Homélie du frère Raymond Latour, o.p.
À quand remonte votre dernière conversation avec votre ange gardien? La question fait peut-être ressurgir des souvenirs d’enfance, de ces images d’un bon ange qui étend ses ailes protectrices pour accompagner un enfant sur un pont ou près d’un ruisseau, une autre encore où l’ange veille sur le sommeil d’un tout petit enfant. Nos anges gardiens nous quittent-ils avec l’enfance envolée ?
Cher ange gardien, il me faut bien reconnaître qu’il y a longtemps que je n’ai pas causé avec toi. Pourtant, j’ai un vif souvenir de notre première conversation. Je t’avais découvert dans une leçon au petit catéchisme. J’apprenais que « Dieu en donne un à chacun de nous et c’est pour nous aider à nous préserver du mal et à être de bons chrétiens. Il nous préserve du mal, du péché, des maladies et des accidents ». À mon souvenir, jusque-là, personne ne m’avait parlé de toi. Quelle découverte ! Dieu dans sa providence nous a fait le cadeau de placer un ange à nos côtés ! Je n’ai jamais eu d’amis imaginaires, mais cette journée-là, au retour de l’école, tout au long du chemin, je te parlais, sûr de ta présence. Ce jour-là, j’étais seul. Tu étais mon compagnon de route et je pouvais tout te confier. Il n’y avait aucun danger, mais j’étais heureux de me sentir « accompagné ». Tu étais différent de mes amis d’école, tu n’étais pas non plus un adulte qui me surveille. Non tu étais un ange protecteur, attaché à mes pas. Cela me réjouissait. Intérieurement, j’avais la conviction que tu étais relié à Dieu, que tu voulais mon bien et me garderait de tout mal. Grâce à toi, je marchais dans la confiance.
Je ne te trouvais pas étrange. Même si tu étais un ange, ce qui expliquait que ta présence m’avait échappé. Tu n’avais pas d’autre nom que celui « d’ange gardien ». Tu restais anonyme. Effacé. Discret. Tant de jours à mes côtés et je t’avais ignoré ! Pourtant tu étais de tous mes petits bonheurs et grands malheurs d’enfant ! tu prenais part à tous mes jeux, c’est toi aussi qui me consolait de mes tristesses. Tu priais avec moi. C’était toi, n’est-ce pas, qui étais avec moi quand j’allais à l’église le dimanche ? Je me doutais de quelque chose… il y avait une telle joie !
Cher ange gardien ! Et tous ces jours qui ont suivi ! Tu ne m’as jamais quitté d’une semelle même si je ne prenais plus garde à ta présence. Tu remplissais ta mission. C’est toi, je le sais maintenant, qui m’a en quelque sorte tapé sur l’épaule pour me mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et avancer au souffle de l’Esprit. Peut-être t’es-tu interposé pour me barrer les chemins périlleux ? Comment savoir tout ce que je te dois, ange gardien, commissaire de la grâce prévoyante de Dieu ?
L’Église nous offre aujourd’hui l’occasion de célébrer les anges gardiens, et pour plusieurs d’entre nous sans doute, de renouer avec eux. Il est vrai que l’Évangile associe les anges gardiens aux petits. Mais notre ange gardien ne s’est pas enfui avec l’enfance. Nous pouvons le retrouver en redevenant petits. C’est alors que nous comprendrons que les anges qui voient sans cesse la face de Dieu sont bien prêts à reprendre la conversation, et parler avec l’adulte que nous sommes devenus. Ainsi, nous assure la liturgie d’aujourd’hui, nous parviendrons sans encombre à la maison du Père.
Raymond Latour, o.p.
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Bonjour, le Moine ruminant,
Puisqu’il est question ici d’ange gardien , je vais vous posez une question très pertinente , et à laquelle il est dur d’avoir une réponse .
Ou était l’ange gardien, de ces personnes qui se sont, fait violer ou assassiné ? ou les deux à la fois ,ou des personnes qui ont des accidents de la route ,ou qui meurent de maladies graves ?
Cordialement , Michelle .
Je répondrais qu’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre et que ce texte nous plonge davantage dans une réminiscence d’enfance poétique qu’un exposé dogmatique. Mais je comprends très bien le problème qu’il soulève. Mais je laisse à l’auteur le soin de vous répondre. N’hésitez pas à le faire car votre question est des plus pertinente. Voici son courriel : assistant_provincial@dominicains.ca
Quel beau texte et combien approprié en cette journée qui leur est dédiée à ces compagnons de vie que nous ignorons royalement la plupart du temps. Il est bon de les ramener à notre attention pour devenir plus conscients que nous sommes bien entourés et aimés.
Merci d’avoir fait suivre cette homélie du frère Latour…
Lise et Yves
Cher Moine ruminant,
Ça fait plus que très longtemps que je n’ai pas parlé à mon Ange gardien, moi non plus. Heureusement qu’il y a l’Église pour le rappeler à notre attention.
Quel beau souvenir d’enfance vous nous avez partagé ! Vraiment, Dieu nous a tout donné : Son amour, Son Fils, Leur Esprit, maman Marie, les saints, les saintes et un(e) ange pour chacun(e) ! Que demander de plus ?
Pour moi l’Ange gardien est un peu comme Marie, il travaille en toute discrétion, sans qu’on sache quelle prouesses il (elle) a accomplies. De plus, l’Ange gardien doit certainement grandir avec celui ou celle sous sa protection, alors, pourquoi ne pas s’en faire un(e) meilleur(e) ami(e). Je te remercie pour tout mon vieil Ange gardien; on reprend contact, d’accord ?
Richard Dufresne