Nos choix de vie : un appel au bonheur

Santa Maria in TrastevereUn évêque allemand, que j’ai eu la chance d’entendre prêcher à l’église Santa Maria in Trastevere, à Rome, à la communauté de San Egidio, proclamait bien fort dans son homélie : « Je suis fils de Dieu! Avant même que le monde soit créé, Dieu pensait à moi. Il m’aimait déjà et il voulait me créer. Et ce monde avec ses galaxies a été créé pour MOI, car JE suis fils de Dieu. Et il me demande de m’y engager avec tout cet amour qu’il a mis en moi, car JE suis fils de Dieu! » Ce fut une homélie à la fin de laquelle j’aurais voulu applaudir tellement l’enthousiasme de cet évêque était communicatif.

En rappelant ici cette homélie, je désire simplement souligner que notre vocation personnelle, mystérieusement, s’inscrit déjà dans le coeur de Dieu, avant même que nous ne soyons nés. Il ne s’agit pas ici de déterminisme, où nous n’aurions pas le choix de l’orientation de nos vies. Mais Dieu, dans sa prescience, voyait déjà chacun et chacune de nous, avant même la création du monde. Il se penchait déjà, avec amour, sur le rêve en devenir que nous étions; posant son regard bienveillant sur chacun de ses enfants en devenir, encore à l’état de rêve; posant son regard d’amour sur la fibre la plus intime de notre être et mettant en chacun et chacune un dynamisme de vie capable de regarder vers l’infini, capable de le reconnaître pour qui il est : Dieu, notre Père.

Je crois être venu au monde avec cet appel particulier à chercher Dieu de toutes mes forces, dans une vie qui lui serait entièrement consacrée. Cette vocation aurait sans doute pu se réaliser dans le mariage ou dans un célibat engagé dans le monde. Mais c’est Dieu qui appelle et qui inspire des directions à nos choix de vie. Je dirais qu’il nous souffle à l’oreille ce qui pourra être, pour nous, la meilleure voie d’épanouissement, sans que cela veuille dire qu’il n’y ait pas différentes voies possibles. Mais certaines sont mieux adaptées à ce que nous sommes, à ce que nous portons comme richesses, talents et sensibilités.

Il y a des choix de vie où nous sommes mieux assurés de trouver notre bonheur, notre épanouissement personnel, même si parfois ces choix semblent aller contre la logique de ce monde. À notre époque, dans nos sociétés occidentales, même le mariage est soupçonné. Avoir des enfants est quasiment perçu comme un geste irresponsable, dès que l’on dépasse un deuxième, si ce n’est dès le premier! Que dire alors de la vocation religieuse ou sacerdotale! Même des chrétiens s’en méfient et jugent parfois sévèrement ceux et celles qui s’y engagent.

La vocation religieuse ou sacerdotale est avant tout un choix de vie où, la personne qui s’y engage, y reconnaît une voie de bonheur et d’épanouissement supérieure à tout autre pour elle. Il s’agit d’une invitation de Dieu qui, secrètement, au fond du coeur de celui ou de celle qui est appelé, met un désir profond de suivre le Christ avant toute chose. Cela devient le premier choix de vie.

C’est un choix qui doit se faire, ni par sentimentalisme, ni par culpabilité, ni par crainte de dire non à Dieu, comme le présentent certaines spiritualités qui caricaturent l’appel de Dieu, mais ce choix doit être avant tout un oui au bonheur, en dépit des renoncements qu’il implique. Celui ou celle qui s’y engage, doit s’y engager parce qu’il y trouve sa joie. Il n’y a pas d’engagements de vie sans renoncements, mais toujours l’amour, la joie du don de soi, le désir de dire oui, nous font accepter les limites et les contraintes d’un choix de vie donné, les avantages étant tellement supérieurs aux renoncements. Même ces derniers sont au service de l’amour et le font grandir, l’aide à atteindre sa pleine maturité.

Oui, Dieu me demande de m’engager dans ce monde avec tout cet amour qu’il a mis en moi, car JE suis fils de Dieu!

2 Réponses

  1. Il y a des choix de vie où nous sommes mieux assurés de trouver notre bonheur, notre épanouissement personnel, même si parfois ces choix semblent aller contre la logique de ce monde.

    Il y a des choix de vie où nous sommes mieux assurés de trouver notre bonheur, notre épanouissement personnel…

    Certains ne font pas le bon choix de vie… Qu’en savons nous à 19, 20 ans ou un peu plus ?
    Que pouvons nous savoir d’un choix ?
    25, 30, 50, 60 ans plus tard on voit seulement si ce choix a été bon ou non.

    Et alors ? Et Dieu, dans tout ça ?

    Votre billet est surtout témoignage d’un engagement dans la vie religieuse mais il interpelle plus largement, tout projet de vie, toute « vocation »…

  2. L’engagement et sa durée, voulue illimitée dans le temps, par l’Eglise est pour moi, un problème.
    Pourquoi ne pourrait-on concevoir un engagement temporaire. Entier tout le temps de sa durée, mais temporaire, tant que l’amour nous dicte une voie particulière, tant que l’on se sent en accord profond avec soi-même, sans obligation de persévérer dans une voie qui ne satisfait plus, qui n’offre plus une joie profonde. Un droit à passer d’un engagement à l’autre en quelque sorte.
    Notre Eglise (catholique) a choisi la radicalité du choix de l’engagement. Elle est même plus intransigeante avec les laïcs et le mariage qu’avec les religieux. En effet, pour les laïcs mariés, il n’est pas proposé une période probatoire avec des voeux temporaires à renouveler ou confirmer en voeux perpétuels. D’emblée, le mariage est envisagé comme des voeux perpétuels. Et si pendant le mariage, un autre engagement nous talonne? Et si l’on s’est engagé dans la voie perpétuelle en religion et que l’on perde la foi ou moins gravement, la Joie, le sens?
    Il y a un esthétisme certain à s’obliger à prolonger coûte que coûte la voie choisie. Mais le temps que les hommes ont choisi revient-il au temps de Dieu? Je n’ai pas l’intention de critiquer l’Eglise, non, c’est une question que je pose. Je pense souvent à ceux qui perdent la vocation, je les plains de tout mon coeur, de toute mon âme.
    Et ceux qui ne s’aiment plus? Ne vaut-il pas mieux créer du bonheur ailleurs que s’imposer de retrouver des sentiments disparus et ne plus rayonner de la joie de l’amour? La voie de sainteté implique des sacrifices, parvenir à détruire son égo. Quelques rares y parviennent et sont aptes à lutter sans cesse pour se donner entièrement à Dieu. Mais, tous ne peuvent répondre à cette ascèse continuelle.
    Est-ce que Dieu pense au temps que durera notre réponse quand Il nous appelle? Est-ce qu’un engagement sans faille mais limité dans le temps n’est-il pas préférable à ce qui peut devenir une torture de l’âme?
    Voilà ma question.

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