Lecture du deuxième livre des Rois (2 R 4, 8-11.14-16a)
Un jour, le prophète Élisée passait à Sunam ;
une femme riche de ce pays
insista pour qu’il vienne manger chez elle.
Depuis, chaque fois qu’il passait par là,
il allait manger chez elle.
Elle dit à son mari :
« Écoute, je sais que celui qui s’arrête toujours chez nous
est un saint homme de Dieu.
Faisons-lui une petite chambre sur la terrasse ;
nous y mettrons un lit, une table, un siège et une lampe,
et quand il viendra chez nous, il pourra s’y retirer. »
Le jour où il revint,
il se retira dans cette chambre pour y coucher.
Puis il dit à son serviteur :
« Que peut-on faire pour cette femme ? »
Le serviteur répondit :
« Hélas, elle n’a pas de fils,
et son mari est âgé. »
Élisée lui dit :
« Appelle-la. »
Le serviteur l’appela et elle se présenta à la porte.
Élisée lui dit :
« À cette même époque,
au temps fixé pour la naissance,
tu tiendras un fils dans tes bras. »
COMMENTAIRE
L’homme était un étranger. Ils auraient peut-être dû se méfier de lui. Sous les apparences d’un saint homme, se déguisait peut-être un mécréant, un espion, un être malfaisant et dangereux.
Mais le couple de Sunam a plutôt choisi de se montrer accueillant et généreux envers le prophète Élisée. Les deux, la femme et le mari, ils ont pressenti que cet itinérant était un saint homme. Ils lui ont aménagé un espace chez eux. La bonté a su reconnaître la bonté. Ils ont pris le parti courageux de la bienveillance et de la confiance.
Et ils ont voulu donner sa chance au prophète. Ils ont choisi d’être facilitants pour lui. Ce faisant ils avaient part à sa mission. Ils n’ont pas été déçus. Au sein même de toute leur richesse, ils vivaient une grande pauvreté. Celle de ne pas avoir d’enfant à eux. Leur amour mutuel était en manque d’une fécondité attendu. C’était pour eux leur grande pauvreté. Ils auraient pu en être aigris, révoltés, tristes, cherchant ailleurs, égoïstement et autrement leur bonheur de vivre.
Pourtant, s’ils étaient riches de biens matériels, ils étaient surtout riches de leur ouverture de cœur, riches de leur sens du partage. Riches de leur amour. Ils ont donc choisi la confiance, la bonté, la générosité, tout en acceptant paisiblement leur sort. Ils venir de s’ouvrir ainsi à un avenir jusque là insoupçonné.
Leur contact avec le prophète Élisée leur fut une bénédiction. L’homme et la femme n’avaient pas pensé à cela. Ils n’avaient pas agi pour cela. Une merveilleuse conséquence s’en est suivie pour leur couple. La grâce d’un enfant qui leur advint par pure gratuité, de Dieu lui-même. Ils ont été divinement récompensés. Ce qui leur arrive n’était plus à vraiment à leur portée. Dieu a deviné leur peine et il a fait le nécessaire pour la transformer en une grande joie. Il est venu au-devant de leur désir le plus grand, le plus profond.
C’est pareil pour nous. Nous sommes riches de capacités diverses et peut-être aussi de biens matériels. Nous prenons conscience de l’insuffisance de tous nos biens et ressources à combler nos rêves et nos désirs les plus profonds. Au quotidien de nos vies et au niveau de nos charges les plus habituelles, nous avons toujours de belles opportunités pour être bons et serviables, pour nous ouvrir à l’autre, à l’étranger, aux mal nourris, mal logés, mal aimés. Nous pouvons faire une différence dans la vie de quelqu’un avec notre confiance, notre ouverture de cœur, notre bienveillance.
C’est à Dieu qu’alors nous faisons confiance. Or « qui donne au pauvre, prête à Dieu ». Notre Dieu ne se laisse pas vaincre au plan de la générosité. Il a les moyens de nous rendre le centuple en retour. Il sait ce qui peut nous combler. Il s’y emploie, nous pouvons en être certains.
fr. Jacques Marcotte, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs
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Merci d’avoir choisi de commenter aussi la 1ère lecture.
L’homme de Dieu et la femme riche.
Pour une fois, le riche est bon.
Cela me plaît. Parce qu’il en est ainsi dans la vie. Les bons ne sont pas les pauvres par opposition aux riches qui seraient les mauvais. Nous le savons bien sûr. Mais n’a-t-on pas au fond de soi un à priori insidieux à propos des riches? J’entends riches du point de vue matériel.
La richesse, l’argent, la spirale qui fait qu’on en veut toujours plus et qu’on se ferme à l’autre, le pouvoir que donne l’argent sur autrui, etc. Tout cela est juste. Mais si l’on s’adonne au dieu-argent seulement. Or, on peut être riche sans s’y adonner. Une minorité, peut-être, mais une minorité existante. Personnellement, j’ai beaucoup de tendresse et d’admiration pour tous ces « grands du monde », têtes couronnées qui sont devenus des saints qu’ils aient ou non renoncé à leurs couronnes.
Sainte Hélène, saintes Clotilde, Mathilde, Agnès, Adélaïde, Brigitte, Catherine, Elizabeth de Hongrie, du Portugal, de Russie, Saints Louis, Canut, Casimir, Edouard……
Et puis, ce texte nous donne à voir, les pauvretés dont peut souffrir un riche de richesses matérielles. Il y en a tant! C’est peut-être chez ces riches-là, qu’il y a le plus de pauvreté spirituelle, c’est peut-être vers eux que devraient se tourner les efforts d’évangélisation. On les croirait oubliés.
Des pauvres oubliés au profit des autres pauvres, les pauvres matériellement, les veuves, les orphelins, les migrants…. Il faudrait voir à ne pas hiérarchiser les catégories. Mais on le fait. Le riche pourra attendre. Pourquoi? Un vieux fond revanchard? Ou quoi d’autre?
La dame riche de Sunam n’est pas pauvre de Dieu, « la bonté reconnaît la bonté ». Non, sa pauvreté est ailleurs : pas d’enfant.
Les pauvretés sont légions. Elles n’épargnent personne.
Et combien des riches d’aujourd’hui souffrent de l’absence de foi?