Avoir la foi?

Dans un éloge de l’Homme et de ses capacités, Mario Roy, un éditorialiste du journal montréalais LA PRESSE, y va de cette conclusion dans son éditorial du 3 janvier 2006, intitulé « Résolution pour 2006: avoir la foi. » :

« En 2006, il vaudrait mieux cesser d’investir sa foi dans les chimères et les dieux, les manchettes et les curés, les évangiles et les devins. Il faut retrouver la seule foi qui vaille, celle dont l’objet est l’être humain. Lequel existe bel et bien. Et a toujours vaincu. »

Cela me rappelle le courriel d’une lectrice qui m’avait écrit ce qui suit :

« Je ne comprend pas comment des gens peuvent encore croire au Christ avec toutes les horreurs qu’il y a sur Terre. C’est presque une insulte pour les personnes qui vivent dans un malheur que ce que pourrait penser ce soit disant fils de Dieu. Je trouve ça dommage que les gens aient encore besoin de ce simulacre de Dieu pour vivre. Croyez plutôt en l’Homme et en ses dons. »

Il est bon de se rappeler que les idéologies les plus meurtrières qui ont marqué l’histoire de l’humanité étaient avant tout athées : maoïsme, stalinisme, marxisme, nazisme…, sans compter toutes les exactions commises au nom de la race et des ethnies. Par ailleurs, nous ne pouvons cesser de croire en l’Homme en dépit de ceux et celles qui agissent en sous-hommes. Quant à la foi en l’Homme, laissé à lui-même, permettez-moi d’en douter. Le passé n’est certainement pas garant de l’avenir. S’il y a une conclusion qui s’en dégage c’est que l’Homme a besoin d’être sauvé de lui-même, il a besoin de retrouver sa source spirituelle.

Nous chrétiens nous croyons en l’Homme parce que Dieu croit en l’Homme. Parce qu’il l’aime. Il en est de même pour l’Église. Malgré les faiblesses des hommes qui la défigurent, nous aimons l’Église parce que c’est à travers elle que le Christ a voulu se faire connaître et se donner à nous. À côté de quelques manchettes qui font choc dans les médias en mal de sensationnalisme et de profits, ce sont des millions de témoins silencieux qui tous les jours vivent leur foi en s’engageant auprès de leurs frères et de leurs soeurs du monde qui souffrent. Le bien fait rarement du bruit. À chacun et chacune de découvrir comment la foi au Christ peut transformer une vie. On aime bien réduire cette foi à une morale alors qu’il s’agit d’un dynamisme de vie en nous, la présence d’un Autre.

Quant à notre éditorialiste, il me revient à la lecture de son éditorial combien le Québec a pu être intolérant lorsque la religion dominait et qu’il était de bon ton d’afficher ses couleurs catholiques, même dans les journaux. Je me souviens de ces Témoins de Jéhovah que l’on chassait des rues de mon quartier le dimanche parce qu’ils faisaient du porte-à-porte. Aujourd’hui, alors que le Québec subit une vague anti-cléricale sans précédents, l’intolérance a tout simplement changé de visage. Serait-ce le revers d’une même médaille?