C’était le 6 décembre à l’École Polytechnique

bildeLe 6 décembre 1989, j’étais sur le campus de l’Université de Montréal quand a eu lieu la tuerie de l’école polytechnique. Quatorze étudiantes furent sauvagement assassinées. Je me souviens du deuil qui est alors tombé sur la ville de Montréal, comme une chape de plomb. Je revois cette marche de nuit vers l’Oratoire Saint-Joseph, les cierges, les pleurs… C’est moi qui présidais l’eucharistie de la communauté universitaire le dimanche suivant. Que dire à tous ces jeunes? Plusieurs me demandaient : « Où est Dieu dans tout cela? » Ce que j’ai dit alors demeure tout aussi vrai pour moi aujourd’hui :

« Ces jours-ci, notre espérance se tient comme au-dessus d’un abîme. L’horreur quotidienne qui défile sur le petit écran tout à coup nous rejoint. Nous nous pensions à l’abri et nous en somme victimes à notre tour, victimes du mal. Bien sûr, nous voulons comprendre, mais qu’y a-t-il à comprendre, sinon que la vie semble mise en échec. Et pour nous s’élève ici une question fondamentale, une question aussi fondamentale que le sens de la vie elle-même: « Où est Dieu dans tout cela? » Comme le dit un psaume : « Ça ne te fait donc rien de voir mourir tes enfants? »

Nous pouvons comprendre que la douleur puisse éveiller de telles questions chez plusieurs personnes. Mais la vision d’un Dieu indifférent et insensible est incompatible avec notre foi. Nous sommes créés à son image, Lui source de tout amour. Et la douleur qui nous habite ne peut provenir que de sa douleur de Père, de Mère.

Je n’ai pas honte de mon Dieu, même si je ne comprends pas tous les enjeux du mystère du mal. J’ai confiance en Lui. Et si l’on nous demande: « Où est-il ton Dieu? Quel est son visage?» La seule image que nous puissions offrir de Lui est celle d’un homme crucifié, exécuté, assassiné.

Notre Dieu ne cherche pas à se justifier. Il nous invite tout simplement à le regarder sur la croix. »