Je vous propose aujourd’hui ce texte décapant de l’écrivain Léon Bloy, qui ne se veut pas une présentation tout à fait orthodoxe ou théologique sur la question de la communion des saints, mais qui a néanmoins beaucoup de souffle et le mérite de nous interroger :
« Notre liberté est solidaire de l’équilibre du monde et c’est là qu’il faut comprendre pour ne pas s’étonner du profond mystère de la Réversibilité qui est le nom philosophique du grand dogme de la Communion des Saints. Tout homme qui produit un acte libre projette sa personnalité dans l’infini. S’il donne de mauvais coeur un sous à un pauvre, ce sous perce la main du pauvre, tombe, perce la terre, troue les soleils, traverse le firmament et compromet l’univers. S’il produit un acte impur, il obscurcit peut-être des milliers de coeurs qu’il ne connaît pas, qui correspondent mystérieusement à lui et qui ont besoin que cet homme soit pur, comme un voyageur mourant de soif a besoin du verre d’eau de l’Évangile. Un acte charitable, un mouvement de vraie pitié chante pour lui les louanges divines, depuis Adam jusqu’à la fin des siècles; il guérit les malades, console les désespérés, apaise les tempêtes, rachète les captifs, convertit les infidèles et protège le genre humain. »
(Léon Bloy: Méditation à l’Office de nuit chez les Chartreux).
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