On appelle traditionnellement la fête de la Présentation, la fête de la Chandeleur, ou fête des chandelles. À l’origine, c’était une fête païenne associée à la lumière et à la fécondité, où l’on demandait aux divinités de purifier les champs au moment où commençaient les semailles d’hiver. Au Ve siècle, la fête de la Chandeleur est reprise par l’Église qui la transforme en fête de la Présentation de Jésus au Temple, alors que l’Église orthodoxe l’appellera la fête de la Rencontre. Voilà pour la petite histoire.
Dans le récit évangélique aujourd’hui, les parents de Jésus, en conformité avec la loi juive, viennent consacrer leur premier-né en l’offrant à Dieu au Temple de Jérusalem. Nous sommes toujours ici dans la mouvance des récits entourant la naissance de Jésus. Après la venue des bergers et des mages à la crèche, la fête de la Présentation revêt elle aussi le caractère d’une épiphanie, d’une manifestation au monde. En fait, il s’agit de la première sortie publique de Jésus avec ses parents. Il est présenté au Temple de Jérusalem et Syméon reconnaît en lui la lumière qui vient éclairer les nations.
Pour entrer dans l’intelligence du récit de la présentation de Jésus au Temple, il est nécessaire de revenir aux récits de l’enfance, et surtout aux principaux acteurs de ces récits à qui l’ange Gabriel confie une mission et à qui il dévoile le sens du mystère qui va se déployer sous leurs yeux avec la venue de Jésus en notre monde. Remarquez bien les mots employés pour parler de cet enfant et qui nous dévoilent son identité.
Tout d’abord, il y a la Vierge Marie qui se voit confier par l’ange de porter en son sein le fils du Très-Haut. Immédiatement, elle se met en route et va chez sa cousine Élisabeth lorsqu’elle apprend que celle-ci est enceinte. Élisabeth en la voyant arriver l’appelle la mère de mon Seigneur et, au même moment, l’enfant dans son sein, Jean-Baptiste, tressaille de joie. Zacharie lui, l’époux d’Élisabeth, dira dans son cantique que Jésus est l’Astre d’en haut qui vient illuminer ceux et celles qui demeurent dans les ténèbres et l’ombre de la mort. Quant à Joseph, l’époux de Marie, un songe lui apprend que l’enfant qu’elle porte a été engendré par l’Esprit Saint et qu’il sauvera son peuple de ses péchés.
Dès que l’action de Dieu se fait sentir dans ces récits de l’enfance, les personnages se mettent en mouvement. Visitation de l’Ange à Marie, à Joseph, à Zacharie. Visitation de Marie à Élisabeth. Visitation des bergers, des anges et des Mages à la crèche. Même les étoiles semblent se déplacer. Et voilà qu’avec l’évangile d’aujourd’hui, ce sont Marie et Joseph qui se mettent en route en direction du Temple, ce Temple que Jésus enfant appellera la maison de son Père.
Maintenant, deux nouveaux personnages interviennent dans le récit aujourd’hui. Il s’agit de deux vieillards : Syméon et Anne la prophétesse. Ce sont des justes qui, sous l’action de l’Esprit Saint, vont dévoiler l’identité de l’enfant Jésus, car comme le dit Syméon, leurs yeux ont vu le salut. Syméon et Anne, par leur âge vénérable, représentent à la fois la sagesse et la longue patience chargée d’espérance de l’Ancien Testament. Ils voient enfin venir à son terme le dévoilement de tout ce qui a été porté par les prophètes et le peuple d’Israël, soit la venue du Messie. Son heure est arrivée!
Le prophète Malachie, que nous avons entendu dans notre première lecture, avait déjà prophétisé ce qui suit au sujet du Messie : « Et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez ». C’est cette promesse de Dieu qui se réalise dans l’évangile aujourd’hui. Et voilà qu’il est porté au Temple par ses parents, « lumière pour éclairer les nations païennes et gloire de son peuple Israël », comme le chantera Syméon.
Nous comprenons maintenant pourquoi la liturgie de l’Église accorde une telle importance à cette fête et la place sous le signe de la lumière, car ce récit de la Présentation de Jésus au Temple est extraordinaire par son symbolisme, ainsi que par la richesse des personnages qui s’y retrouvent. Quand Syméon prend l’enfant dans ses bras, c’est tout l’Ancien Testament qui le saisit, qui le caresse et qui se réjouit. La première Alliance est parvenue au terme de sa course, elle reconnaît en Jésus le Messie tant attendu, et la prophétesse Anne, parvenue à 84 ans et comblée de joie, proclame à tous ceux et celles qui veulent l’entendre qui est véritablement cet enfant.
Frères et soeurs, il est bon de nous rappeler en cette fête, que nous sommes les héritiers de cette bonne nouvelle qui transforme la vie de quiconque la reçoit. Car en Jésus Christ, c’est l’éternelle jeunesse de Dieu qui s’offre à nous et à notre humanité à bout de souffle; et de ses bras étendus sur la croix, croix qu’anticipent déjà les paroles douloureuses de Syméon à la Vierge Marie, le Seigneur appelle tous les peuples à entrer dans son admirable lumière. La fête de la Présentation récapitule tout cela en quelque sorte, puisque c’est la fête de la Lumière venue en notre monde, Jésus Christ, Fils de Dieu !
fr. Yves Bériault, o.p.
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Et nous avons aussi prié pour tous les consacrés en cette fête de la Présentation choisie pour devenir la Journée Mondiale des Consacrés.
Avec une infinie gratitude envers vous qui avez dit « oui » et portez le monde dans vos prières, nous portez tous, jusqu’au coeur de Dieu et réjouissez Dieu pour nous.
Bonjour Marie. Merci beaucoup pour ces prières en la fête de la Présentation. Que Dieu vous garde et vous bénisse!