L’image est saisissante. À peine descendue de l’avion qui venait de l’arracher à l’enfer de la guérilla, Ingrid Betancourt s’est agenouillée, avec sa mère et les autres otages, pour prier quelques instants sur le tarmac de l’aéroport de Bogota. Revêtu d’une aube blanche, un prêtre était sur place pour accueillir les rescapés et les bénir.
« Je veux d’abord rendre grâce à Dieu et aux soldats de Colombie », répétait-elle, quelques minutes plus tôt, remerciant pour « leurs prières » tous ceux qui ont pensé à elle. « C’est un miracle », lançait-elle encore, débordante d’énergie. Cette foi inébranlable, qu’on avait déjà pu percevoir par divers témoignages ces derniers mois, a sans aucun doute aidé à sa survie pendant ces six longues années et quatre mois de captivité.
Dans une longue lettre rendue publique en décembre dernier, elle confiait que, dans le dénuement, « la Bible » était son « unique luxe ». « Ici rien n’est à soi, rien ne dure », écrivait-elle. « Chaque jour, je suis en communication avec Dieu, Jésus et la Vierge (…). Ici, tout a deux visages, la joie vient puis la douleur. La joie est triste. L’amour apaise et ouvre de nouvelles blessures… c’est vivre et mourir à nouveau. »
Jeudi 3 juillet, elle a eu quelques mots pour ses anciens ravisseurs. « J’ai vu le commandant, qui pendant tant d’années a été responsable de nous, et qui en même temps a été si cruel avec nous. Je l’ai vu au sol, les yeux bandés. Ne croyez pas que j’étais joyeuse, j’ai senti de la pitié pour lui, parce qu’il faut respecter la vie des autres, même s’ils sont vos ennemis. »
Source : Journal La Croix
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