La prunelle de Jésus

Trop souvent nous oublions que Jésus était Juif. Marie sa mère était Juive, ainsi que les apôtres. Tous des Juifs! Et pourtant le rapport entre les chrétiens et les Juifs a toujours été pour le moins problématique. La Shoah n’est pas survenue sans qu’il n’y ait une grande part de responsabilité de la part de l’Église, ou du moins ses membres et représentants. Non pas en tant qu’acteur direct de la Shoah, de nombreux chrétiens ont oeuvré à sauver des Juifs, mais à cause du poids de l’Histoire où sans cesse les Juifs ont été marginalisés par les autorités de l’Église et les Princes chrétiens.

Prenons par exemple le IVe Concile du Latran en 1215, présidé par Innocent III, qui rassemble 412 évêques et 800 abbés de toute la chrétienté. Pour la première fois depuis cinq siècles, un concile général vilipendait « la perfidie des juifs qui s’est implantée en pays chrétiens. » Les règles canoniques votées par l’assemblée déclaraient : « Les juifs doivent porter de façon ostensible des habits différents de ceux des chrétiens, afin d’éviter que des mariages mixtes soient contractés par erreur. Ils doivent cesser leurs pratiques abusives d’usuriers. Il leur est interdit d’exercer toutes fonctions publiques. Dans les jours où les chrétiens célèbrent la passion du Rédempteur, ils ne doivent pas sortir de leur maison, afin d’éviter toutes railleries et conflits. » (p.116)

Cet ostracisme des Juifs au cours des siècles fut clairement reconnu par l’Église en l’an 2000 lors du Jubilé et Jean-Paul II a demandé pardon au nom de l’Église en se rendant prier à Jérusalem devant le Mur occidental du Temple, anciennement appelé le Mur des Lamentations.

Mais il y eut aussi des hommes et des femmes pour s’indigner au fil des siècles du traitement fait aux Juifs. C’est Bernard de Clairvaux qui disait : « toucher aux juifs, c’est toucher à la prunelle de Jésus; car ils sont ses os et sa chair. »

Saint Bernard écrira deux lettres pour condamner les « pogroms » de Rhénanie en 1148. Il parcourra même ces régions pour apaiser les esprits. Il écrit alors :

« Ce peuple a reçu jadis le dépôt de la loi et des Promesses; il a eu les patriarches pour Pères; c’est de lui que le Christ, le Messie béni dans les siècles des siècles, descend selon la chair. » Il poursuit : « Les juifs ne sont-ils pas pour nous le souvenir vivant et le témoignage de la passion de Notre-Seigneur? Dispersés et humiliés […] réduits à un pénible esclavage sous les princes chrétiens […] il viendra un temps où le Seigneur abaissera sur eux un regard propice. Quand les nations païennes seront entrées dans l’Église, à son tour Israël sera sauvé ainsi que dit l’Apôtre (Rm 11, 21). »

Aussi, dans sa longue épître du De consideratione au pape Eugène III en 1150: « Aucune servitude n’est plus ignominieuse et plus pesante que celle des juifs, qui, en quelque endroit qu’ils aillent, la traînent derrière eux et en tout lieu trouvent leurs maîtres! » (Consid. I, 4) (Philbée, André. Saint Bernard. Cerf. 1990.)

Voilà le prolongement de ma réflexion pour faire suite au blogue sur la synagogue. Encore récemment j’ai entendu des chrétiens émettre des propos antisémites et j’en ai eu honte. C’est là une honte pour le Corps du Christ tout entier. Tout homme, toute femme est digne de respect et d’amour. Dieu ne fait pas de distinction entre les races et les peuples. Pourquoi en ferions-nous?

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