réussi à se mettre d’accord à ce sujet lors du dernier Colloque International de Caracas. Et Benoît XVI, ex cathedra, voudrait trancher, avec quelle arrogance ! Verra-t-on bientôt s’allumer des bûchers pour tous ceux qui n’admettent pas sans réserve ce nouveau décret ?

L’Association des Victimes du Réchauffement Planétaire : Comment ne pas voir dans cette déclaration provocatrice une insulte pour toutes les victimes passées, présentes et à venir, des caprices du climat, inondations, tsunamis, sècheresse ? Cet acquiescement au temps qu’il fait montre clairement la complicité de l’Église avec ces phénomènes destructeurs de l’humanité, il ne peut qu’encourager ceux qui participent au réchauffement de la planète, puisqu’ils pourront désormais se prévaloir de la caution du Vatican.

Le Conseil Représentatif des Associations Noires : Le pape semble oublier que pendant qu’il fait soleil à Rome, toute une partie de la planète est plongée dans l’obscurité. C’est là un signe intolérable de mépris pour la moitié noire de l’humanité !

L’Association féministe Les Louves : Pourquoi « il » fait beau et pas « elle » ? Le pape, une fois de plus s’en prend à la légitime cause des femmes et montre son attachement aux principes les plus rétrogrades. En 2009, il en est encore là, c’est affligeant !

La Ligue des Droits de l’Homme : Ce type de déclaration ne peut que blesser profondément toutes les personnes qui portent sur la réalité un regard différent de celui du pape. Nous pensons en particuliers aux personnes hospitalisées, emprisonnées, dont l’horizon se limite à quatre murs ; et aussi à toutes les victimes de maladies rares qui ne peuvent percevoir par leurs sens l’état de la situation atmosphérique. Il y a là, sans conteste, une volonté de discrimination entre le « beau », tel qu’il devrait être perçu par tous, et ceux qui ressentent les choses autrement. Nous allons sans plus tarder attaquer le pape en justice.

A Rome, certains membres de la Curie ont bien tenté d¹atténuer les propos du pape, prétextant son grand âge et le fait qu’il ait pu être mal compris, mais sans succès jusqu’à présent.

(Vous l’avez bien deviné, il s’agit d’un mot d’humour d’un auteur anonyme)

Une rupture symbolique

Le quotidien LE FIGARO souligne dans son édition du 23 mars que si le voyage du pape en Afrique a été un franc succès, « en Occident, en revanche, c’est un autre voyage de Benoît XVI qui a été perçu. Comme s’il y avait eu deux voyages, l’un réel, avec les Africains, l’autre ­virtuel pour les Occidentaux. Ce qui a aussi provoqué une rupture symbolique, dont deux sondages publiés ce week-end en France donnent une idée : 43 % des Français seraient pour «le départ du Pape» selon le Journal du dimanche et 55 % auraient une «mauvaise opinion» de lui, selon Le Parisien.

Sauf que ces deux sondages ont fait réagir l’opinion sur des propos mal interprétés de Benoît XVI dans le contexte déjà chargé des affaires Williamson et de l’avortement brésilien. Le premier propos portait sur le sida et le préservatif. En isolant de son contexte une phrase, des agences de presse ont fait dire au Pape qu’il pensait que «le préservatif aggravait le problème du sida» alors qu’il mettait plutôt en doute l’efficacité des campagnes uniquement fondées sur le préservatif. Dans une seconde dépêche, une phrase du Pape contre l’avortement a été interprétée comme «un refus de l’avortement thérapeutique» alors que le Pape n’en a absolument pas parlé et que l’Église le permet dans certains cas, comme l’a expliqué le Vatican dimanche.

Si la presse a sa responsabilité, beaucoup de spécialistes qui suivent ce voyage se sont toutefois demandés pourquoi le Vatican et le Pape traitaient de sujets aussi graves que le sida ou l’avortement en aussi peu de mots et aussi peu de temps. »

(Voir l’article du FIGARO)

«La polémique actuelle est une occasion de se payer le Pape»

En incitant à l’utilisation du préservatif, «on nourrit l’illusion que le vagabondage sexuel est sans risque» argumente l’Archevêque de Paris, explicitant ainsi les propos tenus par le Pape en Afrique.

Voir la vidéo sur le site du journal Le Figaro

Benoît XVI et le sida. La citation complète

(Source : Le Point.fr)

Le pape Benoît XVI a demandé les soins gratuits pour les malades du sida dès son arrivée à l’aéroport de Yaoundé au Cameroun, mardi après midi. Un appel qui a reçu très peu d’écho. Il appelle les Africains à la responsabilité dans la lutte contre le sida. Les médias ont passé sous silence ce passage de sa conférence de presse dans l’avion de Rome à Yaoundé. Mais ce que la presse a retenu, ce sont des propos prêtés au pape. Ci-dessous le texte intégral de la déclaration. Voici la question du journaliste et la réponse de Benoît XVI, dans son contexte.

Question – Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l’Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du sida. La position de l’Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n’étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ? Benoît XVI – Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Sant’Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, aux Camilliens, à toutes les religieuses qui sont à la disposition des malades… Je dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d’augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l’homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l’égard de son propre corps et de celui de l’autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d’épreuve. Il me semble que c’est la juste réponse, et c’est ce que fait l’Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font.

Comment réagissez-vous à cette déclaration?

Benoît XVI sur la souffrance

Lors d’une rencontre avec des prêtres qui exprimaient leur état d’âme, leur souffrance devant la distance qu’ils éprouvaient entre eux et les personnes adultes de leur communauté, devant leur tâche trop lourde et la perspective d’une relève qui n’est pas là, Benoît XVI a répondu:

« Je souffre moi aussi mais tous ensemble nous voulons, d’une part, souffrir sur ces problèmes et également, tout en souffrant, transformer les problèmes; car la souffrance est précisément la voie de la transformation et sans souffrance on ne transforme rien. »

(Benoît XVI aux prêtres de Rome en juillet 2005)

Voyage de Benoît XVI en Turquie

Le 28 novembre prochain Benoît XVI entreprendra son voyage historique en Turquie, voyage dont le fait saillant sera sans doute sa rencontre avec le Patriarche oecuménique Barthélémy Ier de Constantinople. Un pas de plus dans ce long dialogue qui vise à rapprocher les Églises d’Occident et d’Orient.Le mouvement oecuménique est une réalité toute récente dans l’histoire de l’Église. Non pas qu’à travers les siècles il n’y ait pas eu de tentatives de rapprochement entre les parties divisées du Corps du Christ, mais l’oecuménisme est un mouvement qui s’est développé en-dehors d’une décision d’autorité ou de rencontres entre chefs d’Églises. C’est un mouvement qui a ses racines dans le peuple de Dieu. Il s’est imposé comme une nécessité aux yeux d’un grand nombre de chrétiens et chrétiennes. L’oecuménisme est un fruit de l’Esprit. Ce mouvement vise à rendre actuelle la prière que Jésus faisait à son Père, peu de temps avant sa passion : « Qu’ils soient un comme nous nous sommes un!»

Bien sûr, il y a encore loin de la coupe aux lèvres et l’idéal de l’unité dans l’Église demeurera toujours un défi, et ce, jusqu’à la fin des temps. Mais Jean-Paul II lui-même avait fixé l’arrivée du troisième millénaire comme un moment privilégié à saisir pour l’Église, afin qu’elle s’engage plus résolument sur la voie de la communion. Et Benoît XVI semble poursuivre le rêve de son prédécesseur.

Cette recherche de l’unité est un devoir moral qui incombe non seulement à toutes les Églises, mais à tous les chrétiens et chrétiennes. Comme le soulignait Mgr Pezeril, « il n’y aura jamais de désaveu plus sévère par Dieu de nos désunions que cette grâce, répandue en nous tous par son Esprit, de l’invoquer, de le chanter, de l’aimer, de nous perdre en lui.»

L’on dit que le plus long des voyages commence par un pas. Puisse ce voyage nous aider à faire un pas de plus sur le chemin de l’unité.

L’encyclique Deus caritas est

Une nouvelle encyclique vient de paraître. Elle s’intitule Deus caritas est (Dieu est amour). Il s’agit de la première encyclique de Benoît XVI et déjà elle suscite beaucoup de commentaires.

Traditionnellement la première encyclique d’un pape est de nature dogmatique et morale. Elle donne l’orientation de son pontificat. Je pense ici à la première encyclique de Paul VI, Ecclesiam suam, qui abordait la relation entre Jésus-Christ et l’humanité, et celle de Jean-Paul II, Redemptor hominis, qui traitait des relations entre l’Église et le monde.

L’encyclique de Benoît XVI se veut ouvertement pastorale, laissant même de côté le discours moral habituel d’une encyclique, pour aborder le thème de l’amour au coeur de la vie et de la foi. Bien sûr, Benoît XVI s’en prend au relativisme moral de notre époque, un thème cher à son pontificat, mais le message central de son encyclique est avant tout une invitation à revenir au coeur même de ce qui constitue la foi chrétienne : l’amour de Dieu et l’amour du prochain à travers la rencontre du Christ.

Notons en passant un détail intéressant au sujet de Benoît XVI : sa force d’attraction sur les foules. Ce pape était jugé peu charismatique par la plupart des commentateurs au début de son pontificat, en comparaison d’un Jean-Paul II média star! Selon le journaliste Sandro Magister, du journal italien L’Espresso, les foules se pressaient pour voir Jean-Paul II, alors que maintenant elles se pressent tout autant mais pour entendre Benoît XVI.