La démarche d’évangélisation trouve sa joie et sa force dans la contemplation. Cette intuition des Ordres mendiants met en lumière trois des défis auxquels l’évangélisation se trouve confrontée aujourd’hui. Le défi de la connaissance, affronté dans le dialogue avec tous les chercheurs de vérité, philosophes, scientifiques, chercheurs. Le déploiement des sciences et des savoirs est l’occasion de mettre en œuvre cette “belle amitié entre la foi et les sciences” proclamée par le Concile. Dans la foi on y contemple le mystère de la création continuée de Dieu et son appel confiant à la liberté et à la raison de l’homme. Dans l’amitié, on peut, avec les hommes de science, en discerner les enjeux pour, ensemble, penser un monde pour l’homme. Le défi de la liberté. Dans la rencontre avec nos contemporains, croyants ou non, il s’agit de manifester d’abord l’amitié de Dieu avec les hommes, avant de formuler des réponses à des questions qui ne sont pas posées dans les termes qu’on leur impose parfois. Se laisser enseigner par la patience de Dieu qui fait confiance à l’homme pour qu’il apprenne à mettre sa liberté à hauteur de sa dignité, et contempler la miséricorde du Christ qui nous précède, Lui qui enseigne à ses amis ce qu’il a reçu du Père. Le défi de la fraternité. Les communautés religieuses veulent être des lieux où la fraternité construite dans la diversité aspire à être transformée par l’Esprit de communion en “ sacrement” de l’amitié de Dieu avec le monde. Et, à cause de cette espérance, elles sont au défi d’élargir cette espérance de communion en liant leur destin aux oubliés du monde, faisant leur la conviction du synode de 1971: “Le combat pour la justice et la participation à la transformation du monde nous apparaissent pleinement comme une dimension constitutive de la prédication de l’Évangile”.
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« Cette belle amitié entre la foi et les sciences » … oui, en faisant bien attention que l’amitié envers la science n’étouffe l’amitié envers la foi. Que la volonté de dialogue avec les peu croyants, non croyants ou croyants différemment, ne nous entraîne pas à nous départir de ce qui est notre foi.
J’ai entendu récemment les réflexions d’une dame catéchiste engagée qui m’ont attérrée. Je crois qu’elles sont le résultat de ce dialogue volontariste avec les autres, la science…
Exemple, on ne doit pas apprendre aux enfants que Dieu a crée la terre et le ciel car cet enseignement entre en conflit avec celui de l’école et mettra les enfants en défaut. Il est évident que l’on peut penser que cette dame, à elle seule, ne saurait être représentative de ce qui se dit, se pense ou se fait en catéchèse et dans l’église. Je pense néanmoins qu’elle est un exemple suffisant. Le fait qu’on la sollicite souvent pour avis et conseils m’indique que sa pensée ne choque personne. Personne ne se dit qu’elle étouffe notre foi dans le Dieu Créateur au profit des explications d’une science sans Dieu et d’une laïcité omniprésente. J’y vois une dérive de l’amitié entre la science et la foi, mal comprise peut-être, à l’échelle du quidam. Or, ce sont les quidam actuellement qui sont chargés de catéchiser les enfants. D’où, les risques de dérives. Ce ne sont ni Benoît XVI, le Maître Général de l’Ordre des Frères Prêcheurs, ni les grands théologiens, ni les prêtres… hélas, hélas, hélas.
Est-ce dans cette volonté de ne déplaire à personne pour dialoguer avec tout le monde que nous avons perdu le sens des spécificités de notre foi catholique? Possible.
J’ai la nette impression que nous allons vers un concept de chrétienté au sens large. Nous allons vers l’unité par assimilation. Le dogme ennuie, il met l’accent sur les spécificités qui sont autant de différences, il gêne dans le dialogue oeucuménique, dans le dialogue inter-religieux et finalement, on ne le connaît plus. Peut-on affronter l’autre dans un débat d’idées si l’on ne connaît pas les fondements de sa foi?
(Il me semble que Benoît XVI a déjà abordé ce thème, il encourage à revenir à un enseignement de la foi catholique. Mais, déjà, il passe à l’étape suivante. Or, il faudra du temps pour que la base suive ses demandes.)
Alors, avant de débattre, il faudrait peut-être s’assurer que nous possédons quelques bases sûres. Les religieux les ont, mais les laïcs, j’entends dans leur majorité?
Tout un chacun ne peut pas s’immiscer dans un dialogue de haut vol. On ne peut pas tout comprendre, tout exprimer. Acceptons-le. De plus nos moyens sont inégaux. Personnellement, je me sens bien incapable d’entrer en dialogue avec des philosophes, des chercheurs, des scientifiques. Ma foi est une chose si intime que j’ai du mal à en parler, je n’ai pas les connaissances suffisantes et je n’ai pas l’esprit d’à propos adéquat.
Et un dernier point. Je comprends que tout passe par la parole, que le Christ a enseigné la Parole. Que la transmission de la foi, de la culture passe par les mots dits ou écrits. Oui, mais il y a aussi ce ‘FIN SILENCE »…
J’ignore ce qui un jour nous permet de nous convertir profondément, de naître ou de renaître à la foi. Certainement, les voies sont différentes pour les uns et les autres.
Je sais que dans mon cas, c’était le « fin silence », un appel intérieur à l’eucharistie et à la prière. Le miracle de la Présence dans le silence et l’union dans l’eucharistie.
Le fin silence où Dieu nous rejoint, comment le transmettre?
Tout compte fait, la charité me paraît être le moyen le plus accessible pour devenir cet évangélisateur que l’on attend de moi qui ne sais pas grand chose.