La liturgie de ce dimanche semble paradoxale à première vue, alors que nous avons deux désignations pour le décrire : nous l’appelons le dimanche des Rameaux, qui rappelle l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem, mais il s’agit aussi du dimanche de la Passion du Seigneur.
Lors de la procession d’entrée, solennellement, rameaux à la main, nous avons acclamé le Christ en tant que Roi triomphal, mais dans la préface eucharistique, nous dirons qu’il a été jugé comme un criminel. En entrant dans l’église nous avons chanté : «Fils de David, Hosanna! Tu es notre Roi», mais lors du récit de la Passion nous avons entendu la foule crier : «crucifie-le!»
En une seule liturgie, nous sommes passés de la foule en liesse, à la mort de Jésus, de son accueil triomphal, au spectacle insoutenable de sa crucifixion. Cette liturgie ne vient-elle pas nous rappeler combien notre humanité est fragile et a besoin d’être sauvée ?
Nous retrouvons dans cette liturgie le drame de notre humanité, alors qu’à tous les jours sur notre terre, nous sommes sans cesse confrontés au mystère du mal, au cœur même de nos joies et de notre soif de vivre, d’aimer et d’être aimés, alors que se dressent devant nous, le plus souvent à travers les médias, les violences et les guerres qui n’épargnent ni les enfants ni les innocents.
La vie est souvent bafouée, nous le savons, et la liturgie de ce dimanche vient nous rappeler que nous ne sommes pas à l’abri de cette tentation, alors que le mal et la violence cherchent toujours à imposer leur loi dans nos vies. C’est pourquoi la liturgie de ce dimanche oriente nos regards vers le Christ alors qu’il se dirige vers sa passion, nous invitant à l’accueillir comme notre sauveur et notre roi, à l’accompagner dans le don même de sa vie pour nous.
À l’aube de cette Semaine sainte, nous sommes invités à porter avec Jésus notre monde qui souffre, à porter sa peine et ses joies, à porter sa croix et sa soif de bonheur, à faire nôtre sa douleur, contemplant en Église le mystère de notre foi à travers les liturgies de cette Semaine Sainte, qui vont nous conduire jusqu’au matin de Pâques.
Comme l’écrivait avec justesse sainte Catherine de Sienne : « Ce ne sont pas les clous qui retiennent Jésus sur la croix, mais l’amour. » Et c’est sur ce bois que la vie va refleurir, c’est sur ce bois que l’amour du Fils de l’Homme sera livré jusqu’au bout, au point de saisir dans son offrande toute l’humanité, chacun et chacune de nous, toutes les générations présentes et à venir, qui mettront leur foi en lui, Jésus, le grand vainqueur de la Mort.
Frères et sœurs, c’est la Semaine Sainte qui commence, sachons ouvrir nos cœurs au mystère du plus grand amour qui soit. Amen.
Yves Bériault, o.p. Dominicain
Filed under: moineruminant | 1 Comment »
