Le parfum de Dieu

« Une fois, il y a de cela bien des années, le chevrotin porte-musc des montagnes est hanté par un souffle de parfum musqué. Il s’élance de jungle en jungle, àl poursuite du musc. Le pauvre animal renonce à la nourriture, à la boisson, au sommeil. Il ne sait pas d’où vient l’appel du musc, mais il est contraint de le poursuivre à travers ravins, forêts et collines jusqu’à ce qu’enfin, affamé, harassé, épuisé et marchant au hasard, il glisse de la cime de quelque roche et tombe mortellement brisé, corps et âme. Son dernier acte avant de mourir est d’avoir pitié de lui-même et de lécher la poitrine… Et voici que sa poche à musc s’est déchirée en tombant sur le rocher et répand son parfum. Il halète profondément, essaye de respirer le parfum, mais il est trop tard. Oh! mon fils bien-aimé, ne cherche pas au-dehors le parfum de Dieu, pour périr dans la jungle de la vie, mais cherche ton âme, et vois, il sera là » (Henri, Caffarel, Lettres sur la prière, Paris, Éditions Feu Nouveau, 1961, p.82).Ce texte pourrait servir de commentaire à l’évangile d’aujourd’hui où l’on voit Marie, la soeur de Lazare, verser un précieux parfum sur les pieds de Jésus et les essuyer avec ses cheveux. Comment ne pas évoquer l’exhortation de saint Paul aux Corinthiens : « Soyez la bonne odeur du Christ » (2Co 2,15)

Une Réponse

  1. Pourriez-vous nous éclairer sur le rapport que vous voyez entre le texte et Marie versant le parfum sur les pieds du Christ? Personnellement, je ne saisis pas l’idée.

    Certes, Marie apporte de l’extérieur le parfum qu’elle verse. Mais elle le verse sur la source même de la « bonne odeur ». Elle ne cherche pas Dieu en elle encore, puisqu’Il est toujours présent.
    Voulez-vous dire qu’elle n’a pas encore compris qu’elle doit porter en elle cette odeur ou la porte déjà?
    Auquel cas, comment pourrait-elle honorer le Christ, L’oindre de ce parfum pour s’en empreigner à nouveau? Il eût fallu une étreinte.

    Il me semble qu’il y a dans le geste de Marie, non pas une évocation de l’Esprit (l’odeur), mais un élan d’amour et d’humilité mêlés.
    Elle est sa servante (elle reste à ses pieds et verse le parfum sur les pieds, en signe de son respect vis à vis de Jésus, d’humilité, elle ne sent pas digne, n’ose pas même atteindre une partie du corps plus élevée. Plus tard, le Christ lavera les pieds de ses disciples. Et si elle essuie les pieds qu’elle vient d’oindre, c’est pour pouvoir Le toucher, s’empreigner de Lui; il y a là, la même envie que dans une étreinte, il y a un échange silencieux et retenu, Marie ne pense pas à elle, elle s’est abandonnée, a abandonnée toute fausse pudeur, tout orgueil, elle est entièrement habitée par l’amour qu’elle porte à Jésus. Il y a là l’amour vrai. Encore humain, mais vrai et un flux qui passe de l’un à l’autre. D’autant que le Seigneur accepte ce geste d’amour.

    « La bonne odeur du Christ » dont parle Paul me renvoie à quelque chose d’un peu différent de ce qu’il entend ici, à l’une des qualités de l’Esprit Saint : son parfum inexprimable souvent associé à celui des fleurs. On pense aux senteurs de violette qui émanaient de Padre Pio, mais aussi à Saint Séraphim de Sarov, pendant sa transfiguration en compagnie de Movotilov, il répond à celui-ci sur l’odeur qu’ils respirent « C’est bien vrai, aucun parfum terrestre ne peut être comparé à la bonne odeur que nous respirons en ce moment. La bonne odeur du Saint Esprit… »

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