Je n’ai pas parlé de l’eucharistie, « source et sommet de la vie de l’Église », que je suis appelé à vivre et à célébrer quotidiennement en tant que prêtre. D’ailleurs, j’allais presque oublier d’en parler. Curieux n’est-ce pas? Pourtant la célébration de l’eucharistie est toujours un moment intense pour moi, un moment solennel qu’il m’est difficile d’identifier comme étant « ma prière ». Il serait juste de dire que « je suis un autre » lorsque je célèbre. Je suis le ministre de la communauté. Je ne prie plus seulement en mon nom, mais je prie au nom de la communauté dont je préside l’eucharistie, l’eucharistie de la communauté. De plus, ce n’est pas moi théologiquement qui préside mais c’est le Seigneur ressuscité!Donc, mon rapport à l’eucharistie est ambigu quand j’essaie de l’analyser. Il y a en moi comme une incapacité d’en parler. J’y entre avec tout le sérieux dont je suis capable et, en même temps, ce mystère me dépasse tellement que parfois je sens que je n’ai pas la capacité de le vivre avec toute l’intensité que requiert la célébration d’un tel mystère. C’est donc avec une grande pauvreté que je célèbre l’eucharistie et, en même temps, dans un esprit de service pour la communauté. Il m’est difficile d’y entrer comme j’entre dans ma prière personnelle, car l’eucharistie m’impose un rythme, des règles liturgiques, une attention de tous les instants à la communauté avec qui je célèbre.
Je suis un peu comme ces disciples lors de la multiplication des pains qui doivent nourrir la foule, pendant que Jésus continue sans doute de s’entretenir avec elle. La tâche prend un peu le dessus. Ce n’est qu’après, et je ne veux pas dire immédiatement après car cela, habituellement, est impossible, mais après, bien après… dans la prière personnelle, dans un seul à seul avec moi-même à l’occasion d’une promenade, que cette eucharistie se prolonge et me nourrit. Et pourtant j’ai conscience que cette eucharistie quotidienne est le lieu de ma prière le plus importante de la journée. On touche là le mystère, un mystère qui demande toute notre attention, mais où il est si facile d’être distrait. Mais toujours c’est une grâce inouïe… (à suivre)
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