Un ami très cher est atteint d’un cancer. J’ai peur pour lui. J’ai déjà travaillé en milieu hospitalier, j’ai vu des gens mourir et chaque fois que cette menace de la mort se présentait je demandais la guérison dans ma prière, le miracle. Mais le miracle n’était pas souvent au rendez-vous.
« Tout ce que vous demanderez en mon nom… », dit Jésus. Et pourtant toutes ces prières, comme des bouteilles jetées à la mer, qui semblent rester sans réponse. Mais n’a-t-il pas suffit que Marie, la sœur de Lazare, dise à Jésus: « Seigneur, ton ami est malade », pour qu’il vienne le guérir?
En priant pour cet ami, j’ai compris quelque chose de nouveau à la prière. Alors que ma prière se faisait insistante pour que le Seigneur guérisse mon ami, j’ai compris que ma prière avait aussi comme fonction de soutenir cet ami, de veiller avec lui. Comme si Dieu me demandait de le laisser habiter ma prière afin qu’à travers moi Il soutienne mon ami qui souffre. Une invitation à veiller avec l’ami malade dans la prière.
C’est comme si un nouvel éclairage sur la prière m’avait été donné. Il ne suffit pas de dire « Seigneur, Seigneur ». Il faut aussi veiller avec lui à Gethsémani, le Gethsémani de toutes les souffrances humaines. N’est-ce pas là la vocation bien particulière des monastères à travers le monde?
C’est là quelque chose qui demande bien plus de temps que la simple demande de guérison au Seigneur, dans une formule rapide et toute faite. C’est plus engageant aussi, plus fatiguant, plus couteux. La preuve en est que je n’ai pas mis le temps que j’aurais voulu jusqu’à maintenant. Écouter un ami qui souffre prend du temps. Prier pour lui aussi. Peut-être est-ce là le vrai sens de la prière d’intercession?…
Je vous confie cet ami. Je sais que son drame n’est qu’une gouttelette sur cet océan de misères humaines. Pourquoi lui plus qu’un autre? Pourquoi pas! Il faut bien commencer quelque part, là où la misère humaine nous frappe de plein fouet. Je pense qu’on entre alors dans le combat de Dieu.
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