Méditation pour la fête des Rois
La parole de Dieu forme une belle unité en cette fête… Elle commence avec cette proclamation du prophète isaïe : Debout, Jérusalem, resplendis !
Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Une annonce que reprenait Zacharie, le père de Jean baptiste, quand il est dit dans son cantique : l’astre d’en-haut s’est levé pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix.
Pour Paul, dans notre deuxième lecture, il découle de cette révélation que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus. Oui, comme le chante le prophète Isaïe : Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront. C’est l’Épiphanie du Seigneur.
Du plus profond de la nuit, une lumière qui parfois ne nous semble pas plus grande qu’une toute petite étoile, est capable d’accompagner l’humanité à travers les siècles dans sa quête de bonheur, d’amour et de paix. C’est l’Épiphanie, la manifestation de Dieu parmi nous, qui revêt notre chair et se fait l’un des nôtres, et qui en cette fête est présenté au monde en la présence des rois mages qui symbolise les nations.
À travers les tensions que soulève la naissance de cet enfant et ce chassé-croisé entre Jérusalem, les rois mages et l’étoile, s’expriment à la fois les peurs et les espoirs de notre monde, ainsi que la tentation toujours présente en nous de refuser d’accueillir le prince de la paix quand son message de vie semble menacer nos sécurités, nos soifs égoïstes de bonheur, ou encore nos rêves orgueilleux de construire notre monde sans Dieu et sans amour. C’est la le drame d’Hérode et de tous les despotes de ce monde.
L’Épiphanie ! C’est la toute-puissance de Dieu qui se livre à nous dépouillée et pauvre, quémandant en quelque sorte notre amour, nous invitant à déposer les armes et à mettre à ses pieds ce que nous avons de plus précieux, soit nos rêves les plus fous, notre besoin d’être aimés, vraiment aimés, et ce pour les siècles sans fin, puisqu’un jour, comme l’annonce Paul dans sa première lettre aux Corinthiens nous connaîtrons Dieu tout comme lui nous connait, nous le verrons tel qu’il est et nous lui serons semblables. C’est ainsi que je décrirais cette soif profonde qui amène les mages à la crèche alors qu’ils apportent comme symbole de ce qu’ils ont de plus précieux de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Et quel est ce trésor que nous pouvons offrir à Dieu? Hé bien, c’est notre désir. Notre désir de faire le bien, de goûter le vrai bonheur; c’est notre désir de nous faire proches de Dieu et du prochain afin de devenir une personne meilleure. C’est là le plus beau trésor que nous puissions offrir à Dieu. En d’autres mots, ce désir c’est faire notre cette prière silencieuse du prêtre juste avant la communion où il demande à Dieu : « Fais que je demeure fidèle à tes commandements et que jamais je ne sois séparé de toi. » Voilà une belle résolution pour la nouvelle année !
Plusieurs d’entre vous ont sans doute reçu des cadeaux en ce temps des fêtes de la part de vos enfants et de vos petits enfants. Un cadeau est toujours quelque chose de très touchant, surtout lorsqu’il nous est donné par un enfant, parce que ce dernier, nous le savons, y met tout son coeur et toute son énergie. Il n’y alors rien de plus important pour lui. Et quand vous le recevez ce cadeau, il vous va droit au cœur, quelle que soit sa valeur matérielle, car c’est une manifestation de pure gratuité, d’amour vrai.
C’est ce que Dieu fait en nous donnant son Fils unique. Il s’offre à nous afin que nous puissions réaliser à quel point Il nous aime et combien Il est prêt à tout nous donner. Rappelez-vous les paroles du père au fils aîné dans la parabole de l’enfant prodigue : « Tout ce qui est à moi est à toi. » Ces paroles sont pour chacun et chacune de nous, et c’est cette promesse incroyable qui trouve son accomplissement avec la naissance du Messie, et qui est proclamée au monde entier lors de la venue des Rois Mages. C’est cela l’Épiphanie! La promesse de Dieu qui se fait chair, qui se fait l’un de nous et qui se donne à nous comme le plus incroyable des cadeaux.
Alors, comme les Rois Mages, adorons nous aussi l’enfant de la crèche. Il s’offre à nous désormais dans l’eucharistie, ce lieu privilégié de la manifestation du Fils de Dieu au monde. Offrons-nous à lui en cette fête de l’Épiphanie, offrons-Lui le meilleur de nous-mêmes, afin qu’Il puisse faire de nous, comme il est dit dans notre prière eucharistique, une éternelle offrande au Père. Ainsi, nous pourrons nous engager sans crainte sur les chemins imprévus de la vie avec cette assurance que l’Emmanuel marche avec nous et qu’avec lui nous serons vainqueurs, et ce, malgré tous les Hérode de ce monde.
Fr. Yves Bériault, o.p.
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