Nous prenons l’autobus de 8h30 pour Oświęcim. Pourtant, j’avais bien demandé d’aller à Auschwitz, mais sur place notre guide nous expliquera que les armées allemandes, lors de l’invasion de la Pologne, avaient commencé à donner des noms allemands aux différents lieux qu’ils occupaient, et c’était le cas pour ce petit village d’ Oświęcim, aujourd’hui une ville de 43, 000 habitants.
À l’époque, les Allemands qui cherchaient à établir leurs camps d’extermination en des lieux isolés, loin des populations locales, avaient fait évacuer les maisons proches de l’enceinte du camp. Ils feront ainsi à trois reprises, repoussant au loin la population polonaise afin qu’elle ignore ce qui s’y passait. Mais cette fumée des fours crématoires qui fonctionnent souvent jour et nuit, l’odeur de cheveux et de chair brûlée, ne réussiront pas à tromper la population locale.
Si ce camp était aussi isolé, il n’en est plus le cas aujourd’hui et le visiteur est donc surpris de constater que l’on annonce le musée d’Auschwitz à 500 mètres, alors que l’on est au milieu d’une ville avec beaucoup de circulation, des restaurants et des commerces. J’espère ne pas être déçu de ma visite, mais déjà une certaine appréhension s’empare de moi au moment d’arriver enconstatant que nous sommes en pleine ville.
Auschwitz s’annonce tout d’abord comme un musée, et c’est là la seconde surprise. Ce qui reste des camps de la mort en Europe se nomme désormais « musée ». Il en sera de même pour le camp de Westerbork. Le stationnement compte sans doute une vingtaine d’autobus nolisés lorsque nous arrivons et les visiteurs forment une longue file pour entrer « au musée ». Autre surprise, cela ne coûte rien, et j’apprécie. Non pas à cause du fait d’économiser des sous, mais n’y aurait-il pas une inconséquence à vouloir faire payer la visite d’un lieu qui se veut un mémorial à toutes les victimes d’Auschwitz, et elles se comptent par million.
Nous nous procurons des écouteurs et l’on nous présente un court film sur l’histoire du camp d’Auschwitz. Ce film n’insiste pas trop sur les scènes d’horreur, contrairement à un film comme « Nuits et brouillard » d’Alain Resnais. Nous ressortons après 15 minutes et là nous suivons un guide, elle se nomme Edita, une Polonaise de 40 ans environ, qui travaille aux archives d’Auschwitz et qui s’improvise guide cette journée-là à cause d’un manque de personnel. C’est note chance, car elle est très au fait de l’histoire du camp et a un visage empreint d’une grande humanité. Je sens bien qu’elle ne fait pas que travailler au musée d’Auschwitz, mais qu’il s’agit aussi pour elle d’une mission.
Notre groupe est composé d’une vingtaine de visiteurs et nous passerons deux heures et demie avec elle, entrant progressivement dans l’horreur de ce lieu, qui semble calme en cette journée grise d’octobre. Nous visiterons les deux parties du musée d’Auschwitz, soit le camp d’Auschwitz et le camp d’Auschwitz-Birkenau. Trois kilomètres séparent les deux camps. Il faudra prendre l’autobus pour aller de l’un à l’autre.
Pour une histoire détaillée de l’établissement de ces deux camps, cliquez ici.
Filed under: moineruminant | Tagged: Auschwitz, Etty Hillesum | 1 Comment »