Il y a quelques années, à l’occasion d’une année sabbatique, j’ai fait un séjour d’un mois chez des trappistes. En voici un extrait. Pour tout lire depuis le début allez sur la page d’accueil et cherchez « Journal » dans « Articles parus ».
(janvier 10) Quatrième nuit à la trappe. Je me prépare à me coucher après avoir mis de côté un livre sur la prière écrit par un moine. C’est bien écrit et je mesure en même temps mon incapacité à écrire comme je le voudrais. Le projet d’écriture est toujours difficile pour moi, bien que j’aie de la facilité à écrire. Paradoxale n’est-ce pas!
C’est que je ne suis pas vraiment un intellectuel et je ne suis pas toujours à l’aise avec l’articulation de concepts. J’ai toujours l’impression, c’est une certitude, de bâcler mes réflexions par incapacité d’aller plus loin. Çà demeure superficiel, d’où mon insatisfaction. J’aimerais bien écrire un livre mais quoi? Pourtant j’aimerais rejoindre les gens, leur parler de Dieu. Quelle devrait être mon approche? D’ailleurs, je vis aussi cette insatisfaction dans la prédication. Je sais que les gens, en générale, apprécient mes homélies, mais c’est toujours pénible à préparer. Dans la sueur et le sang! Et l’anxiété en prime.
Parfois, cette vie de tension et d’effort m’épuise et alors, j’aurais envie de me retirer dans une petite tâche « pépère », sans éclat, où je n’aurais rien à prouver. C’est peut-être pour cela que la vie monastique me sourit parfois, et pourtant je suis bien conscient que cette vie deviendrait alors une fuite où je serais malheureux. Je ne crois pas être fait pour la vie contemplative, bien que la prière me soit familière et qu’elle m’apporte beaucoup de bonheur.
La vie me pèse parfois avec ses responsabilités et ses exigences. Je ne dirais pas que je suis malheureux. Au contraire, je suis un homme assez comblé. C’est peut-être l’âge! Je ne sais trop. La peur du lendemain, ne pas savoir ce qui m’attend comme ministère au terme de cette année sabbatique. Toujours ce sentiment de la nécessité de me prouver aux autres, tout en doutant de ma valeur-propre.
Je termine cette belle journée sur un léger « down », ce qui devrait m’aider à bien dormir. Quant à toi, mon Dieu, je te redis tout mon amour, mon désir de te servir, d’être là où tu me veux.
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