Homélie pour l’Assomption de la Vierge Marie

Les Pères de l’Église, en accord avec toute la Tradition, ont toujours vu en Marie la « figure de l’Église », celle qui nous précède, qui est là au tout début, porteuse d’un mystère qui la dépasse, en même temps qu’elle nous devance et nous entraîne dans le mystère de la vie et la mort de Celui qui nous aima jusqu’au bout. Elle est à la fois derrière nous et elle est devant de nous. La Vierge Marie est, par excellence, « figure de l’Église », expression de son mystère le plus profond et c’est ce que la fête de son assomption nous donner d’entrevoir dans la foi.

En Jésus, l’humanité apporte un oui définitif à l’oeuvre de salut inaugurée par le Père en notre faveur, mais celui-ci voulait que le don de son Fils soit aussi accueilli par le « oui » humain d’une créature humaine. »  (Raniero Cantalamessa, p. 56) C’est le fiat de Marie.

On a volontiers comparé Marie à la nouvelle Ève, car il lui est donné par la conception du Verbe fait chair, de donner à l’humanité celui qui serait capable de la relever de la chute originelle. Le théologien Karl Rahner dira de Marie :

« En un instant qui n’aura jamais plus de couchant et qui reste valable pour toute l’éternité, la parole de Marie fut la parole de l’humanité et son « oui », l’amen de toute la création au « oui » de Dieu ».

Amen, oui, fiat, tous ces mots ne font plus qu’un dans la bouche de Marie. Et son oui occupe une place unique dans l’histoire du salut. Il fait office de charnière indispensable entre l’Ancien et le Nouveau Testament, car Dieu ne voulait et ne pouvait nous sauver sans notre libre adhésion à son plan de salut. Par son oui, Marie rend possible le Verbe fait chair. Et parce qu’elle est tout ouverte à l’action de la grâce en elle, Marie devient la « pleine de grâce », la nouvelle Ève par qui le retour vers le Père va pouvoir s’opérer grâce à son fils Jésus.

C’est Dieu le Père qui accomplit tout en son Fils, bien sûr, mais Dieu veut avoir besoin de nous et c’est Marie qui en notre nom dira : « Me voici, je suis la servante du Seigneur. »

En notre nom, au nom de notre humanité, Marie a dit oui à cette présence infinie de Dieu en notre chair et de par sa mission et son état de Mère du Sauveur, elle est la première d’une multitude à être entraînée corps et âme à la suite de son fils ressuscité.

« L’Assomption de Marie, affirme Benoît XVI (dans une homélie pour l’Assomption de la Vierge Marie en 2009), est un événement unique et extraordinaire destiné à combler d’espérance et de bonheur le cœur de chaque être humain ». Il y a un climat de « joie pascale qui émane de la fête de l’Assomption.  « Marie –ajoute-t-il – est la prémisse de l’humanité nouvelle, la créature dans laquelle le mystère du Christ a déjà eu un plein effet en la rachetant de la mort. Marie constitue le signe sûr de l’espérance et de la consolation. »

Yves Bériault, o.p.