Que répondriez-vous à ce questionnaire?
Voici les questions précises posées par le Vatican à tous les catholiques, dans le cadre de la préparation du synode sur le mariage, « sur la pastorale pour affronter certaines situations matrimoniales difficiles »:
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a) Le concubinage ad experimentum est-il une réalité pastorale importante dans votre Église particulière? À quel pourcentage pourrait-on l’estimer numériquement?
b) Existe-t-il des unions libres, sans reconnaissance aucune, ni religieuse ni civile? Y a-t-il des données statistiques sûres?
c) Les séparés et les divorcés remariés sont-ils une réalité pastorale importante dans votre Église particulière? À quel pourcentage pourrait-on l’estimer numériquement? Comment affronter cette réalité au moyen de programmes pastoraux adaptés?
d) Dans tous ces cas, comment les baptisés vivent-ils leur situation irrégulière? Ils en sont conscients? Manifestent-ils simplement de l’indifférence? Se sentent-ils écartés et vivent-ils avec souffrance l’impossibilité de recevoir les sacrements?
e) Quelles sont les demandes que les personnes divorcées et remariées adressent à l’Église à propos des sacrements de l’Eucharistie et de la réconciliation? Parmi les personnes qui se trouvent dans ces situations, combien demandent ces sacrements?
f) La simplification de la pratique canonique pour la reconnaissance de la déclaration de nullité du lien matrimonial pourrait-elle offrir une réelle contribution positive à la solution des problèmes des personnes concernées? Si oui, sous quelles formes?
g) Existe-t-il une pastorale spécifique pour traiter ces cas? Comment cette activité pastorale se déroule-t-elle? Existent-ils des programmes à ce propos au niveau diocésain et national? Comment la miséricorde de Dieu est-elle annoncée aux personnes séparées et aux divorcés remariés; comment le soutien de l’Église dans leur cheminement de foi est-il mis en acte.
Et pour terminer, ma propre question : Que proposeriez-vous à l’Église comme pratique pastorale au sujet des divorcés remariés?
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Que les divorcés, les divorcés-remariés ne puissent pas communier est en dehors du champ de mon entendement. Ils sont victimes d’une exclusion de l’Eglise, or dans les évangiles, le Christ n’exclue personne. Il vient pour rassembler. Il vient sauver et non juger, guérir et non condamner. Lui sauve d’abord, et jugera ensuite.
Je n’arrive pas à comprendre la position de notre Eglise. Nous suivons la lettre et pas l’esprit, tels les pharisiens. Oui, le Christ a dit que ce Dieu a fait, l’homme ne peut le défaire. Mais, tout au long de son enseignement, il n’a cessé de montrer la Miséricorde.
Paradoxalement, les orthodoxes qui sont plus attachés que nous à la tradition de l’Eglise ancienne, abordent avec bien plus de souplesse des questions qui chez nous posent problème et évitent ainsi les crispations que nous connaissons sur le divorce, le remariage, le célibat des prêtres, l’union libre.
Or si nos frères orthodoxes acceptent jusqu’à trois mariages, c’est bien qu’ils ont placé la miséricorde avant tout autre considération et pris en compte le caractère humain, enclin à l’erreur. Finalement, ils ont accepté qu’on ne pouvait pas exiger plus de l’homme commun que ce qu’il peut raisonnablement donner. Si nous sommes tous appelés à la sainteté, orthodoxes comme catholiques, chez les orthodoxes, on reconnaît la faiblesse de l’homme-pécheur et on fait avec, en quelque sorte. Ce que l’on exige des couples en leur déniant le droit de rompre leur union, est plus que ce que l’on exige des religieux qui après des vœux temporaires peuvent encore choisir de ne pas prononcer les vœux perpétuels. On fait comme si le but à atteindre, la sainteté, était acquis dès le commencement alors que nous cheminons vers l’idéal qui reste toujours à atteindre. Chez les orthodoxes, seuls les prêtres mariés ne peuvent ni divorcer ni se remarier en cas de veuvage.
Avant que l’évêque orthodoxe délie la première union et autorise un remariage, il consulte la situation et agit au cas par cas. Qui est responsable du divorce, pour quelles raisons….
Comment peut-on exclure quelqu’un qui divorce parce qu’il est maltraité physiquement ou psychologiquement? Vaut-il mieux se perdre ou perdre son âme que de divorcer? Qui est responsable de la folie de l’autre? Et bien d’autres questions.
Comment peut-on refuser l’Eucharistie, le remède de l’âme à ceux qui souffrent déjà par le fait même d’une séparation, surtout quand elle est subie?
Non, je n’arrive pas à comprendre notre raideur, notre crispation dénuée de compassion et tout simplement d’amour. J’ai lu l’article de Mgr Muller, paru en octobre, où il revient sur le mariage. Je n’arrive pas à le lire tranquillement. En fait, il me scandalise, cet article.
Dans mon entourage, je connais des personnes qui souffrent réellement de ne pas pouvoir aller communier. Elles se sentent tellement rejetées par l’Eglise qu’elles ne la fréquentent plus, alors même et justement parce qu’elles ont reçu une éducation religieuse. La transgression leur fait si peur, qu’elles ne peuvent se résoudre à « désobéir » en allant communier, et sans eucharistie, quel sens a d’assister à une messe? Tout tend à ce moment, à cette union mystique. Et pourquoi ne pourrait-on s’unir à Dieu parce que l’on n’a pas pu, pas su s’unir à un de nos frères? Mais surtout ce qui prime en elles, c’est le sentiment du rejet. Moi, j’ai l’impression d’un gâchis.Je serais très heureuse de voir ces personnes revenir dans le giron de l’Eglise, elles retrouveraient la paix et l’Eglise a besoin de leur foi.
En résumé, je pense que la pratique orthodoxe, plus souple, est plus soucieuse de ne pas rejeter le pécheur et d’accroître son désarroi et plus humble aussi, car elle prend en compte notre faiblesse. Si seuls les saints, les irréprochables devaient fréquenter l’Eglise, pourquoi le Christ nous dit être venu pour les pécheurs et les malades? Accepter la faute et permettre de renaître à une autre vie, ce n’est pas du clientélisme, c’est la raison d’être de l’Eglise.
Un jour, j’ai posé la question à un prêtre de ma paroisse sur l’eucharistie et les divorcés remariés. C’est un vieux prêtre, plein de bonté, il m’a répondu que la conscience de chacun prime tel que Paul l’enseigne. Mais si notre Eglise pouvait faciliter le déverrouillage des consciences craintives, ce serait plus aisé pour certains de revenir vers elle et vers le Seigneur.
C’est donc une formidable opportunité que nous offre notre Pape de pouvoir nous exprimer à ce sujet avant que le synode ne prenne des décisions.
Ceci étant dit, il me paraît inutile de repréciser que je proposerais la pastorale orthodoxe pour les divorcés-remariés! Je la suivrais en tous points, à vrai dire. Un lien vers un article sur le sujet, traité par un orthodoxe : http://christophe.levalois.free.fr/fichier/Mar_div_ev_Ath..pdf
Notre Evêché a choisi de faire participer tous et chacun au questionnaire et de proposer, très librement, ses réponses.
C’est une rare et formidable opportunité qui nous a été offerte. Nous pouvions répondre par groupes ou individuellement. Quel changement dans notre Eglise!
Il faut vraiment remercier pour cela le Vatican et tous les évêques qui ont pris la décision d’une réponse ouverte à tous.
Il ne s’agit pas de faire pression sur le Vatican avec nos réponses, il s’agit d’être entendus et peut-être de donner un appui à des décisions à venir qui pourraient être difficiles à prendre pour le Synode.
Du moins, Rome saura-t-elle mieux ce que pense la foule immense de ses fidèles.
Il serait très intéressant de connaître par la suite les réponses qui ont été apportées. Le vieux continent, la Chine, l’Afrique….. n’auront pas forcément les mêmes réponses et au final, nous ne savons pas les tendances qui ressortiront, vers un accueil plus ouvert des personnes en situation « marginales » ou vers un maintien plus ou moins global de ce qui existe déjà.
Le groupe dans lequel j’ai participé, est largement allé vers plus d’ouverture envers tous les cas proposés, et ce, sans âpres discussions opposant les uns aux autres. Il y avait consensus. Pourtant, il y avait plusieurs générations réunies, l’âge n’a pas été prétexte à des opinions différentes, il y avait certainement autour de la table, des personnes d’horizons sociaux, culturels et politiques différents, mais cela n’a été un prétexte non plus, pour différencier nos réponses.
Je vois là quelque chose de très encourageant, qui pousse à se réjouir, par delà toutes nos différences, nous apportons des réponses similaires qui montrent notre unité profonde.