Alors que feras–tu Dieu si je meurs ?
Je suis la cruche (si je me brise ?)
Je suis la boisson (si je m’altère ?)
Je suis ton habit ton commerce,
Avec moi perdu tu perdrais ton sens,
après moi tu n’auras plus de maison,
où les mots proches et chaleureux te salueraient.
De tes pieds fatigués tombera
cette sandale en velours qui est moi
ton grand manteau te quittera,
ton regard, que je réchauffe avec mes joues
que je reçois comme une couche
voudra venir, me cherchera, longuement-
et se posera contre le coucher de soleil
avec des pierres inconnues au creux de lui-même.
Alors que feras-tu Dieu ?
J’ai très peur.
Rainer Maria Rilke. Livre d’Heures.
Filed under: 2008 | Tagged: Poésie, Rainer Maria Rilke |
Qui a compris ce texte ? pas moi !
Cette poésie de Rilke me redit l’amour personnel, inimaginable de Dieu pour chaque personne humaine – pour moi. Il me rappelle cette exclamation de Tagore : « O Dieu, où serait ton Amour si je n’existais pas ? » Et it ya a des millénaires, Jérémie qui exprimait cet amour fou de Dieu en nous comparant à la ceinture de ses reins! Inconcevable ….. comme le mystère de Dieu lui-meme, qui fait dire à Rylke: J’ai très peur. Rylke, mon frère en humanité.
Merci au moine ruminant de nous avoir offert ce joyau.
Merci Mario pour votre commentaire.
Pourriez vous m’aider encore à comprendre ce texte de Rilke.
Ou peut-être vous frère Thomas, « le moine ruminant devant la vie qui passe », par un commentaire de cette poésie ?
Etty Hillesum :
« Et si Dieu cesse de m’aider, ce sera à moi d’aider Dieu. (…) Je prendrai pour
principe d’aider Dieu autant que possible et si j’y réussis, eh bien je serai là aussi pour les autres »
Dieu a voulu avoir besoin de nous … Dieu s’est remis entre nos mains (Nous l’avons même crucifié…) … Cette faiblesse volontaire de Dieu, plus forte que nos forces humaines, nous en prenons conscience quelquefois … et particulièrement face au scandale du mal …
Ces jours ci, je ‘ruminais’ sur cette ‘sandale de velours’ que je suis pour Dieu! – Pas n’importe quelle sandale – de velours s’il vous plait! Image toute simple d’intimité, le soir, après une journée de labeur. On met ses sandales pour reposer ses pieds fatigués. « Rien de ce qui est n’existerait, si tu ne l’avais voulu »… dit la Sagesse. Et Julian of Norwich: « Utterly at home, He lives in us for ever » (Tout à fait à l’aise, Il demeure en nous pour toujours!)
C’est ainsi que l’Esprit suggère à chaque personne selon ce qu’elle est, des images qui chuchottent l’Amour fou de Dieu pour elle… Pas si facile d’y croire réellement ! Plus sobrement, St.Jean écrit: Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu … c’est Dieu qui nous aime le premier !
Merci Mario pour cette explication pédagogique 🙂