Pour vivre en chrétien, il ne suffit pas de croire en Dieu, ni de croire que Jésus est le Fils de Dieu. Bien sûr, c’est déjà extraordinaire, mais la foi nous entraîne encore plus loin, sur des terrains encore plus exigeants où la foi se vit dans la rencontre des autres. C’est comme l’amour. Pour vivre l’amour, il ne suffit pas d’y tomber, « de tomber en amour », mais il faut savoir y rester! C’est pourquoi l’expérience de la foi s’enracine dans le temps, dans la durée, dans la persévérance avec les autres.
La foi chrétienne nous engage dans une longue suite de témoins, dans une communion qui traverse le temps et qui nous unit dans ce qu’on appelle l’Église, qui est l’assemblée des croyants en Jésus-Christ. Et cet aspect de la foi n’est pas facile à vivre, car souvent l’Église donne l’image d’une sorte de vaisseau amiral lourd et malhabile, avec son cortège de dogmes, de traditions, de structures d’autorité, de morale…
Au début de ma démarche de foi, je puis dire que j’ai livré un combat avec l’Église, un combat qui refait surface à l’occasion, car elle me séduisait en même temps qu’elle me faisait peur. J’étais fasciné par son histoire, par ses récits héroïques d’hommes et de femmes donnant des témoignages de vie et d’engagements des plus impressionnants. Ces témoins m’ont profondément marqué, et avec eux j’ai mieux compris la grandeur de cette vie en Église. J’étais émerveillé aussi, et je le suis toujours, par l’universalité de l’Église.
C’était toujours une fête pour moi que de rencontrer des chrétiens et des chrétiennes venus d’ailleurs, de d’autres continents, et portant en eux-mêmes cette même joie de croire au Christ que moi. Je trouvais là une confirmation que la vie spirituelle dépasse les questions de langues, de cultures, de races et de frontières. Dieu se donne à tous, de la même manière que le soleil brille pour tout le monde où que l’on soit sur la planète. Par ailleurs, dans mon expérience de l’Église, j’ai été surpris, parfois déçu, par son côté plus souvent humain que spirituel. J’ai connu à la fois des pasteurs et des évêques admirables, d’une simplicité et d’une sainteté désarmantes.
J’ai connu et je connais des chrétiens et des chrétiennes dont j’envie le don de soi et la générosité à toute épreuve. Et tout comme vous, j’ai été blessé, scandalisé parfois par les mesquineries qui peuvent exister entre chrétiens, par des comportements qui ne sont pas dignes de l’Évangile. Souvent, ceux et celles qu’il faut bien appeler nos frères et soeurs dans la foi, d’ici ou d’ailleurs, nous font souffrir. Comme vous, les scandales qui parfois ébranlent l’Église me blessent.
Je n’aime pas que l’on défigure le Christ, que des hommes et encore moins des gens qui se disent chrétiens, exploitent les pauvres et les opprimés; que des dictatures se revêtent de la bénédiction d’autorités ecclésiales dans certains pays; que des chrétiens prônent le racisme, la purification ethnique, qu’ils mènent des guerres de conquête… Et ce n’est que la pointe de l’iceberg des forces du mal avec lesquelles sans cesse l’Église est aux prises dans son combat pour faire triompher l’amour de Dieu.
Elle ne gagne pas toujours puisque ce sont des hommes comme vous et moi qui la composent. Bien sûr, il serait tentant de vouloir séparer le bon grain de l’ivraie, faire de l’Église un refuge de purs, mais le Christ lui-même y a renoncé… C’est pourquoi en dépit de ses forces et de ses faiblesses, mon expérience de foi m’a amené à aimer l’Église, à voir au-delà des apparences. Car j’aime cette communion des disciples du Christ qui, avec leurs forces et leurs pauvretés, veulent vivre de la bonne nouvelle de Jésus Christ.
C’est Paul VI qui disait que celui qui n’aime pas l’Église n’aime pas le Christ, car le Christ s’est livré pour elle. Il a voulu qu’elle soit, avec Lui, donnée pour le monde, qu’elle soit la servante du monde, elle qui est bien plus que la somme de nos forces, de nos talents et de nos faiblesses.
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