La mort est trompeuse

Je reviens des funérailles de la mère d’un ami. La perte d’un parent, même lorsqu’ils sont très âgés, implique toujours un deuil, une peine, à cause de tout ce qu’a été cette personne et qui soudainement n’est plus là. Comme s’il ne restait plus rien. Que reste-t-il de tout cet amour, de la fidélité de cette personne, de ses mots d’encouragements, de ses caresses, de tous ces mots de consolations, de tous ces sourires qui ont été donnés au cours des années? Car il faut bien se le dire, la mort est trompeuse. Elle oriente nos regards vers l’absence, vers la perte, cherchant à nous faire croire que tout est fini, qu’il ne reste plus rien de l’être aimé qu’un vague souvenir.

Il y a quatre ans, j’ai eu à vivre la mort de mon père, de qui j’étais très proche. On se voyait presque toutes les semaines. Nous étions de grands amis. Et à l’occasion de son décès, une certitude m’a frappé de plein fouet, alors qu’elle semble tellement évidente quand on a la foi; une évidence s’est imposée à moi : l’amour ne peut pas mourir.

C’est lorsque l’on perd un être cher que l’on se sent questionné tout à coup par cette réalité que l’on appelle la vie éternelle. Quand nous vivons un deuil nous prenons conscience à quel point l’amour donné par une personne est sans doute le plus beau fruit d’une vie humaine. Après tout, c’est là notre vocation humaine, notre raison d’être sur la terre : aimer… Et l’amour ne saurait mourir. L’amour n’est pas une passion inutile. Il porte en lui un germe d’éternité. Il rime avec toujours, comme le chantent les poètes.

C’est là la conviction que nous apporte cette intimité que nous sommes appelés à vivre les uns avec les autres lorsque nous aimons. C’est cette conviction qui nous anime, chrétiens et chrétiennes, lorsque nous affirmons que la mort n’a pu garder le Christ dans son emprise, car avec lui, la vie a triomphé de la mort au matin de Pâques. En Jésus Christ s’est réalisé cette promesse du prophète Isaïe :

« Le jour viendra où le Seigneur enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples; il détruira la mort pour toujours. Il essuiera les larmes sur tous les visages. » (Isaïe 25, 6a. 7-9)