Jésus dans son évangile nous propose une voie inédite dans la lutte contre le mal et la violence, une arme insoupçonnée dans la rencontre du frère ou de la soeur qui se dresse en ennemi. C’est la force du pardon. Non pas le pardon qui est démission ou qui fait fi de la justice et de la vérité, mais le pardon évangélique qui est capable de porter un regard lucide à la fois sur soi et sur l’autre, qui est capable de voir en cet autre, en dépit de ses fautes, le frère ou la soeur qui s’est égaré.Utopique? Bien sûr! Comme tout l’Évangile d’ailleurs. Mais parce que notre Dieu est le Dieu de l’impossible, ses paroles deviennent promesses pour nous. S’il nous invite à nous pardonner, s’il nous commande de nous aimer les uns les autres jusqu’à aimer nos ennemis, c’est qu’il nous sait capables d’un tel dépassement. Puisque nous sommes capables de Dieu, nous sommes capables d’aimer et de pardonner, sinon Jésus ne nous inviterait pas à le faire.
Après la liquidation d’un des camps par des troupes américaines, dans une des baraques, un morceau de papier d’emballage a été trouvé, sur lequel un homme avait inscrit une prière:
« Seigneur, lorsque Tu viendras dans ta gloire, ne Te souviens pas seulement des hommes de bonne volonté, souviens-Toi également des hommes de mauvaise volonté. Mais ne Te souviens pas alors de leurs cruautés, de leurs sévices et de leurs violences. Souviens-toi des fruits que nous avons portés à cause de ce qu’ils ont fait. Souviens-Toi de la patience des uns, du courage des autres, de la camaraderie, de l’humilité, de la grandeur d’âme, de la fidélité qu’ils ont réveillé en nous. Et fais, Seigneur, que les fruits que nous avons portés soient un jour leur rédemption. » (La Vie spirituelle . mars-avril 1988, n° 678, pp. 222-223)
Jésus nous enseigne une voie de perfection pour accueillir le Règne de Dieu : le don réciproque les uns aux autres de cet amour prodigué si généreusement par Dieu et qui, dans sa pointe extrême, devient pardon, ce pardon total et inconditionnel dont témoigne Jésus sur la croix. Et sur cette croix, Jésus n’attend pas que ses bourreaux viennent lui demander pardon pour pardonner : « Pardonne-leur Père, car ils ne savent ce qu’ils font. » Jésus fait le premier pas. Il pardonne. Et c’est lorsque l’on peut faire ce premier pas que l’Évangile devient véritablement Bonne Nouvelle dans nos vies et que nous devenons vraiment disciples du Christ.
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