Comment prier

Un jour, alors que je priais dans ma chambre, j’ai eu cette vive conscience que je n’avais pas à chercher Dieu dans la prière, i.e. à rechercher sa présence « satisfaisante », comme trop souvent est vécue la prière dite « contemplative » ou la méditation.Je prenais conscience que je devais plutôt me laisser trouver par Dieu et entrer dans son désir sur moi et pour le monde. Je réalisais que l’un des buts fondamentaux de la prière n’est pas « la prière satisfaisante » (pourtant je le savais), mais la prière où l’on se tient devant Dieu pour le monde, où l’on veille avec Dieu dans cette longue gestation de l’humanité qui, trop souvent, ressemble à l’agonie du Christ en croix. C’est à cette prière que nous invite cette Semaine Sainte qui commence.

Déjà vendredi

Déjà vendredi et je n’ai rien écrit de la semaine… Plusieurs projets qui mijotent et qui laissent peu de temps au temps. Hier soir, c’était le groupe biblique, un groupe que j’anime depuis septembre dernier et où je m’émerveille toujours devant la foi des gens. Une foi simple, entière et tenace, qui ne se paye pas de mots ou de formules. Qui est! tout simplement. Qui endure, qui assume sans avoir toutes les réponses. C’est une foi têtue, qui espère parfois contre toute espérance, et qui est belle à voir.

C’est ma grâce que d’être le témoin de la foi des gens et qui chaque fois me fait dire: « Oh! Comme j’aimerais donner la foi si c’était en mon pouvoir! » Un peu comme l’on donne de son sang à la Croix-Rouge. Il me reste mon désir et ma prière. Et Dieu, bien sûr, qui s’arrange avec tout cela.

Et pourquoi ne pas finir la semaine avec ce beau texte de Charles Péguy:

La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’espérance.
La foi ça ne m’étonne pas
Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans la création.
Dans le soleil et dans la lune et dans les étoiles.
Dans toutes mes créatures.
Dans les astres du firmament et dans les poissons de la mer.
Dans l’univers de mes créatures…
La charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas.

Mais l’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne
Moi-même.
ça, c’est étonnant

La Foi est une épouse fidèle
La Charité est une mère…
L’espérance est une petite fille de rien du tout…
C’est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes,
Cette petite fille de rien du tout.

Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.

(Le Porche du Mystère de la Deuxième Vertu)

Le problème du mal

Dans son magnifique volume « L’évangile intérieur » Maurice Zundel aborde la question du mal. Il a ces paroles belles et profondes:

« Il y a des douleurs si grandes qu’elles vous laissent sans paroles. On éprouve devant elles une sorte de honte de sa propre sécurité. On voudrait oublier tout ce qui n’est pas en harmonie avec la détresse dont on est témoin, on voudrait se cacher dans l’ombre d’une prière silencieuse, pour envelopper les êtres qui souffrent de la seule Présence qui n’est jamais étrangère. »

Le Noël des marchands

Noël est l’un de ces temps de l’année où le mystère frappe à notre porte. Villes et villages, un peu partout dans le monde, soulignent l’événement. Mais il faut bien l’avouer, trop souvent le sens de la fête est perdu. Et le tourbillon du temps des fêtes en vient même à lasser les chrétiens et les chrétiennes pour qui cette fête marque pourtant la naissance de leur Seigneur et Sauveur. La fête de Noël fait maintenant partie du patrimoine humain. Aucune fête chrétienne n’a connu une telle popularité, bien que la fête de Pâques soit la plus grande des fêtes chrétiennes. Un enfant dans un berceau c’est tout de même plus fascinant qu’un homme cloué sur une croix! C’est pourquoi ce temps de l’année marque une convergence de traditions et de représentations qui ne semblent pas toujours faire bon ménage les unes avec les autres.Pour certains, Noël évoque surtout les souvenirs féeriques, réels ou imaginaires, des Noëls de l’enfance. Ces souvenirs évoquent souvent la nostalgie d’une fête dont on n’arrive plus à retrouver le sens. Les gens de cette catégorie ont souvent le Noël triste comme l’on dit de quelqu’un qu’il a le vin triste.

Il y a aussi le Noël des chrétiens, fête de la Nativité, qui n’a de sens que pour ceux et celles qui croient en l’Enfant-Dieu. Même dans cette catégorie il y en a qui ont perdu le sens de la fête. Ils jugent trop superficiel tout ce qui entoure Noël et ils ont parfois le sentiment de s’être fait voler leur fête!

Il y a enfin le Noël pour tous, le Noël démocratisé qui remporte la faveur populaire et qui conjugue sans difficulté la dinde de Noël, la course effrénée aux cadeaux et, à l’occasion, lorsque le temps le permet, une messe de minuit.

Pourtant, même ce Noël, que certains appellent le Noël des marchands, est porteur de sens et rejoint l’être humain dans ses aspirations les plus profondes par certaines de ses facettes. Il ne faudrait pas oublier que ce dernier-né des manifestations de la fête de Noël est marqué profondément par le christianisme. Il ne faudrait pas le renier trop facilement et l’envoyer coucher dans l’étable. Ce Noël sécularisé, celui que nous connaissons tous, est souvent un moment privilégié pour les réconciliations, l’accueil de l’autre et le don de soi. Quoi qu’il en paraisse, le Noël des marchands est souvent un Noël de générosité toute simple, sans prétention, par lequel les gens cherchent à se donner un temps de bonheur ensemble, à faire sens du temps qui passe en s’ouvrant à l’autre. Et ce bonheur, notre société, bien qu’elle se veuille laïcisée, elle le trouve près de la crèche.

Le Noël des marchands est une fête qui éveille le goût de donner chez les gens, surtout de se donner, ce qui explique sans doute pourquoi Noël est l’un des temps de l’année où les bénévoles se font les plus nombreux aux portes des organismes caritatifs de toutes sortes. En dépit de ses dérives, n’est-ce pas là une preuve que le Noël des marchands est une fête qui est toute proche de ses racines évangéliques et qui, lorsque bien vécu, peut devenir un prolongement tout naturel de la célébration liturgique que nous en faisons en Église.

Et pourquoi ne pas faire de ce Noël 2011 un vrai Noël de marchands, un Noël de marchands de bonheur accueillant dans leurs maisons ceux qui sont seuls, donnant un peu de nos tables à ceux qui ont faim, ouvrant nos cours à la réconciliation et au partage. Car n’est-ce pas là une conséquence inévitable du sens de cette fête. Ceux et celles qui se mettent à la suite de l’Enfant-Dieu se doivent d’être habités de sa générosité à Lui, car Noël c’est la fête de la générosité surabondante de Dieu. C’est Dieu qui se donne à nous! C’est Dieu-avec-nous et pour le monde : l’Emmanuel!

Yves Bériaut, o.p.

Qu’est-ce que l’année liturgique?

Déjà se profile à l’horizon la fin de l’année liturgique avec la fête du Christ-Roi. La fête du Christ-Roi est assez récente puisqu’elle fut instituée par Pie XI à l’occasion de l’année sainte en 1925. Une fête qui a donc moins de cent ans. Mais la question de la royauté du Christ remonte à l’époque même de Jésus. Rappelez-vous quand Jésus devait se cacher parce que la foule voulait s’emparer de lui et le proclamer roi. Ou encore lorsque Pilate lui-même posait la question à Jésus : « Es-tu le roi des Juifs? » Jésus lui répondit que sa royauté ne venait pas de ce monde.Étrangement, l’année liturgique ne correspond pas à l’année civile. L’année liturgique commence quatre dimanches avant Noël et dure douze mois. Pendant cette période, l’Église dans sa liturgie dominicale, nous fait cheminer à travers les grandes étapes du salut, révélées en la personne de Jésus-Christ. L’année liturgique est bâtie autour de notre foi au Christ et son but est de nous aider à approfondir de dimanche en dimanche, l’extraordinaire mystère de l’incarnation du Fils de Dieu.

L’année liturgique commence donc avec l’Avent qui nous prépare à la fête de la Noël. De là, on chemine vers la fête des Rois et l’Épiphanie. Quelques semaines plus tard, vient le Carême, qui nous prépare à la fête centrale de notre foi, la fête de Pâques. Cette fête est suivie d’une période de cinquante jours, que l’on appelle le temps pascal, et qui nous mène à l’Ascension et qui culmine avec la fête de la Pentecôte. Entre ces périodes fastes de la liturgie se vit le temps de l’Église, le temps que l’on appelle ordinaire, qui reprend après la Pentecôte, du printemps jusqu’à l’automne, et qui nous conduit jusqu’à la fête du Christ-Roi, qui est le dernier dimanche de l’année liturgique. À chaque année, ce cycle liturgique recommence et pourtant on ne finit jamais d’en découvrir la nouveauté, car notre vie évolue et nous-mêmes nous changeons. Nous sommes donc invités sans cesse, en tant que chrétiens et chrétiennes, à revivre le parcours de notre foi à travers ses mystères et la vie de Jésus-Christ. Voilà ce qu’il nous est donné de contempler tout au long de l’année liturgique.

Le saut dans l’inconnu

Un correspondant me demande : « Pourquoi certaines personnes n’ont-elles pas le don de la foi? » La question comporte déjà sa propre réponse. Il s’agit bel et bien d’un don et l’homme est bien impuissant à se donner la foi. Je parle de la foi qui fait vivre et aimer, celle qui nous dépasse. La foi chrétienne affirme que Dieu ne fait pas de distinction entre les personnes. Toutes sont appelées à le connaître et à l’aimer. Dieu n’est pas chiche et il n’a pas de préférés. Ou s’il en a, comme nous le voyons dans les évangiles, ce sont toujours ceux et celles qui sont les plus loin de lui.

Jésus montre une attention toute particulière pour les pauvres et les exclus, pour ceux et celles que l’on considère perdus. Mais la démarche de foi implique un saut dans l’inconnu. Tous ne le vivent pas ainsi. Certaines personnes semblent être tombées dans le « bénitier » dès leur tendre enfance et la foi ne semble jamais leur avoir fait défaut.

D’autres doivent chercher de manière plus laborieuse et je ne doute pas que ce soit parce que Dieu les attend ailleurs. Non pas que Dieu se refuse à eux, mais parfois notre histoire personnelle nous a fait fermer la porte à Dieu. Mais comme le dit Jésus au livre de l’Apocalypse : « Je me tiens à la porte et je frappe, celui qui m’ouvrira, je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi. » Ailleurs dans les évangiles Jésus dit : « Frappez et l’on vous ouvrira, demandez et vous recevrez. »

Le don de la foi et la plus belle demande qu’une personne puisse faire, car la foi illumine tout notre existence et lui donne une direction assurée. Et c’est ici qu’intervient la notion de l’amour. Car la foi, c’est vouloir entrer dans l’amour de Dieu. C’est accepter de se laisser aimer par lui, de remettre entre ses mains toute notre vie, tous nos espoirs, nos peines et nos projets. Il y a là une dimension de confiance. Si quelqu’un veut croire en Dieu, il doit tout d’abord lui faire confiance, le prier et lui demander cette foi. La quémander! C’est cela le saut dans l’inconnu, mais dont on ne revient jamais les mains vides.

Priez pour le pauvre prédicateur

J’ai toujours aimé prêcher depuis mon appel à ce ministère par le Seigneur. C’est ma plus grande joie, bien que l’enfantement soit toujours douloureux, et ce après des années de prédication. C’est là un signe qui me rassure. Je ne voudrais pas qu’il en soit autrement.

Quand il se donne vraiment à sa mission, le prédicateur fait l’expérience à la fois de sa pauvreté et du don de Dieu. C’est pourquoi, même après des années, il peut toujours tirer du neuf de ce vieux trésor qui lui est confié. C’est là le défi. Et à chaque fois c’est l’étonnement, l’émerveillement devant ce que peuvent receler des textes lus et relus des milliers de fois.

Le prédicateur est appelé à puiser à cette source de la Parole et à s’en abreuver, afin de pouvoir la partager aux autres. Il doit se laisser toucher lui-même s’il espère toucher les autres. Heureusement, Dieu est plus grand que nous et ne saurait se restreindre à nos seules capacités. Dieu veut avoir besoin de nous, d’où l’importance d’être fidèle à sa grâce et de prendre au sérieux son appel. Et là on se tient devant un grand mystère qui nous laisse bouche bée.

Le prédicateur est appelé à faire cette expérience de plus grand que lui dans cette expérience de communication. C’est parfois bouleversant, c’est toujours une grâce.

Il faut donc prier pour le pauvre prédicateur afin qu’il soit toujours un instrument docile entre les mains du Seigneur. C’est sans doute là la première tâche de ceux et celles qui l’écoutent.

Le regard de l’autre

Je reviens d’une rencontre avec des jeunes âgés entre 12 et 15 ans. Lors des échanges en groupe et lors des rencontres individuelles la question du regard de l’autre sur soi s’est imposée comme sujet d’échange. L’adolescent est tellement vulnérable à ce regard sur lui. Le regard se fait d’autant plus impitoyable à cet âge parce que le jeune doute de lui-même, de ses capacités, de son « look », et ne peut tolérer de voir sa réflexion chez l’autre qui est faible ou paumé. Ce qui explique pourquoi les jeunes deviennent parfois si cruels entre eux.Le regard de l’autre sur moi. Ne portons-nous pas cette hantise toute notre vie. Bien sûr l’on développe des résistances, un sens de la répartie ou même une certaine indifférence, mais la partie n’est jamais gagnée. Toute notre vie l’on demeure vulnérable au regard de l’autre, comme des adolescents qui ont besoin d’être rassurés, de savoir qu’ils sont toujours extraordinaires et digne d’amour. Il s’agit d’apprendre à vivre avec nos limites et une image de soi qui ne correspondra jamais à cet idéal que nous abritons secrètement en nous. C’est un apprentissage qui durera toute la vie. Et si nous demeurons sensibles au regard posé sur nous, il est en notre pouvoir de soigner notre propre regard sur l’autre. Peut-être que ce regard sur l’autre est le passage obligé par lequel nous apprenons à nous laisser regarder à notre tour. Une pédagogie de notre nature humaine.

Quelle grande responsabilité nous portons dans la manière de nous regarder les uns les autres. Il y a de ces regards qui peuvent blesser comme un coup de couteau, des regards assassins, et d’autres, qui sont comme une soie sur le coeur. Un regard bienveillant posé sur quelqu’un ne coûte rien, il est à la portée de toutes les bourses, des plus riches jusqu’aux plus pauvres, et, pour qui le reçoit, il devient le plus inestimable des biens.

Cette semaine, j’ai reçu deux belles lettres d’amis, comme des bouquets de fleurs inattendus au coeur de l’hiver, dans lesquelles ils me confiaient leur amitié pour moi, leur estime. C’est tout gratuit et tout bon à recevoir. Cela m’a fait chaud au coeur ces regards d’amis. L’une de ces lettres se terminait ainsi : « N’oublies pas de t’appuyer aussi sur les autres quand tu en as besoin. » Oui, il faut aussi savoir ouvrir sa porte à l’autre et faire confiance. C’est alors que nos regards peuvent vraiment se rencontrer et s’aider mutuellement à grandir.

Dieu et la violence

Comme moi vous n’êtes sans doute pas indifférents à ce déferlement de violence entourant les caricatures du prophète de l’Islam. Un sentiment d’inquiétude monte en moi. Certains admirent la détermination et la conviction avec lesquelles le monde musulman défend sa religion, mais moi j’en éprouve un profond malaise.

Que la violence soit si manifeste et naturelle devant ce que l’on considère être un blasphème m’interroge sur ce rapport de l’Islam avec la violence. Quel Dieu mérite que l’on tue pour lui? J’ai le sentiment d’être plongé dans une dynamique propre à l’Ancien testament où la foule se déchaîne, où l’on lapide et l’on tue. Le tout au nom de Dieu. Étrange n’est-ce pas?

Non pas que la violence ne soit pas aussi le lot de certains groupes se disant chrétiens, mais habituellement ce ne sont pas des motifs religieux qui les animent et leurs actions ne peuvent trouver aucun appui dans les enseignements de Jésus. Mais dans le cas présent, il n’y a aucun doute, même si les extrémistes profitent de la situation, ce sont bien de fervents musulmans qui portent leur indignation à un point limite, un point de cassure avec le monde occidental.

Par ailleurs, j’ai le sentiment, à voir certaines entrevues à la télévision, que bien des musulmans se sentent obligés d’entériner ce qui se passe actuellement, sinon ils seraient considérés comme de mauvais musulmans. Et ici s’exprime aussi un profond malaise quant au rapport entre religion et liberté. Ces deux concepts ne semblent pas pouvoir coexister facilement dans l’Islam.

J’ai l’impression parfois que cette religion est entraînée dans un cycle de violence inexorable et nul ne sait où il s’arrêtera. Tout cela pour Dieu! Quels lendemains nous réserve l’Islam et son rapport au monde moderne? Je ne puis m’empêcher de croire et de souhaiter que bien des musulmans doivent être attristés devant ce qui se passe présentement. Il faut prier les uns pour les autres.

L’amour c’est…

Des professionnels ont posé la question suivante à des enfants de 4 à 8 ans: « Que veut dire l’amour? » Les réponses ont été plus étendues et plus profondes que ce que les experts anticipaient.

Quand ma grand-mère a eu de l’arthrite et qu’elle ne pouvait plus mettre de vernis sur ses ongles d’orteils, mon grand-père le faisait pour elle, même après, quand il avait aussi de l’arthrite dans les mains. Ça c’est l’amour. Rebecca, 8 ans.

Quand quelqu’un nous aime, la manière de dire notre nom est différente. On sait que notre nom est en sécurité dans leur bouche. Alain, 4 ans.

L’amour c’est quand la fille se met du parfum et le garçon met de la lotion à barbe et qu’ils sortent ensemble pour se sentir. Martin, 5 ans.

L’amour c’est quand vous sortez manger et que vous donnez à quelqu’un beaucoup de vos frites sans demander que l’autre vous donne les siennes. Jean, 6 ans.

L’amour c’est quand quelqu’un vous fait du mal et que vous êtes très faché mais vous ne criez pas pour ne pas les faire pleurer. Suzanne, 5 ans.

L’amour c’est ce qui nous fait sourire même quand on est fatigué. Tim, 4 ans.

L’amour c’est quand maman fait du café pour papa et qu’elle y goûte avant de le donner à papa, pour s’assurer que c’est bon. Dan, 7 ans.

Si vous voulez essayer d’aimer, il faut commencer par un ami que vous détestez. Mika, 6 ans.

L’amour c’est quand une vielle femme et un vieil homme sont encore amis, même quand ils se connaissent bien. Tom, 6 ans.

L’amour c’est quand maman donne à papa le meilleur morceau de poulet. Hélène, 5 ans.

L’amour c’est quand mon chien me lèche le visage, même quand je l’ai laissé seul toute la journée. Marie-Anne, 4 ans.

On ne doit pas dire « je t’aime » si cela n’est pas vrai. Mais si cela est vrai, on doit le dire beaucoup. Les gens oublient. Jessica, 8 ans.

Le mal en vérité

« Pour terribles qu’ils soient, les catastrophes matérielles et les antagonismes humains, ne sont pourtant que le symbole de la tragédie infinie qui se joue dans les profondeurs. Notre mal, en vérité, est plus profond que toutes nos détresses apparentes et que toutes nos violences de chair: c’est l’amour d’un Dieu qui saigne dans nos coeurs. »

Zundel, Maurice. Le poème de la sainte liturgie.Oeuvre St-Augustin – St-Maurice, Suisse (DDB en France). 1934. p.74.

La prière de mon père

Voici la réponse étonnante que m’a fait mon père quand je lui ai demandé de me parler de sa prière :

« Je ne demande pas à Dieu qu’il me donne la santé, la richesse, le succès ou même d’être heureux. Je ne lui demande que ceci : qu’Il me rende bon. Bon avec ma femme, mes enfants, mes voisins et mes proches. Pour le reste : santé, richesse, succès, bonheur, je m’en occupe. Mais qu’Il me donne seulement d’être bon. »

Le secret d’une vie

Suite à certains de vos commentaires, chers amis du moine ruminant, je viens prolonger quelque peu cette réflexion sur la mort, entreprise il y a quelques mois.

Ce qui me touche toujours lorsque je dois préparer des funérailles, c’est la rencontre avec les proches de la personne décédée. J’ai le privilège alors d’entrer dans le secret d’une vie, une vie qui m’était inconnue, souvent une vie humble et cachée et qui, soudainement, est dévoilée à tous à l’occasion du décès.

À chaque fois, je suis surpris et ému par tout ce que peut receler une vie humaine quand elle est regardée de près par les personnes qui la connaissaient et l’aimaient. En fouillant dans les replis secrets de cette vie, l’on découvre des trésors impressionnants de bonté, d’amour et de générosité, de passions et de soucis des autres, trésors parfois à peine connus de certains proches. C’est tout cela qui est mis à jour lors du grand passage! Au deuil et aux larmes, se mêle alors une profonde reconnaissance pour tout ce qu’a été la personne décédée. Comme me disait une dame âgée suite à la mort de son époux : « Comme il nous a aimés! »

Bien sûr, les funérailles sont avant tout le lieu où l’on proclame la victoire du Christ sur la mort, la réalisation définitive de cette promesse de Dieu, qui est mise dans la bouche du prophète Isaïe, et qui annoncait la fin de notre humiliation et le retrait définitif de ce voile de deuil qui nous enveloppe le cœur dès notre naissance.

Mais les funérailles sont aussi l’occasion de faire mémoire de la personne qui nous a laissés, une occasion unique de contempler l’action secrète de Dieu dans sa vie et d’en rendre grâce. C’est ainsi que nous apprivoisons la douleur et la mort, et que s’ouvre à l’espérance le coeur de ceux et de celles qui pleurent, en attendant les grandes retrouvailles dans l’éternité de Dieu. Oui, c’est une grâce pour moi que d’être le témoin de ce grand mystère qui se joue à chaque fois devant moi.

L’autre moi-même

Bonjour! De retour d’une retraite que j’ai donnée la semaine dernière je reprends contact en vous partageant cette réflexion qui résume l’un des thèmes principaux de la retraite: « La proximité à l’autre ». Le second était « la proximité à Dieu ».Par notre foi en Jésus Christ, nous sommes introduit dans une expérience de Dieu qui est celle-là même que Jésus avait du Père. C’est là une des originalités du christianisme et sa richesse insurpassable. Mais notre foi en Jésus-Christ implique aussi un nouveau rapport à l’autre. Cet autre devient un prochain, un tout proche de moi. Et encore ici le christianisme est d’une originalité déconcertante. C’est saint Thomas d’Aquin qui disait que la grâce sanctifiante, cette action de l’Esprit en nous qui fait de nous des saints et des saintes, que cette grâce est une grâce fraternelle. Un surcroît de vie en nous qui est fait non seulement pour aimer Dieu, mais pour aimer l’autre!

Jésus étend cette proximité non seulement à toute l’humanité, aux proches comme aux lointains, aux amis comme aux ennemis, mais cette proximité va jusqu’au don de sa vie. Jésus nous révèle que le prochain est un autre soi-même, tellement aimé de Dieu, qu’il nous faut nous attacher à lui comme à notre propre chair. C’est véritablement là une des spécificités les plus marquantes du christianisme.  Nous sommes créés à l’image de Dieu. En chaque vie humaine il y a quelque chose du mystère de Dieu qui se livre puisque nous sommes la demeure de Dieu.

J’aime mes parents, mes amis parce que j’ai pu découvrir tout ce qu’ils recèlent de beau, de bon, de bien. En eux, j’ai pu contempler la vie, l’amour et comme mon coeur est fait pour aimer, je ne puis que m’attacher à ce qui lui donne la vie. Mais je dois aussi m’attacher à tous ces autres que Dieu met sur ma route et que je n’aime pas, car avec Jésus, j’apprends que tout être humain m’est un proche que je dois aimer comme moi-même, que je dois aimer tout comme Dieu m’aime, car moi aussi je suis appelé à donner la vie, à mettre (Dieu) au jour dans les coeurs martyrisés des autres (…) comme l’écrit Etty Hillesum dans son journal, le 12 juillet 1942.  Dieu non seulement nous confie les uns aux autres, mais il est au coeur de ce mystère de pauvreté et de communion qui habite au plus profond de nous-mêmes. Aimer le prochain c’est s’ouvrir au mystère de l’autre en posant sur lui le regard même du Christ.

L’amour de Dieu et l’amour du prochain se retrouvent dans d’autres religions, mais en Jésus Christ, nous sommes appelés à une participation à l’amour de Dieu pour cette terre comme Jésus l’a vécue et c’est là que la proximité au prochain atteint des sommets inégalés. Sur la route de l’éternité je ne puis abandonner mon prochain, fut-il mon ennemi, car il est un autre moi-même, Dieu me le donne comme frère, comme soeur. C’est là le message radical et insurpassable, impraticable à vue humaine, de l’évangile de Jésus-Christ. Être le corps du Christ veut dire littéralement être ce Christ en marche dans son humanité qui guérit, accueille, pardonne, enseigne et donne la vie. Il l’a fait, il le fait encore et il le fera jusqu’à la fin des temps par son Corps qui est l’Église et dont nous sommes appelés à être les membres vivants.

Le temps qui nous est donné pour aimer est bien court. C’est le temps de toute une vie quand on regarde devant soi, mais quand approche l’heure de la mort, c’est comme si l’on ne tenait que quelques brefs instants aux creux de sa main. C’est à l’heure du grand Amour que l’on saisira alors dans toute sa profondeur, le don que nous étions appelés à nous faire les uns aux autres. Mais gloire soir rendu à notre Père du ciel, car déjà Jésus nous a ouvert la voie…

Ma prière (5)

Je n’ai pas parlé de l’eucharistie, « source et sommet de la vie de l’Église », que je suis appelé à vivre et à célébrer quotidiennement en tant que prêtre. D’ailleurs, j’allais presque oublier d’en parler. Curieux n’est-ce pas? Pourtant la célébration de l’eucharistie est toujours un moment intense pour moi, un moment solennel qu’il m’est difficile d’identifier comme étant « ma prière ». Il serait juste de dire que « je suis un autre » lorsque je célèbre. Je suis le ministre de la communauté. Je ne prie plus seulement en mon nom, mais je prie au nom de la communauté dont je préside l’eucharistie, l’eucharistie de la communauté. De plus, ce n’est pas moi théologiquement qui préside mais c’est le Seigneur ressuscité!Donc, mon rapport à l’eucharistie est ambigu quand j’essaie de l’analyser. Il y a en moi comme une incapacité d’en parler. J’y entre avec tout le sérieux dont je suis capable et, en même temps, ce mystère me dépasse tellement que parfois je sens que je n’ai pas la capacité de le vivre avec toute l’intensité que requiert la célébration d’un tel mystère. C’est donc avec une grande pauvreté que je célèbre l’eucharistie et, en même temps, dans un esprit de service pour la communauté. Il m’est difficile d’y entrer comme j’entre dans ma prière personnelle, car l’eucharistie m’impose un rythme, des règles liturgiques, une attention de tous les instants à la communauté avec qui je célèbre.

Je suis un peu comme ces disciples lors de la multiplication des pains qui doivent nourrir la foule, pendant que Jésus continue sans doute de s’entretenir avec elle. La tâche prend un peu le dessus. Ce n’est qu’après, et je ne veux pas dire immédiatement après car cela, habituellement, est impossible, mais après, bien après… dans la prière personnelle, dans un seul à seul avec moi-même à l’occasion d’une promenade, que cette eucharistie se prolonge et me nourrit. Et pourtant j’ai conscience que cette eucharistie quotidienne est le lieu de ma prière le plus importante de la journée. On touche là le mystère, un mystère qui demande toute notre attention, mais où il est si facile d’être distrait. Mais toujours c’est une grâce inouïe… (à suivre)

Ma prière (4)

Si je m’en tiens à mon expérience, en conclusion, je vois trois dimensions principales dans la prière chrétienne:1. La prière d’abandon devant le Seigneur, dans laquelle je me tiens dépouillée et pauvre. Une prière où je ne demande rien, sinon que d’être là à veiller en silence. C’est une prière difficile, sans doute la plus difficile, mais qu’il faut savoir tenir. Mais cette forme de prière vient qu’après des années je crois.

2. Il y a la prière joyeuse, enthousiaste, qui jaillit spontanément, soit à la chapelle, en ballade, en contemplant un paysage, ou suite à des rencontres. C’est la prière où l’on exulte de joie, où l’on veut chanter des louanges au Seigneur pour tout ce qu’Il fait. C’est la prière qui m’a toujours été la plus facile. C’est la prière telle que la décrit Charles de Foucauld : « C’est penser à Dieu en l’aimant. »

3. Et, enfin, il y a la prière au pied de la Croix. La prière de Gethsémani, qui demeure pour moi, la plus importante, parce qu’elle est la plus engageante. C’est la prière du combat de Dieu. Et par cette prière, l’on affirme vouloir se tenir là où Dieu se tient, parmi les hommes et les femmes de ce monde. Par cette prière, l’on dit à Dieu que l’on veut se tenir là où il nous veut, c’est-à-dire là où ses enfants souffrent.

Il n’y a pas de chronologie dans ces formes de prière. Elles sont toutes importantes, elles se recoupent sans que l’on puisse toujours les départager. Mais ces trois formes me rappellent tout simplement que la prière:

a) est le lieu où j’apprends à grandir dans l’espérance, c’est la prière d’intercession; intercession à la fois pour moi et pour les autres.

b) elle est aussi le lieu où j’apprends à grandir dans l’amour, c’est la prière d’adoration et d’action de grâce;

c) elle est enfin le lieu où j’apprends à grandir dans la foi, et c’est la prière où je me tiens « humble et silencieux » devant le Seigneur, comme le dit le psalmiste, confiant que Dieu est là même si aucun mot n’est murmuré, aucun sentiment évoqué. Cette prière est comme un grand « Je crois » lancée vers Dieu, au coeur de sa présence.

Je dirais que toutes ces formes de prières rendent possible ce que les auteurs spirituels appellent la contemplation. Ici, les mots, qu’ils soient des paroles de supplication, de demande ou d’action de grâce, cèdent la place à un silence plein, à une joie profonde, qui nous enlèvent les mots de la bouche et remplissent notre coeur d’un sentiment de présence et de plénitude. C’est vraiment le sentiment d’un face-à-face avec Dieu, qui se tient tout proche. C’est une expérience de sa Présence ou, encore, une expérience d’amour qui peut se vivre sans parole, tellement l’on se sent aimé, comblé. C’est une expérience occasionnelle ou rare, c’est selon chacun.

Ce n’est pas quelque chose à rechercher comme un bien à consommer. Cela nous est parfois donné comme une consolation ou comme un signe de la présence du Seigneur, afin de nous encourager à persévérer dans la foi. Mais vient un temps où l’on ne doit plus attendre de telles consolations, bien qu’elles nous soient encore données parfois.

C’est le temps de la maturité dans la prière, le temps de la relation « adulte » avec Dieu, si je puis m’exprimer ainsi. C’est le temps où l’union au Seigneur se vit tout simplement dans une présence fidèle et aimante au Seigneur, dans l’action du quotidien, comme dans le silence d’une chapelle. La foi alors est assez grande pour nous porter et nous donner cette assurance que le Seigneur est présent. Le reste, émotions, sentiments, lui appartient et il nous conduit tous et chacun par des chemins uniques, propres à chacun et chacune de nous, selon sa grande bienveillance. Nul n’est négligé, mis de côté. A chacun de ses enfants Dieu donne, selon le temps de la vie, le pain qui est nécessaire et qui nourrit ou, encore, le désert inévitable qui purifie. (à suivre)

Ma prière (3)

Suite d’une correspondance avec une amie lors d’un séjour récent à Rome.

Je ne me souviens plus très bien du type de prière qui a suivi cette expérience, sinon que j’étais très exalté et que ma prière en était une de grande louange. Elle ne tarderait pas à devenir un lieu de combat, car il me fallait retrouver le chemin de l’Église, et je portais une foule de questions avec lesquelles je harcelais Dieu sans cesse. Tout comme je le ferais quand viendrait le moment de choisir ou non de répondre à l’appel vers le sacerdoce. Je portais une prière enthousiaste, mais inquiète aussi, et donc fragile. J’avais peur de perdre ce que je venais de découvrir, je demandais souvent à Dieu de ne pas m’abandonner et surtout, de ne pas me laisser l’abandonner. D’ailleurs, cette demande me paraît toujours aussi importante aujourd’hui, mais je la porte avec moins d’inquiétude.

Cette recherche de ma voie allait durer sept à huit ans. Pourtant je n’ai pas le souvenir d’une prière inquiète, mais d’une grande joie à prier le Seigneur. Mais dès les débuts, ma relation retrouvée avec le Seigneur m’incita à vouloir changer de vie. Tout à coup, ce qui allait contre l’Évangile me devenait plus évident. Comme si un guide intérieur me conduisait et m’apprenait à devenir disciple peu à peu.

Cette étape de purification, comme l’appellerait les mystiques, est toujours présente. La conversion ne cesse jamais puisque la chute et l’homme pécheur demeurent. Mais parallèlement, j’ai toujours aimé me retirer dans le silence afin de louer le Seigneur, l’adorer ou, encore, afin d’intercéder pour d’autres, afin de me tenir aux pieds de la Croix et prendre au sérieux la souffrance du monde, la souffrance de ceux et celles qui se recommandent à ma prière.

Cette dimension de la prière s’est peu à peu affirmée avec les années. Comme si ma prière avait évoluée vers une sorte de dépouillement où la joie intérieure ou l’échec, ne sont plus des pré-requis pour la prière. Parfois ce sera une prière dite avec le chapelet, ce que j’ai toujours aimé faire, d’autres fois ce sera une prière dépouillée, dans laquelle, à la limite, j’essaie tout simplement de me tenir silencieux devant le Seigneur, répétant parfois intérieurement son nom: Jésus ou Seigneur Jésus, ou Seigneur prends pitié! C’est la prière la plus difficile et je ne puis m’y tenir bien longtemps. Mais l’important ce n’est pas la durée de la prière, mais son intensité, sa sincérité.

Je constate qu’avec les années, ma prière est devenue plus pauvre je crois. Une prière où je compte moins sur l’élan de ma foi ou de ma ferveur, que sur l’accueil que m’y fait le Seigneur. C’est un peu la prière à l’exemple du couple fidèle qui, après des années, n’a pas toujours besoin de beaucoup de mots pour se comprendre et où le silence peut être tout aussi signifiant que les paroles les plus tendres. C’est peut-être cette nuit là dont parle saint Jean de la Croix, dans laquelle on ne cherche à s’accrocher à rien, sinon qu’à se tenir disponible et abandonné à la volonté du Seigneur. (à suivre)

Ma prière (2)

D’entrée de jeu, je dois dire que je me suis toujours méfié des systèmes, des techniques, des trucs. J’étais ainsi en psychologie. C’est pourquoi je n’ai pu appartenir pleinement à aucune école de psychothérapie. Et cela explique sans doute pourquoi je suis dominicain plutôt que jésuite. Ici je ne veux pas porter de jugements, les jésuites ayant réussi mieux que nous les dominicains dans bien des domaines. Mais il faut des auberges pour tout le monde dans la vigne du Seigneur. Donc, m’a prière ne s’enracine pas dans une école de spiritualité. Elle a poussée telle que le Seigneur a bien voulu me la donner.Mais il y a quand même ma responsabilité face à cette prière, et je me demande toujours si je ne pourrais pas la faire grandir davantage, et c’est là, quand j’ai de telles préoccupations, que je me demande si je ne risque pas de tomber dans les trucs et les recettes. Il n’y a rien à faire, je préfère vivre ma prière un peu comme l’on respire. Ce qui explique que ma prière n’est pas toujours régulière. Elle l’est seulement quand j’ai le soutien d’une communauté, car laissé à moi-même, je ne suis pas porté à ponctuer mes journées par des temps bien précis. Si je suis en vacance, j’essaie tant bien que mal d’y faire une place, mais je vais parfois sauter un office ou deux, ou même toute une journée sans que cela ne m’incommode, ne vous en déplaise. Par ailleurs, je tiens à préciser que Dieu ne sera pas absent pour autant de ma journée. Il sera mon compagnon de marche, mon compagnon de lecture, mais… ce n’est pas classique comme prière. Je n’aime pas la mettre dans une moule, l’encadrer, la structurer, la visser au plancher, quoi!

La prière qui est la mienne, et dans laquelle je crois, puisqu’elle me fait vivre, est une prière de compagnonnage et d’intimité, une prière qui aime bien prendre la clé des champs à l’occasion, mais qui est tout à fait à l’aise dans un choeur de monastère ou dans l’oraison silencieuse.

Ma prière a commencé cette nuit là, vous vous en souvenez, alors que je revenais d’une soirée de prière, déçu de ne pas croire, de ne pas être capable de croire. Déçu de ne pas avoir un dieu dans ma vie semblable à celui dont me parlaient des amis chrétiens. Ce soir là, en rentrant chez moi en voiture, j’ai pleuré. Des pleurs ou plutôt des sanglots, ce qui est plus douloureux encore, à travers lesquels j’ai demandé à Dieu de croire en lui, s’il existait.

Ainsi donc, la première forme de prière qui s’est imposée à moi fut une prière de supplication, une prière de détresse, à laquelle Dieu ne tarderait pas à répondre et dont la réponse remplirait mon coeur d’une joie ineffable et durable jusqu’à ce jour. (à suivre)

Ma prière (6)

J’aimerais terminer en parlant du silence, le silence qui fait grandir les saints, comme disait un Père du désert. S’il y a un élément de changement bien concret que je puis identifier depuis que j’ai retrouvé ma foi catholique, c’est l’importance croissante du silence. Je vous avais dit, je crois, à quel point mon séjour à la Trappe avait confirmé cela. Et j’en suis tout étonné, émerveillé je dirais. Car c’est là pour moi comme un fruit tangible qu’apporte la vie spirituelle: un besoin d’être seul avec soi-même, un besoin d’être à l’écoute, sans se sentir menacé, sans avoir peur. La solitude devient alors un lieu d’accueil et de repos. Le silence nous parle alors de Dieu et de notre vie en Lui, et la prière y trouve tout naturellement sa source. Le silence est sans doute l’expérience la plus tangible que nous puissions faire de la présence de Dieu. Car dans le silence nous sommes mis à nu, dans une attitude d’accueil et de don de soi. Mais naturellement, il faut que ce silence soit recherché pour lui-même et non pas imposé. Et c’est là une des fonctions de la prière personnelle et de la prière en Église, de nous conduire peu à peu dans cette ouverture au silence où Dieu se dit.Dieu, « nul ne l’a jamais vu, sinon le fils de Dieu et ceux à qui il veut bien se révéler ». Et nous avons cette promesse sûre et ferme, que ceux et celles qui accueillent Jésus comme Fils et Révélateur de Dieu, il leur sera donné cette connaissance et cette expérience de Dieu, comme l’a vécue Jésus de Nazareth. Entrer dans le silence de la prière, c’est se faire tout disponible et abandonné à l’action du Seigneur: « Parle Seigneur, ton serviteur écoute! » (fin du texte)

Une espérance têtue!

Notre Dame de l'Avent

Notre Dame de l'Avent

« Convertissez-vous, préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. » Ces consignes évangéliques ne sont pas nouvelles pour nous. Chaque année, et tout au long de l’année, elles nous sont répétées, afin de nous rappeler les exigences de la suite de Jésus Christ. Elles nous sont rappelées de peur que nous nous arrêtions en chemin, que nous oublions quelle espérance têtue et obstinée doit nous animer dans notre vie de foi de tous les jours. Car notre foi est une foi qui espère! La liturgie est une pédagogue et le temps de l’Avent se présente à nous comme une mise en scène liturgique qui veut nous aider à découvrir combien est belle cette espérance qui doit nous habiter à cause de la venue du Fils de Dieu en notre monde.

Le temps de l’Avent vient nous aider à approfondir cette joie qui doit être la nôtre au moment de célébrer la naissance du Sauveur. Car il n’y a pas de plus grand bonheur que d’entrer dans cette connaissance de Dieu qui nous est donnée avec la venue de son Fils. C’est là le cœur de notre foi. Et l’Avent nous prépare à cette fête en nous rappelant par les textes de la Parole de Dieu, combien grande était l’attente du Messie avant qu’il se manifeste à Bethléem, dans une étable. Le temps de l’Avent vient nous dire que cette espérance, il nous faut la vivre dans le quotidien de nos vies, et ce, jusqu’à ce que le Seigneur Jésus revienne à la fin des temps, car il ne cesse de se donner à nous chaque jour.

Le monde a-t-il vraiment changé depuis cette nuit de Bethléem? Est-ce que la venue du Christ a véritablement changé le visage de notre terre? Nous ne savons pas comment aurait évolué notre monde sans cette influence déterminante du christianisme sur l’histoire et la pensée humaine, mais ce que nous savons, c’est que la suite du Christ a transformé radicalement la vie d’une multitude d’hommes et de femmes au cours des siècles, qui ont pris sur eux-mêmes, au nom de l’Évangile et de leur amour de Dieu et du prochain, de transformer cette terre, d’inaugurer des relations de paix, de justice et de miséricorde partout où ils passaient.

Il ne s’agit pas ici d’une espérance « à la petite semaine », d’une espérance facile et béate. Elle est profonde comme la mer cette espérance à l’image de la connaissance du Seigneur qui nous est promise. Cette espérance, elle est de tous les combats, de toutes les luttes, et c’est elle qui nous rend capables de nous engager, de nous aimer les uns les autres, de pardonner, de changer nos cœurs, de recommencer quand tout s’écroule, de reconstruire… C’est cette espérance têtue et obstinée que nous demandons au Seigneur de renouveler en nous en ce temps de l’Avent.